Correction examen de Fès rattrapage 2012
Texte 1 :
- Je vous laisserai seuls pendant un mois. Je tâcherai de ne rien dépenser de mon salaire, il me sera possible de remettre l’atelier en marche dès mon retour.
Un grand silence s’établit, un silence lourd, moite(1), huileux et noir comme la suie(2). J’étouffais. Je désirais de toutes mes forces qu’une porte claquât, qu’une voisine poussât un cri de joie ou un gémissement(3) de douleur, que quelque événement extraordinaire survînt pour rompre cette angoisse. Je voulais parler, dire n’importe quelle sottise(4) mais ma gorge se serra et une plainte expira sur mes lèvres. Mes parents ne bougeaient pas, se transformaient peu à peu en personnages de cauchemar. Plus j’écarquillais les yeux(5) pour les voir, plus ils devenaient fluides(6), insaisissables, tantôt transparents, tantôt sans contours précis. Pour la première fois, j’eus la sensation du vide absolu, de la solitude sans miséricorde(7). Mon cœur se remplit de peine. Une boule dure se forma dans ma poitrine, gênant ma respiration. Je fermai les yeux. Je priai avec ferveur. Je me sentais abandonné aux portes de l’Enfer.
1- Moite : humide. 2- La suie : matière noire déposée par la fumée. 3- Gémissement : cri faible provoqué par la douleur. 4- Sottise : bêtise 5-Ecarquiller les yeux : les ouvrir très grand. 6– Fluide : difficile à saisir. 7– Miséricorde : bonté, pitié.
Texte 2 :
« Le procureur général combattit l’avocat, et je l’écoutai avec une satisfaction stupide. Puis les juges sortirent, puis ils rentrèrent, et le président me lut mon arrêt.
- Condamné à mort ! dit la foule ; et, tandis qu’on m’emmenait, tout ce peuple se rua sur mes pas avec le fracas d’un édifice qui se démolit. Moi je marchais, ivre et stupéfait. Une révolution venait de se faire en moi. Jusqu’à l’arrêt(1) de mort, je m’étais senti respirer, palpiter, vivre dans le même milieu que les autres hommes ; maintenant je distinguais clairement comme une clôture(2) entre le monde et moi. Rien ne m’apparaissait plus sous le même aspect qu’auparavant. Ces larges fenêtres lumineuses, ce beau soleil, ce ciel pur, cette jolie fleur, tout cela était blanc et pâle, de la couleur d’un linceul(3). Ces hommes, ces femmes, ces enfants qui se pressaient sur mon passage, je leur trouvais des airs de fantômes. »
1- L’arrêt : Jugement, décision prise par un tribunal. 2- Clôture : barrière, mur de séparation. 3 - Linceul : Grand morceau de tissu dans lequel on enveloppe les morts avant de les enterrer.
I. ÉTUDE DE TEXTES : (10 points)
A- CONTEXTUALISATION DES DEUX TEXTES :
1- Complétez le tableau suivant après l’avoir reproduit sur votre copie : (1 pt)
Texte 1 : Titre de l’œuvre : La boîte à merveilles
Texte 2 : Titre de l’œuvre : Le dernier jour d’un condamné
Texte 1 : Nom de l’auteur : Ahmed Sefrioui
Texte 2 : Nom de l’auteur : Victor Hugo
Texte 1 : Genre littéraire : Roman autobiographique
Texte 2 : Genre littéraire : Roman à thèse
2-a) Quel événement a provoqué les sentiments et les émotions éprouvés par le narrateur dans le texte 1 ? (0,5 pt)
- C’est le départ du père et son absence qui va durer un mois.
b) Qui est le narrateur dans le texte 2 ? (0,5 pt) – Un condamné à mort.
B- ANALYSE DES DEUX TEXTES :
TEXTE 1 :
3- En vous appuyant sur les éléments du texte, complétez le tableau suivant pour identifier les sentiments et les émotions éprouvés par le narrateur : (1 pt)
Sentiments éprouvés
La peur et l’inquiétude.
b- Le chagrin et la tristesse
Phrases du texte décrivant l’effet de ces sentiments sur le narrateur
a- « J’étouffais » « … ma gorge se serra et une plainte expira sur mes lèvres. »
- « Mon cœur se remplit de peine. »
4- Relevez, dans la dernière partie du texte, l’hyperbole employée par le narrateur pour exprimer l’intensité (le plus haut degré) de ses sentiments. (1 pt) – « Je me sentais abandonné aux portes de l’Enfer. »
5- D’après ces sentiments, la tonalité du texte est-elle ironique, comique ou pathétique ? (1 pt) – Une tonalité pathétique.
TEXTE 2 :
6- Après la lecture de l’arrêt de mort par le président : (1 pt)
a)- Quelle a été la réaction du peuple ?
- Le peuple se rua sur les pas du condamné. Le peuple se pressait sur son passage.
b)- Relevez la comparaison qui montre que le narrateur s’est senti à ce moment-là coupé du monde qui l’entourait.
- « … maintenant je distinguais clairement comme une clôture entre le monde et moi. »
7- a)- Comme pour le narrateur du texte 1, est-ce que les êtres et les choses continuaient à se présenter au personnage principal sous leur apparence (forme) habituelle ? (0,5 pt) – Non, ils se présentent à lui sous une autre forme.
b)- Relevez une phrase qui justifie votre réponse. (0,5 pt) – « Rien ne m’apparaissait plus sous le même aspect qu’auparavant. » « Ces hommes, ces femmes, ces enfants (…), je leur trouvais des airs de fantômes. »
8- a)- Le narrateur s’exprime-t-il dans un niveau de langue familier, courant ou soutenu ? (0,5 pt) –Niveau de langue soutenu.
b)- À partir du niveau de langue utilisé, que peut-on conclure sur le degré d’instruction (le niveau culturel) du narrateur ? (0,5 pt)
- Le narrateur est un homme instruit.
C- RÉACTION PERSONNELLE :
9- Les sentiments éprouvés par le narrateur dans le texte 1 vous paraissent-ils normaux ou exagérés par rapport à la situation vécue ? Dites brièvement pourquoi. (1 pt)
- Exemple : Les sentiments éprouvés par le narrateur me paraissent normaux puisque l’enfant n’a que six ans et son père va quitter la maison et s’absenter durant tout un mois.
10- Comment jugez-vous le comportement de la foule vis-à-vis du narrateur dans le texte 2 ? Justifiez votre point de vue par un argument personnel. (1 pt)
- Exemple : Ce comportement est impitoyable car il traduit l’insensibilité et l’indifférence de la foule qui ne cherche que le spectacle.