Nord du Namib-Naukluft NP : des arches et des sculptures rocheuses

J8 : Samedi 10 novembre 2012


Les hurlements des chacals ont animé notre nuit et ce matin, c'est le braiement et le galop des… zèbres qui nous tirent du lit. En poussant le rideau alors que le soleil n'est pas encore levé, nous ne tardons pas en à distinguer plusieurs groupes, répartis sur toute la plaine, puis tout près, en contrebas de notre bungalow, un groupe de sept individus qui nous fixent. Qu'ils sont beaux !

Le lodge aurait tout aussi bien pu s'appeler Zebra Plain Lodge, en raison du grand nombre de ces équidés présents sur ses terres.

Pour commencer la journée, une petite balade matinale avant le petit déjeuner est tout indiquée et même si le soleil est déjà levé quand nous démarrons, Sunrise Walk (3,5km /1 h 30) semble la mieux adaptée.

Elle débute comme hier par une grimpette vers la crête puis tourne vers le point de vue appelé "Lion King". Mais c'est quoi, ce Lion King ? Une forme rocheuse suggérant un lion, la gueule ouverte ? Non, tout simplement un promontoire rocheux dominant la plaine d'où l'on imagine bien le roi des animaux s'adresser à son peuple.

Vue depuis Lion King

Puis, après avoir traversé les dunes et avant de revenir au lodge, le sentier passe devant les écuries où Destiny, un bébé zèbre, recueilli gravement blessé il y a 6 mois, a l'air de se plaire en compagnie de la harde de chevaux semi-sauvages, ne quittant pas d'un sabot sa mère adoptive.

La suite de la journée va consister à rallier Swakopmund mais à l'heure du petit déjeuner, nous hésitons toujours entre plusieurs options possibles pour ce parcours.

Il y a bien sûr la traditionnelle C 14 via Walvis Bay mais qui a la réputation d'être monotone. Comme alternative, j'avais étudié un détour au sud de la C 14 par Mirabib pour lequel un permis est nécessaire, nous l'avons !

Mais c'est une troisième option qui occupe notre réflexion matinale.

Dans son roadbook, Caroline suggère de rejoindre, après le canyon de Kuiseb, la C 28 via des pistes transversales : "un trajet plus long mais plus beau avec plus de chance de voir des animaux", a-t-elle précisé.

Finalement, en croisant les informations de notre carte papier, du guide LP et de Tracks4Africa, deux indications supplémentaires vont retenir notre attention : Rock Arch et Rock Sculpture, situés au nord de la C 28 et à l'intérieur du parc national du Namib-Naukluft.

Nous décidons d'adopter partiellement la suggestion de Caroline en l'accomodant à notre sauce et en y intégrant, si possible, ces deux points d'intérêt. Mais tout cela est encore loin d'être au point, surtout que nous ne connaissons ni l'état des pistes dans le parc national, ni le temps requis pour ces fantaisies. Il est 10 heures du matin quand nous prenons la route, ce serait bien qu'on arrive à Swakopmund avant l'heure de fermeture de la réception de l'hôtel à 18 heures.

Le trajet commence sur la classique C14 via Gaub Pass puis Kuiseb Pass avant de franchir l'entrée du parc national du Namib-Naukluft. Les principaux axes traversant ce parc (C 14 et 28, D 1982 et 1998) sont autorisés à tous les véhicules. En dehors de ces axes, un permis est nécessaire. Nous l'avons, donc, tout va bien.

Car déjà une petite diversion s'offre à nous : un point de vue sur les dômes et vallons du Naukluft au lieu-dit "Carp Cliff". Pour Hervé, l'occasion de tester un raidillon en mode tout-terrain pendant que je me dégourdis les jambes. La pente à 30 %... très peu pour moi !

Peu après, on quitte définitivement la C 14 pour des pistes traversières censées être riches en animaux.

Un panneau en annonce déjà !

Et tout de suite après le panneau… la bête en vrai !

Au carrefour suivant… une girafe ! Tiens, pourtant aucun panneau ne l'annonçait ;-)

Je ne m'attendais pas à voir une girafe ici. Est-ce son habitat naturel ou a-t-elle été déplacée là pour le bon vouloir d'un propriétaire ? En tout cas, c'est une belle surprise.

Une fois la C 28 atteinte (il est déjà midi passé), nous la délaissons aussitôt pour nous enfoncer vraiment dans le parc national sur des pistes étroites, cahoteuses, imprévisibles… Bref, nous sommes dans notre élément.

Quarante minutes plus tard, nous atteignons le lit de la rivière Tinkas et au milieu du désert, cette oasis est parfaite pour notre pique-nique.

Encore une heure de plus pour une dizaine de kilomètres, sur une piste tantôt sableuse tantôt bumpy, very bumpy… avant de découvrir enfin la fameuse arche ! Malheureusement, deux familles sud-africaines y ont déjà installé leur campement, ce qui gâche un peu son image, mais elle est très belle malgré tout !

Côté face (en évitant les campeurs)

Côté pile

Malgré les 38 degrés ambiants, le site mérite une petite exploration. L'endroit a l'air d'être très convoité pour le bivouac. Le deuxième site, sous une alcôve rocheuse, est, lui aussi, déjà occupé par un énorme camion tout terrain de marque MAN immatriculé en Allemagne portant la mention "Germany – Mongolia – China". Son propriétaire nous confie qu'ici c'est le meilleur site de campement de toute la Namibie. Nous voulons bien le croire et si nous avions eu un véhicule équipé camping, c'est bien là que nous aurions aimé passer la nuit.

Mais pour nous, il est temps de poursuivre, d'abord en rebroussant chemin jusqu'à Tinkas, puis en prenant la direction de Bloedkoppie, un dôme granitique qui a la réputation, comme son nom l'indique, de se teinter de rouge sang au couchant. La piste est très rugueuse par endroits, il faut être prudent. Les kilomètres ne défilent pas vite mais les heures, elles, filent à toute vitesse. Il est 15 heures et si l'objectif est de rejoindre Swakopmund avant 18 heures, il serait temps d'abréger les arrêts.

Mais comment abréger quand on traverse de tels paysages ?

Sur des centaines de mètres à la ronde, des formations rocheuses alvéolées comme des nids d'abeilles !

D'autres évoquant des trous de gruyère !

Des cachettes, des cavernes, des labyrinthes… où l'on aimerait pouvoir se perdre si on avait davantage de temps ! D'ailleurs, un sentier balisé, Rock Sculpture Trail, donne accès à ce dédale (compter 4 à 5 heures).

A peine repartis, nous nous accordons un dernier arrêt (mais vraiment le dernier !) au pied du Bloedkoppie pour admirer deux jeunes arbres à carquois jumeaux… on ne peut pas manquer ça !

Puis, zou… il faut vraiment penser à rallier Swakopmund, nous sommes encore à plus de 100 kilomètres. Heureusement, la dernière portion de piste entre Bloedkoppie et la C 28 permet d'accélérer la cadence et une fois sur cette dernière, il suffit de laisser rouler jusqu'au bord de mer.

Au fur et à mesure de la perte d'altitude, la végétation se fait de plus en plus rare jusqu'à devenir sable et poussière. On pourrait se croire à l'approche d'Iquique au Chili, mêmes paysages, mêmes impressions.

Dans ce paysage lunaire, une plante millénaire arrive néanmoins à tirer son épingle du jeu : la Welwitschia mirabilis, j'aurai l'occasion d'y revenir plus tard. Plusieurs plants sont visibles le long de cet axe.

La température, elle aussi, va progressivement chuter jusqu' à 15 ° à l'approche de Swakopmund alors que nous ne tardons pas à pénétrer dans une épaisse couche de brouillard.

A 17 heures, nous arrivons à destination au Stiltz, un ensemble de 10 bungalows sur pilotis, au bord de la rivière Swakop et à côté de l'océan.

Avant toute chose, nous demandons à réserver un restaurant pour ce soir. Le Tug, le meilleur restaurant de poisson de la ville, est complet, samedi oblige. De tête, je me souviens que le Lighthouse figurait aussi sur ma liste, alors allons-y pour le Lighthouse. Autant le dire tout de suite, grosse bouffe ordinaire, adresse à ne pas retenir !

Maintenant parlons des choses agréables. Avant de nous tendre les clés, la réceptionniste nous précise qu'en raison d'une annulation, nous avons été surclassés. Très bonne nouvelle !

Alors que nous pénétrons dans la villa 2, voici ce que nous découvrons :

Une villa sur deux niveaux de plus de 200 mètres carrés, 3 chambres, 2 salles de bains, 3 WC, un grand salon, une grande salle à manger, une terrasse, un escalier monumental… des tableaux, des objets décoratifs, des bouquets de fleurs, un poêle à bois… une vraie maison !

Tout ça pour nous ? Nous n'en croyons pas nos yeux et faisons 10 fois le tour de la maison, complètement incrédules !

En tout cas, une journée qui nous aura réservé plein de belles surprises, tant du côté nature que du côté hébergement.