Claquettes, tap dance

L’esprit de la gigue associé à celui du tam-tam africain, fondu dans l’imagination du nouveau monde, crée cette danse nouvelle qui offre, non seulement quelque chose à voir, mais aussi quelque chose à entendre.

Origines :

En 1920, un noir du nom de Bubble crée un nouveau style de danse à claquettes qu’il appelle le " RYTHME TAP ", style de danse complexe et très syncopé dansé beaucoup plus vite. Bubble a de plus ajouté des sons et des accents inusités, pour l’époque, en utilisant ses talons et ses pointes de souliers, le tout en tournoyant et en voyageant dans l’espace scénique.

La popularité grandissante des comédies musicales en 1925, a amené blancs et noirs a unifier leur style de danse. Le responsable de cette fusion est un danseur noir du nom de Buddy Bradley qui chorégraphia plusieurs des revues et des musicals dans les années 20. En 1928, Bradley œuvre un studio à Broadway et enseigne à plusieurs jeunes artistes blancs. Parmi eux se trouvaient Ruby Keeler, Adèle et Fred Astaire, Paul Drapper.

Avec l’arrivée du cinéma parlant, donc sonore, la danse à claquettes se taillait une place de choix. Le public était prêt à une nouvelle approche du film dansant. Fred Astaire en avait une et à partir de ce temps-là il est en devenue un des personnages célèbres de l'histoire de la danse à claquettes à l'écran.

Un art entre danse et percussion :

Cholly Atkins, éminent danseur noir, parlait ainsi des claquettes : "You not only have to sound good, you also have to look good" (il ne suffit pas d'avoir un bon rythme, il faut également avoir un bon style). Rythme et mouvement sont les deux ingrédients majeurs des claquettes. Ils obéissent aux impératifs du genre de musique choisi et leur dosage nous donne un gamme très importante de styles possibles.

Si les claquettes sont "la danse avec les fers aux pieds" (conception du grand public), nous savons très bien que ce n'est qu'un point de départ ! Nous avons en effet plusieurs options : mettre le rythme au service d'une musique ou adapter un soutien musical à la construction percussive de notre choix. Le plus important restant à jamais de vivre le rythme, d'habiter le mouvement et de faire l'un comme l'autre avec conviction et sincérité.

Tout au long de l'histoire des claquettes, nous nous trouvons face à ces deux cultures qui se révèleront être les sources majeures du développement de cet art.

D'un côté les danseurs irlandais/anglais. Accompagnés d'un violon, ils font des sons simples, doubles et triples avec la plante des pieds depuis des siècles. Leur façon de danser est légère, mais très droite, avec les bras serrés le long du corps. Les dessins chorégraphiques sont simples, les nuances se trouvent dans les pieds.

De l'autre côté la danse africaine. Tout le corps est en mouvement, les hanches complètement déliées. Le son des tambours entraîne les danseurs à un rythme endiablé qu'ils accentuent du pied plat. Leurs pas se composent à l'instant même de la danse avec une variété incroyable.

Ces deux cultures se trouvèrent importées sur le nouveau continent avec l'immigration des irlandais/anglais et le voyage forcé des esclaves africains. Dans les plantations du sud des futurs Etats-Unis, elles devront désormais cohabiter.

Doucement, ces deux cultures commencèrent à s'influencer par l'imitation et la parodie. Les blancs enviaient aux noirs leur facilité dans le mouvement et cherchaient à s'approprier quelques éléments, tandis que les noirs adoraient se moquer des attitudes des blancs, tout en copiant la dextérité de leurs pieds.

Le début du 19ème siècle amène une grande vague d'immigrés irlandais/anglais qui fuient la famine de leur pays natal. Cette nouvelle population, parmi laquelle beaucoup d'ouvriers des grandes manufactures anglaises, avait emporté avec elle ses Clogs, sabots qui les protégeaient contre l'humidité durant leur travail.

Au plus bas de l'échelle sociale aux Etats-Unis, ces ouvriers cohabitaient dans certains quartiers des grandes villes avec les noirs, récemment libérés de l'esclavage. Ce melting pot créa encore un échange entre les deux cultures et les blancs qui savaient danser se lancèrent aussitôt dans le show-business naissant des Etats-Unis en se joignant à l'une des nombreuses troupes itinérantes.

En 1860, Tony Pastor, un manager de théâtre rusé, eut une idée géniale pour l'époque : afin d'accroître les recettes, il fallait nettoyer les spectacles pour les rendre accessibles aux familles entières avec enfants. Dans ce but, il fit construire des théâtres aux allures de palaces et lança une nouvelle formule : le Vaudeville, music-hall américain, qui sera désormais responsable du développement des claquettes. Le succès du Vaudeville fut immense. Dans chaque spectacle figuraient désormais plusieurs numéros de danse et la compétition entre les danseurs commença à être déterminante pour le développement de la technique et de la rapidité des futures claquettes.

Aux alentours de 1880, un nouveau style fit irruption : le Buck Dancing. Il s'agissait encore d'une danse exécutée en clogs (sabots). L'élément déterminant de cette danse était le Time-Step, un pas mondialement connu aujourd'hui. Le Buck Dancing ne bougeait pas beaucoup et se concentrait davantage sur la rapidité des frappes.

A partir de la fin du siècle dernier, le Step Dancing, était définitivement à la mode.

Exit doucement les costume folkloriques et les musiques traditionnelles pour laisser place aux tenues de ville pailletées.

Les sabots avaient été affinés avec le temps pour céder la place aux Split Clogs, chaussures en cuir avec une semelle de bois en deux parties.

Néanmoins l'usure excessive des semelles mena finalement à la solution qui donna en même temps son nom au genre : un bout en métal, le Tap, qui prendra le dessus au début des années 20. C'est la naissance du Tap-Dance, des claquettes.

Des nouveaux styles de claquettes se créèrent au fur et à mesure que de nouveaux styles de musique arrivaient sur le marché : en 1925, c'était le Charleston : s'en suivit illico le Tap-Charleston. A la fin des années 20, la grande nouveauté fut le Rythm Tap.

Dans les années 30, les styles commencèrent à nouveau à se séparer.

Avec la popularité des danses "swing" vers la fin des années 30, les pas de l'Authentic Jazz étaient à nouveau à la mode.

Après la fin de la guerre dans les clubs de jazz, les musiciens, suivis des claquettistes, s'orientèrent vers le Be-Bop et l'improvisation et travaillèrent de plus en plus pour un public d'initiés. Vers la fin des années 40, le grand public commença à se lasser des claquettes.

Il faudra attendre les festivals de jazz des années 70 pour redécouvrir cet art qui désormais pourra s'installer parmi les styles de danses reconnus.

Une nouvelle génération découvre les claquettes et apprend avec les maîtres de la grande époque. Des compagnies de Tap-Dance naissent, surtout aux États-Unis, sur fond de danse contemporaine.

Récemment la troupe australienne des Tap Dogs a réussi à renouveler l'image des claquettes. Au profit d'un look décontracté jeans et t-shirts remplacent paillettes, cannes et chapeaux. Les chaussures bicolores cèdent la place aux bottines aptes à scander les pas avec une nouvelle vigueur, nécessaire de nos jours pour ne pas être couvert par une puissance sonore de plus en plus écrasante, et c'est un triomphe.

En même temps la danse irlandaise a réussi - contre toute attente - à se renouveler et à imposer sa rigueur dans des shows comme Riverdance et Lord Of The Dance qui, à la surprise de tous, se sont transformés en succès mondial auprès d'un vaste public.

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