Un début euphorique
J'aborde cette expérience de l'astrophotographie avec un enthousiasme débordant ! Des centaines d'objets à photographier pour enfin les voir car jusqu'à maintenant, en tant qu'astronome amateur nomade du visuel, bien souvent mes yeux devaient se contenter d'images imprécises du ciel profond sans trop de détails pour ne pas dire simplement des taches laiteuses au centre de l'oculaire. Toutefois, mon esprit curieux et assoiffé semblait deviner des formes, des couleurs, des angles et parfois même de la profondeur tellement le désir de voir se révéler les choses était fort.
Ainsi, j'attends patiemment qu'une caméra DSLR soit accessible pour mon budget et enfin, quelques mois plus tard, me voilà propriétaire d'une Canon Rebel XS (1000D) qui devrait combler mes passions de la photo et de l'astrophotographie. Le 23 avril 2010, à 23h58 précise, la Lune croissante, illuminée à 75.98 %, devient sa première victime photographique. À mon grand étonnement, après quelques traitements d'usage, elle me paraît éternelle ! La voici :
Par la suite avec ces millions de pixels à ma disposition, je tente de capturer de grande portion de l'Univers. Voici dans l'ordre, une vaste région de notre galaxie, La Voie Lactée, suivi de la grande région de Cassiopée accompagnée de la même image avec des repères :
Le temps ignore ce que l'on fait sans lui
Mais la Terre tourne sans cesse ! Pour réussir à capturer des objets du ciel profond ne mesurant que quelques minutes d'arc de cercle voir même quelques seconde d'arc, il faut suivre le mouvement et avec précision S.V.P. !
Ainsi, après quelques essais difficiles, force est de constater que je dois investir du temps dans la maîtrise de ma monture équatoriale. Après plusieurs heures de lectures, de réflexion et de travail, je finis par être persuadé que cela en vaut la peine.
Les réseaux sociaux dédiés à l'astronomie et à l'astrophotographie ont joué un rôle important dans l'amélioration ma compréhension de cet outil essentiel et indispensable qu'est la monture d'une part. et l'astrophotographie, d'autre part. Des rencontres tant virtuelles que réelles portant sur le partage expérientiel de savoirs et de savoirs-faire me permettent alors de faire des bonds en avant important. Le sentiment d'appartenance joue un rôle non négligeable sur l'estime de soi et des conséquences positives que cela entraînera pour le futur.
« La patience est un arbre dont les racines sont amères et les fruits savoureux. » (proverbe arabe)
Un autre élément essentiel, particulièrement en astrophotographie, est l'écoulement du temps !
Malgré que celui-ci soit bien relatif, chaque observateur doit fait preuve d'une grande patience pour capturer tous ces photons
sur nos capteurs, qu'ils soient organiques (Oeil), chimiques (Film à émulsion) ou numériques (CCD, CMOS).
Que de patience dans l'azur il nous faut pour que se révèle à nous, tous ces photons énergétiques qui nous parviennent
bien souvent de lointaines régions de l'Univers.
Que d'ingéniosités et d'habiletés il nous faut faire preuves pour que ces photons puissent nous livrer tous les messages qu'ils transportent.
Et que dire de cet Univers qui se courbe au gré des masses innombrables qui y demeurent et s'y déplacent !
Poème
Patience, patience,
Patience dans l'azur!
Chaque atome de silence
Est la chance d'un fruit mûr!
VALERY, Paul (1871 - 1945), Charmes (1922), Palme, p. 155, éd. Pléiade.
Comète, jolie comète ... quand pourrais-je enfin te capturer ?
J'entreprends l'année 2013 de manière fébrile en raison des nombreux objets qui devraient nous visiter dans le courant de l'année pour venir saluer notre soleil d'un peu plus près qu'à l'habitude et ainsi atteindre une notoriété fort appréciable !
Voilà que je planifie minutieusement le passage de l'astéroïde 2012 DA14 prévu pour la soirée du 15 au 16 février 2013. Ainsi, tout l'équipement est planifié et la séquence chronologique des gestes à poser est réglée comme une horloge.
Mais le ciel en décida autrement en couvrant la voûte céleste d'épais nuages tel un voile impénétrable à toute lumière.
Étant habitué à de tels revirements et devant la moisson promise, je me prépare tout aussi joyeusement pour la comète C/2011 L4 PANSTARRS. Ainsi, avec un équipement des plus simples, une caméra DSLR sur trépied photo, je découvre un lieu se prêtant à l'exercice. Le tout va se jouer sur l'horizon Ouest juste après le coucher du soleil, à partir de la mi-mars pour quelques jours.
Mais le ciel en décida autrement une fois de plus, et ce, d'une drôle de manière. Alors que je suis bien installé et que le dégagement du ciel est des plus prometteurs, une seule zone nuageuse opaque persiste dans le ciel et devinez à quel endroit ? Et oui, exactement à l'endroit de la position de la comète. Je ne baisse pas les bras et je garde espoir de voir cet obstacle s'évanouir dans la pénombre. Le temps joue contre moi et une dernière chance se pointe mais en vain car à cette faible altitude et avec les lumières de la ville en arrière-plan, rien n'y fait.
Il faudra bien attendre quelques semaines pour qu'au moment venu je puisse la débusquer sur son chemin du retour quelques parts vers Cassiopée et la Grande Ours. C'est à suivre ....
Une mission impossible
Après de multiples tentatives, l'année des comètes 2013 s'est avérée fort décevante dans mon cas. Malgré un soin minutieux au chapitre de la préparation, rien n'y fait. À tel point, que j'en suis venu à douter de mes propres capacités pour y parvenir !
Mais la persévérance est plus forte que la déception et ce n'est que partie remise car les comètes sont là pour durer. Après tout, elles sont encore plus nombreuses que les planètes et elles voyagent depuis de lointains paysages stellaires à des vitesses fulgurantes!
Les étoiles ont été généreuses et pour preuve cette image de M45, les fameuses Pléïades, réalisée en zone blanche (urbain).
Et que dire de notre demeure la Voie Lactée qui contient en elle-même d'innombrables comètes! Voici une image de notre demeure réalisée en zone noire (campagne). On y aperçoit le fameux triangle d'Été: Véga, Altaïr et Deneb ainsi que la cime de quelques arbres dans le coin inférieur gauche.
Les événements si souhaités arrivent parfois lorsque l'on s'y attend le moins !
Alors que je m'étais détourné de la mission de photographier une comète, c'est par un hasard inouï, un soir de la fin mai 2014, qu'une comète fit son apparition dans la constellation de la Grande Ourse.
Alors que j'étais avec des amis en camping à la campagne, et que nous étudions un ciel sans Lune qui s'offrait à nous dans toute sa beauté, j'aperçus brièvement et sans y faire trop attention, une tache laiteuse au pied de cette célébrissime constellation pendant que mon regard et mon attention étaient concentrés à identifier chacune des étoiles principales qui la composent.
Parmi nous, celui qui manifestait un grand désir d'en apprendre davantage sur ce vaste cosmos, me fit remarquer avec insistance la présence de cette fameuse tache que j'avais finalement écartée de ma mémoire du moment. Il n'eut point besoin d'insister pour que cette fois je m'y attardasse sérieusement. Après une brève enquête, je fus en mesure de lui confirmer que nous avions sous nos yeux rien de moins que la comète C/2012 K1 PANSTARRS !
Je fus envahi par un grand sentiment de joie à l'idée qu'enfin j'allais pouvoir capturer l'un de ces objets extraterrestres si fantastiques.
Et cela fut fait dans la nuit du 28 mai 2014.
Incidemment, je repris mon bâton de pèlerin sur les traces des comètes durant cet été 2014. Mon acharnement, aux yeux de certains, ou ma persévérance, pour d'autres, furent largement récompensés dans la nuit du 19 août 2014 sur le même site de camping mais cette fois ce fut une rencontre seul à seul. Les enjeux étaient grands et exigeants ! Il s'agit de la comète C/2014 E2 JACQUES dans la constellation de Cassiopée, à mi-parcours entre les nébuleuses du Cœur (IC1805) et de l'Âme (IC1848). On ne pouvait s'attendre à un hasard aussi incroyable ne serait-ce qu'au niveau des étiquettes !
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