a- La personne
Dans ce type de métier, le deviseur est souvent une personne connaissant l'usinage et ses pièges. En effet, le devis engageant financièrement l'entreprise, si le chiffrage est trop éloigné de la réalité de l'entreprise, deux risques sont présents:
Le devis est sous-estimé, le client est financièrement gagnant mais l'entreprise perdante.
Le devis est sur-estimé et le client risque de trouver moins cher ailleurs, la commande ne sera pas validée et l'entreprise perd de la charge dans un premier temps et peut-être un client dans un deuxième temps.
C'est donc souvent soit un ancien chef d'équipe de l'atelier, soit un ancien "gammiste", la personne qui fait la gamme d'usinage, l'étude de l'industrialisation qui aura la fonction de deviseur.
b- L'entreprise
Étant dans une démarche métier, l'entreprise aura bien sûr un savoir-faire connu et reconnu. Ce savoir-faire pourra être lié à l'historique de l'entreprise: "rectifieurs de père en fils depuis 4 générations" ou à ses investissements: "CU 5 axes grandes capacités". Malheureusement, à ce jour, les entreprises n'ayant ni savoir-faire spécifique, ni investissement hi-tech, sont trop concurrencées par les pays à bas taux horaire pour pouvoir survivre. Ainsi, au fur et à mesure des années, l'entreprise devient-elle spécialisée des culasses, ou des pièces longues, ou des délais extra-courts.
Le contexte de l'entreprise doit donc être en cohérence avec la pièce à deviser.
c- Le contexte E62 du BTS IPM
Le cas que nous étudions, est le cas typique de l'épreuve E62 du BTS IPM.
A ce titre voyons ce qui est demandé dans le cadre de l'épreuve :
et comparons le aux items exposés à la page "Scénario" :
Le support définissant le produit / Définition de la pièce ou de l’ensemble à réaliser.
La fourniture ou non de la matière première / Contraintes liées à la qualité.
La taille du lot / Quantité à fabriquer.
Le délai / Délais demandés.
L'échéancier / A– un seul exemplaire ou B– quelques exemplaires ou C– petite série non renouvelable.
Tout y est, même si la contrainte liée à la qualité est, dans le texte, très orientée ISO 9000 (traçabilité, taux de rebut acceptable, dérogations,...) , alors que la qualité matière est oubliée.
Bien sûr, figure, en plus dans le sujet d'examen, le contexte de l'entreprise, car l'étudiant doit "faire comme s'il était le deviseur de cette entreprise".
L'entreprise aura investi dans des équipement Hi-Tech comme des machines à commande numérique multi-axes.
Voici un beau parc machine type:
2 centres d'usinage de fraisage 3 axes grandes capacités (CU)
1 centre d'usinage de fraisage 3 axes et 1/2 ou 4 axes (CU)
1 centre d'usinage de fraisage 5 axes (CU)
2 tours à commande numérique 2 axes (TC)
1 tours à commande numérique 3 axes (TC)
1 centre d'usinage de tournage bi-tourelles, axes Y (TC)
1 scie pour le débit (SC)
1 machine à mesurée tri-dimensionnelle (MMT)
Tout le parc machine sera piloté par un FAO.
d- Réception de la commande
Réception de la commande "papier"
Le deviseur reçoit un fax format A4 de la pièce. La cotation, si elle y est, est illisible. Il demande donc en parallèle soit un tirage du plan en A2, soit le plan au format PDF.
Le deviseur digitalise rapidement la pièce afin de pouvoir la passer en FAO.
Voici un exemple en vidéo pour Catia:
Réception de la commande "STEP"
Le deviseur reçoit une pièce dans un format CAO dont il ne possède pas la licence. Il demande à son client de lui faire un export en STEP (.stp) et si la cotation est en 3D et lui faire une vue d'écran des spécifications géométriques (.jpg ou .pdf).
Voici un exemple en vidéo de l'import d'un fichier Step afin d'en extraire la pièce à deviser:
e- Le travail pour l'interne
Une fois le modèle 3D obtenu, le deviseur va faire, ou faire faire, la FAO :
Prise de pièce : Les portes pièces standards sont privilégiées.
Trajectoires : Les stratégies de coupe sont choisies sans optimisation, dans la moyenne des habitudes et de ce que sait faire l'entreprise.
Les paramètres de coupe : Les conditions de coupes sont choisies dans les valeurs moyennes couramment utilisées par l'entreprise.
Il faut bien garder à l'esprit que, contrairement aux grandes séries, il n'est pas possible de passer beaucoup de temps sur le devis qui restera gratuit dans la majorité des cas. L'optimisation ne peut pas faire partie de cette étape de la gestion d'affaire.
Le préparateur qui fait la FAO remonte les informations suivantes :
les temps obtenus
la liste des outils spécifiques
les demandes de porte-pièces spécifiques
les incertitudes connues ou potentielles affectant significativement les temps ou les outillages nécessaires/
Le deviseur évalue les temps non copeaux et non FAO en tenant compte d'estimations standards ou en travaillant par analogie avec des affaires similaires.
f- Le travail pour l'externe
Matière première : La matière nécessaire, y compris les chutes et les mises au point est estimé et un devis est demandé au fournisseur.
Traitements thermiques ou de surfaces : Si le plan stipule un ou des traitements, une demande de devis est envoyée afin de connaître les coûts et les délais.
Procédés spécifiques : En dehors des traitements, la pièce peut nécessiter des procédés d'obtention que l'entreprise ne maîtrise pas. Le taillage d'engrenage, l'électro-érosion de forme, la rectification, etc. , tous ces procédés peuvent intervenir dans le processus complet d'obtention du produit final et nécessitent une demande de devis chez un sous-traitant spécialisé.
Outillages spéciaux : Si la production nécessite un porte pièce spécifique, ou si une adaptation s'avère obligatoire, le deviseur enquête afin de savoir si le travail sera fait en interne ou en externe. La décision peut se faire suivant plusieurs critères:
compétences présentes ou non dans l'entreprise
délais et/ou charge de travail
make or buy ou choix concurrentiel
Outils spéciaux : Si l'obtention de la pièce nécessite un ou des outils non-standards, un appel d'offre auprès des fournisseurs d'outils peut être envisagé. Sinon, au minimum, un devis doit être demandé.
g- Globalisation et synthèse
Souvent le deviseur s'aide d'un logiciel pour cette dernière étape. Dans les petites structures un tableur fait très bien l'affaire si le deviseur sait le programmer un minimum.
L'important est, d'une part de ne rien oublier, et, d'autre part de bien différencier la fréquence de chaque temps ou/et dépense:
1 fois pour toute l'affaire
1 fois à chaque lancement, à chaque lot
1 fois à chaque pièce
Ensuite le deviseur transforme tous les temps en coûts via des taux horaire souvent pondérés en fonction de l'entreprise et de son environnement concurrentiel.
Viennent, enfin, les petits ajustements liés aux us et coutumes de chaque entreprise:
Coefficients sur les achats
Coefficients sur la production (fonction du taux de rebut)
Coefficients ou forfait pour l'emballage et la livraison
...
h- Élaboration du devis
Le coût étant défini, après les vérifications d'usages :
tableur à jour et formules actives,
unités de temps homogènes,
devis fournisseur bien réparti par pièce/par lot/par quantité
...
vient la rédaction du devis que l'on va transmettre au client.
Ce devis devra bien sûr respecter les obligations légales (PU, Qte, PT, HT, TVA, TTC, Date, ...) mais aussi les spécificités de chaque secteur, voire de chaque client. Dans certain cas, le devis peut devenir un véritable contrat avec des closes de dédits, de retard, de non-concurrence. Un avocat est alors souvent nécessaire.
Si vous avez une étude de cas intéressante dans un autre secteur ou un autre contexte, c’est le lieu pour la présenter.
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