Chemin technique

Ecriture autobiographique ? Le mot « Mémoires » me plaît car il traduit les périples de l’existence professionnelle de mon père ; périples chaotiques qu’il a dû affronter à la force de son poignet droit avant de parvenir à une félicité de mandoliniste. Ces « Mémoires » ont été rédigées par mon père ; je les ai modestement modifiées dans leur formulation. Cependant mon père n’a jamais opté pour les termes « autobiographie » ou « mémoires » ; il préférait : « Mon chemin technique ». 

Pourquoi a-t-il rédigé celui-ci ? Par narcissisme, par orgueil … ? Je pense que son écrit est un hommage à l’instrument, qui a été partie intégrante de sa vie, destiné à lui donner une notoriété similaire à celle du violon, convaincu après les avoir justifiées, des capacités de la mandoline, parfois méprisée ; je pense aussi que c’est par bienveillance à l’égard de tous les mandolinistes : il voulait   leur éviter tous les écueils qu’il avait surmontés à propos de la technique de la main droite que tous les virtuoses de ce siècle gardaient jalousement. Il a jeté les premières grandes bases scientifiques qu’aucun mandoliniste au monde n’avait trouvées concernant l’étude des coups de plume, du trémolo… Certes, son implication en musique contemporaine et les rencontres, les liens tissés avec de grands Chefs d’Orchestre, de grands musiciens, des ingénieurs du son… l’ont amené à ces découvertes qu’il avait à cœur de partager. 

Enfin, quant à la structure narrative, il avait choisi de conter « son chemin technique » par décade, à partir de sa naissance ; chacune étant précédée par quelques évènements historiques. Si j’ai préféré relier, par des sous-titres, les grandes étapes de sa vie de mandoliniste, j’ai maintenu l’énoncé des faits historiques qu’il avait retenus. Le choix de ceux-ci peut surprendre le lecteur. Quand on vit cent ans, on est le témoin de nombreux évènements. Que le lecteur y voie un choix qui traduit un retentissement intérieur, un choix qui a eu ou non des conséquences sur sa vie personnelle, voire des rêves qu’il aurait aimé réaliser. Par exemple quand il mentionne la Révolution Russe, il a certainement, au fond de lui, le récit de l’expérience vécue par son père : ayant échappé à une pendaison par les Turcs, celui-ci s’évade grâce à des marins russes qui l’emmènent en Russie Orientale. 

Enfin, pour faire écho à la dernière phrase ajoutée lors de ses 98 ans à « son chemin technique », j’ai décidé d’intituler celui-ci : « Héritage d’un mandoliniste du 20ème siècle » car je suis convaincu qu’il a laissé un véritable patrimoine intellectuel.

N.B : Mon père a découpé des documents originaux pour les photocopier et les insérer dans son manuscrit. Je n’ai pas toujours retrouvé les originaux. J’ai néanmoins choisi de conserver les documents tels qu’ils étaient photocopiés même s’ils n’étaient pas toujours de très bonne qualité. 

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