Ce projet de thèse propose d'explorer l'uvre littéraire d'Eugène Pelletan (1813-1884), une uvre abondante, particulièrement influente au XIXe siècle, et qui fut presque tout entière engagée dans la promotion d'un idéal républicain. Cependant, lorsque le nom d'Eugène Pelletan n'est pas simplement oublié, il est souvent associé à l'homme politique plutôt qu'à l'homme de lettres. Certes, Eugène Pelletan fut l'un des principaux opposants au régime impérial de Napoléon III, et fut considéré comme l'un des fondateurs de la Troisième République. Toutefois, ce parcours politique remarquable ne doit pas faire oublier une uvre littéraire considérable. Eugène Pelletan est avant tout un intellectuel républicain, l'auteur d'une cinquantaine de livres et d'innombrables articles. Indissociable du mouvement romantique, il fait ses premières armes aux côtés de George Sand et de Lamartine. Ami des proscrits Victor Hugo et Edgar Quinet, il côtoie aussi Jules Michelet et partage les luttes de ceux qu'il considère comme ses maîtres à penser. Il deviendra lui-même un modèle pour la jeune génération et suscitera l'admiration, entre autres, d'Émile Zola. Eugène Pelletan jouissait également d'un rayonnement qui dépassait nos frontières, puisque ses plus grands succès furent traduits en anglais, en allemand, en espagnol et en portugais de son vivant. Héraut du libéralisme politique (Les Droits de l'homme, 1858), précurseur du féminisme (La Mère, 1865), abolitionniste de l'esclavage (Adresse au roi Coton, 1863), déiste et spiritualiste (Dieu est-il mort ?, 1883), apôtre du progrès (Profession de foi du XIXe siècle, 1852) ou romancier (La Nouvelle Babylone, 1862), ses publications étaient non seulement populaires mais également systématiquement engagées. Nous nous attacherons ici à expliquer comment cette uvre littéraire semble s'être construite à travers la volonté de diffuser un idéal politique en explorant trois pistes principales. D'abord, la genèse de cette uvre : comment la pensée de Pelletan s'est-elle construite, sur quelles bases théoriques et quels concepts ? N'était-elle qu'une pure abstraction à ranger dans les utopies de certains contemporains en marge du modèle dominant ? Comment a-t-il accordé sa pensée politique avec la dimension littéraire incontestable de son uvre ? Ensuite, l'effacement : comment cet intellectuel a-t-il pu disparaître de l'histoire là où d'autres, moins influents et moins productifs, sont devenus des symboles républicains ? A-t-il été volontairement effacé, son idéal n'était-il que vanité ou a-t-il été simplement oublié ? Enfin, un possible renouveau : à l'heure où la France est plongée dans une crise politique et que la Ve République semble à bout de souffle, l'idéal républicain exposé dans l'uvre littéraire de Pelletan peut-il encore apparaître comme une source d'inspiration ? Pour explorer ces trois pistes principales, il faudra toutefois répondre à une question essentielle et transversale : si cet écrivain particulièrement engagé était un ardent républicain, de quelle république était-il partisan ?
Novembre 2024
Intervention de Paul Baquiast au Colloque du Sénat, "Clemenceau, ses amis en politique
Mai 2024
Saint-Georges-de-Didonne :
" Les Pelletan : une dynastie au XIXe siècle "
Le pasteur Jean-Jarousseau, grand-père d’Eugène Pelletan. © Crédit photo : Denise Roz
Par Denise Roz
Publié le 10/05/2023 à 11h47 dans Sud-Ouest, Charente-Maritime
C’est une nouvelle conférence avec projection que propose Erick Mouton samedi 13 mai à 15 heures, à la salle Bleue du Relais de la Côte de Beauté. Passionné d’histoire locale, Erick Mouton retrace l’histoire de cette dynastie familiale.
Né le 25 décembre 1729 à Mainxe (16) le pasteur Jarousseau, « Pasteur du désert », est mort le 18 juin 1819 à Semussac. Il fut à l’origine d’une dynastie locale, dont les membres siégèrent, durant près d’un siècle, au conseil municipal de Saint-Georges-de-Didonne. Il est inhumé dans le hameau de Chenaumoine à Semussac, où sa tombe est conservée.
L’un de ses gendres, Achille Pelletan, fut maire de Royan de 1808 à 1809, puis en 1814-1815 la famille prit une dimension nationale avec Eugène Pelletan, son petit-fils, écrivain et homme politique républicain, lui-même à l’origine d’une dynastie de ministres et parlementaires. Eugène Pelletan est inhumé dans le caveau familial du cimetière des Bois à Saint-Georges-de-Didonne.
Pratique : « Les Pelletan : une dynastie au XIXe siècle » samedi 13 mai de 15 à 17 heures au relais de la Côte de Beauté. Entrée libre sans réservation. Renseignements : association Saint-Georges-de-Didonne et son passé, contact : Erick Mouton, erick.mouton@orange.fr
Octobre 2022
L’éditeur rochelais Amok réédite le livre culte
d'Eugène Pelletan
« Royan, la naissance d’une ville ».
Mai 2022
Réédition de la Semaine de mai, de Camille Pelletan,
aux éditions Libertaria,
annotée par Michele Audin
Printemps 2019 :
Inauguration de la plaque
Eugène et Camille Pelletan
à Seine-Port :
Il s'agit de la 12e plaque commémorative posée par l’Association pour la Sauvegarde de Seine-Port.
7 février 2017
Décès de notre ami Alain-Paul Bonnet,
fils de Georges Bonnet et arrière-petit fils
d'Eugène Pelletan
Alain-Paul Bonnet est décédé à l'âge de 83 ans. Grande figure du du radicalisme de gauche périgourdin, il a été maire de Brantôme de 1965 à 2001 (sauf de 1989 à 1995), conseiller général de Champagnac de Belair de 1964 à 1988 et député de la Dordogne durant 20 ans (1973-1993).
Toutes nos condoléance à son épouse Annick , à ses enfants, petits-enfants et l'ensemble de sa famille.
Alain-Paul Bonnet a versé aux Archives Nationales, en 2011, l'important fonds d'archives privées de son père, Georges Bonnet. Dans ce fonds figurent de précieux documents venus des Archives d'Eugène Pelletan et de Dyonis Ordinaire. Ils sont conservés sous la cote 685AP/147-155 et le nom "Papiers des familles Bonnet et alliées (Ordinaire et Pelletan)".
14 Septembre 2016 / 12 février 2017
Superbe exposition Fantin-Latour au musée du Luxembourg.
Et c'est Camille Pelletan qui en fait la promotion. Alors que les gros plans du tableau Coin de Table sont le plus souvent centrés sur les figures de Paul Verlaine et Arthur Rimbaud, cette fois c'est celle de Camille Pelletan qui est mise à l'honneur. Ce qui vaut, fait exceptionnel, au visage de notre ami Camille de s'exhiber en grand format sur les murs du métro, sur l'arrière des bus parisiens, sur les abris bus et sur la façade du musée du luxembourg ! Une grande fierté pour tous ceux qui lui sont attachés...
4 juin 2015
Centenaire de la mort de Camille Pelletan.
1er juillet 2014
Les cerisiers de la Commune.
Roman de Paul Baquiast, très librement inspiré des amours de Camille Pelletan et de Juliette Philippe. L'ouvrage peut être commandé, en version papier ou électronique, sur le site de L'Harmattan : Pour suivre l'actualité du roman, lire des développements sur les clefs historiques de l'intrigue, répondre à des quizz, rendez vous sur sa page facebook
26 octobre 2013
Bi-centenaire d'Eugène Pelletan
Plus de cent personnes ont assisté à la célébration du bi-centenaire d'Eugène Pelletan organisée par l'association Saint-Georges de Didonne et son passé, présidée par M. Eric Mouton, en présence d'Alain Bonnet (arrière petit-fils d'Eugène, ancien député-maire de Brantôme) et de Paul Baquiast (président de l'association des amis d'Eugène et Camille Pelletan). Ce fut une belle et riche après-midi, pleine d'enseignements. Des informations nouvelles ont en effet été apportées en cette occasion:
1) Les parents d'Eugène Pelletan, Adélie Ardouin et Achille Pelletan ont désormais un visage, fixé sur deux tableaux retrouvés dans l'ancienne maison du pasteur Jarousseau.
2) Le pasteur Jarousseau a lui aussi désormais un visage, fixé sur un tableau de 1785 du peintre C Ensten, retrouvé lui aussi dans l'ancienne maison du pasteur.
3) Le déchiffrement des indications portées sur la pierre tombale d'Achille Pelletan nous apprennent qu'Achille était chevalier de la légion d'honneur et qu'il était membre du Conseil général de Charente-Inférieure.
Programme
· 15h : intervention de Paul Baquiast, docteur en histoire, président de l’Association des amis d’Eugène et Camille Pelletan, auteur de plusieurs ouvrages sur la famille Pelletan (« Une dynastie de la bourgeoisie républicaine : les Pelletan, « les poèmes secrets de Camille Pelletan », « Législative 1906 : une campagne électorale à la Belle Epoque», « L’album Juliette : bohème artistique et politique aux débuts de la troisième République ») qui abordera « Eugène Pelletan, le personnage public »,
· 16h : intervention d'Erick Mouton, Président de SGDP, qui parlera de « Eugène Pelletan, le saintongeais maritime de St-Palais à St-Georges de Didonne »
· 16h30 : dédicace de ses livres par Paul Baquiast à la bibliothèque de St-Georges
· 17h : visite de la maison qu’Eugène Pelletan occupait rue du Pasteur Jarousseau à St-Georges
· 18h : dépôt d’une gerbe au pied de son buste face à la Mairie
· 18h30 : visite au cimetière des Bois, sa tombe et celles de ses enfants
Compte-rendu de la journée et reproduction du texte des interventions, cliquez ici
22 juin 2013
Sortie d'un bel ouvrage rendant hommage au rôle d'Eugène Pelletan dans le développement de la station balnéaire de Royan, tiré de la thèse de doctorat : La création d'une station touristique : l'exemple de Royan : de la fin du XVIIIe au début du XXe siècle / Denis Butaye ; thèse sous la direction de Guy Martinière; Université de La Rochelle, 2
Le processus de la naissance d’une station touristique peut se définir dans une période chronologique entre la fin du XVIIIe et le début du XXe siècle. L'exemple de la station de Royan permet de comprendre cette gestation comme le fruit d’un échange incessant entre les acteurs exogènes et indigènes pour le contrôle du développement touristique. Cet angle de recherche met en exergue la primauté de l'action étrangère, notamment bordelaise et protestante comme l’incarne Pierre Balguerie-Stuttenberg, sur le substrat local, - le cas de la création de la station touristique de Pontaillac apparaît ainsi révélateur – à travers l'étude du site primaire royannais, réaménagé, relié et transformé, l’installation progressive de ses équipements, l'examen économique du marché et de la clientèle grâce aux listes d’Etrangers, avant que les acteurs royannais ne se saisissent eux-mêmes des leviers de l'activité touristique. Se dévoilent alors des oppositions politiques et religieuses internes luttant pour le contrôle du pouvoir touristique aux enjeux de plus en plus déterminants illustrés par la lutte des casinos. Cette seconde phase modifie profondément la station naissante grâce à l'interventionniste décisif d'une figure majeure jouant le rôle de relais national, Eugène Pelletan, pressant les décisions institutionnelles d'aménagements lourds et capitaux : le Casino Municipal, le port en eaux profondes, le chemin de fer et le quartier du Parc dédié à la sédentarisation touristique. Le processus de création se trouve achevé quand l'Etat intègre dans un périmètre légal les principaux moteurs touristiques de la station : le produit des jeux, de la taxe de séjour et l'Office du Tourisme.
Paris, L’Harmattan, 2009, 98 p.
CR par Gaelle Charcosset, La Cliothèque, https://clio-cr.clionautes.org/legislatives-1906-une-campagne-electorale-a-la-belle-epoque.html
lundi 14 septembre 2009
Plonger dans la vie publique d’un homme politique par sa correspondance privée… voilà qui est rare. Paul Baquiast [1] propose ainsi de découvrir la campagne électorale que mène Camille Pelletan dans les Bouches-du-Rhône en 1906 à travers la correspondance qu’il échange avec son épouse restée à Paris. De ce député en activité depuis 25 ans — l’un des fondateurs du parti républicain, radical et radical-socialiste, ancien ministre de la Marine d’Émile Combes —, il ne faut pas attendre une description détaillée de la campagne à laquelle se livrerait un jeune novice en politique, sous l’effet de la découverte ; au contraire, et c’est l’un des intérêts de cette correspondance : succinctement, est présenté le quotidien de l’homme public dans sa circonscription, qui reçoit le soutien de sa femme restée à Paris. Celle-ci l’informe aussi de la vie de la capitale ; les échanges entre époux contribuent enfin à l’histoire de la vie privée à l’aube du XXe siècle.
Ainsi, les lettres de Camille Pelletan présentent ce moment fort de la vie démocratique, physiquement épuisant pour le candidat, qu’est la campagne électorale sous la Troisième République. Plusieurs extraits pourront être utilisés avec les élèves pour souligner, d’une part, la prégnance des débats contradictoires — qui exigent une formalisation forte, avec l’élection d’un président de réunion (p.63) par exemple — et parfois mouvementés (p.23) ; d’autre part, les élus locaux, avec les instituteurs, constituent un réseau (p.16, 33) au maillage serré dont le député républicain se sert pour évaluer le nombre de voix sur lesquelles compter dans chaque commune (p.19). Les à-côtés apparaissent également, tel le protocole qui régit l’accueil du député candidat avec remise de fleurs et compliments (p.73), tels encore ces électeurs qui veulent être avertis au plus tôt de la victoire de leur candidat afin de brûler l’effigie de son adversaire (p.71).
On pourra néanmoins être frappé par un lien direct avec les électeurs relativement faible ; sans doute le rythme effréné des déplacements ne le permet-il pas, ou Camille Pelletan le juge-t-il secondaire dans l’échange épistolaire qu’il entretient avec sa femme ? En revanche, le jeu politique est mis en avant, avec ses démarches pour contrôler les débats et ses manœuvres comme l’échange de promesses de désistement en cas de second tour (p.33).
Les élections ne se jouent pas uniquement dans la circonscription, et par le seul investissement du candidat : Mme Pelletan se fait le fidèle relais des lettres reçues à Paris et qui peuvent apporter un soutien à son mari sur le terrain, comme la lettre du maire socialiste de Brest (p.51), ou, inversement, lui demander un appui dans une circonscription plus ou moins lointaine (en l’occurrence la Guyane où Camille Pelletan avait été candidat en 1879 (p.57)).
Elle veille également aux activités journalistiques de son époux : elle lui propose des sujets parfois appuyés par des télégrammes qu’il a reçus. Ainsi, elle l’engage le 21 avril (p.30) à rédiger un article pour Le Matin afin de répondre à une lettre de Bienaimé, préfet maritime que Camille Pelletan, alors ministre de la Marine, avait relevé de ses fonctions, et dont l’élection en tant que député en 1905 avait été relevé comme un camouflet à son encontre. Le 3 mai, l’article paraît et elle le félicite de la portée qu’il ne devrait pas manquer d’avoir sur la campagne de Bienaimé (p.65). De même, elle se dit prête à rendre visite au directeur du journal devant les retards de publication.
L’épouse du candidat ainsi que le secrétaire de celui-ci interviennent encore auprès des ministères pour faire avancer les demandes d’habitants de la circonscription (les employés des PLM de Miramas par exemple, p.63) ou pour envoyer des notes sur les votes parlementaires d’adversaires (p.65).
Ces relations permanentes entre Paris et la circonscription sont accélérées par les progrès techniques, et la correspondance en témoigne à de multiples occasions : Mme Pelletan suit la campagne à distance par la presse provençale et nationale, les lettres sont en général rapidement reçues et les télégrammes relient efficacement toute la province à Paris ; Camille Pelletan se rend en train dans sa circonscription, et il sillonne celle-ci en auto, non sans quelques caprices…
Outre la campagne électorale de 1906 présentée comme l’intérêt principal de cette correspondance à lire le titre de l’ouvrage, les lettres de Joséphine Denise épouse Pelletan sont parsemées d’allusions précieuses à la vie parisienne : en premier lieu, ressortent les inquiétudes que suscitent les grèves et les manifestations attendues pour le 1er mai 1906 ; le monde de la boutique de mode paraît pâtir de ce contexte, du moins est-ce ainsi qu’est interprétée la baisse d’activité de la boutique de spécialités pour dames tenue par la belle-sœur du député républicain et fréquentée par les marquises et comtesses… pour le plus grand amusement de l’épistolière (p.21). La vie artistique et mondaine de la capitale est aussi brièvement évoquée : festival, invitation de la femme de l’ambassadeur de Chine, etc.
Enfin, bien que cet aspect ne fasse pas partie des programmes du secondaire, cette correspondance donne à voir les relations entretenues entre mari et femme, éloignés pendant trois semaines. Le vocabulaire employé, les surnoms échangés, les attentions, les gestes, sont un précieux apport pour l’histoire de la vie privée.
* * *
Les intérêts de cet ouvrage sont donc multiples et couvrent de larges aspects de la vie des élites républicaines au début du XXe siècle. L’appareil critique est conséquent, notamment par une préface ; en outre, les personnes mentionnées sont, quand elles ont été identifiées, présentées en notes infra-paginales). Néanmoins, on reste sur ses attentes sur la présentation de cette correspondance dont Paul Baquiast écrit qu’elle court entre 1906 et 1914 : pourquoi n’a-t-il choisi de présenter que trois semaines de 1906 ? N’a-t-elle qu’un caractère intime sur le reste de la période ? Le titre de l’ouvrage insiste sur l’intérêt que représente cette correspondance pour cette campagne électorale ; puisque tel est le cas, peut-être gagnerait-elle à être complétée et comparée à des documents publics qui permettraient d’éclairer sous plusieurs éclairages ce moment important de la vie démocratique. Enfin, cette source appelle une analyse détaillée des modalités de la campagne qui pourraient être comparées avec les méthodes d’autres candidats, telles celles du baron de Mackau étudiées par Éric Phelippeau.