Maniabilité

Que l’on soit un vieux briscard ou un jeune loup (ou louve), il est toujours utile de se remettre en question, de se tester, de se former, de vérifier qu’on est pas trop rouillé sur les exercices de base.

Quelques heures par semaine (si on débute), par mois, par semestre (suffisant pour la plupart des motard(e)s), voire par an suffisent.

Si on roule régulièrement toute l’année à plus de 20.000 km par an, la route suffit à fournir amplement de quoi s’exercer aux situations d’urgence. Toutefois, une petite piqûre de rappel fait toujours du bien.

Le temps et surtout l’argent manquent souvent pour pouvoir participer aux quelques (rares) stages de perfectionnement à la conduite moto.

Lire les articles « Perfectionner sa conduite moto » et « Se former pour pas cher« .

Faute de pouvoir suivre régulièrement ces formations, il est possible de s’entraîner soi-même avec quelques exercices de base, tout seul ou plutôt à deux (ou trois), avec sa propre moto, dans un endroit dégagé et sûr.

Le terrain de prédilection pourra être une route désaffectée, un parking de supermarché, voire dans l’idéal la piste privée d’une moto-école, pourvu qu’elle soit accessible en dehors des heures d’utilisation par ses propriétaires (le dimanche ou tard le soir en été, par exemple).

Les parkings pour poids lourds peuvent aussi faire l’affaire, les week-ends surtout.

Pensez aussi aux parkings de centre des congrès, de halls d’exposition, de parc de loisirs, de circuits de vitesse auto ou moto… ou si vous avez la chance de disposer d’une piste de stunt ou d’accélération près de chez vous.

Evitez évidemment les voies publiques et tout lieu de circulation.

Dans tous les cas de figure, il faut un terrain bitumé, sec de préférence et à l’écart des habitations, avec un revêtement en bon état, pas de trous ni de bosses, pas de flaques d’huile ou de gasoil, sans feuilles mortes, ni plaques d’égout, ni bandes blanches épaisses, sans trop de raccords de bitume, et mesurant plus de 10 mètres de côté, sans obstacles alentours (pour ne pas se faire mal en cas de chute ou de longue glissade).

Une ligne droite bien dégagée, de 50 à 100 mètres de long, mais surtout d’une grande largeur (dix mètres minimum) constitue l’idéal.

* * *

Les entraînements sur ce site n’ont rien d’extraordinaire.

Ils sont dans la ligne des exercices de plateau en moto-école traditionnelle, combinés avec des exercices enseignés dans les stages de formation spécifiques à la conduite moto, notamment à l’école Beltoise Evolution de Trappes, au Centre de maîtrise de la route de Nivelles, et au Centre de formation motocycliste (CNFM, devenu CNFSR, Centre national de formation à la sécurité routière) de la gendarmerie nationale à Fontainebleau.

Tous ces exercices peuvent être pratiqués avec n’importe quelle moto.

Dans les faits, les motos « extrêmes » ne sont pas faciles à manier à basse vitesse : les customs, les hypersportives ne se prêtent pas bien aux acrobaties. Au CNFM, on utilise des trails légers (avant des R65GS, maintenant des Honda XT d’abord en 600, puis en 660cc).

Mais toutes les motos routières, roadsters, basiques, trails routiers peuvent convenir.

L’essence de ces exercices consiste à mieux appréhender la maniabilité de votre moto, surtout à basse et moyenne vitesse.

Tous les motards connaissent la principe de la force gyroscopique qui maintient la moto debout : au-delà d’environ 35 km/h, la rotation des roues assure leur équilibre. Fondamentalement, conduire une moto à plus de 40 km/h ne présente donc pas de réelle difficulté, elle ne peut pas tomber à moins de perdre l’adhérence. Si vous savez où poser le regard et que vous maîtrisez le contrebraquage et la gestion des appuis, vous savez conduire, le reste est affaire de perfectionnement.

L’entraînement technique vise donc à conserver la maîtrise et l’équilibre de sa moto à moins de 30 km/h.

Au CNFM, on apprend à maîtriser sa moto en permanence sur une demi-voie de circulation (environ un mètre de large) sur tous types de revêtement et d’évolution (virage, bosse, trou, poutre de 15 cm de large, ligne droite avec des barrières de chaque côté, chicanes, courbes relevées…) à des vitesses de 5 à 30 km/h, sans jamais toucher au frein.

Il existe d’autres types d’exercices plus élaborés, pour la maîtrise du freinage par exemple, en particulier sur sol mouillé ou sur obstacle.

Ce type d’entraînement requiert un terrain parfait, un bon encadrement, avec la possibilité d’un recours rapide à une assistance médicale. Je juge donc préférable de ne pas les aborder ici.

* * *

Une fois le terrain choisi, quelques éléments pour mieux s’entraîner.

Il est préférable d’être deux (même avec une seule moto) pour d’évidentes questions de sécurité. Pensez également à prendre un téléphone portable et les coordonnées de votre assurance et des secours. Avertissez un proche de votre activité et assurez-vous qu’une voiture pourra éventuellement venir vous chercher si vous n’êtes plus en état de conduire la moto.

Si vous êtes deux, celui qui joue le rôle de moniteur peut avantageusement s’équiper d’un sifflet (type sifflet d’arbitre de foot, en plastique et à bille, 3 euros dans les grandes surfaces de sport), c’est très utile pour donner un signal bref, facilement perceptible et immédiatement reconnaissable.

Un conseil basique : vous roulerez à basse vitesse pour des exercices de précision, alors mettez des gants fins qui permettent une bonne sensation des commandes.

Pas besoin de se protéger du vent ou de la pluie, privilégiez l’efficacité. On ne se rend souvent pas compte de l’importance des gants dans le senti des commandes.

Comme tout le monde n’a pas chez soi des plots coniques oranges et blancs, on peut utiliser des plots de roller, très peu chers.

On pourra les remplacer par des bouteilles d’eau en plastique, remplies à moitié d’eau ou de sable pour les rendre plus stables.

Autre solution, les bouteilles de lait en plastique blanc, qui se voit mieux que le plastique translucide des bouteilles d’eau minérale.

Si vous les utilisez souvent, peignez-les vite fait de couleur vive pour mieux les voir sur le bitume gris de votre parking favori. Cela dit, il arrive facilement qu’on roule dessus et les pauvres bouteilles ne résistent pas longtemps aux passages répétés des 200 à 300 kilos d’une bécane avec son pilote.

Une dizaine de bouteilles suffit pour un slalom, on peut démarrer avec quatre.

Une planche de bois peut s’avérer utile, si vous avez la possibilité d’en transporter une ou d’en trouver une à proximité (sans démonter la palissade du voisin). Format standard, un mètre de long sur 10 à 15 cm de large et deux centimètres d’épaisseur. Elle pourra servir à la fois pour l’exercice d’obstacle en virage et pour celui de la poutre.

Si vous trouvez une brique (pas un parpaing, juste une brique normale), ce sera parfait : avec la planche, vous pourrez confectionner une bascule, un élément basique du gymkhana.

* * *

Bon, allez, trêve de blablas, c’est parti…

Ah, non, pas complètement !

Avant de commencer les exercices de maniabilité en tant que tels, on pratique toujours un petit échauffement.

Déjà, on s’étire et on se chauffe les muscles. Si vous avez déjà fait du sport une fois dans votre vie, vous connaissez le principe: étirements des articulations du haut vers le bas (cou, épaules, coudes, poignets, doigts, bassin, genoux, chevilles), échauffement des muscles des bras, du dos, de l’abdomen et des jambes.

Ensuite, on chauffe la moto, son moteur et ses pneus. Le plus simple est de tourner sur un cercle de cinq à dix mètres de rayon, d’abord sur le ralenti du premier rapport, puis en deuxième. On tourne un peu, on prend ses marques, on slalome un poil.

Vous devez posséder une machine avec un moteur bien réglé, capable de tourner au ralenti sans caler et sans sautes de régime, que vous allez pouvoir maintenir facilement à régime stable sur le premier et le deuxième rapport, donc avec une poignée d’accélération et un câble bien graissés, pas trop tendu ni trop souple.

* * *

Prêts ?

Commencez par exercices de gestion de l’allure : Maîtriser son embrayage

Enchaînez sur quelques exercices d’équilibre : Sentir l’équilibre de sa machine

Terminez avec des figures de maniabilité à basse vitesse : Incliner à basse vitesse