CHRONIQUES DU SOUS CHANTRE

                                                                         

Diverses éditions des "Chroniques" dont celle publiée par "Actes Sud".

 

Deuxième ouvrage "breton" de Cunqueiro, ces Chroniques racontent les

mésaventures du sous-chantre de l'abbatiale de Pontivy Charles Anne Guénolé Mathieu de Crozon, originaire de Paimpont, requis par un matin brumeux de 1793, pour aller jouer de la bombarde à l'enterrement d’un parent éloigné, le seigneur de Quelven qui lui a légué en héritage une pommeraie. En chemin il rencontre un étrange bonhomme qui le fait monter dans une diligence ou il se retrouve en compagnie d'une suite macabre de défunts de diverses origines et conditions, chacun d’entre eux plutôt peu fréquentable de leur vivant, étant mort de manière violente. Tous font bonne figure le jour, mais redeviennent squelettes la nuit.

La seule femme du voyage, Madame de Saint-Vaast, a empoisonné sa sœur à laquelle elle avait "prêté" son fiancé afin de lui faire un enfant et ce afin de la guérir d’une fièvre. L'acte accompli le "fiancé" garda la sœur d'ou la vengeance de la première. Et c’est après avoir préparé la potion qui emporta sa soeur qu’elle se lécha les doigts et subit le même sort que sa cadette. Pour sa punition, elle devra parcourir landes et chemins et se rendre en pélerinage à Audierne tant que son premier vivra (et il lui reste deux ans a errer ...).

Les hommes du voyage ne valaient guère mieux.

Jean Pléven, né au Faouet, notaire de son état a été pendu à Rennes après avoir tué un homme pour de l’argent. Et il errera tant que son procès en appel ne sera pas jugé.

Le colonel Caulaincourt fut fusillé pour le viol d’une fillette sur ordre du maréchal Turenne, et ce après avoir mis à sac la ville de Brisach. Son âme est condamnée à errer pendant douze ans, le temps que son exécuteur testamentaire emprisonné à Liverpool soit libéré.

Monsieur de Nancy, bourreau de Lorraine, né dans un lupanar tenu par sa mère a été tué suite à une magouille consistant à avoir substitué un innocent au Juif Errant convaincu de cabales. Mr de Nancy errera tant que le Juif ne sera pas arrivé à Rome ou il devra ouvrir une boutique de miroirs.

Le docteur Sabat John, d’origine britannique, avit voulu acheter à Benjamin Franklin un grand harmonica (en fait un orgue mécanique). Après avoir fait ses études à Montpellier, il a voulu empoisonner les fontaines de Rome afin de piller les maisons des victimes, ce avant de devenir roi d’Angleterre. Mais en empoisonnant également les fontaines du Vatican, il il se noie dans un puit et se retrouve dans les sables du Mont Saint Michel. Condamné à errer tant que l'un de ses neveux italien n'aura pas ouvert une imprimerie à Cuba.

Le dernier homme de ce macabre voyage, Guy Parbleu, serviteur du démon et amateur de cornemuse détroussait les voyageurs dans les auberges en se revêtant d'une cape magique qui le rendait invisible jusqu'au jour où il a oublié sa cape et pris sur le fait, il fût brûlé vif et de ce fait il prend l'apparence d'une flamme bleutée et non d'un squelette. Ses cendres furent mises dans une boite à savon.

S'ensuit un Tro Breiz de quatre années de tribulations et d'aventure au cours duquel chacun raconte son histoire. Chacun ayant apparence humaine le jour et cadavre la nuit. Parmi les aventures rocambolesques, une escarmouche entre chouans et soldats républicains, l’arrivée de la guillotine à Dinan ou Mr de Nancy, décapitera par inadvertance l’envoyé du gouvernement chargé d’installer la dite machine, un quiproco qui les fait prendre pour une troupe de théâtre chargée d’interpréter « Roméo et Juliette »

Mais tout a une fin, même les promenades avec les défunts, le sous-chantre retourne chez lui trois ans plus tard et trouve dans sa chambre un sacristain de Quimper qui a assuré son intérim sans que personne ne s’en aperçoive .... Et Charles Anne Guénolé Mathieu pourra enfin profiter de sa pommeraie bien méritée.

Une lecture plaisante et une histoire hors du temps mêlant vieilles légendes et promenade en carrosse dans une Bretagne minutieusement décrite mais ressemblant à la Galice, Bretagne que Cunqueiro ne visitera effectivement qu'en 1964, avec pour guide Polig Montjarret.