La Chapelle
Présentation de l'édifice
a) La chapelle des frères
Nous sommes à la Maison-Mère des Frères, habitée depuis 1824 par J.M.de la Mennais. Cette chapelle est un lieu de célébrations multiples, un lieu de prière.
- Dans cette chapelle, des milliers de frères ont fait leurs engagements, ou ont célébré le départ des missionnaires, ou ont fêté leur jubilé.
- C’est dans cette chapelle que l’on célèbre les obsèques des frères, ils sont en général inhumés dans le cimetière de la communauté.
- C’est dans cette chapelle que l’on célèbre les rassemblements de la famille mennaisienne, frères et laïcs.
- Enfin, dans cette chapelle, France 2 a diffusé la messe télévisée : c’était le 26 septembre 2011.
b) La construction
Jean-Marie de La Mennais veut remplacer la vieille chapelle des Ursulines par une grande église capable de rassembler tous ses frères. C’est la chapelle dans laquelle nous nous trouvons actuellement : elle mesure 111 pieds de long, c'est-à-dire 43 mètres et 46 pieds de large, c’est-à-dire 17 mètres ( 26 au transept) et elle a une hauteur maximale de 20 mètres ( 10 m dans les bas-côtés). Elle est construite en granit. Normal, nous sommes en Bretagne.
D’autre part, comme beaucoup d’églises, elle est orientée vers l’Est, en direction de Jérusalem, du Soleil levant, figure du Christ ressuscité. Elle a la forme d’une croix latine : une grande nef traversée par un transept : le Mystère de Jésus sur la croix et de sa Résurrection préside à l’architecture de cette chapelle.
Fr Cyprien arrive à Ploërmel en septembre 1853, il se lance dans les études de terrain et dans les plans et les commandes de matériel. Et il embauche 200 ouvriers de Ploërmel qui sont au chômage, dont des carriers et des conducteurs d’attelage. Le chantier dure 2 ans. Fr Cyprien se fait aider par fr. Fulbert, pour la préparation des plans et la surveillance des travaux. Et voilà le travail !!!
Construction en 1853-1854. Jean-Marie de la Mennais a tenu à célébrer une toute première messe au jour de son 74ème anniversaire, le 8 septembre 1854.
L’inauguration officielle – consécration- a eu lieu le 10 septembre 1856. Soleil radieux. La cérémonie dura 5 heures. Où est le Père de la Mennais ? dans la tribune avec les frères malades.
- l'histoire du tombeau du Père
Les frères, sentant le fondateur fatigué, - il avait déjà 75 ans et il venait de subir une attaque cardiaque - avaient envie de lui préparer en secret un tombeau dans la chapelle. Et le « vieux bonhomme », comme on l’appelait avec affection, s’en est aperçu, il avait l’œil partout. Un soir, alors qu’il descendait discrètement de sa chambre pour prier, il découvre le pot aux roses... Il se fâche : « Je veux être enterré dans le cimetière de la Maison-Mère, en bas de la propriété, au milieu des frères. Ma place n’est pas ici. Je veux que ce caveau soit comblé ! » …. Mais sur les conseils astucieux d’un monsieur respecté, les frères vont seulement murer le caveau, des fois que plus tard on ait envie d’y déposer le cercueil de Jean-Marie. Ce qui fut fait. Jean-Marie meurt en décembre 1860, il est inhumé dans le cimetière.
Quarante après, en 1900, ce qui devait arriver arriva : les frères décident à l'occasion du lancement du dossier de béatification de Jean-Marie de La Mennais, de ramener son cercueil à l’endroit où il est, ici, dans SA chapelle : chacun peut depuis 120 ans se recueillir et prier en sa présence.
c) Plusieurs restaurations et embellissements ont été réalisés depuis.
- Une première fois, en 1890 on a ajouté la frise ‘ Salve Regina’ puis toiletté le chœur, mettant en évidence la statue de la Vierge Marie –
- Dans les années 1960 - le centenaire de la mort de J.M. de la Mennais, la nef a été nettoyée et les piliers mis en valeur.
- En 2010, ce fut le chœur qui a été honoré. Le mobilier liturgique a été repensé ; en particulier l’autel fait mémoire à Haïti frappé par le séisme de 2010.
- Depuis 2017, une dernière restauration est engagée : consolidation de l’édifice suite aux fissures, nettoyage des vitraux côté rue, décapage des piliers pour retrouver le granit. Célébration d’ouverture de la chapelle le dimanche 26 août 2018.
Une statue et deux vitraux particuliers
Regardons au fond du chœur, la statue : il s’agit de la Vierge Marie, « patronne » de la chapelle. La statue de Notre Dame portant l’Enfant Jésus est peut-être d’origine.
Jean-Marie de La Mennais, initié par sa bonne maman, priait souvent la sainte Vierge d’autant que, vers la fin de la construction de la chapelle, le pape Pie IX promulgue le dogme de l’Immaculée Conception : un grand mot compliqué qui veut dire que Marie, la maman de Jésus, dès sa conception, était parfaite, pure et surtout sans péché.
Regardons les vitraux du centre, en haut, Jésus entouré d’enfants.
En regardant attentivement, on aperçoit un groupe de 10 personnages : au centre Jésus, flanqué de deux apôtres en retrait. Jésus se détache des apôtres indélicats, il se penche et semble bénir les 7 autres personnes : à gauche trois garçons dont l’un est agenouillé ; le plus grand à gauche est-il l’aîné, ou peut-être le papa ?. A droite, quatre personnages, des fillettes dont l’une dans les bras d’une jeune fille, ou de sa maman.
C’est sans doute pour ces raisons_ la statue de Marie et Jésus bénissant les enfants- que le « blason de la Congrégation » comporte une couronne extérieure reproduisant un chapelet et la citation latine de l’Evangile : « Sinite parvulos venire ad me » ( « Laissez les enfants venir jusqu’à moi ») !
A droite en bas : un second vitrail , l’Ange gardien et un enfant
L’Archange Gabriel : dévotion du 18° siècle à laquelle JM de la Mennais était attaché. L’Ange vit dans une double présence : présence de Dieu dont il contemple la face, présence avec les enfants de Dieu qu’il accompagne, comme Raphaël accompagne le jeune Tobie. Le Père de la Mennais aimait expliquer aux frères qu’ils étaient en quelque sorte l’ange gardien des enfants qui leur sont confiés.
Le mobilier du choeur
Dans une église, le chœur est l’espace sacré où la cérémonie se déroule. Peuvent y monter et y prendre place : le prêtre et ses assistants, les servants d’autels, et quelques autres personnes : lecteur, animateur.
Le chœur moderne a été réalisé, en 2010, pour le 150° anniversaire de la mort de J.M. de la Mennais, par Pierre Le Cacheux, sur les conseils de Roger Blot, prêtre de Rennes et de Hervé Chouinard, architecte en chef des monuments historiques :
Nouvel autel symbolisant la fraternité universelle, la joie et les drames des hommes.
La table est une marqueterie en bois de sycomore ( arbre méditerranéen au bois clair… sur lequel Zachée s’est hissé pour voir Jésus à Jéricho ( Luc 19) . tout le monde peut être accueilli par Jésus
Les panneaux, par leur couleur dorée, mettent en valeur la joie et l’espérance ;
. sur les trois panneaux visibles, sont évoquées les épreuves et les douleurs des souffrants - l’auteur qui réalisait son œuvre en janvier 2010 pense au drame vécu en Haïti - repérer les veinules bleues qui griffent et fracturent le fond doré… ainsi que les silhouettes esquissées courbées, agenouillées, affaissées ou debout dans un geste de secours et de réconfort. Nous pensons aux nombreuses victimes, dont nos deux frères Joseph Bergot et Dominique Baron.
L’ambon , La table de la Parole - est en chêne ;
sa forme est celle d’un livre ouvert, en attente de la page à proclamer… présence immobile, solide, silencieuse, invitation à écouter la Parole de Dieu.
Dans l’antiquité romaine, cette tribune était surélevée : y prenait place seulement le personnage le plus important : préfet, empereur, général … Il pouvait voir et être vu, parler et être entendu sans micro… Quelle est la personne la plus importante qui prend place à l’ambon dans les églises catholiques ? réponse La Parole de Dieu, la Bible.
Noter dans les cérémonies les 4 moments : lecture de la Bible, chant du psaume ( une prière tirée de la Bible), proclamation de l’Evangile par le prêtre ou le diacre , explication – homélie- par le célébrant.
Le Tabernacle est au centre, dans la ligne ‘ autel + statue de la Vierge’
Autrefois les Hébreux avaient un meuble qu’ils transportaient toujours avec eux et qui contenait les Tables de La Loi de Moïse. Il était placé dans le Temple de Jérusalem dans le Saint des Saints. Dans nos églises catholiques, le Tabernacle contient des hosties consacrées que l’on peut vénérer et qui évoque la Cène, le dernier repas de Jésus. Ce tabernacle, et la présence de Jésus, est signalé par une lampe rouge.
.. Autour du tabernacle, la structure en verre évoque les éléments de la création (la terre, l’eau, le feu et l’air) : tout le cosmos est convoqué à la grande louange.
- La Croix
La croix s’impose par sa taille, mais aussi par sa présence apaisée : pas de visage du Christ torturé, mais un espace de lumière bleutée qui témoigne par sa transparence même que la mort a été traversée.