Poésie
Je trichais pour gagner
Tu bousculais pour passer
Il narguait les perdants
Elle copiait sur sa voisine
On niait nos bêtises
Nous chahutions dans la classe
Vous cherchiez la bagarre
Ils embêtaient les petits
Elles se moquaient des autres.
Moralité :
L’imparfait, c’est du passé.
Juliette Dumas Tilquin
Iles
Iles
Iles
Iles où l’on ne prendra jamais terre
Iles où l’on ne descendra jamais
Iles couvertes de végétations
Iles tapies comme des jaguars
Iles muettes
Iles immobiles
Iles inoubliables et sans nom
Je lance mes chaussures par-dessus bord
car je voudrais bien aller jusqu’à vous.
Blaise CENDRARS
A pleines dents
J’ai vingt dents de lait,
Bien rangées autour de mon palais.
Des incisives pour couper,
Des canines pour arracher,
Des molaires pour mastiquer.
Et en plus de tout ceci,
J’ai un grand appétit.
Soyez prêtes, coquillettes,
Attention à ma fourchette !
Corinne Albaut
Les hiboux
Ce sont les mères des hiboux,
Qui désirent chercher les poux,
De leurs enfants, leurs petits choux,
En les tenant sur leurs genoux.
Leurs yeux d’or valent des bijoux,
Leur bec est dur comme des cailloux,
Ils sont doux comme des joujoux,
Mais aux hiboux point de genoux!
Votre histoire se passait où ?
Chez les Zoulous ? Les Andalous ?
Ou dans la cabane bambou ?
À Moscou ? Ou à Tombouctou ?
En Anjou ou dans le Poitou ?
Au Pérou ou chez les Mandchous ?
Hou ! Hou !
Pas du tout, c’était chez les fous.
Robert Desnos
Une fourmi de dix-huit mètres
Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête
Ça n'existe pas, ça n'existe pas
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards
Ça n'existe pas, ça n'existe pas
Une fourmi parlant français
Parlant latin et javanais
Ça n'existe pas, ça n'existe pas
Et pourquoi… pourquoi pas
Robert Desnos
La neige au village
Lente et calme, en grand silence,
Elle descend, se balance
Et flotte confusément,
Se balance dans le vide,
Voilant sur le ciel livide
L’église au clocher dormant.
Pas un soupir, pas un souffle,
Tout s’étouffe et s’emmitoufle
De silence recouvert…
C’est la paix froide et profonde
Qui se répand sur le monde,
La grande paix de l’hiver.
Francis Yard
L'Age de raison
Quand on a 7 ans,
Et qu'on perd ses dents,
On atteint dit-on
L'âge de raison.
Alors les parents disent :
"Il est temps de devenir grands !
Faites votre lit.
Rangez vos habits,
Soignez vos chaussures
Et votre coiffure..."
Mais nous on leur dit :
" On n'est pas si bêtes :
On a une couette
Dessus notre lit,
Aux pieds des baskets
Qui sont toujours nettes !
Nos habits sont chouettes
Blue-jean et Ticheurtes
Quand à nos cheveux,
Avec de la colle,
Ils sont super Cool..."
Georges Jean