Les voyageurs en Nouvelle-France

F.-X. Mercier - Célèbre voyageur canadien

Reproduction d'une photographie de William Notman. L'Opinion publique, Vol 2, no.3, 26 octobre 1871 : 517.

Lien vers la source originale (BAnQ 0000164483 )

Domaine public du Canada.

ASPECT-T

Social

Dans les années 1650, certains hommes se lancent dans le commerce des fourrures, allant eux-mêmes rejoindre les peuples autochtones dans les forêts plutôt que de les attendre dans les postes de traite ou les grands centres. Avant 1660, les coureurs des bois pouvaient profiter de cette rentable activité et ainsi explorer le nouveau territoire.

Politique

Depuis les années 1670, une loi interdit la pratique du coureur des bois. Le gouvernement craint que cette pratique menace le développement économique de la province, puisque la main-d'œuvre était nécessaire dans les champs plutôt que dans les bois. Les coureurs des bois commençaient à adopter les modes de vie des populations autochtones. Cependant durant les deux décennies qui suivent, la population continue d'être attirée par cette vision d'opportunité et de liberté.

En 1680, des permis de traite seront remis afin de permettre à certains de pratiquer la traite des fourrures. Ces coureurs des bois légaux seront nommés << voyageurs >>. En 1696, le gouvernement doit totalement interdire la traite des fourrures puisque de nombreux coureurs des bois poursuivent leurs activités sans permis, ce qui entraîne une surproduction des peaux de castor et une chute des prix. C'est seulement en 1716 que l'activité peut reprendre.

Économique

Engagés par des marchands, les voyageurs quittent les grands centres à bord de canot. Ils apportent avec eux des outils pour leur survie et des marchandises pour le troc. Au bout de 6 mois à 2 ans, ils effectuent le voyage du retour en rapportant des fourrures, surtout des peaux de castor. Un vaste réseau commercial se développe, souvent au détriment des populations autochtones.

Culturel & Technique

La traite des fourrures avec les populations autochtones entraîne un échange culturel et technique important. D'un côté, cela permet aux Européens de découvrir le territoire et ses ressources, tout en entrant en contact avec de nouveaux moyens de se déplacer. Raquettes, vêtements, chapeaux de fourrure et canots sont des exemples d'objets empruntés. De l'autre côté, les Autochtones découvrent de nombreux produits inconnus: armes à feu, métaux, verre, porcelaine, etc. Cela entraînera une dépendance des deux cultures l'une envers l'autre et une appropriation culturelle importante.

Territorial

Critique interne -3QPOC

Qui?

Il s'agit de François-Xavier Mercier, né à Saint-Paul l'Ermite, près de Montréal, en 1838. Il sera connu comme un célèbre marchand de fourrure aux États-Unis et au Canada. Ayant travaillé pour la Compagnie de la Baie d'Hudson, il va ensuite fonder son propre comptoir commercial en Alaska en 1868. Il participe ensuite à la fondation du Fort Reliance, au Yukon, en 1874. Ces aventures permettront le développement économique et religieux de cette région, car en plus d'installer des postes de traite, il y fera venir des missionnaires oblats.

Pourquoi?

Durant les années 1860-1870, l'artiste propose plusieurs photographies organisées sur le thème de la vie canadienne exotique: "Du point de vue thématique, elles offrent une vue séduisante de l’expérience canadienne, remplie d’aventures et de gentils guides indiens. (Il crée) cette vision plutôt héroïque de lui-même au sein du paysage canadien '' (Parsons, 2014, p. 17). L'artiste rappelle ainsi la vie exotique des voyageurs de la Nouvelle-France.

La société montréalaise du milieu du XIXe siècle collectionne les illustrations révélant l'exotisme de la vie autochtone, ce qui encourage l'artiste à produire plusieurs œuvres du même genre. L'intérêt est peut-être généré par les démarches du gouvernement pour réglementer les Premières Nations du Canada dans les années 1870: Loi des Indiens, création des réserves et des pensionnats, etc.

Quoi?

Le document est une estampe (encre sur papier) publiée dans l'Opinion publique le 26 octobre 1871. Il s'agit d'une reproduction d'une photographie prise dans le studio de William Notman (1826-1891), célèbre photographe canadien originaire d'Écosse.

Le sujet représente un voyageur ou un coureur des bois. Ses habits lui permettent de se déplacer facilement et de faire face au froid (le chapeau de fourrure représente bien le but de son déplacement: la traite des peaux de castor). Les objets autour de lui sont empruntés aux Autochtones (raquette) ou aux Européens (arme). Le décor représente une forêt typique canadienne.

Où?

L'artiste représente son personnage dans un espace naturel, une forêt ou une clairière. Il inscrit ainsi l'importance du thème de la nature. Le voyageur en Nouvelle-France quittait les centres développés et se dirigeait en canot vers les postes de traites et les installations autochtones pour récupérer eux-mêmes les fourrures. Ils devaient donc se déplacer dans des milieux hostiles et s'habituer au déplacement en forêt.

Quand?

L'illustration, bien que produite dans les années 1870, fait référence à la présence des coureurs des bois en Nouvelle-France.

Les coureurs des bois sont présents en Nouvelle-France depuis le XVIIe siècle. Après quelques difficultés, la traite des fourrures est rétablie en 1716. De 1700 à 1850, les fourrures seront le moteur économique de la Nouvelle-France et de la Province of Québec.

Comment?

L'artiste fait une appropriation culturelle en présentant le Canadien dans des habits et ayant des objets associés à la population autochtone. L'illustration démontre l'influence importante des Autochtones sur les colons et l'impact de l'arrivée des Européens en Amérique. Les voyageurs empruntent plusieurs objets aux populations afin de faciliter leur déplacement et la traite des fourrures. Raquettes, vêtements, chapeaux de fourrure sont des exemples d'objets empruntés. À l'inverse, l'arme qu'il tient dans ses mains est révélateur de l'échange qui va s'opérer avec les Premières Nations. En effet, les Autochtones seront vite dépendants des armes à feu.

Documents à télécharger

Pour aller plus loin...

http://collections.musee-mccord.qc.ca/scripts/explore.php?Lang=2&tableid=1&tablename=artist&elementid=00480__true