Les pensionnats autochtones

Thomas More Keesick

Photographie de Thomas More avant et après son passage à la Regina Indian Industrial School en 1897, Ministère des Affaires indiennes, 1897.

Source 

(Document original: Archives provinciales de Saskatchewan, R-A8225-1, R-A8225-2)

ASPECTS

Social

Les différentes mesures prises suite à l'adoption de la Loi des Indiens ont fortement modifié les modes de vie traditionnels des Premières nations. Entre autres, la création des réserves autochtones a forcé les Premières nations à se sédentariser, alors que la création des pensionnats et des écoles centrales de formation a engendré de lourdes conséquences pour les familles et les descendants des familles autochtones.  

Politique

En 1876, le gouvernement canadien met sur pied la Loi des Indiens afin de remplacer les lois qui touchent les Premières Nations depuis plusieurs années.  La loi permet de créer les réserves autochtones et d'encadrer l'organisation des pensionnats et des écoles centrales de formation, afin d'assimiler les enfants autochtones.

L'objectif de ces institutions était de transformer les enfants autochtones en enfants blancs. Ce projet répond également au besoin de garder le contrôle des populations autochtones au sein des réserves, afin de soutenir le plan de colonisation de l'Ouest canadien par le gouvernement fédéral. À l'époque, les Canadiens considèrent que les familles autochtones ne sont pas aptes à éduquer leurs enfants. Le système de pensionnat est financé par le gouvernement fédéral et géré par le clergé catholique.

En 1920, la scolarisation des enfants autochtones est obligatoire, ce qui renforce le pouvoir des pensionnats et des écoles centrales de formation. 

139 pensionnats ouvrent entre 1876 et 1990. Le dernier pensionnat ferme en 1996. 12 pensionnats seront ouverts au Québec entre 1930 et 1991.

Économique

La Loi des Indiens appuie le projet économique du gouvernement nommé la Politique nationale. En se donnant mainmise sur les terres autochtones et en délimitant les espaces réservées, le gouvernement pouvait s'assurer de construire son chemin de fer et installer sa population à travers le territoire canadien.

Culturel

La Loi des Indiens et les pensionnats autochtones auront pour conséquence une importante acculturation des populations autochtones. Sur place, les enfants doivent effectuer des travaux forcés, ils sont maltraités, affamés et agressés. Plus de 3000 enfants mourront. En 2020 et 2021, plusieurs tombes et corps non identifiés seront découverts autour des anciens sites des pensionnats.

L'acculturation se traduit par une perte de ''leurs connaissances et leurs modes de vie traditionnels, de leurs langues, de leurs structures familiales et de leurs liens avec la terre'' (Gouvernement du Canada, Histoire et culture). En séparant les enfants de leurs parents et empêchant les fratries de se réunir, ainsi que par les sévices et problèmes occasionnés aux enfants autochtones, les pensionnats causeront également un traumatisme intergénérationnel, perceptible encore aujourd'hui chez les membres des Premières nations.

Territorial

Scientifique & Technique

Extraits des points de vue

John A. Macdonald:

<< On a fortement insisté auprès de moi, comme chef du département de l'Intérieur, pour soustraire autant que possible les enfants sauvages à l'influence de leurs parents. Or, le seul moyen d'y réussir seraient (sic) de placer ces enfants dans des écoles industrielles centrales, où ils adopteraient les habitudes et les façons de penser des blancs. >>

Débat de la Chambre des communes, John A. Macdonald,  9 mai 1883,  5e législature, 1ère session, vol. 2, p. 1176. Source.

Critique externe -3QPOC

Critique interne -3QPOC

Qui?

Thomas More Keesick est un jeune autochtone de la nation Muscowpetung Saulteaux, en Saskatchewan, qui est entré dans l'école de formation industrielle de Regina en 1891. Environ 150 000 enfants des Premières Nations auront fréquenté les établissements.

Sur la photo de gauche, les vêtements que porte l'enfant sont des vêtements traditionnels féminins. Il ne s'agit en aucun cas de ce qu'il aurait pu porter. L'objectif était de représenter l'habillement correspondant aux traditions autochtones afin d'accentuer l'effet recherché par la mise en scène. Cela accentue surtout le stéréotype et l'appropriation culturelle du gouvernement canadien.

Pourquoi?

La Loi des Indiens est adoptée en 1876 par le gouvernement canadien. La création des pensionnats et des écoles de formation participe au projet du gouvernement d'assimiler les Premières nations. En 1883, à la Chambre des communes, le Premier ministre Macdonald soutiendra : ''On a fortement insisté auprès de moi, comme chef du département de l'Intérieur, pour soustraire autant que possible les enfants sauvages de l'influence de leurs parents. Or, le seul moyen d'y réussir seraient (sic) de placer ces enfants dans des écoles industrielles centrales, où ils adopteraient les habitudes et façons de penser des blancs.'' (9 mai 1883, Débats de la Chambre des communes, 5e législature, 1ère session, vol. 2, p. 1176.)

Quoi?

Cette photo est une affiche de propagande réalisée par le ministère des Affaires indiennes en 1897 pour illustrer la mission de ''civilisation'' du système de pensionnat. 

Où?

Les pensionnats  et écoles de formation ont été constitués un peu partout au Canada. 

Quand?

La Loi des Indiens entre en vigueur en 1876. Depuis le 17e siècle, des établissements étaient fondés pour assurer l'encadrement des enfants autochtones. Durant la Nouvelle-France, ces établissements seront dirigés par des missionnaires catholiques. Le gouvernement les encadrera à partir des années 1880. Les derniers pensionnats ont été fermés dans les années 1990. 

Comment?

L'écart important visible entre les deux photos permet de constater l'importante acculturation qu'ont subi les Premières Nations au 19e siècle. Le système de pensionnat a été très traumatisant pour les populations qui l'ont subi. La création des pensionnats a entraîné la séparation entre de nombreux enfants et leur famille. Les jeunes autochtones ont été envoyés de force dans ces écoles dirigées par l'Église, dans ''le cadre d'un vaste ensemble d'efforts délibérés d'assimilation visant à détruire leurs cultures et identités riches et à annihiler leurs histoires'' (Gouvernement du Canada, Histoire et culture). Les pensionnaires ont également subi une discipline très sévère, une malnutrition, des abus, des soins de santé insuffisants, etc.

Documents à télécharger

Pour aller plus loin...

Les voyageurs en Nouvelle-France

Doc.4-08/60

La Loi des Indiens

Doc.2-40/96

Le gouvernement et les pensionnats autochtones

Doc.46-40/96