Sortir de l’ombre des hommes qui semblaient condamnés par deux fois :
« la première à mourir pour rien, et la seconde à tomber dans l’oubli ».
Telle est la finalité de cet ensemble.
Le concepteur a ainsi imaginé une stèle sobre, ouverte, laissant libre le regard, afin de rendre perceptible par les sens les atrocités qu’engendre la guerre.
Dans cette œuvre commémorative trois symboles s’expriment avec force :
La Mémoire et le Souvenir – le Désastre – le Sacrifice.
Ils sont mis en évidence par la juxtaposition de quatre éléments :
Le Socle en étoile, le Livre ouvert, la France basculée, le Soldat agonisant.
Seule la pierre bleue de Thiérache a semblé capable de parler de ce drame méconnu.
Le socle en béton, aux angles arrondis, s’identifie à la partie supérieure des blockhaus de type Maginot.
Il supporte l’assise de la France dans laquelle est incrustée la première pierre, posée le 21 mai 2000, prélevée sur l’un des 40 blockhaus situés en forêt de Saint – Michel.
L’étoile rappelle à la fois le lieu-dit où convergent cinq itinéraires.
Sa forme évoque les fortifications à la Vauban nombreuses dans notre région frontalière.
Les deux pierres érigées verticalement symbolisent les deux pages du Livre de la Mémoire, à savoir le passé et le présent.
Le passage voulu qui existe entre elles, fait office de fenêtre entrebâillée, afin de focaliser le regard sur la forêt et sur les blockhaus tout proches. Il invite à l’illusion et crée le mirage jusqu’à suggérer l’ombre de ces martyrs voués au sacrifice.
La page de gauche porte une célèbre citation de Victor Hugo, épigraphe de l’événement.
Celle de droite, tournée vers l’ouest, liste ces 24 « Morts pour la France ».
La dalle protectrice qui recouvre l’ensemble évoque les mystérieux dolmens qui parsèment leur terre natale.
C’est ici que se trouve, dans toute sa puissance, le point fort de cette œuvre dédiée au Devoir de Mémoire.
Le Désastre.
Ce contexte est représenté par une France basculée : elle s’effondre, elle s’engloutit.
De surcroît elle est orientée afin que les rayons du soleil soient précisément au zénith, le 18 mai à 12 heures, c’est à dire à l’heure de la mort du 24ème soldat.
L’incrustation d’une balle de fusil trouvée à proximité marque à tout jamais le lieu du combat désespéré.
Le Sacrifice.
Il est mis en évidence par l’attitude caractéristique d’un soldat blessé, agonisant, le corps encore droit mais déjà « absorbé » par la terre.
Tout en s’agrippant désespérément à cette pierre de France, il veut en même temps redresser, mais en vain, sa patrie qui bascule.
Attitude saisissante d’un valeureux soldat qui, à l’instant final, n’a plus que son abnégation pour tout bagage…
Ses bras tendus, l’un vers la Thiérache, l’autre vers sa terre natale, ses mains démesurées par la souffrance, ses doigts en griffes expriment d’une façon très expressive, son effort désespéré qui incarne
la Résistance et l’Espoir en la France.
Visiteurs, Passants, à la citation de Victor HUGO ajoutons celle de GLADSTONE :
« Il faut pardonner mais ne pas oublier »
et faisons tous en sorte pour que se réalise l’expression populaire
« Plus jamais ça ! »
Le concepteur : Michel DUVAL.
Grâce à Michel DUVAL qui reprenait avec toute sa richesse de cœur le premier projet avorté et qui lui donnait une valeur symbolique exceptionnelle, ce monument devenait une œuvre d'art reconnue et promettait d'être un véritable lieu de recueillement.
Et grâce à Jacques RAGUET qui prenait l'initiative d'une vaste souscription publique, des centaines de lettres ciblées permettaient peu à peu de rassembler les sommes nécessaires.
L'inauguration du monument eut lieu le 22 juin 2003 avec prise d'armes, en présence de centaines de personnes.
Quant aux circuits et au livre, ils donnèrent lieu, le 19 juin 2004 à des cérémonies très émouvantes auxquelles participaient de nombreux parents des soldats de 1940.
Nous touchions au but.
Malheureusement, Pierre VANDERPUTTEN nous avait quittés terrassé par une affection foudroyante.
Mais, grâce à ses héritiers, nous conservons sa présence grâce au legs de sa bibliothèque à l'association.
Enfin, des jeunes passionnés d'histoire militaire ont créé, à partir de notre association un groupe de reconstitution historique
« Thiérache Histoire Vivante » qui a animé un son et lumière et qui remporte chaque année un grand succès lors des journées du patrimoine.
L'Association Saint - Michelloise du Souvenir de Mai 1940 en faisant se rencontrer et travailler ensemble des personnalités tellement diverses, a fait naître un faisceau d'amitiés d'une telle densité que tous nous resterons marqués par cette grande œuvre commune, à jamais.
Claude GIRAULT.