LA VILLE DE ROUFFACH

La ville de Rouffach a été édifiée sur un site occupé par l’homme depuis la Préhistoire. L’endroit offrait :

- des terres fertiles (loess),

- un bon ensoleillement,

- la présence de cours d’eau (l’Ohmbach venant de la proche vallée de Soultzmatt et la Lauch venant de la vallée de Guebwiller),

- un climat sec (la zone de Rouffach est la plus sèche de France en termes de précipitations pluvio-neigeuses).

Le paysage du Strangenberg, au-dessus de Rouffach

* On a longtemps pensé que le nom « Rouffach » venait du latin « rubeaquum » signifiant « eau rouge » (« rubea aqua ») et rappelait la couleur que pouvait parfois prendre l’Ohmbach qui traversait la cité). En fait, le nom de la ville est attesté régulièrement sous les formes Rubiaco (en 662), Rubac (en 912), Rubiacum (au XIIe siècle) et enfin Rufiacum (en 1215). Ces formes anciennes sont comparables à celles de Royat (Rubiacum en 1147), ou encore Robiac (Robiaco en 1119)... qui viennent du gallo-romain « Rubiacu » composé de « Rubbius », qui est le nom d’une personne, et du suffixe « acu » souvent transformé en « ach » dans des régions sous influence germanique comme l’Alsace.

* A l’époque romaine, la voie venant du sud et traversant l’Alsace au piémont des Vosges pour aller de Belfort/Mandeure à Strasbourg passe par Rouffach, probablement vers le haut de la ville actuelle.

* Vers la fin du Ier siècle, un « vicus » romain (vaste exploitation agricole) est bâti au sud de la cité actuelle. Des fouilles réalisées sur la place de la République (entre l’église Notre-Dame et l’actuel presbytère) ont permis de découvrir de grandes pièces et des thermes. Les lieux étaient ornés de fresques et de mosaïques dont la beauté témoigne du haut niveau social et culturel qu’avaient ceux qui occupaient ces lieux. 

* Aux Ve et VIe siècles, plusieurs fermes s’établissent au pied de la colline du Strangenberg qui dominent la ville actuelle. Les terres de Rouffach deviennent ensuite une résidence des rois mérovingiens d’Austrasie qui construisent le château d’Isenbourg. Selon une légende, au VIIe siècle, Dagobert II offre à Arbogast, évêque de Strasbourg, ses possessions rouffachoises ; le seigneur des lieux veut ainsi exprimer sa gratitude à celui qui aurait sauvé miraculeusement son fils Sigebert. Si l’on possède bien un acte de donation, rien ne permet d’affirmer avec certitude qu’il aurait été conclu entre Dagobert et Arbogast.

* Toujours est-il qu’à la suite de cette donation, Rouffach devient alors la capitale des possessions (i.e. le “Haut Mundat”) de l’évêché de Strasbourg et constitue une enclave dans les terres de l’évêché de Bâle (CH) dont dépend alors le reste du Haut-Rhin.

Base de colonne dans le choeur de l'église paroissiale Notre-Dame

* A la fin du XIIe siècle, la Cité est détruite par les armées de Philippe de Souabe. Elle sera une nouvelle fois saccagée au XIVe siècle... par les anglais, cette fois-ci !

* En 1380, l’évêque de Strasbourg entreprend la reconstruction du château d’Isenbourg et fait entourer la ville de puissants remparts dont il reste aujourd’hui de nombreux vestiges mais seulement une seule des six tours qui protégeaient l’agglomération. Durant cette même période, l’église Notre-Dame, dont les parties les plus anciennes encore visibles datent du XIe siècle, est agrandie et en partie transformée pour être mise au goût du jour (style “gothique”).

* Aux XVe et XVIe siècles, la Ville s’enrichit considérablement ; elle prend une telle importance qu’elle devient durant un certain temps la rivale de Colmar. 

* En 1633 la ville est dévastée par les Suédois au cours de la guerre de Trente Ans. A la suite des traités de Westphalie, l’évêque de Strasbourg cède à Louis XIV ses possessions en Haute Alsace.

* Les derniers grands travaux qui touchent la cité datent du XIXe siècle : les fossés qui entouraient la ville sont comblés et l'on entreprend une grande opération de restauration de l’église paroissiale. La flèche de la tour centrale est portée à une hauteur de soixante-huit mètres et l’architecte versaillais Maximilien-Emile Mimey lance un projet d’achèvement des tours nord et sud qui encadrent la façade. Seule la tour nord (en grès rose) sera terminée, les travaux étant interrompus par la guerre de 1870 à la suite de laquelle l’Alsace sera annexée à l’Allemagne jusqu’en 1918. C’est durant cette “parenthèse germanique” que seront construits, en périphérie de la Ville, l’école d’agriculture ainsi que l’important Centre hospitalier dévolu à la psychiatrie.

Les armes de Rouffach se blasonnent de la façon suivante : “D’azur à la Vierge de carnation assise sur un trône d'or, vêtue de gueules et d’azur, tenant de sa main droite une haute fleur de lys d’or, la tête couronnée et entourée d’une gloire de même, sur ses genoux l’Enfant bénissant de carnation, au nimbe crucifère d’or, un écusson de gueules à la bande d’argent brochant en pointe.”