La Gestion Intégrée des Zones Côtières à Madagascar

Madagascar, "île continent", est la quatrième plus grande île du monde. Son littoral concerne plus de 51% du territoire et abrite près de 65% de la population totale. Il comprend les milieux naturels parmi les plus riches et diversifiés du pays. Les récifs coralliens, les mangroves, les marais littoraux ou encore les forêts littorales présentent un intérêt économique et écologique majeur pour le devenir des populations côtières et du pays lui-même. Ainsi, par exemple, les récifs coralliens et les mangroves qui abritent généralement des crevettes représentent un revenu potentiel respectivement d'environ 100 millions et de 200 millions d'euros par an. Ce revenu inclut les services environnementaux que ces ressources procurent. Ainsi, les récifs cassent notamment la force des vagues et donc diminuent leur impact sur la côte réduisant d'autant l'érosion du littoral. Il y a ainsi d'ailleurs une complémentarité, une solidarité entre les écosystèmes, solidarité écologiquement utile, mais aussi indispensable à la survie même des populations locales (la pêche vient par exemple compenser la faible production agricole suite notamment à l'irrégularité des pluies et ainsi éviter une crise alimentaire bien plus grave). Maintenir la diversité, le bon état de santé, les complémentarités entre les ressources et la productivité du littoral malgache est donc primordial pour Madagascar et les populations côtières.

Sur le littoral et malgré des densités de population plus faibles que la moyenne nationale, de nombreux impacts se font sentir, particulièrement sur les milieux sensibles comme les zones récifales et de mangrove. Les zones situées à proximité des grandes villes côtières souffrent de plus en plus des activités non contrôlées et/ou non réglementées, qu'il s'agisse de la pêche, de l'exploitation du bois, des activités touristiques ou encore des activités industrielles. La pollution tellurique, due à l'érosion des bassins versants déboisés, affecte presque toutes les zones côtières du pays: envasement des plaines côtières et des rizières, salinisation des sols, dégradation des récifs et des zones de mangrove. De surcroît, dans ces espaces de production, les conflits deviennent parfois aigus comme c'est le cas entre la pêche traditionnelle et la pêche industrielle et artisanale de la crevette.

Les différentes institutions malgaches chargées de la gestion du littoral ne méconnaissent pas cette situation. Pour y remédier, elles ont pris des mesures appropriées mais de façon généralement ponctuelle, isolée et sectorielle. Ces actions n’ont évidemment pas empêché la dégradation continue des écosystèmes côtiers. En conséquence, depuis plus d'une dizaine d'années, Madagascar a renouvelé le mode de gestion de son littoral pour parvenir à sa gestion durable. Ainsi, il prône dorénavant la gestion intégrée de celle-ci (parfois aussi dénommée gestion entière). En l'insérant dans le texte fondateur de sa nouvelle politique environnementale, Charte de l'Environnement malgache (Loi n° 2004-015 du 19 août 2004 modifiant et complétant certaines dispositions de l’annexe à la loi n° 90-033 du 21 décembre 1990 portant Charte de l’Environnement Malgache et de la loi n° 97-012 du 06 juin 1997), il en fait même le principe de base de la gestion de l'environnement en général et du littoral en particulier.

Que-ce que la GIZC

La GIZC consiste à cerner, dans une vue d’ensemble, les différents problèmes d’environnement qui, entre autres situés dans des champs thématiques, des écosystèmes et des espaces de régulation différents, sont traités indépendamment les uns par rapport aux autres ... (suite)

Pourquoi la GIZC

La gestion intégrée présente un intérêt immédiat pour les zones côtières du fait de leurs caractères propres. Il s'agit en effet des espaces les plus complexes et les plus désorganisés. (suite)

Base juridique de la GIZC

La gestion intégrée des littoraux est consacrée par le droit de l'environnement. Les textes internationaux de référence soulignent l'importance de cette forme de gestion des espaces côtiers: par exemple, Action 21, chapitre 17: "Protection des océans et de toutes les mers –y compris les mers fermées et semi-fermées- et des zones côtières et protection, utilisation rationnelle et mise en valeur de leurs ressources biologiques" (suite)

Problèmes de mise en oeuvre de la GIZC à Madagascar

La pleine mise en place de la GIZC à Madagascar rencontre encore des obstacles:

-insuffisance de mise œuvre des conventions internationales ratifiées et non ratification par Madagascar des conventions internationales pertinentes en la matière dont la Convention de Londres sur la prévention de la pollution due aux navires (MARPOL). (suite)

Perspectives d'une GIZC à Madagascar

Dans un proche avenir, si Madagascar ne dispose pas du cadre législatif et des structures administratives nécessaires et efficaces pour mener à bien le concept GIZC, il ne pourra pas conserver son littoral et profiter de son apport certain à son développement humain. Les efforts menés par ce pays d'efforts en faveur de la GIZC demeurent encore bien trop timides pour être pleinement utiles. Le gouvernement devrait manifester plus fortement sa volonté en ce sens.

(Document préparé sur la base de la thèse en droit de l'environnement: "Vers la gestion intégrée des zones côtières à Madagascar" soutenue le 4 septembre 2006 à l'Université de Limoges par Mme le Professeur Saholy Rambinintsaotra)

contact :

Philippe KARPE

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