PRESSE

TOULON BIEN ETRE ET URBANISME VONT BIEN ENSEMBLE J. BELLANTE _ Le Moniteur 6153 27-08-21 .pdf
TPBM_1407_08_09_P3037.pdf

Toulon : l’urbanisme de proximité en débat

Présente à Toulon pour quatre jours fin août, l’université d’été du Conseil français des urbanistes a convié les élus locaux de la région à une table-ronde dédiée aux « politiques publiques face aux exigences des habitants ».

O. Réal - De gauche à droite, Mohamed Mahali, Nathalie Bicais, Pierre Aschieri, Sandrine Cosserat, Guy Barret et William Allaire

URBANISMEVAR Publié le 31 août 2021 à 14h00, Olivier Réal

Le Palais Neptune de Toulon était le théâtre des conférences et débats de la 25e université d’été du Conseil français des urbanistes (CFDU), que préside Pascale Poupinot, du 25 au 28 août. Sur fond d’urbanisme de bien-être, thématique centrale des échanges, la table-ronde d’élus locaux du 27 août, animée par notre confrère William Allaire (journaliste à TPBM), était consacré aux « politiques publiques face aux exigences des habitants ». Les interventions ont pris la forme de récits d’expériences, sachant que chacun a sa méthode et ses particularités, pour ne pas dire contraintes, pour mettre en adéquation un tronc commun très cadré par la loi avec les aspirations des administrés. L’alchimie étant censée contribuer au mieux vivre ensemble, certains évoquant la recherche du mieux être de préférence à un bien être plus évanescent.


Rapporté à l’urbanisme, le bien être en question touche à la fois, selon Mohamed Mahali, adjoint à l’urbanisme à Toulon, le verdissement de la capitale varoise « qui compte 84 parcs et 516 hectares d’espaces verts communaux », mais aussi la culture, évoquant en symbole de l’engagement local sur ce plan l’écoquartier Chalucet de la créativité et de la connaissance.


Pierre Aschieri a augmenté le propos d’un soin particulier apporté à l’agriculture dans la ville de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) dont il est le maire. Malgré la crise sanitaire « notre écosystème permet d’approvisionner toutes les cantines en circuits courts », revendique-t-il. Dans cette commune de 10 000 habitants, il essaie de transformer les espaces publics en lieux de rencontres, privilégiant l’accessibilité à pied des équipements et services. L’enjeu est d’essayer de « s’affranchir de la voiture, en particulier dans les déplacements quotidiens ».

Lien, confiance, envie

A l’échelle de la petite commune de Volonne, dans les Alpes-de-Haute-Provence, dès le début de son premier mandat, en 2014, la maire Sandrine Cosserat a souhaité enrayer le déclin par « une approche globale via un écoquartier en cœur de village redensifié ». Maison de santé, logements sociaux, services… Tout a été repensé et réalisé dans la concertation, plaçant en fil rouge la nécessité de créer du lien social. « Le bien être c’est vivre en confiance là où on habite », exprime-t-elle, développant de nouvelles façons de faire, de s’engager dans des projets, par le participatif.

« Je ne suis pas comptable du bien être des Coudoucens, c’est une notion personnelle », s’est démarqué pour sa part Guy Barret, maire de Coudoux, en Pays d’Aix, village résidentiel de 3 600 âmes à la croisée de l’A7 et de l’A8. « Nous voulons satisfaire les besoins par la qualité. Pour ce faire nous reconstruisons la ville sur la ville, sur les dents creuses ».

A La Seyne-sur-mer, deuxième commune du Var avec 65 000 habitants, les problématiques sont multiples et diffuses au regard des nombreux quartiers aux identités et histoires différentes. Forte des 27 km de côtes de la ville, la maire Nathalie Bicais, élue en juin 2020, a établi un schéma global de développement du littoral seynois incluant nombre de projets. En faisant adhérer la population à son grand dessein, elle compte créer « un sentiment de bien être par l’appartenance à un territoire et à une mémoire collective. Il faut donner de l’envie » prône-t-elle…


Ouverture, écoute, compréhension de la maîtrise d’usage ont également fait partie des réponses partagées entre élus très attachés à ménager la notion de proximité.

Université d’été des urbanistes : la ville en mal de bien-être

Article paru dans INNOVAPRESSE www.innovapresse.com le 31 AOÛT 2021

Comment aménager des villes propices au bien-être de leurs habitants ? Alors que la crise sanitaire joue les prolongations, cette question était le fil rouge de la 25ème université d’été des urbanistes qui s’est déroulée à Toulon du 25 au 28 août. Un défi qui va au-delà de l’enjeu de santé publique.

Les villes peuvent-elles être faire du bien… au corps et à l’esprit ? Cette question du bien-être était le fil rouge des débats de la 25ème Université d’été des urbanistes qui s’est déroulée à Toulon du 25 au 28 août. Une interrogation évidemment placée sous une lumière crue par la pandémie, ainsi que l’a rappelé Emmanuelle Wargon : "la crise sanitaire interroge notre façon de vivre en ville. Elle amplifie les critiques sur la manière d’aménager les villes. Elle souligne l’importance du logement et du cadre de vie", a souligné la ministre du Logement dans son discours de clôture.

Alors que le gouvernement vient de promulguer la loi Climat et résilience, qui entend faire de la lutte contre le changement climatique l’alpha et l’omega des politiques publiques, les urbanistes doivent-ils revoir leur logiciel ? "Le bien-être aborde plusieurs sujets en lien avec l’urbanisme : le logement, les mobilités, les espaces publics, l’alimentation, la pollution, les risques, la conception de l’aménagement en lien avec la démarche écoquartiers et bien d’autres sujets encore", énumère Pascale Poupinot, présidente du Conseil français des urbanistes (CFDU). Après des décennies de développement urbain extensif, la reconstruction de la ville sur elle-même peine à répondre aux enjeux. Une difficulté qui traduit "la perte de repère des modèles urbains", selon Jacqueline Osty. "Après la tabula rasa, on essaie de tenir compte de l’existant. C’est la clef pour ne pas voir s’imposer un modèle de ville standardisé", analyse la paysagiste. Car pour la lauréate du Grand prix de l’urbanisme 2020, "le rythme effréné de la fabrique de la ville financiarisée, globalisée montre aujourd’hui ses limites". Et de plaider pour un renversement du paradigme en prônant "la construction d’un projet urbain en harmonie avec la nature". Un changement de focale qui privilégie "la lenteur de l’approche paysagère" et "la prise en compte des usages qui font plaisir aux habitants".

Le cerveau dans la ville

Objectiver le bien-être est aussi l’affaire des scientifiques. Co-fondatrice de (S)City, agence qui étudie le comportement des citadins, Emma Vilarem explore les réactions du cerveau humain confronté à l’aventure urbaine. Cette docteure en neurosciences cognitives traque de manière scientifique les interactions entre le cerveau et l’environnement urbain. "La volumétrie d’un espace public, l’éclairage, l’entretien des espaces verts… le cerveau est sensible à tout ce qui agit sur sa perception selon des critères socioculturels". Un corpus d’habitus qui va plus loin que la seule subjectivité. "On essaie d’objectiver ce qui façonne notre perception de la qualité d’un espace", explique Emma Vilarem. Cet apport des neurosciences, (S)City le met à disposition des collectivités et autres aménageurs en quête de repères dans la mise en œuvre de leurs projets. "On peut mettre en évidence les critères de choix d’un logement en fonction de l’environnement ou de la qualité de l’espace public", avance la scientifique. Une opportunité qui bat en brèche certains poncifs : "un jardin nature que l’on laisse pousser librement au nom de la préservation de la biodiversité peut agir comme un repoussoir, susciter l’inquiétude car donnant le sentiment d’être mal entretenu. Il faut donc veiller à mettre en place des dispositifs simples qui rassurent l’usager ou le passant", enchaîne Emma Vilarem.

Cette prise en compte dépasse largement les balises écologiques mises en bouteille par les innombrables labels et autres référentiels qui maillent la sphère de l’aménagement et de la construction. Des sillons qui s’accommodent mal du caractère profondément humain du bien-être, mêlant données sociales, physiques et psychologiques. Pas si éloigné de la réflexion autour de la thématique "Habiter la France de demain" lancée par le ministère du Logement. Une démarche à laquelle les urbanistes sont invités à participer : "nous avons besoin de vous pour faire la synthèse des enjeux écologiques, économiques, sociaux…", a lancé Emmanuelle Wargon en clôture des débats. Un appel reçu 5 / 5 et qui inspirera certainement la 26ème université estivale du CFDU qui se tiendra à Grenoble, fin août 2022.

William Allaire

Article paru dans LIBERATION publié le 1er septembre 2021 à 14h23

«Entrer en transition, c’est s’appuyer sur le lieu le plus à même de conforter les alternatives citoyennes»

Festival des solutions écologiques

Engager une transition écologique est un combat à mener de là où l’on se trouve. La rapidité de la circulation des informations efface la géographie, alors cultivons notre rapport au territoire à travers une topophilie ouverte et émancipatrice. Une tribune de Thierry Paquot qui participera au Festival des solutions écologiques.

Des volontaires arrivent dans un village ravagé par les inondations qui ont touché l'Allemagne en juillet 2021. (Leon Kuegeler/Reuters)

par Thierry Paquot, philosophe et essayiste, a publié L’Amérique verte. Portraits d’amoureux de la nature et dirigé, Écologie des territoires, aux éditions Terre Urbaine en 2020.


Prétendre que toute action, et ce dans tous les domaines, doit partir du local pour être efficace paraît réducteur. En effet, l’écologie nous explique que tout est lié, interdépendant, transversal, par conséquent, il serait absurde de se claquemurer en un endroit bien circonscrit pour régler des problèmes qui s’originent ailleurs. Le nuage radioactif de Tchernobyl n’a pas contourné la France… Le déploiement du productivisme à l’échelle mondiale combine local et global. C’est la prise en considération du global qui incite une firme à délocaliser tel établissement pour accroître son profit, entraînant la résistance de celles et ceux qui refusent d’être les jouets d’un vaste Monopoly capitalistique. Pour une entreprise multinationale, un territoire en vaut un autre. La globalisation économique après avoir précarisé les emplois, précarise les territoires… Or, tout territoire possède des qualités qui échappent à la seule logique du toujours plus et trouvent leur raison d’être dans la logique du toujours mieux que le ménagement environnemental exalte. C’est là où l’on comprend qu’entrer en transition s’appuie sur le lieu le plus à même de conforter les alternatives et autres expérimentations citoyennes. Celui-ci résulte, il n’est jamais donné. C’est pourquoi l’approche territorialiste, qui propose la création de «biorégions urbaines» (1) part du local sans perdre de vue le global.

«Penser global et local, agir local et global»

Aussi devons-nous dépasser des formules que nous avons, hier, appréciées. Je songe à cette puissante phrase du romancier portugais Miguel Torga prononcée lors d’une conférence au Brésil, à l’intention d’étudiants portugais ayant le mal du pays : «L’universel, c’est le local moins les murs». Il est vrai que le local appauvrit notre vision du monde et que le monde dorénavant se présente à nous comme pluriversel… Je songe également à la célèbre formule énoncée en 1977 par René Dubos, «penser global, agir local», que Jacques Ellul utilise également en 1980. Slogan qu’il faudrait reformuler ainsi : «Penser global et local, agir local et global», sachant qu’il perd sa force de frappe et s’enrichit de la complexité qu’Edgar Morin célèbre avec passion.

Notre manière de penser les enjeux environnementaux relève d’une longue histoire : de la fin du XVIIIe siècle à la fin du XIXe siècle, plusieurs auteurs établissent des corrélations entre le changement climatique, la déforestation, les inondations, l’agriculture de rente, la disparition d’espèces animales et végétales, tels François-Antoine Rauch, Alexander von Humboldt, Georg Perkins Marsh… Depuis, d’autres voix dénoncent la dégradation des écosystèmes, l’altération de la nature, l’accroissement des pollutions, l’apparition de nouvelles pathologies et d’épidémies provoquées par les activités humaines. Comme leurs prédécesseurs, elles prêchent dans le désert. Roger Heim publie en 1952 Destruction et protection de la nature (2), Murray Bookchin, Notre environnement synthétique et Rachel Carson, Le printemps silencieux, les deux en 1962… Ces textes documentés, vifs, propositionnels n’ont pas pris une ride. Tout ce qu’ils révélaient en articulant local et global est pire aujourd’hui …

Obstination des «puissants»

Nous savons que tout problème est territorialisé. Il y a de par le monde, d’innombrables initiatives citoyennes qui écologisent leurs savoir-faire, leurs revendications, leurs créations, leurs réalisations, pour inventer d’autres modes de vie plus respectueux de la nature. Et qui butent inexorablement contre l’obstination des «puissants», obnubilés par le profit. Engager une transition écologique est un combat de chaque instant à mener de là où l’on se trouve. La rapidité de la circulation des informations efface la géographie, cultivons notre rapport au territoire, non par un enracinement sclérosant mais en une topophilie ouverte et émancipatrice. Que le là de chacune et chacun résonne en mille échos prometteurs.

(1) Je précise cette notion dans Mesure et démesure des villes, CNRS-éditions 2020.

(2) Réédité par le CNRS-éditions en 2020.



L'URBANISME ALLIE de la SANTE des HABITANTS La Gazette - L’hebdo - 2580 06-09-21 .pdf
Mesurer le bien-etre_boutaud.pdf