Les rémissions spontanées


Auteur : Trotmany

Première publication : 26/07/2015

Run to the sun © Alex Kolodyazhni, 2012

Au cœur de la guérison : un retournement


Aujourd'hui, de nombreux chercheurs se penchent sur ces rémissions complètes que la médecine n'arrive pas à expliquer. Parmi elles, on trouve un grand nombre de patients atteints de cancers en phase terminale qui, contre toute attente, ont guéris. On les qualifie de "spontanées" parce qu'elles ne sont pas imputables aux traitements conventionnels. Cela ne veut surtout pas dire qu'elles se produisent du jour au lendemain.

Ces guérisons inexpliquées surviennent après un long cheminement du patient, porté par sa volonté de vivre. Si chaque chemin est différent, la spiritualité et l'émotionnel semblent y avoir un rôle prépondérant. Dans Radical Remission, le Dr. Kelly Turner détermine neuf facteurs liés aux rémissions spontanées :

  • le changement de régime alimentaire, le retour à une alimentation saine ;
  • un approfondissement de la spiritualité, la pratique de la méditation, de la prière ;
  • ressentir pleinement l'amour, la joie, le bonheur, la beauté qui rayonne autour de soi ;
  • exprimer des tensions ou des émotions refoulées, demander pardon, dire tout notre amour ;
  • se soigner par la phytothérapie, l'homéopathie, l'acupuncture ;
  • prendre des décisions médicales en suivant son intuition ;
  • s'impliquer dans sa guérison et prendre part aux décisions de santé ;
  • avoir une très forte volonté de vivre, être certain de sa guérison prochaine, dépasser la peur ;
  • être accompagné, consolider le tissu social, renouer contact avec des amis perdus de vue.

Le constat fondamental que le Dr. Turner pose est qu'il y a peu de facteurs biologiques aux rémissions spontanées. La plupart tiennent à un changement d'esprit, de manière de penser, de voir et de comprendre la maladie. Un retournement complet des anciens paradigmes, de ce que l'on pensait essentiel.

+ Lire à ce sujet : 6 habitudes pour prévenir et guérir du cancer.

Pour elle, il ne fait aucune doute que c'est l'esprit / le cerveau qui contrôle tout. Dans Mind Over Medecine, le Dr. Lissa Rankin soutient à son tour que le facteur le plus important n’est pas l’alimentation, le sport, le type de personnalité ou même l’ADN, mais ce qui ce passe dans les pensées de chacun. Caryle Hirschberg et Marc Ian Barasch concluent quant à eux dans Guérisons remarquables que c'est le degré d'harmonie que le patient atteint entre ses sentiments et ses croyances personnelles qui induit le processus de guérison.

© iStockphoto.com / mrPliskin

Les unités fondamentales de la vie


La vie se présente sous une grande diversité de formes. Elle est le principe moteur d'organismes tels que les microbes, les plantes, les champignons, etc. Tout cela nous semble bien éloigné de l'humanité, de notre originalité ou de notre complexité. Pourtant, à leur image, nous sommes un agglomérat de cellules organisées en systèmes.

Notre être, que nous percevons comme une unité intangible, n'est en réalité qu'un incroyable fourmillement de près de 10 trillions de cellules et de 100 trillions de cellules microbiennes. Celles-ci fonctionnent de manière autonome et coordonnée. Elles possèdent toutes les mêmes informations génétiques. Elles se déplacent, se nourrissent, se reproduisent et communiquent entre elles. Mais nous n'avons pas conscience de leur présence.

Les cellules sont liées entre elles par une matrice (MEC) qui les organisent en tissus et leur assigne une fonction spécifique. À leur tour, ces tissus sont assemblés entre eux pour former des organes, qui maintiennent l'organisme en vie.

Embryon humain observé 72h après fécondation.

© Inserm / Bruno Lassalle

Les causes du cancer et autres maladies chroniques


Chez les personnes atteintes de cancer, une cellule a perdu ses fonctions d'origine et mute. Elle n'a plus d'utilité pour le tissus et devrait s'éliminer d'elle-même. Mais l'apoptose, ce principe d'auto-destruction de la cellule dégénérée, ne fonctionne plus. De plus, elle devient résistante aux interventions du système immunitaire et se multiplie rapidement. C'est ainsi qu'une seule cellule malade met en péril l'ensemble du tissu touché et, par contagion et/ou migration, l'organisme tout entier.

Il y a deux grandes catégories de facteurs qui entraînent la dégénérescence des cellules normales en cellules cancérigènes :

  • Les substances extérieures, qui correspondent à toutes les agressions qui émanent de l'environnement ; comme le tabac, les ultraviolets, l'alcool, l'amiante, les produits chimiques, pharmaceutiques, etc.
  • + Lire à ce sujet : Substances carcinogènes classées par localisations cancéreuses (CIRC)
  • Les radicaux libres, qui résultent d'un fonctionnement normal de l'organisme. En situation d'équilibre, notre corps parvient à éliminer ces molécules délétères. Mais lorsque celles-ci deviennent trop nombreuses, elles s'attaquent aux composés vitaux des cellules et perturbent, entre autres, la réplication de l'ADN. Les radicaux libres, ou DRO, seraient responsables de nombreuses autres maladies chroniques comme la cataracte, le diabète, la maladie d'Alzheimer, les rhumatismes, les maladies cardiovasculaires, etc.

Tout comme pour les substances extérieurs, ce qui provoque la production anormale de ces radicaux libres, c'est avant tout notre style de vie. Le stress, la fatigue, le tabagisme, la consommation d'alcool, la pollution atmosphérique, l'exercice physique intense, l’apport alimentaire excessif, etc.

+ Lire en complément : les antioxydants des aliments

Limiter ces sources de déséquilibre est donc une démarche efficace contre l'apparition et la prolifération de maladies chroniques majeures, comme le cancer. L'idée d'une modification de notre style de vie, d'un retournement de nos paradigmes, d'une plus grande harmonie - que nous suggère la littérature des rémissions spontanées - n'est donc pas anodine. Elle est renforcée par les données scientifiques actuelles.

Morpheus' bind © Robby Cavanaugh

La maladie, un signal d'alarme


La plupart des auteurs qui traitent des rémissions spontanées affirment qu'il faut percevoir la maladie comme un signe. C'est avant tout la manifestation d'un mal-être profond, qui nous enjoint d'agir.

Pour le Dr. Thierry Janssen, il est donc essentiel dans un premier temps de reconnaitre sa propre responsabilité. Se rendre à l'évidence que certains de nos comportements sont risqués et mettent en péril notre intégrité physique et psychique. La réponse à cette prise de conscience passe par un bouleversement dans nos habitudes, l'adoption d'un nouveau style de vie plus vrai et plus harmonieux.

Pour Johanne Robitaille Manouvrier, spécialiste de la communication, la maladie est un message qui nous indique l’urgence de transformer nos vies. Dans Activer son pouvoir de guérison, elle explique qu'il est nécessaire de ne pas rester bloqué sur le diagnostic. L'esprit tétanisé par la mort se rend vulnérable. Pour vaincre un cancer du sein, Johanne Robitaille Manouvrier a d'abord dû démystifier la maladie : "plutôt que de l’appréhender comme une maladie mortelle, je l’ai vécu comme un instrument de transformation et de renaissance". Elle a pu ainsi accepter sa situation, dépasser ses angoisses mortifères et leur trouver une résolution positive.

Modifier sa propre perception de la maladie nous met en route vers la guérison. Comprise comme un message, la maladie nous engage dans une démarche réparatrice qui passe par différentes étapes :

  • prendre conscience de ses vrais sentiments, ses émotions, ses angoisses ;
  • accepter la fragilité de notre situation, dans ses contraintes et ses défis ;
  • découvrir ce que la maladie a à nous dire sur qui l'on est ;
  • chercher à identifier nos comportements à risque et de nos contradictions intérieures ;
  • engager un changement de perspective, prendre en main sa vie.

Il faut se garder à tout prix d'envisager la maladie à partir d'ouvrages qui prétendent donner un sens général à chaque maux. Le message que nous adresse la maladie est unique et spécifique, il relève de notre histoire personnelle. C'est pour cette raison qu'il n'y a pas une rémission spontanée identique à une autre. S'il y a bien des tendances générales, dans les faits, chaque processus qui ont mené à l'auto-guérison sont différents. C'est à chacun de cheminer et de trouver sa réponse à la maladie.

2012-31 © SmallFly, 2012

Une perspective ancienne


L'idée que la maladie peut se guérir d'elle-même une fois les blocages psychiques levés est ancienne.

Dans le chamanisme amazonien, le traitement des maladies ne nécessite pas d'identifier clairement leur nature. L'essentiel est de déterminer le contexte relationnel de leur apparition, leur cause. Pour y parvenir, le "maître guérisseur" discute avec le patient et convoque les bons esprits pour qu'ils lui révèlent la cure à appliquer. Puis, il s'efforce d'extraire les substances nocives qui altèrent le corps et de neutraliser la source du mal. Habituellement, on y reconnaît l’œuvre des esprits de la forêt ou l'attaque d'un chaman ennemi.

+ Lire à ce sujet : Médecine traditionnelle et interculturalité : l'exemple de Takiwasi en Haute Amazonie Péruvienne (Mémoire universitaire)

Pour les Indiens d'Amérique, la colère, l'agressivité et la haine rendent les énergies à l'intérieur du corps obscures. Ces états d'âme bloquent le processus de guérison. Seul un repentir et un profond changement de l'essence même de la personne peut en venir à bout. Le malade peut retrouver cet équilibre intérieur à l'aide des cérémonies de guérison. Celles-ci se composent de purifications, de danses, de prières chantées et de peintures de sable.

+ Lire à ce sujet : Cérémonies et peintures de sable.

Selon les Aborigènes, il est possible de communiquer avec les esprits pour déchiffrer les maladies et le infortunes. Cela requiert d'accéder au Temps du Rêve, le monde spirituel et immatériel où se trouve le secret de la Vie.

+ Lire à ce sujet : Le Temps du Rêve, c'est quoi au juste?

Les anciens hawaïens pratiquaient le Ho'oponopono : "remettre les choses en ordre" pour rétablir l'harmonie du corps et de l'âme afin de recouvrer la santé. Par le repentir, l'ingestion de plantes, la prière, le Ho'oponopono entend corriger les mauvais comportements, les conflits sociaux à l'origine des afflictions du corps. La théorie qui le sous-tend veut que nous soyons responsable de ce qui fait partie de notre vie. Rien n'arrive par hasard et tout est de notre responsabilité.

+ Lire à ce sujet : La méthode Ho'oponopono

Cherokee Blessing © Ya-native

Rémissions spontanées et spiritualité


Les rémissions spontanées ne sont pas reliées à une pratique ni une tradition particulière. Ce qui semble vraiment au centre de ces processus d'autoguérison, c'est la conviction profonde qu'il y a une issue et que nous pouvons puiser en nous l'énergie nécessaire pour y parvenir.

Pourtant, le chemin est long pour retirer tous les oripeaux de la modernité, toutes nos mauvaises habitudes, tout ce qui pollue notre corps, tout ce qui contraint notre esprit, afin d'embrasser l'harmonie et la paix intérieure.

Vivre le moment présent, se rendre accessible, partager notre amour, se repentir de nos erreurs, sont quelques démarchent qui sont vivantes dans la plupart des spiritualités. Est-ce que cela signifie qu'elles suffisent à nous prévenir de toutes maladies ? Non. Mais cela contribue à notre épanouissement et notre bien-être. Loin de l'illusoire réussite sociale et son flot continu de stress, d'agressions et de souffrances, les rémissions spontanées nous invitent à plus de simplicité et de générosité.

Meditative © TnDee

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