Adam : Le voyage vers une nouvelle vie

Destination : France.

La France avait perdu beaucoup d'hommes durant la Première Guerre Mondiale et la main d'oeuvre manquait horriblement, notamment dans les campagnes et dans les mines de charbon.

Des accords avaient été signés par les gouvernements des deux pays et les premiers convois de Polonais prenaient le chemin de la France.

Comment tout cela était-il organisé? :

"L'Office d'émigration polonais recevait les demandes par voie diplomatique et les transmettait aux offices régionaux de placement, les PUPP. Mais dès 1924/25, la Société Générale d'Immigration organisa avec ses propres agents, une première sélection dans les offices régionaux dont elle prit le contrôle.

La démarche de recrutement comprenait quatre étapes.

D'abord, était lancée une campagne d'information par voie d'affiches : "Polonais, partez pour la France! Vous aurez du travail assuré, assurances sociales, appartements confortables pour vos familles et le voyage gratuit jusqu'à destination".

Ensuite, convocation des candidats dans les offices régionaux gérés par la SGI, véritables centre provinciaux de sélection. Là se déroulaient les premiers examens.

Enfin, les candidats retenus étaient rassemblés à Myslowice, en Haute-Silésie, centre créé le 12 février 1923 dans des locaux désaffectés, utilisés avant la guerre de 1914/18 par une organisation privée qui se chargeait de l'immigration des paysans de Galicie vers l'Amérique.

Les locaux de Myslowice se caractérisaient par leur délabrement, leur insalubrité, leur absence d'équipement sanitaire et leur exiguité.

Installés dans des baraquements en bois, mal chauffés, les dortoirs étaient démunis de fenêtres. Les lits superposés se serraient les uns contre les autres. L'hygiène laissait à désirer.

Un rapport polonais de 1924, indique que draps et couvertures pouvaient servir jusqu'à cinq convois successifs. La promiscuité était de règle.

La sélection professionnelle consistait en l'examen des certificats de travail, en un rapide interrogatoire sur les connaissances et les antécédents professionnels du candidat.

Enfin était observée l'usure de la peau, des paumes et des doigts. Mais celle qui était le plus redoutée par lse postulants à l'émigration était la sélection médicale qui en éliminait environ 10 à 12%. Celle-ci était confiée à d'anciens militaires français embauchés par la SGI.

La consultation cherchait surtout à dépister les maladies les plus graves entraînant l'inaptitude au travail : mutilations, amputations, déformations, blessures de guerre, surdité, myopie excessive, hernies, tuberculose, emphysème, varices, troubles cardiaques.

Mais l'examen "oubliait" certaines affections : alcoolisme, maladies mentales, épilepsie, maladies vénériennes...

S'ils avaient satisfait aux différents examens, les "sélectionnés" prenaient, dans un délai d'un jour ou deux, le train à destination de TOUL"*

* Source : Polonais d'Alsace de Yves Frey

Le Voyage :

Documents :

  • Passeport

  • L'adieu au sol polonais:

  • Myslowice :

Les candidats à l'émigration devaient passer une visite médicale.

Exemple de contrat

  • Katowice :

  • Zebrzydowice et la frontière Tchèque :

Le 8 mars 1929, Adam quitte définitivement la Pologne. Il n'y retournera plus jamais ! Pourquoi la France et pas les Etats-Unis où vit encore son père?

Gare de Zebrzydowice

Frontière Polono-Tchèque

Arrivée en France :

Le 10 mars 1929, Adam passe la frontière française au pont de Kehl à Starsbourg.

Le dépôt de Toul (Ecrouves):

"Si à Myslowice, on employait le terme de centre (de recrutement), à Toul, on utilisa plutôt celui de dépôt qui fait davantage penser à l'incarcération policière qu'à un accueil. Deux dépôts se succédèrent. Le premier était situé dans l'annexe de la caserne Thouvenot et fonctionna jusqu'en juillet 1924, le second dans la caserne Marceau à quatre kilomètre de la gare..........

Après un voyage fatiguant, les immigrants devaient parcourir à pied ces quatre kilomètres tout en portant leurs bagages et en s'occupant des enfants.

le dépôt de Toul était organisé comme les autres dépôts que l'on trouvait en France pour accueillir les travailleurs étrangers : Marseille (Méditerranéens), Modane, Menton (Italiens), Baisieux et Feignies (Belges)

Quatre services fonctionnaient : sûreté générale, hygiène et vaccination, main d'oeuvre industrielle et main d'oeuvre agricole. Le séjour à Toul durait un à trois jours.

Les immigrés subissaient un interrogatoire de police avec prise des empreintes digitales, étaient photographiés, pesés et recevaient un numéro d'identification..........Ils devaient passer également une nouvelle visite médicale avec vaccination antivariolique. Jusqu'au 29 juillet 1924, la douche et l'épouillage étaient obligatoire. A compter de cette date, ils ne furent plus systématiques en raison de l'amélioration de l'état sanitaire des immigrés. Tous les témoignages se rejoignent pour dénoncer la précarité de ce dépôt : exiguité, promiscuité, mauvais état des installations et notamment des douches qui n'eurent jamais un fonctionnement satisfaisant......

Le dépôt de Toul répartissait les Polonais entre les différents exploitants et fournissait des sauf-conduits provisoires, établis pour telle ou telle compagnie. A l'arrivée sur leur lieu de travail, les entreprises devaient réclamer en échange de ces sauf-conduits, les cartes d'identité de leurs ouvriers à la préfecture du département.

Le trajet final s'effectuait, accompagné d'un convoyeur envoyé par l'employeur ou sans accompagnateur. Dans ce dernier cas, l'intéressé ou les intéressés portaient autour du cou, attaché par une ficelle, une pancarte indiquant la destination finale..."...*

* Source : Polonais d'Alsace de Yves Frey

La gare de Toul

Entrée de la caserne Thouvenot à Toul - Ecrouves

Baraquements de la caserne Marceau

Durant la seconde guerre mondiale, le dépôt d'Ecrouves (Toul) a été un camp d'internement pour les juifs (voir)