Le Fils de l’homme dans le nuage
Figures et costumes
“À leur époque”, les Jésus et Zorobabel historiques ramenèrent les exilés de Babylone et rebâtirent le Temple détruit sept décennies plus tôt par Nabuchodonosor. Ces faits arrivèrent figurativement, non seulement pour l’instruction de ceux qui cherchent la Vérité, mais parce que Dieu écrit d’abord l’Histoire avec du sang dans le désert, avant que les hommes ne la recopient avec de l’encre dans leurs livres. Il y a vingt-cinq siècles que Dieu a ainsi dévoilé l’avenir aux siens, mais ils n’ont pas compris — cela aussi était prévu !
À l’époque des faits (historiques), la direction du Peuple hébreu était assurée par deux autorités, l’une religieuse (spirituelle), l’autre civile (temporelle) : le Grand Prêtre et le Prince — Jésus et Zorobabel. Le nom du premier s’écrit “Jésus” ou “Josué”, selon qu’il se trouve dans un texte en grec ou en hébreu, mais il s’agit bien d’un nom unique qui peut être transcrit de l’hébreu au français par Yehochoua ou Yéchoua, et qui signifie “Yahvé est salut” ou “Yahvé sauve”. Le nom du second, Zeroubbabel — semence, descendance ou rejeton de Babel —, indique qu’il est né à Babel (Babylone) durant l’Exil.
Ces détails ont leur importance, tout comme les prophéties attachées à ces personnages et les péripéties qui ont marqué leur vie, car ce sont ces éléments historiques, devenus scripturaires, qui ont façonné l’ère chrétienne, c’est-à-dire le Temps de la Fin. Le Nouveau Testament, en inaugurant cette dernière période, reprend, actualise et précise ces éléments. Par exemple, l’auteur de la lettre aux Hébreux répète inlassablement que Jésus est Grand Prêtre (comme sa figure historique). C’est donc en tant que Grand Prêtre que Jésus exerce son ministère, puis annonce aux Juifs et à ses disciples qu’il s’en va. Pourquoi celui qui a dit « Je suis descendu du ciel » y remonte-t-il si rapidement ? Parce qu’il vient lui-même d’annoncer la venue imminente du Fils de l’homme investi de son pouvoir royal :
En vérité, je vous dis qu’il en est ici de présents
qui ne goûteront sûrement pas la mort
avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir comme Roi.
Mais cette annonce appelle une remarque et une question. La remarque concerne la date de la Parousie. Grâce au livre de Zacharie, Jésus savait qu’il reviendrait, mais il ne savait pas quand. Comme le montre la citation précédente, il pensait revenir avant l’extinction de sa génération, mais il ne s’agissait là que d’une évaluation personnelle, pas d’une révélation que le Père lui avait faite. La figure royale (Zorobabel) ne devant paraître qu’au Jour de Yahvé, il ne pouvait par conséquent pas connaître le jour et l’heure de son retour :
Au sujet de ce jour et de l’heure, personne ne sait :
ni les anges dans les cieux, ni le Fils, il n’y a que le Père seul.
Comme Jésus le déclarait à ses Apôtres, juste avant son ascension : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. » Mais le Père avait lui-même soumis le Fils à cette limitation, afin qu’il n’ait pas à dissimuler ou à mentir par omission. À ceux qui croient en sa parole, le Fils révèle donc les événements qui vont rythmer l’histoire du Salut et annoncer la Fin, mais il ne peut les dater, préservant ainsi son Retour. Vous le savez, si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur devait venir, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Mais l’annonce de la Venue imminente du Fils de l’homme pose également une question : Jésus attendait-il quelqu’un d’autre ? N’était-il pas l’incarnation du Logos et le Fils unique ? Réponse : il était le Fils, mais dans son costume de Grand Prêtre, pas dans celui de Roi des rois et de Seigneur des seigneurs. Pour cela, il lui fallait encore recevoir la dignité royale et revenir sous le nom correspondant à ce nouveau rôle, car la figure du Messie, conformément à la prophétie de Zacharie, n’est pas fondée sur un seul personnage historique, mais sur deux ; or le Logos est seul (deux descentes simultanées n’ont aucun sens).
Cette thèse n’est pas nouvelle, puisque Jésus l’a révélée à la foule, près de Jérusalem, sous le couvert d’une parabole, afin qu’elle échappe à ses ennemis jusqu’à la Fin : Il dit encore une parabole, parce qu’il était près de Jérusalem, et que les gens s’imaginaient qu’à l’instant même le royaume de Dieu allait apparaître… Il dit donc : « Un homme de haute naissance (Jésus, Fils du Dieu Très-Haut) s’en alla dans un pays lointain (le Ciel, résidence de son Père) pour recevoir la dignité royale (semblable à celle de Zorobabel) et REVENIR (comme il l’avait promis)… Lorsqu’il fut de retour APRÈS AVOIR REÇU LA DIGNITÉ ROYALE (nouveau rôle : il n’est plus Grand Prêtre, mais Roi), il fit appeler ses serviteurs (les siens) auxquels il avait confié l’argent (son précieux enseignement) pour savoir ce que chacun lui avait fait produire (combien chacun avait fait d’élus) ».
La parabole des mines, d’où proviennent ces extraits, a pour parallèle la parabole des talents. En superposant les deux comme des calques, l’histoire s’enrichit d’une indication sur les délais de la Parousie : LONGTEMPS APRÈS (certains, n’y croyant plus, se sont même endormis) vient le seigneur de ces serviteurs, et il règle ses comptes avec eux. Cette dernière expression étant à entendre dans tous ses sens, puisque — Jésus l’a prédit — le Fils de l’homme se heurtera, d’une part, à la prévention de la partie des siens symbolisée par le mauvais serviteur : « Seigneur, voici ta mine que j’avais mise de côté dans un linge. Car j’avais peur de toi, parce que tu es un homme dur : tu t’appropries ce que tu n’as pas placé et moissonnes ce que tu n’as pas semé » ; d’autre part, à des préjugés hostiles : Ses concitoyens le haïssaient, et ils envoyèrent une ambassade derrière lui pour dire : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous. »
Afin de protéger le retour du Fils de l’homme, Dieu a donc prévu, dans son scénario, de lancer tout le monde sur une fausse piste, comme l’indiquent les instructions qu’Il donne à Zacharie : « Tu prendras de l’argent et de l’or, tu feras une couronne et tu la placeras sur la tête de Josué, […] le Grand Prêtre » — et non pas sur la tête du Prince Zorobabel !
Autres figures et costumes
Signature de la lettre : indice 1/3
Image par CCX-pistiavos sur Pixabay
Références des citations
(Les citations strictes sont en bleu, les notes et commentaires sont en vert)
Le Temps de la Fin : Daniel 12, 9.
Jésus est Grand Prêtre : Voir par exemple Hébreux 4, 14 ; 5, 5 ; 5, 10 ; etc.
(Jésus) annonce aux Juifs et à ses disciples qu’il s’en va : Voir Jean 13, 33 ; 7, 33-34 ; 8, 21.
Je suis descendu du ciel : Jean 6, 38.
En vérité, je vous dis qu’il en est ici de présents... : Matthieu 16, 28 ; littéralement : venant avec (dans) son pouvoir royal — il s’agit du pouvoir de juger. Dans l’Ancien Testament, régir et juger sont souvent synonymes, et roi et juge, employés l’un pour l’autre. Les anciens d’Israël disent à Samuel : « Établis sur nous un roi pour qu’il nous juge », et le peuple : « Notre roi nous jugera » (1 Samuel 8, 5 et 20). Le verbe hébreu traduit par juger signifie aussi gouverner.
Une évaluation personnelle : Paul, tout comme l’Église, avait fait sienne cette évaluation (voir 1 Corinthiens 15, 51-52 et 1 Thessaloniciens 4, 15 et 17), tout en rappelant le caractère imprévisible du Retour : Pour ce qui est des temps et des moments, frères, vous n’avez pas besoin qu’on vous en écrive ; car vous le savez parfaitement vous-mêmes : comme un voleur dans la nuit, ainsi vient le Jour du Seigneur (1 Thessaloniciens 5, 1-2).
La figure royale ne devant paraître qu’au Jour de Yahvé : Voir plus haut la citation d’Aggée 2, 20-23 (chapitre “Le cri l’ange” et note 4).
Au sujet de ce jour et de l’heure... : Matthieu 24, 36.
Il ne vous appartient pas de connaître les temps... : Actes 1, 7.
Vous le savez, si le maître de maison avait su... : Matthieu 24, 43 ; c’est ainsi que l’on évite le paradoxe temporel…
L’incarnation du Logos et le Fils unique : Voir Jean 1, 14.
Sous le couvert d’une parabole : La parabole des mines : Luc 19, 11-27.
Il dit encore une parabole... et REVENIR : Luc 19, 11-12.
Jésus, Fils du Dieu Très-Haut... : Marc 5, 7.
Lorsqu’il fut de retour... : Luc 19, 15.
La parabole des talents : Matthieu 25, 14-30.
LONGTEMPS APRÈS... : Matthieu 25, 19.
Certains, n’y croyant plus... : Voir par exemple le chapitre intitulé “Le cri de l’ange” et la note 3.
Le mauvais serviteur : Luc 19, 22.
Seigneur, voici ta mine... : Luc 19, 20-21.
Ses concitoyens le haïssaient... : Luc 19, 14.
Tu prendras de l’argent et de l’or... : Zacharie 6, 11.