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Ne savoir qu'écrire en désaccord d'avec sa main - parce que d'instants trop intenses - de pluie, de brume, de chaleur, tu ne fus plus.
La page vierge t'attendra toujours - toujours l'instant s'emplira d'insignifiance - tu hais et tu aimes cette pâleur - pourquoi reste-elle éternellement présente sous ce lampadaire ténu - longeant une grand' route banlieusarde et solitaire.
Lasse d'attendre - lasse de croire reconnaître dans ces pas se dégradant derrière d'obscures structures métalliques - celle que tu n'attends plus - tu t'en retournes - les souvenances dérobées - ornières d'herbes mouvantes - tu quittes sachant parfaitement que le cercle fut bouclé - déjà - des milliers de fois - le vent s'attise de folie orageuse - attise la végétation dansante.
Régulièrement un délai s'inscrit à l'aurore - alors que le bourreau s'affaire déjà autour de la chevelure - un message venant de tes profondeurs - Axane ceci est une lettre sans retour... - Au bar - le patron - cancer du larynx - officie avec cette réserve - tristesse déjà inexprimable - d'un "Adieu va..." proche . - Ma faiblesse - Axane - t'effrite - t’en-solitude - Mélusine de Sénart, à tes pieds - Migo - l'ours fou d'humanité... - Effluve de larmes d'invisibilité . - "Jamais au grand jamais nous ne saurons ! " - Tzigannent les mouettes apatrides... - j'ai fait refus d’allégeance - bien que le corps - bien que l'âme n'y fut pas - j'ai fait refus d'obéissance - j'ai fait refus d'obédience - ascétisme broyé par de putréfiantes tropiques. - Je désirai réintégrer mon authenticité - les heures frileuses s'abattent à nouveau - pluie océane - adieux téléphoniques - et rien ne va plus - les derniers satellites s'effilochent dans un ciel déserté - pas un rond dans les poches et l'être que tu ne cesses d'attendre a pris son envol - crépuscule sans étoiles - ciel suintant - bruine venante - confins de nos terres - là-bas - de folie, les navires dansent - étouffante perception non exprimable - non monnayable - Axane ne reviendra pas... - ne reviendra plus - l'âme continue de gicler à vide - un boîtier te nargue ricanant - tu sais que tu finiras par céder - de nouveau seule - mais n'as-tu jamais été autre que cela - l'année s'achève en queue de poisson - Fauchon n'est plus qu'un souvenir d'ancien combattant - dernier clin d’œil d'une mort qui - jamais - ne fut évitable. - Les améthystes de ton cœur resteront enfouies sous terre - à jamais inassouvies de brûlure solaire - richesse cachée est grande pauvreté ! - Ta main court inutilement - qui donc viendra défricher ce corps étouffant - peu à peu - sous les herbes folles - "NE REVIENDRA PLUS - NE REVIENDRA PAS" - Ses paroles se refusent à t'empénétrer.
Pluie - petite pluie - dit-moi que rien ne finit - que toute mort est présage à résurrection.
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(Paris – 1978)