- 2 -
Dix heures du matin - le premier joint s'étiole sur le rebord de la fenêtre - le marathon de l'écriture - toujours en perspective - jamais atteint - tels ces sommets ne cessant d'apparaître à l'horizon oblique - De toute pièce vous avez crées les limites de vos regards et les étoiles se moquent doucement - l'air de dire - "Tu peux nous prendre - il n'en tient qu'à toi." - MISÈRE ! - Tu ne pourras pas - tu ne peux franchir les fanions limites de l'imagination. - Prise au piège de l'auto condition - et toutes les portes t'apparaissent closes - Cette joie aux entrailles s'appauvrit de plus en plus - ta seule joie ! - Tes doigts labourent le ventre - retenir - un seul instant - cette sève s'écoulant irrémédiablement.
Lasse d'arpenter les couloirs interdits - elle agrippa sa vie à l'aide d'une corde. - On finit tout de même par la décrocher - "Ce n'était pas joli, joli..." - Disait - tressautent de la tête - le concierge. - Le concierge - cela fait longtemps qu'il ne mange plus - il passe des journées entières derrière un lourd piano - bref - Les poubelles ne désemplissent plus.
Trois minutes pour se retrouver - un disque - et dans les HLM périphériques les ménagères aux becs crochus se sont refermées sur leurs transistors - le téléphone hurle vers le centre ville - seule ! Axane - reste seule - elle sait tout.... - Mais ne dira rien ! - A l'autre bout du fil on a raccroché - un vieux crachin de sensibilité - une seringue rouillée…
Les normes sont des dogmes quasi religieux - d'ici que l'on s'en dépêtre… - La porte dans ma main, Axane téléphone - voix à travers des mois de désert - justement j'avais un peu de ce vieux libanais - trois heures à la Chope de Paris derrière un verre de limonade - elle - une veste blanche/râpée - d'étranges yeux me scrutent, paniquent et rient .
Les obstructions continuent leurs sales besognes - charognards des désirs - huit heures - métro aérien - où te mènent ces wagons ? - creux du jour - ton corps mécanique bouge - l'avion prend son essor - je ne sais rien de toi ! - une étrange brûlure au ventre - ailes magnificentes dans les zébrures d'aurore boréale - tu as pénétrée ce dessein - c'est là que je te rejoins - la soif de vivre est la plus forte - les stores sont retombés sur l'anéantissement de la vie - nuit pleine de lune - forêt de Sénart - Axane se promène seule - bruine la forêt - des chevaux au regard fou dansent - invisibles d'entre les arbres - une musique muette envahit tous les carrefours - abribus - la nuit pleut de chaleur dissipée.
Insupportable l'instant où l'on viole ta solitude - les membres se tendent - résistance à l'envahisseur - chacune de tes cellules prend le maquis à la recherche d'une Palestine exigée - des voix disent un bercement - relâche de tout ce corps - compagnon de route mal aimé.
Rue Taitbout - Joinville-le-pont - rue des Abbesses - tu es fraction d'un tissement de toile - le chauffeur volontaire/involontaire t'accompagne au creux de cette nuit de brouillard - d'une encoignure cervicale s'extirpe - presque timide - Babouchka Katia. - Elle coupe aux ciseaux - du coins de ses lunettes rosées de jeune fille presque timide - des Gauloises vertes... - "Da niet ! Da niet ... Nièkhatchïou !" avec le "niè" bien appuyé et le "tchïou" comme presque boudé - l'abat-jour diffuse un touffement jaune/or/orangé.
Max Meynier signale qu'une Mércèdés bleue...nuit métallisée s'est enfuie dans les bras d'un voleur de grand chemin - 12 BAM 75 - A qui l'aurait aperçue prière de me téléphoner - ainsi qu'à nos amis les FLiiiiiiiiiiiiiiiiKs ! - Des chauffeurs routiers - jaunes - cire fondue - se sont penchés d'un sourire cruel sur l'opalescence verdâtre de "Blau punkt" riant sous cape - les taxis ont relâchés l'accélérateur - leurs phares tournent doucement de gauche à droite - de droite à gauche - et leur conversation est devenue comme presque lente - distraite - aux aguets - quelque part quelqu'un s'est arrêté - sortant lentement un Mauser de son étui - il scrute la lune et attend... - Yvette Horner chante " les routiers sont sympas" sur l'air d'une vielle marche nazie - "Paris Berlin" se termine . - A Strasbourg une année passa d'oubli - certains regards perçoivent encore - se reflétant en trompe-l’œil sur les murs de la cité - trente mille garde mobiles - un vieux monsieur digne murmurait: - "Freihat.... Vous connaissez ?"
Attente debout au comptoir d'un bistro quelque part du côté de la rue de Maubeuge - minuit moins le quart - Axane téléphone - attente s'étirant le long d'un turbotrain "Paris-Caen" - les regards qui t'agrippent à elle te rejettent inexorablement vers des rivages d'entre deux eaux. - Force est donnée à la beauté fragile - un reflet au fond de tes yeux - alors que le train s'extirpe hors une banlieue d'effilochement - alors que l'arbre jaunit de pourpres - tâches impressionniste...
Je me refuse - Axane - à ne pas croire en toi - l'enfant hurle dans son sommeil sa destruction par des chaînes le maintenant crucifié à la vie - à l'instant la parole s'arrachera - se satellisant par delà les limites de nos regards - j'ai laissé Axane seule au coin de la rue - engoncée dans un manteau lainée - la neige - bientôt - va se mettre à danser - sous la blancheur des lampadaires - Axane parle de folie et rie.... rie....
L'un des maillons de la chaîne mortelle saute à vie - impression mouchetée d'avoir échappée à la toile d'araignée - peur - peur de l'autre - mais cet autre ne demande - n'exige rien. - Est-ce toi la tarentule mourant tout ce qu'elle touche ? - tes facettes ont constitués des milices armées s’entredéchirant - se stupidifiant mutuellement - quête inavouée d'un miroir - enfin, d'objectivité. - Caen port de l'angoisse - la gare s’en grève sous les sacs postaux - poussière d'un chef de gare depuis longtemps oublié - banni par des machinistes éclairs. - Drapeau rouge. - Par la portière arrière du dernier wagon dansent les voies enferrées.