Un projet cohérent

Aydat et ses Puys


Le programme « Aydat et ses Puys » a pour objectifs la mise en valeur paysagère, pastorale et sylvicole des puys de La Combegrasse, de Charmont et de La Rodde, situés sur la commune d’Aydat. Derniers volcans du sud de la Chaîne des Puys, ces trois édifices volcaniques remarquables qui font face à la chaîne du massif du Sancy s’insèrent dans un paysage façonné par des pratiques agricoles, essentiellement pastorales et sylvicoles.

Leur situation géographique associée à ces pratiques leur confère une exposition majeure aux vues depuis l’extérieur, avec de grandes qualités de panoramas ouverts vers le sud. Ils s’intègrent par ailleurs dans une unité paysagère plus vaste, marquée par les caractères géologiques spécifiques aux cratères égueulés. Cette partie sud de la chaîne possède donc une réelle singularité avec cet égueulement quasi systématique des cratères, dont les édifices les plus récents sont les Puys de la Vache et Lassolas.

Le programme « Aydat et ses Puys » s’inscrit pleinement dans la mise en œuvre d'un plan de gestion du bien Chaîne des Puys-Faille de Limagne » classé inscrit au patrimoine mondial par l’Unesco, tout en l’adaptant aux spécificités locales. Il constitue par ailleurs un élément majeur qui marque la porte d’entrée sud du bien Unesco, et constitue à ce titre un véritable projet de territoire. 

Présentation synthétique du programme

Le programme des « Aydat et ses Puys » consiste donc essentiellement à mettre en évidence les formes géologiques des puys de La Combegrasse, Charmont et La Rodde, tout en conciliant les objectifs sylvicoles déjà portés de longue date par le SMGF et le développement du pastoralisme. Les méthodes mises en œuvre sont adaptées à chacun de ces édifices :

● les coulées volcaniques des puys de Charmont et de La Rodde feront l’objet d’une exploitation forestière selon trois passages successifs à intervalles de 8 ans, tendant à privilégier le développement des feuillus au détriment des résineux de manière à en souligner les contours.

● Le déboisement réalisé en 2015 sur le puy de La Combegrasse a mis en valeur l’ensemble de ses formes géologiques, et son sommet constitue désormais un

belvédère d’intérêt pour découvrir un panorama à 360°. L’ensemble de sa surface est ouverte au pâturage ovin. Un retour sur expérience après 7 années de pâturage a permis d’adapter la démarche appliquée au sommet du puy de La Rodde.

● L’ouverture des 7 ha de la partie sommitale du puy de la Rodde et son évolution vers un couvert de type pré-bois, au-delà de sa vocation sylvo-pastorale, permettra aussi au randonneur de découvrir progressivement les spécificités géologiques du site. Les pistes forestières existantes feront partie intégrante d’une randonnée balisée dans le cadre du Plan Départemental d'itinéraire de Petite Randonnée (PDIPR) au départ du lac d’Aydat. Trois fenêtres de vue seront ouvertes sur ce parcours en direction des différents massifs : massif du Sancy, Limagne-Livradois Forez, et chaîne des puys.

L’ouverture sylvo-pastorale du sommet du puy constitue par ailleurs un bon compromis entre l’objectif paysager et le maintien de la biodiversité. A l’issue de cet aménagement, on obtiendra donc un gradient paysager d’intérêt, regroupant dans un cône de vision restreint trois types d’aménagements (ouvert avec  Combegrasse, forestier avec Charmont, et semi-ouvert avec La Rodde).


Présentation détaillée du programme

Mise en valeur sylvicole, pastorale et paysagère du sommet du Puy de La Rodde

Le projet de défrichement sur environ 7 ha de la partie sommitale du puy de La Rodde s’inscrit dans un programme global, qui comprend les puys de La Combegrasse, Charmont et La Rodde. Situé sur la commune d’Aydat et au cœur du site classé au titre de la loi de 1930 il fait aussi partie intégrante du « Grand site de France » et du Haut - lieu tectonique “Chaîne des Puys-faille de Limagne ». L’ensemble des surfaces concernées sont soumises au régime forestier et gérées par le Syndicat Mixte de Gestion Forestière (SMGF) de la commune d’Aydat, qui assure la maîtrise d’ouvrage du programme. Ce dernier bénéficie du soutien financier du Département du Puy-de-Dôme, de la commune d’Aydat, de l’Etat et de la Fondation « Chaîne des Puys-Faille de Limagne », et de l’appui technique des services du Conseil départemental et du Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne.  

Point de vue du puy de La Rodde depuis le sommet du puy de La Combegrasse

Point de vue du puy de La Rodde depuis le sommet du puy de La Combegrasse

Figure 1 - Cartographies des peuplements du Puy de La Rodde

Partie sommitale faisant l’objet du projet

Gouvernance

Le projet embarque de multiples enjeux, qu’ils soient de nature technique et environnementale, ou de nature politique au sens le plus large, puisqu’il s’inscrit dans un projet de territoire qui concerne en premier lieu l’ensemble de ses habitants et de ses élus. La gouvernance mise en place vise donc à répondre à ces différents niveaux d’enjeux, et repose sur trois niveaux :  les groupes de travail en charge d’élaborer les propositions d’actions ; le comité syndical du SMGF qui donne un avis et délibère sur ces propositions en préalable à la réunion du Comité de pilotage (COPIL) ; le COPIL dont relèvent les décisions et les arbitrages finaux.

Groupes de travail

Le choix initial d’une approche thématique a conduit à la mise en place de trois groupes spécifiques (pastoralisme, sylviculture, cheminements et autres usages) associant essentiellement des ressources communales et inter-communales (agriculteurs, acteurs du tourisme, représentants de deux associations environnementales et d’une société de chasse, plusieurs délégués du SMGF, habitants), et plusieurs représentants de l’Etat (DREAL et DDT). En outre, un référent assure l’animation technique de chacun de ces groupes : Garde Nature de l’équipe mutualisée de gestion PNRVA-Département pour le pastoralisme, Responsable Unité Territoriale de l’ONF pour la sylviculture, Chargée de mission de l’équipe mutualisée de gestion pour les cheminements et les autres usages. D’autres compétences sont mobilisées si besoin par des prestations externes et par des collaborations avec différents établissements d’enseignement supérieur (Vét’agrosup, BTS du LA de Rochefort Montagne). 

Des points spécifiques nécessitant un travail approfondi peuvent motiver en amont des réunions thématiques une réflexion en groupe restreints.

La synthèse des réflexions thématiques est réalisée au cours de réunions communes aux trois groupes de travail, afin de les adapter aux nécessités d’une approche intégrative et systémique, caractéristique de ce type de programme. Les propositions (ou leurs différentes alternatives) alors élaborées sont déclinées en un plan d’actions à destination du Conseil syndical du SMGF. 


Comité de Pilotage

Instance décisionnaire, il est composé d’élus des différentes collectivités territoriales concernées (Département du Puy de Dôme, Mond’Arverne Communauté, commune d’Aydat), des représentants de l’Etat (Inspecteur de l’environnement de la DDT, Inspecteur des sites de la DREAL), et des partenaires au projet (Fondation « Chaîne des Puys – Faille de Limagne, PNRVA, SMGF). Il se prononce donc sur les propositions d’actions après leur validation par le SMGF, ou opère les choix en cas de propositions alternatives. 


Assistance à maîtrise d’ouvrage

Le SMGF s’est par ailleurs adjoint les services d’une assistance à maîtrise d’ouvrage (Luc Léotoing Urbanisme et Paysage). Sa mission porte sur une aide à la mise en œuvre administrative et à la préparation technique des orientations retenues. Il développe également une animation adaptée pour assurer l’implication de l’ensemble des acteurs potentiellement concernés tout au long de la mission, et participe à l’élaboration de supports d’information auprès des habitants de la commune d’Aydat.

Ce projet dans sa globalité a créé une dynamique associant les habitants, les partenaires institutionnels et les différentes structures concernées. C’est aussi à ce titre que cette action s’inscrit dans un projet de territoire. 

Présentation générale

Les puys de La Rodde, de La Combegrasse et de Charmont se positionnent comme les derniers volcans au sud de la Chaîne des Puys, faisant face à la chaîne du massif du Sancy. Ils s’insèrent dans un paysage façonné par des pratiques agricoles essentiellement pastorales et sylvicoles. Leur situation géographique associée à ces pratiques leur confèrent une très grande visibilité et une exposition majeure aux vues depuis l’extérieur, avec de grandes qualités de panoramas ouverts vers le sud. Ils s’intègrent par ailleurs dans une unité paysagère plus vaste, marquée par les caractères géologiques spécifiques aux cratères égueulés. Cette partie sud de la chaîne possède donc une réelle singularité avec cet égueulement quasi systématique des cratères, dont les édifices les plus récents sont les Puys de la Vache et Lassolas.

Les Puys de La Rodde, La Combegrasse et Charmont sont plus anciens mais leur morphologie est semblable, ce qui leur confère un réel intérêt paysager.

Le Puy de La Rodde

Sur le plan forestier, le Puy de La Rodde a subi d’importants dégâts provoqués par la tempête de 1982 qui a surtout impacté l’est du Puy. Cette zone, qui a alors fait l’objet d’une coupe rase puis d’un reboisement en plein par de l’épicéa, est aujourd’hui composée de pessières denses, inexploitées à ce jour. La tempête de 1999 a particulièrement impacté la façade ouest, qui comprend aujourd’hui des peuplements clairs d’essences diverses, avec des trouées importantes et une régénération diversifiée. Le sud-est et le nord du Puy comportent des peuplements mixtes et très hétérogènes, d’arbres majoritairement jeunes, à l’exception de quelques hêtres et sapins plus âgés qui constituent l’étage dominant.

La carte des types des peuplements forestiers illustre ces différents éléments.

Le projet de défrichement est conforme au plan d’aménagement forestier, approuvé par arrêté préfectoral du 3 mars 2022.

Caractérisation du sommet du puy de la Rodde

Le plateau sommital du puy de La Rodde accessible par des pistes forestières présente une mosaïque d’habitats insérée dans la matrice forestière des versants (qui ne sont pas concernés par le projet sylvo-pastoral). En se référant à la typologie EUNIS, cette zone sommitale présente :

Des formations mixtes d’espèces caducifoliées et de conifères

Des stades initiaux de boisements et taillis

Des ourlets, clairières forestières et peuplements de grandes herbacées non graminoïdes

Des clairières à graminées

Il s’agit globalement d’un espace qui présente des stades transitoires de colonisation, évoluant dans une série progressive vers un climax supposé de hêtraie sapinière (quelques accrus de hêtre). Les différents stades d’avancement dans la série résultent d’une activité pastorale ancienne (photographie aérienne 1954), de l’impact des tempêtes successives, de zones de gagnage (cervidés).

Cette rare mosaïque d’habitats présente un intérêt écologique majeur à la fois en « interne » mais également à l’échelle globale d’un paysage assez « binaire » entre forêt et prairie permanente. En effet, cet îlot sommital qui présente des clairières diversifiées et des effets de lisière peut constituer un relais intéressant pour diverses espèces fonctionnant en métapopulation.

La cartographie proposée du site définit de façon simplifiée, par les espèces dominantes, les différents habitats.

Figure 2 - Cartographie simplifiée des espèces dominantes sur la partie sommitale du Puy de La Rodde

Indices de biodiversité potentielle (IBP) :

Des IBP ont été réalisés sur la ceinture forestière entourant la zone de défrichement afin d’avoir des éléments de réflexion concernant le traitement éventuel des lisières. Ces derniers présentent des valeurs moyennes à faibles (faible diversité spécifique). La notation IBP s’améliore sur le plateau sommital (richesse spécifique des zones en transition).

Arbres d’intérêt écologique particulier :

Un «alignement» d’arbres d’intérêt écologique (notation écologique selon la grille prosilva) ceinture la zone étudiée. Ces arbres âgés (feuillus et résineux) présentent de nombreuses cavités, fissures, branches mortes, ce qui laisse supposer une forte capacité d’accueil (avifaune, entomofaune, chiroptères).

 Figure 3 - Cartographie des arbres d’intérêt écologique sur la partie sommitale du puy de La Rodde

Bois mort au sol et sur pied :

On note la présence de bois moyens et gros bois au sol et sur pied. Ceci laisse supposer une importante faune saproxylique.

Espèces à enjeux identifiées :

Afin de réaliser un état des lieux et un l’inventaire des espèces à enjeux, le SMGF a mandaté trois associations naturalistes :  Groupe Mammalogique d’Auvergne pour les petits mammifères, Ligue de Protection des Oiseaux pour l’avifaune, et Chauve-souris Auvergne pour les chiroptères.

Le choix de ces espèces à enjeux s’est fait en fonction du milieu boisé et en lien avec les membres du Comité Scientifique Biodiversité (CSB) qui œuvre aux côtés du Parc des volcans et du Département. Le CSB est composé de naturalistes, de spécialistes des différents champs du vivant, son intervention repose essentiellement sur l’application du principe « Eviter-Réduire-Compenser » au sein des projets inscrits dans le plan de gestion du site Chaîne des puys – faille de Limagne. Ce comité est par ailleurs intégré au mode de gouvernance du site inscrit au patrimoine mondial en tant que membre à part entière de son comité technique.

L’objectif majeur de ces inventaires est d’améliorer les connaissances sur ces sites afin d’adapter le dimensionnement de l’ensemble du projet.

Les mammifères terrestres (intervention du Groupe Mammalogique d’Auvergne)

Ces inventaires se sont déroulés sur les mois de juin et juillet 2022 et avaient pour objectif de cibler le Muscardin et le Chat forestier qui sont les espèces menacées les plus en lien avec le milieu forestier :

-  Piégeage photo pour le Chat forestier : cette technique de piégeage non invasive permet, grâce au fonctionnement des appareils 24h/24, par tous les temps et sur de longues périodes, d’augmenter significativement la probabilité de détection d’espèces présentes.

 -  Pose de nichoir pour le Muscardin. Cette méthode utilise un nombre important de nichoirs et permet d’augmenter significativement les chances de détecter la présence du Muscardin en limitant le risque que d’autres espèces utilisent ces nichoirs.

Les détails des méthodes utilisées ainsi que le choix des sites d’implantation sont donnés dans le rapport d’inventaire.

En raison de problèmes techniques, il n’y a pas eu de données sur le puy de La Rodde. Cependant au regard des espèces contactées sur le puy de Charmont et de la collecte opportuniste d’indices de présence, la présence d’espèces telles que le chat forestier et le muscardin sont confirmées et donc à prendre en compte dans le projet. 

Les chauves-souris (intervention de l’association Chauve-souris Auvergne)

Lors de la saison estivale 2022, un relevé par écoute ultrasonore active a été réalisé entre le 31 mai et le 15 juin (5 points d’écoute). Cette période correspond à une période d’allaitement des petits pour les espèces les plus précoces. 

La Rodde présente a priori de nombreux éléments favorables aux chiroptères et à leurs insectes proies : parcelles forestières laissées en libre évolution, mélange d’essences, présence de quelques sujets feuillus matures et donc propices au développement de dendro-micro-habitats, sous-étage herbacé ou arbustif, bois mort, trouées…

D’un point de vue qualitatif, les inventaires menés ont permis de contacter un total de 5 espèces, dont 2 sont inscrites aux Annexes II et IV de la Directive Habitats-Faune-Flore. Toutes les espèces de chiroptères sont protégées au niveau national.

D’un point de vue quantitatif, l’activité est de 73,6 contacts/heure, ce qui est une activité modérée pour l’Auvergne. La Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) présente un indice d'activité plus important que les autres espèces (56% de l’activité globale), suivie par la Pipistrelle de Kuhl (Pipistrellus kuhlii). La dominance de ces deux espèces est couramment observée sur la grande majorité des sites étudiés en Auvergne.

La présence d’espèces forestières est néanmoins à souligner malgré leur faible activité à l’instant t, comme la Barbastelle d’Europe, le Murin d’Alcathoe et le Murin à oreilles échancrées. La présence de ces espèces, notamment en jonction entre le cratère de la Rodde et sa coulée, suggère l’intérêt du site pour les espèces forestières.

  Cette étude suggère l’intérêt du site comme territoire de chasse pour les chiroptères, forestiers ou généralistes, ainsi que certaines espèces patrimoniales. La présence de gîtes potentiels est également suspectée étant donné le potentiel d’accueil constitué par certains sujets matures d’essences feuillues et l’activité ponctuellement relevée en début de soirée. La présence de chiroptères et de gîtes potentiels est donc à prendre en compte dans le projet. 

L’avifaune (intervention de la LPO Auvergne)

Du fait de la superficie modeste de la zone d’étude et d’un important réseau de chemins d’exploitation forestière, l’inventaire des oiseaux nicheurs a été réalisé en parcourant le puy au printemps 2022. Un passage a eu lieu en mars (le 23) afin d’optimiser la détection des espèces précoces, et essentiellement sédentaires et un autre a été réalisé en mai (le 2) afin de préciser le statut de reproduction des espèces et de contacter les espèces nicheuses migratrices.

Les 287 données récoltées, concernent 29 espèces. Les plus détectées (+ de 5 données) sont, dans l’ordre d’importance : le Rougegorge familier, la Mésange noire, le Roitelet à triple bandeau, la Fauvette à tête noire, le Pigeon ramier, le Pinson des arbres, la Mésange huppée, le Roitelet huppé, le Troglodyte mignon, le Pouillot véloce, le Grimpereau des bois, la Grive draine et le Geai des chênes.

Le suivi n’a pas permis une recherche approfondie des rapaces potentiellement nicheurs sur le site. Seul un Epervier d’Europe a été observé. Toutefois, le site ayant été largement sillonné, à part la Bondrée apivore, il est peu probable que la présence d’un couple de Milan royal (noté en 2019) ou de Buse variable (espèce régulièrement notées sur le site) ait échappé à la LPO.

Cinq espèces menacées sont inscrites sur au moins l’une des deux listes rouges des oiseaux nicheurs, d’Auvergne ou de France. Il s’agit :

du Roitelet huppé (quasi menacé en Auvergne et en France),

du Pouillot siffleur (vulnérable en Auvergne, quasi menacé en France),

du Bouvreuil pivoine (quasi menacé en Auvergne, vulnérable en France)

de la Mésange boréale (en danger en Auvergne, vulnérable en France)

du Pic noir qui est aussi, classé en Annexe 1 de la Directive Oiseaux.

Les deux espèces les plus patrimoniales du site sont donc le Bouvreuil pivoine (trois données) et la Mésange boréale (une donnée). 

La zone sommitale concernée par le projet de déboisement n’accueille aujourd’hui que quelques couples d’oiseaux nicheurs et seulement des espèces très communes et non menacées. Le boisement naturel pourrait être bien plus riche à terme, notamment pour l’avifaune. 

La restauration d’un milieu ouvert « d’estive » a également son intérêt pour l’avifaune, en favorisant le retour d’autres espèces, souvent impactées par une déprise agricole trop forte, comme ici en Chaîne des Puys, l’Alouette lulu et le Pipit des arbres, ainsi que d’autres espèces d’autres groupes taxonomiques, lépidoptères rhopalocères et orthoptères en premier lieu.

Mesures proposées pour éviter et réduire les impacts

L’étude paysagère envisageait trois scenarii : 

Le scénario de l’évolution libre conduirait à la fermeture du milieu. Si cette évolution est intéressante en termes de bilan carbone, elle aboutirait à une perte progressive de la mosaïque d’habitats. Cette solution n’a donc pas été retenue.

Lors du diagnostic effectué sur le puy de La Combegrasse selon le protocole d’évaluation de l’état de conservation des habitats agropastoraux du site Natura 2000 de la chaîne des Puys (Clara De Moncuit, 2020), les quatre indicateurs du protocole (érosion, sur-fertilisation, piétinement, enfrichement) faisaient état d’une situation préoccupante notamment en ce qui concerne l’érosion. En conséquence de quoi, l’option coupe rase n’a pas été retenue.

La reconquête progressive par éclaircie et pâturage (sylvopastoralisme) a été proposée et validée dans son principe.

  C’est cette option qui a été retenue.

En complément des préconisations spécifiques à chaque espèce détaillées dans les rapports d’inventaire, voici ci-après les mesures d’évitement et de réduction d’impact proposées sur l’ensemble des phases du projet.

Phase conception : 

La structure hétérogène des peuplements et une mosaïque de strates végétales en « pas japonais » sera favorisée afin de conserver des zones refuges et permettre de limiter la rupture de continuité de la strate arbustive et arborescente. De plus, ceci permettra d’augmenter la formation de lisières et d’écotones arbustifs fournis et diversifiés, favorables notamment au Muscardin.

Certaines essences sont particulièrement favorables au Muscardin comme le Noisetier et le Merisier. Toutefois, d’autres végétaux caractérisent à une échelle très locale les secteurs plus favorables à l’espèce : Alisier torminal, Aubépine, Bourdaine, Chèvrefeuille, Chêne, Fusain d’Europe, Hêtre, Houx, If, Prunellier, Ronce, Saule, Sorbier des oiseleurs, Tamier, Viorne obier… 

Pour l’avifaune, la partie en sapinière qui remonte dans le versant sud – ouest serait maintenue.

  Afin que la réouverture soit favorable à la biodiversité, la conservation d’un panel d’arbres d’essences différentes (feuillus comme résineux) garantira une diversité de ressources alimentaires, à différentes périodes de l’année pour l’avifaune et les petits mammifères. 

Une attention particulière sera portée sur le maintien des continuités écologiques d’un point de vue paysager mais aussi en termes de « routes de vol », sur et autour des puys pour favoriser les échanges de populations de Chauve-Souris.

Une lisière de transition entre le milieu boisé et le milieu pâturé sera créée. Ce travail favorisera donc une progressivité de la strate arbustive (épineux, arbustes, arbres isolés). 

Un volume substantiel des plus gros bois exploités restera sur place, au sol, notamment sur les zones de lisières, afin d’assurer une ressource alimentaire à l’espèce (Pic Noir notamment).

La pessière fermée située sur le versant Est et concernée par le projet sera éclaircie de façon progressive par passages successifs à intervalles de 4 ans afin de limiter l’envahissement par des espèces peu adaptées au pastoralisme, et de réduire le risque sanitaire qui pourrait être lié à une ouverture trop brutale.

Des arbres ou secteurs arbustifs intermédiaires dit « à conserver » car favorables à la biodiversité seront identifiés sur le terrain (marquage « arbre bio » ou triangle inversé) et géoréférencés sur un plan en collaboration étroite avec l’ensemble des protagonistes du projet. Ces éléments seront intégrés dans l’aménagement du SMGF d’Aydat.

Phase travaux : 

En phase de préparation de chantier : 

Les opérations de martelage tiendront compte du plan de localisation des arbres et des secteurs à conserver. L’identification des arbres sera claire et les secteurs à conserver seront délimités. Si la conservation de ces arbres n’était pas possible et si la gestion devait déboucher sur l'abattage d'un certain nombre d’entre eux, des mesures d'évitement et de réduction seront proposées. La première d'entre elles est un phasage des travaux avec diverses périodes à éviter.

- D’un point de vue naturaliste, les interventions sur les arbres seront réalisées de façon privilégiée à l’automne et entre le 15 septembre et le 31 Octobre pour éviter les impacts sur les espèces (1ier septembre au 31 janvier pour les oiseaux, 15 Mars et le 15 Mai, ou entre le 15 Septembre et le 31 Octobre pour les chauve-souris et de septembre à octobre pour les mammifères).

Cette période d’intervention permettra aux éventuels individus présents de fuir et de se mettre en sécurité dans un autre gîte. Une intervention en hiver pourrait être fatale à des individus en hibernation, comme une intervention estivale le serait à de jeunes individus encore non volants. Cette période automnale d’intervention est aussi la moins impactante pour les mammifères car elle se situe en dehors de la période de reproduction et d'hibernation. En effet, en dehors de ces périodes les arbres sont utilisés notamment par le Muscardin et l’Ecureuil pour y faire leurs nids. 

 La période automnale d’intervention est aussi la moins impactante pour les principaux cortèges d’espèces présents ou potentiellement présents. Un compromis sera trouvé pour ces interventions selon les conditions météorologiques du moment et en accord avec les experts de chacun des domaines concernés.

Le SMGF a choisi des techniques d'intervention « douces », afin de limiter l’impact sur les sols et l’environnement les méthodes suivantes seront mises en œuvre :

Gestion du site : 

L’objectif principal est de maintenir une pratique agropastorale extensive.

C’est en ce sens que, une fois les travaux sylvicoles terminés :

L’avantage de cette méthode est de proposer un plan de pâturage adapté et adaptable au site, et d’en tirer les conséquences en vue de la location des terrains à un éleveur. 

La gestion pastorale sera partie intégrante des travaux de réouverture du milieu. Elle se ferait de manière progressive et adaptable en fonction de la réaction des milieux et des troupeaux, elle n’hypothèque pas le retour à un couvert forestier plus dense. D’une façon générale, elle vise à éclaircir faiblement le milieu en limitant l’intervention sur le sous étage et à favoriser la connectivité des zones ouvertes présentes. Ceci permettrait d’augmenter le fond pastoral et la lisibilité du site pour les brebis. 

 Sur le plan écologique, cet aménagement stabiliserait les zones ouvertes et augmenterait les effets de lisières (intérêt pour les chiroptères, le chat forestier et les lépidoptères). 

Cet aménagement génère une ressource fourragère supplémentaire, potentiellement recherchée en raison du changement global marqué par des sécheresses récurrentes, et qui présentera un intérêt pour des éleveurs déjà installés.

Intérêt paysager

La méthode retenue pour la mise en valeur paysagère diffère selon les lieux : 

les coulées des puys de Charmont et de La Rodde feront l’objet d’une exploitation forestière selon trois passages successifs à intervalles de 8 ans tendant à privilégier le développement des feuillus au détriment des résineux de manière à en souligner les contours.

Le déboisement réalisé sur le puy de La Combegrasse a mis en valeur l’ensemble de ses formes géologiques, et son sommet constitue désormais un belvédère d’intérêt pour découvrir un panorama à 360 °.  

L’ouverture sur les 7 ha de la partie sommitale du puy de la Rodde et son évolution vers un couvert de type pré-bois, au-delà de sa vocation sylvo-pastorale, permettra aussi au randonneur de découvrir progressivement les spécificités géologiques du site. Les pistes forestières existantes feront partie intégrante d’une randonnée balisée dans le cadre du Plan Départemental d'itinéraire de Petite Randonnée (PDIPR) au départ du lac d’Aydat. Trois fenêtres de vue seront ouvertes sur ce parcours en direction des différents massifs : massif du Sancy, Limagne-Livradois Forez, et chaîne des puys (voir figure 4).

  A l’issue de cet aménagement, on obtiendra donc un gradient paysager d’intérêt, regroupant dans un cône de vision restreint trois types d’aménagements (ouvert avec La Combegrasse, forestier avec Charmont, et semi-ouvert avec La Rodde).

L’ouverture sylvo-pastorale du sommet du puy constitue par ailleurs un bon compromis entre l’objectif paysager et le maintien de la biodiversité.

Figure 4 - Cartographie paysagère du projet sur la partie sommitale du puy de La Rodde

Suivi et partage de connaissances 

La démarche multi-partenariale mise en œuvre et le retour d’expérience sur ce projet devront servir aux projets susceptibles d’émerger sur ce territoire.

L’aménagement du sommet du puy de La Rodde pourra produire des références locales en matière de sylvo-pastoralisme au travers du suivi qu’il est envisagé de mettre en place en collaboration avec différents établissements d’enseignement supérieur. Ce site pourrait aussi constituer un lieu de démonstration à destination de collectivités et d’éleveurs, en s'appuyant aussi sur la comparaison avec les résultats obtenus précédemment sur le Puy de La Combegrasse. 

La démarche et les résultats obtenus constituent également un intérêt sur le plan de l’instruction et de l’éducation des plus jeunes. Les premiers contacts établis avec les enseignants de l’école élémentaire d’Aydat ouvrent des perspectives d’intérêt pédagogique sur de nombreux sujets. La réflexion engagée devrait aboutir sur plusieurs actions concrètes au cours de l’année scolaire 2022-2023, avec l’appui notamment de la mission Education (pôle attractivité du territoire au PNRVA).

Le SMGF souhaite aussi valoriser cette opération au travers d’un plan de communication, à destination de la population locale et de différents médias de diffusion régionale. Ce plan est en cours d’élaboration pour une mise en œuvre dès le début de l’année 2023.

Enfin, le site de La Rodde sera intégré au sein de l’Observatoire Photographique des Paysages, conduit par le Département.

En résumé, ce projet, coconstruit et réfléchi avec de nombreux partenaires techniques et institutionnels, n’a cessé d’évoluer au cours des derniers mois. 

Il en résulte aujourd’hui un projet qui prévoit un ensemble de mesures d’évitement et de réduction d’impact, dont notamment :

le choix d’un défrichement sélectif plutôt que d’une coupe rase ;

la prise en compte de la biodiversité liée aux milieux existants (réseau d’arbres d’intérêt écologique, préservation des habitats grâce à une gestion différencié ( intervention à l’automne pour les travaux) ;

l’adaptation des méthodes d’exploitation sylvicole pour tendre vers des méthodes plus douces ;

les propositions d’une gestion sylvopastorale adaptative.

Ce panel de mesures exprime donc une stratégie plus volontariste et qualitative de ce qui se pratique dans le cadre d’une gestion forestière plus conventionnelle.

Par ailleurs, l’ensemble concourt à la valorisation des caractéristiques paysagères du site. Ces éléments vont également dans le sens de la mise en valeur des puys souhaitée dans le plan de gestion du site Unesco « Chaîne des puys - Faille de Limagne »

Au regard de l’ensemble de ces éléments, on peut supposer que ce projet n’aurait pas ou peu d’impact négatif sur l’environnement. Le projet a été construit collectivement dans une logique d’adaptation aux enjeux, visant à privilégier les mesures d’évitement et de réduction d’impact vis-à-vis de la biodiversité et des paysages. C’est pourquoi les mesures compensatoires ne semblent pas nécessaires.