La conscience de la mort peut-elle donner plus de sens à la vie ?

Réflexions existentielles de Balthazar

Ici, il ne s’agit pas de suicide ni d’une mort violente causée par une maladie ou une agression. Il ne s’agit pas non plus d’euthanasie légale encadrée par la loi comme en France, ni de suicide assisté (aide à mourir) ni du droit à mourir, etc. Mais à bien y penser, on peut envisager ces cas, car obtenir une autorisation légale de mourir auprès des autorités compétentes, dans les pays où la loi l’autorise, est un véritable parcours du combattant. C’est la croix et la bannière. Et puis, généralement, ce sont les personnes en fin de vie ou atteinte d’une maladie incurable qui obtiennent les autorisations. Dans ce contexte-ci, Balthazar veut parler non seulement de ces deux catégories d’individus, mais aussi de ceux qui sont entre deux âges, qui sont en bonne santé, mais qui, dans leur quotidien, ressentent de la souffrance sans aucune raison. Il y a aussi ceux qui ne font face à aucun tourment. 

La conscience de notre mortalité

Le contexte auquel pense Balthazar est celui-ci : mourir d’une mort naturelle, sans souffrance, paisiblement et faire en sorte que cela arrive sans endommager son corps ni son cerveau. Il s’agit de faire en sorte de remplir au plus vite les conditions physiques pour accélérer la survenance du moment de sa mort. Est-ce de l’autodestruction ? Chacun en fera sa propre interprétation.

Toujours est-il que la question demeure. Peut-on dire que l’on donne un sens à sa vie quand notre objectif est de mourir ? Pour Balthazar, la réponse est « oui ». Certains rêvent de devenir célèbres. D’autres veulent être riches. D’autres désirent décrocher un diplôme, se marier, avoir des enfants, faire une carrière exceptionnelle, etc. Alors pourquoi ne devrait-on pas avoir le droit de rêver de mourir ? Pourquoi ne devrait-on pas avoir le droit de penser que la mort est une voie vers la liberté ?

Autre thème de reflexion : accepter la perspective de la mort et ce que cela peut changer dans notre rapport à la vie

Donner plus d'intensité à son existence

Les êtres humains ont chacun leurs objectifs. Alors, pourquoi ne pas accepter l’idée que quelque part, dans le monde, une personne veut tout simplement mourir ? Elle estime qu’elle a suffisamment vécu, qu’elle a vu ce qui lui importe le plus, que l’existence l’ennuie (elle est absurde au sens d’Albert Camus), que le Monde ne lui donne pas suffisamment de raison de continuer à vivre. Mais elle refuse de se suicider, car pour elle le suicide est une mort artificielle. Comment faire alors pour prendre son mal en patience ? Comment attendre la faucheuse sans perdre le contrôle ? Peut-être en vivant intensément, en dépassant ses limites physiques, en donnant plus que ce que l’on peut donner moralement, intellectuellement, psychiquement, physiquement, matériellement. Vivre intensément que ce soit au niveau physique ou psychologique.

 

Le cœur et le cerveau ne peuvent pas indéfiniment encaisser des coups : les trahisons, les insultes, les agressions verbales, les propos blessants, la dévalorisation/déconsidération sont autant de coups qui les affaiblissent. Alors, c’est peut-être là la solution. Devenir tellement gentille et accepter tous les affronts que la nature humaine est capable de faire. À force de chocs psychologiques, peut-être que le cœur finira par céder ou que le cerveau s’affolera puis s’éteindra. Il est hors de question de verser dans les vices, car là ça devient de l’autodestruction. Il est interdit de se droguer, interdit de sombrer dans l’alcoolisme, interdit de cumuler les nuits blanches en boîte de nuit ou dans des soirées dépravées. En revanche, à titre d’exemple, il est possible de faire des sports extrêmes, car de par leurs caractéristiques ils mettent en danger la vie de ceux qui les pratiquent.

 

Une mort voulue et précipitée doit servir à l’humanité. Et, surtout, tous les actes réalisés sur la période qui la précède doivent être faits au service des êtres vivants et de la Nature. Accessoirement, ils sont réalisés en souvenir de proches décédés auxquels on n’a manqué de respect, dont on a négligé l’existence, dont on a bafoué la présence, dont on a ignoré les sollicitations. La culpabilité qui suit la mort d’un être cher est la pire des tortures psychologiques ! Alors, on se précipite pour réaliser ces choses qui auraient dû l’être durant le vivant de ces personnes. Pour se rattraper, pour les rendre fiers là où ils sont, pour se faire pardonner, pour avoir moins mal. Le besoin de se repentir et la recherche du salut sont les puissants carburants de la transformation intérieure, de préférence vers une amélioration de soi.

 

Abnégation, altruisme, dépassement de soi comme voies possibles

Oui, aspirer à mourir c’est aussi donner un sens à sa vie. L’altruisme et l’abnégation peuvent permettre d’y parvenir. Ces deux nobles qualités peuvent permettre de mourir vite et tôt. C’est le choix que fait Balthazar. Il se donne à fond dans tout ce qu’il entreprend, fait outrancièrement preuve de gentillesse, est toujours volontaire pour aider les autres, manifeste une incroyable humilité. Il veut profiter des conséquences négatives sur sa santé du déchirement que peut parfois causer ce don de soi.

 

Mais pour que l’altruisme et l’abnégation déploient leur pouvoir meurtrier, il faut être en bonne santé physique et avoir d’excellentes facultés cognitives. En clair, il faut entretenir son corps et prendre soin de son cerveau. Dans cette optique, il convient d’adopter une alimentation saine et équilibrée, de pratiquer une activité physique, de boire suffisamment. En s’occupant de son bien être, on devient capable de se dépasser, d’atteindre et de repousser ses limites pour pouvoir agir en tout temps avec altruisme et abnégation. L’autre condition est de se débarrasser de sa peur. Il faut oser ! Oser sauver ce petit chien tombé dans un fleuve que le courant déchaîné condamne à une mort certaine sans intervention humaine. Oser se mettre entre une foule en colère et un cambrioleur menacé de lynchage pour lui éviter cette mort atroce. Oser filer un contrat que l’on vient de décrocher à un ami, car il a besoin d’argent alors que l’on meurt soi-même de faim.

Mise en perspective littéraire et philosophique

Pensées pour moi-même de Marc Aurèle

La Mort d'Ivan Ilitch de Léon Tolstoï

La Mort heureuse d'Albert Camus

La Mort des amants et La Mort des pauvres, dans Les fleurs du mal de Charles Baudelaire

 

Ces œuvres offrent des perspectives diverses sur la mort, la présentant tantôt comme une délivrance, une étape nécessaire de l'existence, ou encore une source de contemplation et de sens.


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