PATRIMOINE BELLECHASSE

Le présent guide est adapté du document La transformation des bâtiments religieux : outil d’accompagnement, produit par la MRC de Kamouraska et le diocèse de Saint-Anne-de-la-Pocatière en 2013, puis de celui intitulé Nos clochers, notre région : outil d’accompagnement pour la transformation des lieux de culte, présenté par la MRC de Portneuf en 2018.

 

Mise en contexte

Un patrimoine diversifié

Le patrimoine religieux bellechassois se distingue par sa diversité sur le plan architectural et son implantation dans l’îlot paroissial et le paysage rural de nos localités. Des différences marquées dans la construction des bâtiments, dues aux caractéristiques du milieu (matériaux, techniques de bâti, architecte, entrepreneur, époque de construction, morphologie du territoire, vocation religieuse et autres marqueurs identitaires), se sont soldées par un ensemble cohérent et intégré, mais fort diversifié, de bâtiments et de cimetières.


Une valeur symbolique et identitaire

Les églises sont des bâtiments phares de nos villages, des repères géographiques où traditionnellement convergeaient les paroissiens pour se rassembler. Aujourd’hui, encore, les communautés s’identifient à ce patrimoine, et les défis que posent les réaménagements pastoraux interpellent non seulement l’assemblée de fabrique de la paroisse catholique, leur comité de consultation et d’orientation locale (CCOL) et autres acteurs impliqués dans la mission pastorale, mais aussi les élus municipaux et les différents groupes d’intérêt de nos municipalités.


Une nouvelle réalité paroissiale

Sous l’instigation du diocèse catholique de Québec, les trois grandes paroisses présentes sur le territoire de la MRC de Bellechasse ont amorcé un vaste chantier afin de redéfinir les structures pastorales et administratives qui assureront la réalisation de la mission de l’Église catholique sur notre territoire. Des comités de réflexion sont actuellement à l’œuvre, d’autres seront éventuellement formés dans un temps assez rapproché, pour étudier les différents propositions et projets sur l’avenir des églises au sein de nos localités. Au cours des deux ou trois prochaines années, l’exercice du plan directeur immobilier (PDI) devrait être complété.


Un enjeu local et régional

La MRC de Bellechasse assure un service-conseil d’accompagnement dans ce dossier pour promouvoir le maintien d’un usage public et pour favoriser une prise de décision collective quant à l’avenir de ces bâtiments qui représentent un patrimoine régional important. On retrouve 21 églises sur le territoire de la MRC de Bellechasse (20 de confession catholique et une de confession anglicane). De ce nombre, une église est classée, neuf sont citées et trois sont des sites du patrimoine en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, et douze ont une cote patrimoniale A (incontournable), B (exceptionnelle) ou C (supérieure), suivant le système de cotation du Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ) — donc éligibles au programme d’aide financière de l’organisation.

En ce qui a trait aux municipalités locales, les églises et l’ensemble de leurs propriétés font partie de la réflexion entourant l’urbanisme, les loisirs et le défi des finances publiques. L’adoption de politiques familiales, de plans d’action pour les aînés, de politiques de loisirs et de politiques de développement durable fait en sorte qu’on se tourne de plus en plus vers l’utilisation de bâtiments existants afin de combler les besoins en matière de locaux pour la communauté. Et l’église offre de nombreuses possibilités. Au-delà des paroissiens et des acteurs impliqués dans la mission pastorale de l’Église, ce sont tous les citoyens qui sont interpellés dans cette réflexion.


La concertation

Plus qu’une fonction ou un moyen d’action, la concertation se vit dans Bellechasse comme une valeur qui guide la réalisation de projets mobilisateurs. Depuis 2008, avec le projet de transformation de l’église Saint-Gabriel de La Durantaye, plusieurs événements de concertation ont été organisés sous l’égide de la MRC de Bellechasse, en collaboration avec les acteurs impliqués dans la mission pastorale de l’Église, les groupes d’intérêt provenant des différents milieux et les citoyens des différentes municipalités locales. À chacune de ces occasions, les élus municipaux, les représentants des fabriques, les organisations culturelles, divers acteurs supralocaux ainsi que les citoyens se sont mobilisés pour réfléchir à des pistes de solution en regard de la sauvegarde du patrimoine religieux.

Avant de commencer

Les étapes préalables

La démarche ici proposée suppose la réalisation de certaines étapes préalablement réalisées à l’échelle de la paroisse par la fabrique en lien au plan local avec le CCOL. La fabrique avec l’équipe pastorale aura tout d’abord mené une réflexion quant à ses besoins au regard de sa mission pastorale. Comme expliqué dans la mise en contexte, la réorganisation paroissiale implique un questionnement quant aux ressources disponibles, humaines et matérielles, pour le déploiement de l’offre de services pastoral (état de la situation pastorale et état de la situation financière).

La fabrique de la paroisse est aussi appelé à se donner, à plus ou moins brève échéance, un PDI, comme recommandé par le diocèse. Le processus qui conduit à l’adoption du PDI aide la fabrique de la paroisse à déterminer les priorités d’usage et d’investissement en lien avec la mission de l’Église catholique.

La fabrique de la paroisse est propriétaire de ses bâtiments religieux, et il lui revient d’entreprendre ou non un tel projet. Toutefois, elle doit être à l’écoute de sa communauté et se montrer ouvert aux occasions qui pourraient se présenter. Maintenir un usage public ou communautaire à ces lieux constitue une orientation privilégiée par la fabrique de la paroisse et les différents partenaires institutionnels de Bellechasse. Il convient donc d’accorder une attention particulière à la population, par exemple, avec la collaboration de la municipalité concernée. Toute proposition mérite d’être examinée attentivement, dans le souci du bien collectif et de la qualité de vie des citoyens.


Le carnet de santé

Si le carnet de santé de l’église n’a pas été fait, il est suggéré que le CCOL le réalise afin de bien connaître l’état du bâtiment. Cet outil peut être utile dans une démarche de PDI. S’il s’agit d’une église au programme du CPRQ et qu’une aide financière est demandée pour des travaux jugés admissibles, le coût du carnet de santé peut être inclus dans la demande. Les autres églises peuvent demander une aide financière au Fonds d’assistance aux assemblées de fabriques en s’adressant au diocèse. Il faut prévoir un coût moyen de 5000 $ pour la réalisation du carnet de santé par un architecte spécialisé. Le carnet de santé doit être mis à jour tous les trois à cinq ans; une mise à jour réalisée par le même architecte occasionnera de moindres coûts. Le carnet de santé est obligatoire dans le cas des églises éligibles au programme du CPRQ. Une fois le carnet de santé réalisé, le CCOL a un portrait juste de l’état physique du bâtiment, des travaux à envisager et des coûts à prévoir.

Les étapes de la démarche

1. La formation d'un comité ad hoc

Pour amorcer la réflexion sur l’avenir d’une église et sa transformation, il est d’abord conseillé de mettre en place un comité et d’impliquer différents intervenants du milieu. La mise en place du comité peut être l’initiative de la municipalité ou d’un comité de citoyens ; cela varie selon les milieux. Une fabrique peut également amorcer une telle démarche si le maintien du culte et des activités pastorales, tout en développant de nouveaux usages, fait partie des orientations de la paroisse suite à l’adoption, par exemple, d’un plan directeur immobilier et à son approbation par l’Évêque du diocèse.

Chaque communauté définit le rôle et le fonctionnement de ce comité (ex. : comité consultatif, de réflexion, etc.). Si un comité a déjà été formé par la fabrique lors des étapes préalables, par exemple lors de l’exercice de réalisation du PDI, ce comité peut poursuivre le travail amorcé, en s’adjoignant les personnes-ressources clés.

Ce comité peut être composé de représentants du milieu, d’élus, de membres du comité de consultation et d’orientation locales (CCOL), d’organismes et de citoyens. Si cela n’est pas déjà fait, il est important que les représentants de la fabrique et de la municipalité soient dûment mandatés au moyen de résolutions (assemblée de fabrique et conseil municipal). On essaiera de s’adjoindre des personnes qui ont des compétences variées : affaires, communication, etc.

Par exemple :

— 2 représentants de l’assemblée de fabrique et/ou de son comité d’organisation et de consultation locale ;

— 2 élus municipaux ;

— 1 ou 2 représentant(s) d’organismes locaux ;

— 2 à 4 citoyens de divers horizons (entrepreneuriat, agriculture, culture, loisirs, communauté, enseignement, aînés, famille, etc.).

N. B. Les représentants (soutien technique) de la MRC de Bellechasse et du diocèse de Québec sont disponibles, selon les besoins, et peuvent intervenir à différentes étapes du processus.

Dans tous les cas, impliquer des représentants de l’assemblée de fabrique et du CCOL au comité permettra de respecter l’usage initial de l’église, de préserver l’esprit du lieu et d’agir en continuité avec les actions menées précédemment. Cela étant dit, il importe d’avoir un comité bien structuré, avec un(e) président(e), un(e) secrétaire, des ordres du jour et des comptes-rendus, pour s’assurer de l’avancement de la démarche. Il est souhaitable que le comité désigne un responsable des communications qui s’occupera de faire le suivi des démarches. Il pourra, par exemple, transmettre les comptes-rendus à l’assemblée de fabrique, au diocèse, à la municipalité et au bulletin municipal, et diffuser des communiqués de presse lors des étapes importantes, de sorte que les municipalités voisines soient aussi informées. Le fait d’informer régulièrement la population permet le mûrissement des idées et fait en sorte que la population puisse cheminer avec le comité. Cela évite que la population se retrouve devant des faits accomplis avec lesquels elle serait en désaccord. En communiquant aussi avec les municipalités voisines, on s’assure de développer des projets complémentaires et on favorise une collaboration supralocale, régionale, voire intermunicipale. Pour assurer l’efficacité des communications, le comité peut se doter d’un plan de communication.

Le fait que le comité vise à préserver un patrimoine symbolique et non uniquement à maintenir des activités religieuses aidera à trouver des pistes de solution ; les églises sont en effet des bâtiments qui se démarquent par leur valeur identitaire, communautaire et urbanistique. La capacité du comité à s’allier la communauté, les décideurs et les organismes de développement est aussi un facteur de réussite, tout comme lorsque la municipalité et la fabrique s’entendent. Souvent, le fait de s’adjoindre des jeunes permet d’explorer de nouvelles avenues.

Bien qu’il s’agisse souvent d’une initiative de la fabrique, le leadership de la municipalité constitue l’une des conditions du succès de toute démarche de mobilisation à l’échelle locale, parce que cette dernière constitue un palier de gouvernement proche du citoyen, qu’elle possède des leviers économiques solides ainsi qu’une expertise dans le domaine de la gestion des biens publics.

Une fois ce comité formé, il est important que chaque membre soit avisé de la réflexion et de l’état de situation réalisés par l’assemblée de fabrique – et par le conseil municipal, le cas échéant. Les membres pourront ensuite mieux comprendre les besoins de la fabrique et exprimer ceux de la société civile.


2. L'analyse des besoins du milieu

Afin de planifier l’avenir de l’église et les nouveaux usages possibles, le comité ad hoc doit prendre en considération les besoins du milieu : ceux de la fabrique, de la municipalité, des organismes et des entreprises. Il lui faudra déterminer, notamment, si l’on veut conserver ou non une partie de l’église pour le culte. Il est important de laisser place à la créativité et de prendre en considération les besoins de l’ensemble de la population. Ouverture et discernement sont deux valeurs à privilégier lors de cet exercice.

On suggère aux communautés de réfléchir sur les aspects suivants :

— La démographie ;

— Les investissements majeurs réalisés par la municipalité dans les dernières années (montants et objet des investissements) ;

— Les projets d’immobilisations municipales qui nécessitent déjà la construction d’un nouveau bâtiment ou un réaménagement majeur d’un bâtiment existant ;

— Le taux d’endettement par personne.

Afin de déterminer les besoins à combler dans le milieu et d’avoir des pistes quant à l’utilisation de l’église, le comité pourra consulter des documents de planification locale et régionale (ex. : le plan de développement de la municipalité, la politique familiale et des aînés, la politique culturelle ou patrimoniale, le plan de développement des loisirs, la planification stratégique de la MRC, la politique culturelle de la MRC, etc.). Cette étape est très importante : le portrait et l'analyse des besoins du milieu doivent être justes et complets pour ensuite être mis en contexte avec ceux de la fabrique.

Une mise en commun est nécessaire pour ensuite commencer à trouver des solutions. Il est important que chaque représentant connaisse bien la situation de son organisation (état financier, état des bâtiments, si elle en a, etc.). L’analyse des besoins du milieu est préalable à la prochaine étape, soit la consultation de la population. L’analyse pourra être bonifiée, au besoin, à la suite de la consultation publique.


3. La tenue d'une rencontre d'information/de consultation

Avant d’élaborer le projet, il est nécessaire d’organiser une rencontre avec la population pour lui présenter le portrait de la situation, les pistes d’action (s’il y en a) et pour recueillir ses commentaires. La consultation citoyenne est l’une des étapes les plus importantes du processus, car c’est à ce moment que le projet se structure. Il faudra déterminer le moment et le lieu, annoncer la tenue de l’événement, préparer la présentation et les questions abordées, trouver des animateurs et un secrétaire, s’il y a lieu. Le comité pourra faire un bref retour sur la situation des fabriques, présenter les besoins définis et les pistes d’action, s’il y en a. Ce sera l’occasion de recueillir les commentaires et suggestions des participants. Cette rencontre permettra de récolter les « ingrédients » pour alimenter les réflexions du comité. Il est important de comprendre que l’ajout d’usages à l’église est peut-être ce qui permettra de maintenir le culte et de garder le bâtiment. S’il n’y a pas de vocations immédiates qui se dessinent, il sera souhaitable d’organiser des activités de financement temporaires.

Les idées proposées par les citoyens préciseront les besoins exprimés lors des étapes précédentes et apporteront des éléments nouveaux. Il faudra par la suite que le comité utilise la méthode de l’entonnoir pour conserver les idées structurantes et réalisables. Après cette rencontre, le comité sera en mesure d’élaborer la planification de son projet. La rencontre peut prendre différentes formes et il peut y en avoir plusieurs. Elle peut aussi servir à valider une proposition de projet. Lorsque la rencontre aura eu lieu, il faudra en diffuser les résultats.


4. La planification du projet

Après avoir analysé les besoins du milieu et consulté la population, le comité aura en main les éléments nécessaires pour analyser les scénarios d’utilisation ou de transformation de l’église. Ces scénarios devront tenir compte des possibilités qu’offre l’église. Pour qu’un projet de transformation soit réussi, il faut qu’il soit compatible avec l’architecture de l’église et qu’il mette en valeur ses caractéristiques architecturales (voûte, fenêtres, etc.). Les projets de changement d’usage doivent tenir compte des qualités patrimoniales des bâtiments. On doit miser sur les atouts de ces bâtiments et sur leur valeur ajoutée. Le comité pourra évaluer les qualités patrimoniales qu’il désire conserver relativement aux aménagements intérieurs, au décor, au mobilier et aux œuvres d’art. Il y aura lieu d’établir un consensus sur les éléments essentiels à préserver, ceux qui peuvent être modifiés et ceux qui pourraient disparaître.

Si l’église est citée ou classée, il faudra vérifier auprès de la municipalité ou du Ministère de la Culture et des Communications (MCC) quels sont les critères de protection à respecter. Les raisons du classement déterminent ce qui sera permis ou non comme intervention.

Afin de s’inspirer et d’avoir une idée des possibilités de transformation de l’église, le comité peut consulter les documents produits par le Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ) sous le titre Des églises réinventées. Ces exemples de transformations exemplaires illustrent bien une variété de projets qui mettent en valeur l’architecture des églises.

Chaque projet est unique, mais le comité aura avantage à visiter quelques églises transformées pour s’inspirer. Il pourra profiter des expériences vécues ailleurs, tant pour leurs bons coups que pour les erreurs à éviter. Lors de ces visites, il est important de noter par écrit les informations pertinentes.

Comme le soulignait le CPRQ dans l’un de ses bulletins (vol. 13, no 3), les églises représentent des bâtiments potentiellement polyvalents dans leur utilisation avec les espaces connexes (sacristie, sous-sol, jubé, etc.). Qui plus est, le CPRQ souligne que le choix de plusieurs usages combinés assurerait une meilleure viabilité et donc une plus grande pérennité aux projets de transformation.

À cette étape du projet, il importe de vérifier la réglementation municipale en vigueur pour le secteur visé par l’intervention. Le plan d’urbanisme prévoit peut-être des dispositions particulières en vertu d’un plan d’intervention et d’intégration architecturale (PIIA) ou d’un plan d’aménagement d’ensemble (PAE), par exemple. Autre document fort important, le règlement de zonage de la municipalité conditionne les usages permis dans la zone visée.

Une fois que le comité s’est arrêté sur un projet qui semble correspondre aux caractéristiques de l’église et aux besoins du milieu, il faut voir si les besoins exprimés peuvent se réaliser dans l’église. C’est à ce moment qu’il faudra réaliser une esquisse préliminaire. Le comité pourra demander une soumission à quelques architectes sur invitation. Une fois les soumissions reçues, le comité pourra faire une grille basée sur certains critères, tels les expériences de transformation de l’architecte, la vision du projet, les honoraires, l’échéancier et les notes personnelles. Cela pourra l’aider à analyser les soumissions reçues et à choisir son architecte.

La mise aux normes des bâtiments patrimoniaux est un défi, car cela peut augmenter les coûts de façon surprenante. Le comité cherchera des architectes créatifs et désireux de chercher des façons innovatrices de répondre à la mise aux normes à des coûts raisonnables. Le comité pourra s’informer auprès des architectes des travaux qui peuvent être faits par corvée en toute légalité (par exemple, enlever les bancs), de façon à réduire les coûts.

Les programmes de subvention offerts peuvent influencer grandement la réalisation des projets, c’est pourquoi il faut s’en informer rapidement et prendre connaissance de leurs particularités (travaux et clientèles admissibles). Selon qu’il s’agit d’une fabrique, d’un organisme à but non lucratif (OBNL) ou d’une municipalité, il est important de savoir que les sources de subvention et la proportion subventionnée seront différentes. Par ailleurs, concernant l’aide financière du CPRQ, il est nécessaire de préciser que le critère de culte a été aboli en 2014, ce qui a pour effet de rendre admissibles les bâtiments à caractère religieux appartenant à des municipalités, à des OBNL, et même à des entités privées.

De façon générale, on constate que les programmes du CPRQ viseront les travaux de restauration alors que les programmes du MCC concernent les projets de création d’équipements culturels (à certaines conditions).


5. Le patrimoine religieux

Les cimetières sont régis par un règlement propre à la fabrique ; ils ne sont pas concernés par les projets de vente ou de transformation d’églises. La Loi sur les compagnies de cimetières catholiques romains encadre la création de compagnies de cimetières qui géreront l’ensemble des cimetières catholiques dans Bellechasse. Plusieurs cimetières offrent, pour leur valeur historique, artistique ou ethnologique, un potentiel d’interprétation à ne pas négliger lorsque sera considéré un projet de transformation de l’église.

Les propriétés environnantes de l’église peuvent être intéressantes du point de vue communautaire ou urbanistique. Lors d’un projet de conversion d’une église, on pourra aménager un espace public, un parc, ajouter du mobilier urbain, des aménagements paysagers qui rehaussent le caractère exceptionnel des lieux ou créer une terrasse sur le parvis pour favoriser la tenue d’activités culturelles. Les places d’église offrent aussi, par leur configuration et leur emplacement au cœur du village, un potentiel intéressant pour l’organisation d’un marché public ou d’événements communautaires et culturels mobilisateurs. Ces initiatives sont relativement simples à organiser et favorisent l’appropriation citoyenne de ces lieux tout en les mettant en valeur, apportant ainsi une plus-value aux projets de transformation.

Il reste encore quelques presbytères appartenant toujours aux fabriques de paroisse sur le territoire de la MRC de Bellechasse. Dans tous les cas, il est souhaitable  de préserver l’intégrité architecturale de ce bâtiment et de ne pas altérer l’ensemble cohérent qu’il forme avec l’église, dans une perspective de sauvegarde des paysages, une autre préoccupation de la MRC de Bellechasse et de ses partenaires. Il en va de même des couvents, les collèges et des autres bâtiments liés à l’îlot paroissial ou, plus globalement, au patrimoine religieux (immobilier, mobilier, paysager, archivistique, immatériel).


6. L'entente de partenariat

Dans le cas de projets d’acquisition et de transformation d’une église avec de nouveaux usages incluant le culte et la pastorale catholique, une entente de partenariat entre la fabrique et la municipalité ou l’organisme qui devient le propriétaire de l’église  établira les modalités de partage et d’utilisation des espaces ainsi que l’usage de certains éléments du mobilier.

Il existe un certain nombre de considérations en lien avec un projet de vente d’une église. Ainsi dans le cas de la vente d’une église à une municipalité, l’entente de partenariat avec maintien du culte prévoit un usage exclusif du lieu, au plan des activités religieuses seulement, à la paroisse catholique pour la communauté chrétienne paroissiale locale.

Les biens pour le culte, le mobilier liturgique et les œuvres (statues, orgue, peinture, etc.) demeurent la propriété de la fabrique, puisqu’ils sont inaliénables et imprescriptibles. Des ententes de prêt peuvent toutefois être négociées pour que certains biens puissent être conservés in situ, ententes qui doivent être approuvées par l’évêque. Dans certains cas, une assemblée de fabrique peut vendre ou donner les objets présentant un intérêt historique ou artistique (on ne parle pas ici de biens sacrés), après avoir obtenu l’autorisation de l’évêque.

Par ailleurs, concernant l’aliénation des objets patrimoniaux classés en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, dans le cas où il y aurait vente de l’immeuble patrimonial classé, chaque objet devra faire l’objet d’une demande d’aliénation auprès du ministère.


7. Le plan d'affaires

Le plan d’affaires permettra de préciser le projet. Quels sont les coûts de transformation, les sources de financement? Qui seront les gestionnaires du nouveau projet : un organisme existant, la municipalité, une entreprise? Quels seront les modalités de fonctionnement, les frais d’exploitation après la transformation? Des revenus seront-ils générés?

Même si le projet est encore embryonnaire, la fabrique doit être en accord avec celui-ci, par résolution, tout comme le diocèse, à moins que l’église ait déjà été aliénée au profit d’un autre propriétaire (municipalité, OBNL, etc.). Dans ce cas, il se pourrait toutefois que l’assemblée de fabrique puisse quand même devoir approuver le projet si, par exemple, une entente de partenariat la lie au nouveau propriétaire pour l’utilisation d’une partie de l’église à des fins de culte et de pastorale.

Le plan d’affaires sera composé des éléments suivants :

— La mise en contexte (état de situation, problématique, besoins, concurrence et besoins potentiels, etc.) ;

— L’explication du projet ;

— L’échéancier ;

— Le financement privé et public (pour la réalisation du projet et pour le maintien subséquent) ;

— Un budget prévisionnel d’exploitation des partenaires ;

— La période prévue pour la réalisation du projet ;

— Le choix du promoteur (la structure de gestion) ;

— Les occasions d’affaires et projets structurants.

Il existe des modèles de plan d’affaires qui pourront être utilisés. Il est bon de vous adjoindre un professionnel, par exemple, un architecte, pour vous accompagner dans cette démarche. Le service Développement économique Bellechasse (DÉB) pourra apporter son aide technique dans la rédaction du plan d’affaires. Cette étape est probablement la plus longue de tout le processus. L’estimation des coûts entraîne souvent des modifications au projet. Les subventions offertes ont aussi un impact sur son déroulement. Il est normal que le projet de départ subisse des modifications en cours de route. Il est important de s’allier les décideurs locaux et régionaux pour qu’ils deviennent porteurs du projet. Une fois le projet bien défini, il y a lieu de développer un argumentaire solide pour le présenter.


8. L'approbation finale du projet

Une fois la planification terminée, il est important de valider le tout avec les partenaires concernés. Dans les cas où dans le cadre de l’application d’un PDI approuvé par l’Évêque, une église a été jugée excédentaire ou s’il a été prévu qu’elle pouvait être aliénée avec un usage complémentaire dans un PDI, il faut prévoir diverses étapes juridiques. En effet, pour que la municipalité ou la corporation promotrice du projet puisse procéder à l’achat de l’église, la fabrique devra obtenir, selon le droit de l’Église catholique et le droit civil du Québec, les autorisations légales nécessaires pour pouvoir signer un contrat de vente, selon la Loi des fabriques.

À cette étape du processus, le comité de réflexion peut également informer ou consulter une nouvelle fois la population, ce qui aura pour effet de renforcer l’appropriation collective et d’optimiser le financement populaire du projet.

Lorsque le projet est accepté, le promoteur peut procéder aux demandes de subventions, s’il y a lieu, et à la réalisation du projet.


9. La campagne de financement

Dans la plupart des cas, la transformation de l’église nécessitera une campagne de financement. L’exemple de Saint-Gabriel de La Durantaye est instructif à bien des égards. Voici quelques idées retenues pour une campagne de financement. On recommande tout d’abord de prévoir une campagne très structurée, qui ne s’étirera pas trop en longueur. Il serait important d’avoir un plan de visibilité. La campagne pourrait, par exemple, débuter au printemps pour se terminer à la fin de l’été.

Il est intéressant de savoir que :

— Les fabriques et les municipalités peuvent remettre des reçus de charité ;

— L’institution prêteuse peut proposer des modalités de prélèvement automatique par lesquelles les donateurs s’engagent à verser une somme pendant un laps de temps défini, par exemple, donner 10 $ par mois pendant trois ans ;

— Les organismes de la municipalité, incluant les écoles, peuvent contribuer au financement en organisant leur propre activité-bénéfice ;

— Des coprésidents d’honneur, par exemple, un de l’assemblée de fabrique, un de la municipalité, un de l’institution prêteuse, peuvent s’engager chacun à verser une somme pour donner un élan de départ ;

— La vente des bancs, par exemple, peut générer des revenus ;

— Internet permet de rejoindre les anciens résidents ou les enfants des résidents actuels, qui ont souvent gardé un attachement à leur communauté et qui seraient disposés à faire des dons.

La plupart des projets auront besoin de financement public, tant fédéral que provincial. C’est pourquoi il importe de rencontrer les députés afin qu’ils deviennent des parties prenantes du projet, qu’ils fassent du réseautage politique et qu’ils scrutent les programmes pour trouver les subventions possibles. Comme les programmes de subvention varient avec le temps, il est difficile d’en faire la nomenclature exacte. Toutefois, selon la nature des projets, certains ministères devront être ciblés prioritairement : Affaires municipales, Culture et Communications, Tourisme, Famille et Aînés, etc. Il faut garder l’esprit ouvert et jeter notamment un coup d’œil aux programmes destinés aux aînés.


10. La réalisation du projet

Avant d’entreprendre la réalisation du projet, il faudra voir, s’il y a lieu, au transfert de propriété, à la réalisation des plans et devis définitifs, à l’appel d’offres et au choix de l’entrepreneur.

Il faudra également nommer un chargé de projet. Durant la réalisation du projet, le promoteur doit assurer un bon suivi des travaux, il doit aussi s’assurer du respect de l’échéancier et des engagements des partenaires.

Il faudra continuer à informer la population à chaque étape de réalisation. Il serait opportun de prendre des photographies tout au long de la transformation et de conserver ces clichés dans les archives du projet.

Une fois le projet terminé, un bilan devra être fait, incluant un bilan financier. Il fera état des contraintes et des défis rencontrés tout au long du projet et des bons coups réalisés.

 Merci aux partenaires!