Marathon de lecture pour la Francohonie 2021 - 10 avril 2011 à 9h en ligne
En mai 1824, Eugène Delacroix découvrant le poème de Lord Byron, Le Giaour, écrit dans son journal : « Faire le Giaour. »
Le poème raconte une histoire d’amour, de trahison et de vengeance meurtrière dans la Grèce sous domination turque. Delacroix en fait plusieurs tableaux et une lithographie, représentant essentiellement le combat du Giaour et du Pacha.
Combat de Giaour et Hassan
la rencontre picturale entre un grand peintre, Eugène Delacroix, et un grand écrivain, George Gordon Byron, à une époque où l’Europe se passionne pour l’indépendance de la Grèce.
Découvrez le poème Le Giaour, fragment d’un conte turc de Lord Byron, raconté en vidéo, afin de vous plonger au cœur de cette histoire qui a tant inspirée Delacroix.
Consultez le site officiel du musée : http://www.musee-delacroix.fr/
Version de 1826, conservée à l'Art Institute de Chicago
Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Combat_du_Giaour_et_du_Pacha
E. Delacroix, "Deux guerriers Grecs dansant" (1823)
[...] Plutôt que de représenter des moments réels de cette histoire récente (les préparatifs pour le siège, les derniers résistants se sacrifiant) comme il l'avait fait précédemment, Delacroix choisit une figure de style : l’allégorie. Le choix de l'allégorie est audacieux : en 1826, le genre paraît dépassé et Delacroix lui-même ne s'y est guère intéressé jusque là. Mais l'ambition qu'il se donne ici est différente : il s'agit de dépasser le caractère d’actualité de l’événement contemporain pour proposer une réflexion sur le sens de l’histoire.
Une jeune femme vêtue du costume national, debout sur un bloc de pierre ensanglanté, s’offre au regard, telle une vierge antique promise au sacrifice. Elle incarne la Grèce. Une tête coupée posée sur la muraille, des tâches de sang, une main qui sort des ruines sont les seuls détails violents que s'autorise Delacroix.
La femme n’est pas agitée de gestes violents de malédiction ou d’effroi, comme le peintre l’avait imaginé dans ses premiers croquis : poitrine découverte et bras ouverts, presque agenouillée sur les ruines de la ville martyre, elle semble accepter le sacrifice qui lui est imposé, vivante condamnation de la violence qui s'est abattue sur la Grèce en révolte. Peut-on y voir le symbole triomphant de la prochaine résurrection de la nation grecque ? A la date où Delacroix peint son tableau, le succès des insurgés est incertain. [...]