Il existe de nombreuses pratiques de classe dehors :
-  la classe sort pour travailler comme dans la classe, mais dehors. faire des maths dehors, lire des textes, réviser, faire un contrôle dehors (une super prof en lycée techno à Paris fait tous ses contrôles dehors, ses élèves adorent). C'est comme dans la classe, mais avec plus de place, moins de bruit et plus de bien-être.
- la nature comme laboratoire : la classe sort pour faire de la science, étudier les oiseaux, les végétaux, l'environnement. Pas besoin forcément de s'y connaître d'ailleurs, c'est souvent plus intéressant de s'émerveiller et de chercher avec l'élève.
- la nature pour bouger : la classe sort pour faire du sport, se dépenser.
- la nature inspirante : la classe sort pour produire des créations artistiques (inventer des poésies, imaginer des histoires, faire du land art...). Une enseignante me racontait que, quand elle rentre en classe avec ses élèves, elle n'a qu'une envie, c'est sortir la peinture et essayer de retranscrire ce qu'ils ont vu et ressenti.
- la nature pour jouer librement : quel meilleur espace que la nature pour s'inventer des jeux, jouer librement, sans consignes préalables. Le jeu libre est une source inépuisable d'apprentissage. 

Voici comment je débute les séances :

• Regroupement en cercle autour de la bâche.

• Une chanson (comme en classe).

• Rappel des consignes : 

1. On respecte tout ce qui est vivant (faune et flore aussi)

2. On ne mange pas rien

3. On ne sort pas de la zone

4. On se rassemble au signal 

•  Présentation du matériel et de quelques activités disponibles.
  
  

A la fin des séances :  

• Certains racontent ce qu'ils ont fait. D'autres montrent ce qu'ils ont trouvé.

• Parfois, on ferme les yeux et on écoute les bruits de la nature. Parfois, on crie le plus fort possible, tous ensemble.

• On replie la bâche et on range le matériel dans le caddie.

4  RAISONS DE FAIRE DU JEU LIBRE :
- il est inscrit dans le programme de l'école maternelle depuis 2015 :
“L'enseignant donne à tous les enfants un temps suffisant pour déployer leur activité de jeu. Il les observe dans leur jeu libre afin de mieux les connaître.”

- il est de plus en plus rare dans l'emploi du temps des enfants

- or il est fondamentale pour le développement de l'enfant. Libre de choisir, l'enfant forme sa personnalité, il apprend à choisir, à inventer...
Il est d'ailleurs recommandé depuis 30 ans par l’ONU Article 31 de la Convention internationale des droits de l’enfant, les « activités ludiques et récréatives  (...)  sont essentielles à la santé et au bien-être des enfants et favorisent la créativité, l’imagination, la confiance en soi, le sentiment d’être à la hauteur, ainsi que la force et les compétences physiques, sociales, cognitives et émotionnelles ».

- il est source de beaucoup d'apprentissages possibles.

Comment ça marche ?
Proposez aux élèves un cadre sécurisé et adapté et  laissez les jouer. Attention, l'enfant a besoin de temps pour s'inventer un jeu. Laissez lui au moins 1 heure, sans intervenir. Laissez lui le temps d'explorer, de papillonner, de bouger. 
Le moment venu, vous avez plusieurs possibilités pour transformer son jeu en apprentissage :
- verbaliser : l'élève raconte ce qu'il a fait.
- expliciter : expliquer à l'élève ce qu'il a appris, en faisant tel jeu.
- Prolonger : lui proposer d’aller plus loin, lui offrir de nouveaux défis liés à ce choix ou se servir de son activité, la montrer aux autres (la rapporter en classe) et en faire un apprentissage pour tous.

Pour l’enseignant, cela représente un travail qui s’adapte en fonction de chaque élève et qui évolue à son rythme.  C'est aussi prendre du temps pour observer ses élèves, se saisir de moments, de leurs découvertes pour déclencher des apprentissages. (cf ce document édité par l'Ageem)

Voir aussi cet article passionnant sur le site québécois Naître et grandir. 

Le jeu libre en extérieur nécessite pour l'enseignant de repenser sa posture. Se mettre en retrait, observer ses élèves, se saisir des événements, l'extérieur offre de situations d'apprentissage multiples et souvent inattendues. L'enseignant doit être capable de suspendre son activité pour profiter d'un événement dont il fera ensuite un apprentissage. 

Quand je sors, j'ai également en tête les difficultés éventuelles de certains de mes élèves et je profite de l'extérieur pour les mobiliser sur ces compétences particulières. Par exemple, l'un de mes élèves avait du mal à dénombrer, ça n'avait pas de sens pour lui. Je lui a demandé de me ramener 4 morceaux de bois pour fixer la bâche, puis 3 feuilles de lierres pour finir un herbier, etc.

Le lien entre l'extérieur et la classe est un élément déterminant dans les apprentissages.
L'extérieur permet de confronter l'élève à des situations nouvelles, des sensations fortes, riches de sens. Mais c'est aussi le retour en classe qui donne la distance nécessaire pour permettre une phase réflexive et rendre ces apprentissages explicites.