No 21 à 35

21.  12 août 1930 — Le découragement redouble le poids des peines. Comment Jésus nous visite. L’amour est le premier moteur du premier acte dans tout ce que Dieu a fait pour les créatures, mais la Divine Volonté a donné vie à l’amour.

         Je suis sous l’empire du divin Fiat, le seul qui connaisse mes profondes blessures qui s’enveniment et se multiplient dans ma pauvre âme. Mon seul espoir est que seul le divin Vouloir règne dans ces circonstances pénibles et malheureuses de mon existence ici-bas, et que ces circonstances précipitent mon départ vers la patrie céleste. Je me trouvais dans le cauchemar de ces amères souffrances lorsque mon doux Jésus me dit :

            Ma fille, ne t’accable pas, car l’accablement engendre le découragement qui redouble le poids de la souffrance, si bien que la pauvre créature se traîne péniblement sur la voie qu’elle doit suivre alors que mon Vouloir voudrait la voir voler vers la lumière infinie de ma Volonté. 

            Et maintenant, la souffrance. C’est moi qui te rends ces petites visites dans la souffrance. La souffrance est le voile, mais à l’intérieur se trouve ma Personne qui, cachée sous le voile de la souffrance, visite la créature. 

            Et maintenant, les nécessités (de la créature). C’est moi qui suis caché dans les nécessités. Je dispose les nécessités pour que je puisse faire les plus belles visites afin de me faire le secours de ces nécessités. Ainsi, je visite les créatures non seulement en me faisant voir, mais de tant d’autres façons que l’on peut dire qu’en chaque rencontre, en chaque circonstance, dans les grandes comme dans les petites choses, se trouve une visite que je me dispose à faire à la créature pour lui donner ce dont elle a besoin. Et pour qui vit dans mon divin Vouloir, ayant ma résidence permanente dans la créature, non seulement je la visite, mais j’agrandis aussi les limites de mon Vouloir.

            Je continuais à suivre les actes du Fiat suprême afin de pouvoir suivre l’amour incessant et interminable de mon Créateur avec mes actes d’amour. Et mon doux Jésus me dit :

            Ma fille, si tu savais combien ton amour m’est doux, car c’est notre écho que j’entends dans ton amour, nos fibres divines qui, élevant ton amour dans le nôtre, fait courir si agréablement ton amour dans notre amour en nous disant : « Je veux vous aimer autant que vous m’avez aimée, et comme vous m’avez aimée. Car je veux vous dire que je vous aime autant de fois que vous me l’avez dit. » Nous en sommes si heureux que nous voulons que la créature soit la répétitrice de notre amour, et nous augmentons l’amour de la créature au point d’entendre le doux son de l’amour de la créature dans tout notre amour. Plus encore, la première chose qui a mis en mouvement le premier acte en tout ce que nous avons fait pour les créatures était l’amour. Et puisque sans notre Volonté, notre amour aurait été comme un feu sans lumière ; et que sans amour notre Volonté aurait été comme une lumière sans chaleur, ce qui a donné vie à notre amour a été le Fiat. Par conséquent, ce qui nous a mis en mouvement était l’amour, mais ce qui a donné et donne vie à tout, c’est notre Divine Volonté. C’est pourquoi quiconque veut trouver la vraie vie doit venir dans notre Divine Volonté où l’âme trouvera la plénitude de notre amour et obtiendra les prérogatives de notre amour, qui sont : un amour qui féconde, un amour qui croît, un amour qui embrasse tout, un amour qui meut tout dans l’amour, un amour insurpassable et sans fin, un amour qui aime tout et qui conquiert tout. Par conséquent, lorsque je t’entends courir d’une chose créée à une autre et placer ton « Je t’aime » sur chaque acte de ma Volonté afin de revêtir les actes de ma Volonté de tes « Je t’aime », j’entends le doux son de ton amour dans le nôtre, et je t’aime d’autant plus.

            Puis il ajouta avec un tendre accent :

            Ma fille, notre amour pour les créatures est si grand que dans chaque acte qu’elle accomplit notre amour court pour l’aimer et notre Vouloir court afin de former la vie dans son acte. Ainsi, pour chaque pensée que la créature forme dans son esprit se trouve un acte d’amour que nous lui envoyons et notre Volonté se prête à former la vie de sa pensée. Dans chaque parole qu’elle prononce, dans chaque battement de son cœur, dans chacun de ses pas, se trouvent autant d’actes de notre amour qui courent vers la créature et dans lesquels notre Fiat se prête à former la vie de ses paroles, des battements de son cœur et des pas de ses pieds. La créature est ainsi pétrie par notre amour et elle vit dans la douce tempête de notre amour. Par-dessus la créature plane notre amour incessant qui l’aime tant. Et notre amour court rapidement donner à la créature la vie de chacun de ses actes, même les plus petits. Oh ! si les créatures savaient combien nous les aimons et combien nous sommes enclins à les aimer toujours, toujours – au point que nous ne laissons pas même une seule de ses pensées nous échapper sans lui envoyer notre amour distinct et spécial, oh ! combien elles nous aimeraient, et notre amour ne resterait pas si seul – sans l’amour des créatures !

            Notre amour descend continuellement vers les créatures et leur petit amour ne se dispose pas à s’élever vers son Créateur. Quelle souffrance, ma fille, d’aimer et de ne pas être aimé. C’est pourquoi, lorsque je trouve une créature qui m’aime, je sens son amour s’harmoniser avec le mien et lorsque mon amour descend vers cette créature son amour s’élève vers moi et je lui envoie une abondance de grâces, de faveurs et de dons divins au point de stupéfier et le Ciel et la terre.

22.  15 août 1930 — La vie de la Reine souveraine a été formée dans le Soleil divin.

        Je pensais à ma céleste Maman lorsqu’elle a été enlevée au ciel. J’offrais mes petits actes dans le divin Fiat en hommage à son honneur et à sa gloire lorsque mon doux Jésus me dit :

            Ma fille, la gloire, la grandeur et la puissance de ma céleste Maman dans la patrie du ciel sont insurpassables. Sais-tu pourquoi ? Sa vie sur terre a été vécue dans notre divin Soleil. Elle n’est jamais sortie de la demeure de son Créateur. Elle ne connaissait rien d’autre que notre Volonté. Elle n’aimait rien en dehors de nos intérêts et ne demandait rien qui ne soit pour notre gloire. On peut dire qu’elle formait le soleil de sa vie dans le Soleil de son Créateur. Ainsi, quiconque veut la trouver dans la céleste demeure doit venir dans notre Soleil où la Reine souveraine ayant formé son soleil répand sur tous ses rayons maternels bienfaisants. Elle est d’une beauté si radieuse qu’elle ravit le ciel tout entier et chacun se sent doublement heureux d’avoir une Mère si sainte et une Reine si glorieuse et si puissante.  La Vierge est la première et unique fille qui possède son Créateur, et la seule qui ait fait sa vie dans le Soleil de l’Être suprême.  Ayant tiré sa vie de ce Soleil éternel, il n’est pas surprenant que celle qui vivait de lumière ait formé son soleil éblouissant qui fait la joie de toute la Cour céleste.

            C’est exactement cela que signifie vivre dans ma Divine Volonté : vivre de lumière et former sa vie dans notre propre Soleil. Tel était le dessein de la Création : avoir des créatures créées par nous, nos propres enfants bien-aimés, dans notre propre demeure, les nourrir de notre propre nourriture, les revêtir de vêtements royaux et leur donner la jouissance de nos propres biens. Sur terre, quel père et quelle mère peuvent penser à mettre ceux qui sont nés de leurs viscères à l’extérieur de leur demeure, leurs enfants, sans faire don de leur héritage à leurs propres enfants ? Je crois qu’il n’y en a pas. Mais combien de sacrifices ne font-ils pas pour rendre leurs enfants heureux ? Si un père et une mère terrestres sont capables de cela – combien plus le Père céleste. Il voulait et désirait que ses enfants restent dans sa demeure pour les avoir autour de lui, être heureux avec eux et les porter comme une couronne de ses mains créatrices. Mais l’homme ingrat a quitté notre demeure, rejeté nos biens et s’est contenté d’errer à l’aventure et de vivre dans les ténèbres de sa volonté humaine.

23.  24 août 1930 — La Divine Volonté prend toutes les formes pour se donner à la créature. La création de l’homme, investiture du centre de l’amour et du divin Fiat.

         Mon abandon dans la Divine Volonté continue. Je me sens absorbée par son invincible puissance si bien que je ne peux que suivre ses actes. Je suivais ses actes accomplis dans la Création lorsque mon aimable Jésus me dit :

            Ma fille, l’amour de mon divin Fiat pour les créatures est si grand qu’il prend toutes les formes afin de pouvoir se donner à la créature. Il prend la forme du ciel qui demeure étendu au-dessus de la créature. Et en demeurant perpétuellement étendu, mon divin Fiat embrasse la créature de tous côtés, la guide, la protège et la défend sans jamais se retirer, et demeure toujours un ciel pour son ciel dans le cœur de la créature. Mon divin Fiat prend la forme des étoiles et fait doucement descendre son scintillement sur la créature pour la caresser de ses baisers de lumière et s’insinuer doucement pour former les étoiles des plus belles vertus dans l’âme de la créature. Mon Fiat prend la forme du soleil pour irradier la créature de sa lumière et descendre dans les profondeurs de l’âme avec sa vibrante chaleur. Et avec la force de sa lumière et de sa chaleur, mon Fiat forme les nuances des plus belles couleurs pour former le soleil de son Fiat dans la créature. Mon divin Fiat prend la forme du vent pour purifier la créature. Et sous son empire, en soufflant, il maintient allumée la vie divine et la fait grandir dans le cœur de la créature.

            Ma Divine Volonté s’abaisse à tout cela et son amour est tel qu’il constitue la vie de tout ce qui peut servir la créature. Ma Divine Volonté en arrive à prendre la forme de l’air qui se laisse respirer, la forme de l’aliment qui nourrit la créature et de l’eau qui étanche sa soif. En somme, il n’est rien qui serve la créature où ma Volonté ne se trouve pour continuellement donner à la créature. Mais comment la créature répond-elle aux multiples façons que prend mon Fiat pour entourer la créature de ses formes d’amour afin que si la créature ne reconnaît pas ma Divine Volonté d’une manière, elle la reconnaisse d’une autre, et qui, si ma Divine Volonté n’éveille pas la créature d’une façon, elle l’éveille d’une autre afin de recevoir au moins un regard, un sourire de satisfaction, une invitation à la laisser descendre dans l’âme pour y régner, un « Merci » de gratitude pour tant de folies d’amour ? Ah ! combien de fois ma Divine Volonté reste là sans que la créature lui accorde la moindre attention. Quelle souffrance ! Combien ma Divine Volonté en est transpercée ! Mais malgré tout, ma Divine Volonté ne s’arrête pas ; elle continue toujours et toujours. Et elle ne cesse pas, avec sa fermeté toute divine, de laisser courir sa vie divine dans toutes les choses créées, attendant avec une invincible patience celle qui doit la reconnaître et la recevoir afin de former sa vie dans les apparences de la forme humaine (de la créature) et compléter ainsi le règne de tout ce que nous avons créé.

            Après quoi je suivis la Divine Volonté dans les actes de la Création. Et parvenue en Éden où l’homme fut créé, mon toujours aimable Jésus ajouta :

            Ma fille, la création de l’homme était le centre où notre Fiat et notre amour se sont investis pour y tenir leur siège éternel. Notre Être divin tenait toute chose en nous : le centre de notre amour et le développement de la vie de notre Vouloir. Avec la création de l’homme, notre Être divin voulait former le second centre de notre amour afin que notre Fiat puisse développer des vies humaines avec son règne et son empire, comme il le faisait dans notre Être suprême.

            Tu dois savoir que dans la création d’Adam, toutes les créatures ont été créées en lui. Toutes étaient présentes, aucune ne nous échappait. Nous aimions toutes les créatures autant que nous l’aimions, et nous les aimions toutes en lui. En formant l’humanité d’Adam avec tant d’amour, le façonnant et le touchant de nos mains créatrices, formant ses os, déployant les nerfs, les recouvrant de chair, formant les harmonies de la vie humaine, toutes les créatures étaient façonnées et pétries en lui. Nous formions les os et étendions les nerfs de toutes les créatures. Et en les couvrant de chair, nous y laissions la touche de nos mains créatrices, le sceau de notre amour et les vertus vivifiantes de notre Vouloir. En insufflant l’âme en Adam, avec la puissance de notre souffle omnipotent, des âmes ont été formées dans tous les corps avec la même puissance par laquelle l’âme fut formée en Adam. Vois-tu alors que chaque créature est une nouvelle Création, comme si nous avions créé le nouvel Adam ? Parce qu’en chaque créature nous voulons renouveler le grand prodige de Création, l’investiture du centre de notre amour et le développement de la vie de notre Fiat. L’excès de notre amour en créant l’homme était tel que jusqu’à la venue de la dernière créature sur terre, nous serons dans l’acte continu de Création pour donner à chacune ce qui fut donné au premier homme créé : notre amour débordant, la touche de nos mains créatrices pour la formation de chacun d’eux. 

            Par conséquent, ma fille, je recommande que tu saches reconnaître et conserver en toi l’investiture de notre amour et l’opération de la vie de notre Fiat. Et tu éprouveras les prodiges de la Création continuelle et notre amour débordant qui t’inonde d’amour. Ainsi, tu n’éprouveras rien d’autre que mon amour et ma Volonté.

24.  29 août 1930 — Les choses créées sont remplies de Divine Volonté. Les croix forment les routes qui conduisent au Ciel.

         Mon abandon dans le divin Fiat continue. Une force invincible me transporte dans ses actes divins et je sens et je sais que la Divine Volonté opère dans toutes les choses créées. Cette Divine Volonté m’invite doucement à la suivre dans ses actes pour avoir ma compagnie. Je faisais cela lorsque mon toujours aimable Jésus me dit :

            Ma fille, toutes les choses créées sont remplies de ma Divine Volonté qui est restée en elles non pour nous, car nous n’en avions pas besoin, mais par amour pour les créatures, en se donnant de multiples façons en tout ce que nous avons créé. En véritable mère, ma Divine Volonté voulait s’attacher à tout ce qui venait à la lumière du jour (à tout ce qui naissait). Elle voulait se donner à chaque instant et sans interruption, à petites gorgées, pour former sa vie et étendre son Royaume en chaque âme. Tu vois qu’il n’est rien où mon Fiat ne veuille se donner. On peut dire que chaque chose créée forme un trône d’amour de mon Fiat où il fait descendre sa miséricorde, ses grâces et sa voie pour communiquer sa vie divine. Ma Divine Volonté se tient aux aguets pour voir quel bien elle peut faire à ses enfants, pour voir s’ils lui ouvrent leur cœur pour recevoir ses biens et se conformer à ses fins divines. Ainsi, chaque chose créée est un appel que ma Divine Volonté lance à la créature pour recevoir le don que ma Divine Volonté veut lui faire. Chaque chose créée est un amour nouveau qui veut donner la becquée aux créatures, un geste vers la créature et dans la créature.

            Mais, oh ! quelle ingratitude de la part des créatures ! Ma Divine Volonté embrasse les créatures, les serre sur son sein de ses bras de lumière, et elles échappent à sa lumière sans retourner son étreinte et sans un regard pour celle qui les aime tant. Par conséquent, ma fille, soit la réparatrice pour ma Divine Volonté. Suis-la dans tous les appels qu’elle te fait à travers chaque chose créée pour lui rendre amour pour amour et recevoir les gorgées de sa vie divine dans les profondeurs de ton âme et la laisser libre de régner.

            Après quoi j’ai suivi les actes de la Divine Volonté en continuant mon abandon dans le Vouloir suprême. Mais mon pauvre esprit était occupé par les nombreux incidents que Notre Seigneur avait disposés et dispose encore dans ma pauvre existence. Et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, les croix, les incidents, les mortifications, les actes, l’abandon des créatures et tout ce qui peut être souffert pour mon amour ne sont que de petites pierres marquant la route qui conduit au ciel. Ainsi, au moment de la mort, la créature verra que tout ce qu’elle a souffert lui a été utile pour former la voie qui marquait de façon indélébile avec des pierres immuables la voie droite qui conduit à la Patrie céleste. Et si, dans tout ce que ma Providence a disposé pour la souffrance de la créature, celle-ci le souffre pour accomplir ma Divine Volonté et recevoir non la souffrance, mais un acte de vie divine, alors la créature formera autant de soleils que d’actes accomplis et soufferts, de sorte que la route de la créature sera marquée à droite comme à gauche de soleils qui, prenant la créature et la revêtant de lumière, la conduiront vers les célestes régions. Par conséquent, les nombreux incidents de la vie sont nécessaires, car ils servent à former et à tracer la route du ciel. Si les routes ne sont pas formées, il est difficile de se rendre d’un pays à un autre. Bien plus encore pour atteindre la gloire éternelle.

25.  20 septembre 1930 — Amertumes, le lent poison du bien. La Divine Volonté, berceau de l’âme. Jésus, administrateur divin de sa Très Sainte Volonté.

           Je me sentais immergée dans le divin Fiat. Sa lumière éblouissait mon intellect. Et en m’absorbant dans sa lumière, il me fait suivre ses actes comme je le faisais dans la Création. Mais en faisant cela, je ressentais une amertume et une oppression telles que j’avais de la difficulté à accomplir mes actes dans le divin Vouloir. Mon doux Jésus, pris de compassion, me dit : 

            Ma fille, quelle peine me fait ton amertume. Je la sens couler dans mon Cœur. Alors, courage. Ne sais-tu pas que les oppressions et les amertumes sont le lent poison du bien, qui produit une difficulté telle qu’il réduit l’âme à une souffrance extrême qu’elle ressent dans son cœur, et mon amour souffre dans le cœur de la créature ; la créature ressent la souffrance sur ses lèvres, et ma prière souffre ; la créature ressent la souffrance dans ses mains et ses pas, et mes pas et mes œuvres souffrent. Et encore plus pour la créature qui veut vivre dans la Divine Volonté ; la volonté de la créature étant une avec la mienne, je ressens la souffrance dans ma divine Personne. Alors courage. Abandonne-toi dans mes bras, et je ferai se lever une lumière plus éblouissante de ma Divine Volonté qui, se transformant en berceau, te bercera pour te communiquer mon divin repos. Et avec sa lumière et sa chaleur, je détruirai le lent poison de tes amertumes pour le changer en douceur et en fontaine de satisfactions. Et en te reposant dans le berceau de ma Divine Volonté, tu prendras un doux repos. Et au réveil, tu verras que les amertumes et les oppressions auront disparu, je te prendrai dans mes bras et tu connaîtras ta douceur et ta sérénité habituelles pour faire grandir en toi la vie de ma Divine Volonté.

            Je continuais alors autant que je le pouvais mon abandon dans le divin Fiat. Mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, les amertumes, les oppressions, et tout ce qui ne concerne pas mon Vouloir occupent un espace dans ton âme. Et ma Divine Volonté ne se sent pas libre d’étendre sa lumière pour faire se lever la vie en chaque particule et chaque recoin de ton âme avec sa vertu créatrice et vivifiante. Elle se sent entourée de nuages qui, bien que le soleil soit présent, s’interposent entre lui et la terre et empêchent ses rayons de descendre avec la plénitude de sa lumière pour illuminer la terre. Ma Volonté se sent bloquée par les nuages d’amertumes et d’oppressions pour étendre sa lumière dans les profondeurs de la créature et dans les plus petits recoins de son âme, et ma Volonté se sent empêchée de pouvoir dire : « Tout dans la créature est ma Volonté, tout me concerne et tout est mien. » Et ton Jésus qui s’est efforcé de former une âme tout entière dans sa Volonté en souffre et reste bloqué dans ses œuvres. 

            Tu dois savoir que je suis le divin administrateur de mon Fiat dans la créature. Et lorsque je vois la créature disposée à faire ma Volonté en toute chose, en chaque acte qu’elle accomplit, je suis prêt à faire l’acte préparatoire. Supposons que tu veuilles faire un acte d’amour. Je me mets immédiatement au travail. Je place mon souffle dans cet acte d’amour. J’y place une dose de mon amour et je remplis l’acte d’une variété de beauté que contient ma Volonté. Et le divin administrateur de mon Vouloir que je suis administre ma Divine Volonté sur cet acte d’amour de telle sorte que cet acte, l’acte de la créature, est reconnu comme un acte qui sortirait du centre de ma Divinité. Je suis très jaloux des actes animés par ma Divine Volonté que veut faire la créature. Je ne permets aucune différence entre nos actes. Pour cela, je place ce qui est mien ainsi que mon œuvre dans l’acte de la créature. Et je dois faire cela en tous ses actes. Si la créature veut faire des actes d’adoration, de prières, de sacrifice, j’y place mon œuvre pour que cette adoration soit l’écho de l’adoration divine, sa prière l’écho de la mienne et son sacrifice la répétition du mien.

            En somme, je dois me trouver en chaque acte de la créature – ton Jésus, possesseur de ma Divine Volonté. Je ne serais par l’administrateur de ma Divine Volonté si je ne trouvais la sainteté, la pureté et l’amour de mon Humanité dans l’acte de la créature. Par conséquent, je veux trouver la créature libre de tout nuage qui pourrait porter ombrage à ma Divine Volonté. Par conséquent, sois attentive, ma fille. Ne fais pas obstacle à l’œuvre que je veux accomplir dans ton âme.

26.  30 septembre 1930 — Éden, champ de lumière. Différence entre celle qui œuvre dans la Divine Volonté et celle qui opère dans la volonté humaine. Le petit terrain de la créature ; le semeur céleste.

            Je poursuivais mes actes dans le divin Vouloir et mon pauvre esprit s’est arrêté en Éden où Dieu créa l’homme pour donner le commencement de la vie à la créature. Mon bien-aimé Jésus, toute tendresse et bonté, se fit voir et me dit :

            Ma fille, l’Éden est un champ de lumière dans lequel notre Être suprême a créé l’homme. On peut dire que l’homme a été créé dans la lumière de notre Fiat. Son premier acte de vie était lumière qui étendait un champ interminable de lumière devant et derrière lui, à sa gauche comme à sa droite. Son premier acte devait suivre son cours afin de former la vie d’Adam, avec Adam attirant autant de lumière que d’actes afin de former une lumière bien à lui, un bien personnel en vertu de ses actes, même si la lumière provenait de ma Divine Volonté. 

            Or chez celui qui œuvre dans ma Divine Volonté du début à la fin, dont tous les actes sont rattachés au commencement de la lumière où la vie de la créature a été formée et avait son premier acte de vie, la lumière est la gardienne de cette vie, elle la défend et ne laisse rien d’étranger entrer dans la lumière de la créature afin de former un des prodiges que seule la lumière est capable de former. Par contre, celui qui descend de cette lumière entre dans l’obscure prison de sa volonté. Et ce faisant, il attire les ténèbres. Il attire autant de ténèbres que d’actes pour former des biens de ténèbres qui lui sont propres. Les ténèbres ne savent pas comment veiller sur celui qui vit en elle et ne peuvent pas le défendre. Et si cette créature accomplit un acte bon, cet acte est toujours obscur, car il est relié aux ténèbres. Et comme les ténèbres n’ont pas la vertu de savoir la défendre, des choses étrangères liées à ces ténèbres pénètrent dans cette âme : les molestations des faiblesses, les ennemis des passions et les voleurs acharnés qui font plonger la créature tête première dans le péché – au point de la précipiter dans les ténèbres éternelles où il n’y a plus d’espoir de lumière. Quelle différence entre celui qui vit dans la lumière de ma Divine Volonté et celui qui vit emprisonné dans la volonté humaine !

            Après quoi je continuai à suivre l’ordre de la Divine Volonté dans la Création. Ma pauvre petite intelligence s’est arrêtée au point où Dieu créa la Vierge immaculée. Mon aimable Jésus, se manifestant en dehors de moi, me dit :

            Ma fille, tous les bons et saints actes des Prophètes, des Patriarches et de tout le peuple de l’Ancien Testament formaient le terrain où l’Être suprême a semé la semence pour former la vie du céleste Enfant qui a germé en Marie, car la semence a été prise de la race humaine. La Vierge, ayant en elle-même la vie opérante de la Divine Volonté, agrandit le terrain pas ses actes, le féconda, le divinisa et fit couler en lui, mieux qu’une pluie bienfaisante et restauratrice, la sainteté de ses vertus et la chaleur de son amour. Et dardant le terrain de la lumière du soleil de la Divine Volonté qu’elle possédait en propre, elle prépara le terrain pour faire germer le céleste Sauveur. Et notre Divinité a ouvert le Ciel pour faire pleuvoir le Juste, le Saint, le Verbe dans ce germe. C’est de cette façon que fut formée ma vie divine et humaine, pour former la Rédemption de la race humaine.

            Tu vois ainsi que dans toutes nos œuvres dirigées pour le bien des créatures, nous voulons trouver un soutien, un lieu, un terrain où placer notre œuvre et le bien que nous voulons donner aux créatures. Sinon, où le mettrions-nous ? Dans les airs ? Sans qu’il y ait au moins une âme qui le sache et nous attire par ses actes en formant le petit terrain ? Et sans un céleste semeur pour semer le bien que nous voulons donner ? Si, des deux côtés – Créateur et créature – on ne travaillait pas ensemble : la créature qui se prépare par ses petits actes à recevoir, et Dieu qui donne, ce serait comme si nous ne faisions rien et ne voulions rien faire pour la créature.

            Ainsi, les actes de la créature préparent le terrain pour le divin semeur. S’il n’y a pas de terre, il n’y a pas de plantation à espérer. Personne ne va planter sans avoir un petit terrain. Et Dieu moins que personne, céleste semeur, lancera-t-il la semence de ses vérités, le fruit de ses œuvres, s’il ne trouve dans la créature le petit terrain. Pour se mettre à l’œuvre, la Divinité veut d’abord avoir une entente entre elle et l’âme. Lorsque l’entente est conclue et que nous voyons que l’âme veut recevoir ce bien – qu’elle nous prie et forme pour nous le terrain où placer ce bien, alors, avec amour, nous le donnons. Sinon, ce serait exposer nos œuvres inutilement. 

27.  7 octobre 1930 — Comment nous devons la Rédemption à la fidélité de la Très Sainte Vierge Marie. Fidélité, la douce chaîne qui enchante Dieu. Le céleste fermier. Nécessité de la semence pour pouvoir diffuser les œuvres divines.

          Je suivais la Divine Volonté et mon pauvre esprit était occupé par toutes les choses que mon doux Jésus me disait sur le Royaume du divin Fiat. Dans mon ignorance, je me disais : « Oh ! que sa réalisation, son règne et son triomphe sur la terre sont difficiles ! » Mais mon doux Jésus me dit :

            Ma fille, la Rédemption est due à la fidélité de la Vierge reine. Oh ! si je n’avais pas trouvé cette sublime créature qui ne me refusait rien, ne reculait devant aucun sacrifice, s’il n’y avait pas eu sa fermeté pour demander la Rédemption sans jamais hésiter, sa fidélité inlassable, son amour ardent et incessant, sa constance devant son Créateur quoi qu’il puisse advenir, que ce soit de la part de Dieu ou des créatures ! Les liens qu’elle formait entre le Ciel et la terre, l’ascendant qu’elle avait acquis, son pouvoir sur le Créateur étaient tels qu’elle se rendait digne de faire descendre sur terre le Verbe divin. En raison de sa fidélité jamais interrompue et parce que notre Divine Volonté elle-même régnait dans son Cœur virginal, nous n’avions pas la force de lui résister. Sa fidélité était la douce chaîne qui m’a lié et ravi du Ciel jusqu’à la terre. C’est pourquoi ce que les créatures n’ont pas obtenu durant bien des siècles, elles l’obtiennent par la Reine souveraine. Ah ! oui, elle seule était digne de mériter que le Verbe divin descende du Ciel sur la terre, et de recevoir le grand bien de la Rédemption de telle sorte que si elles le veulent, toutes peuvent recevoir ce grand bien.

            La fermeté, la fidélité et l’immuabilité dans le bien et la demande du bien connu peuvent être appelées des vertus divines, non pas humaines. Par conséquent, ce serait nous renier nous-mêmes que de lui refuser ce qu’elle nous demande. Il en est ainsi dans le Royaume de la Divine Volonté. Nous voulons trouver une âme fidèle en qui nous pouvons agir et qui, par la douce chaîne de la fidélité, nous lie de toutes parts de telle sorte que notre Être divin ne trouve aucune raison de ne pas lui donner ce qu’elle demande. Nous voulons trouver notre fermeté qui est le soutien nécessaire pour enclore dans l’âme le grand bien qu’elle demande. Il ne serait pas convenable pour nos œuvres divines de les confier à des âmes inconstantes et qui ne sont pas disposées à faire des sacrifices pour nous. Le sacrifice de la créature est la défense de nos œuvres. Cela veut dire mettre nos œuvres en lieu sûr. Et lorsque nous avons trouvé la créature fidèle et que l’œuvre nous quitte pour prendre place dans la créature, le travail est fait. La semence est jetée. Et petit à petit, elle germe et produit d’autres semences, et elles se répandent. Quiconque le désire peut se procurer cette semence pour la faire germer dans son âme.

            Le fermier n’en fait-il pas autant ? Si ce fermier possède cette semence qui peut faire sa fortune, il la sème dans sa terre où elle germe et peut produire dix, vingt, trente semences. Le fermier ne plante alors pas seulement une semence, mais toutes celles qu'il a récoltées. Et il retire tant qu’il peut semer suffisamment pour remplir toute sa terre et arriver au point où il peut même donner aux autres la semence de sa fortune.  Moi, fermier céleste, je peux faire bien plus parce que je trouve une créature qui a préparé le terrain de son âme où je peux lancer la semence de mes œuvres. Cette céleste semence de ma Divine Volonté plantée dans les profondeurs de leur âme va germer. Et petit à petit elle grandira et se fera connaître, aimer et désirer par un petit nombre, puis par beaucoup. 

            Par conséquent, ma fille, sois fidèle et attentive. Fais en sorte que je puisse semer cette céleste semence en ton âme et que rien ne vienne gêner sa germination. Si la semence est là, il y a l’espoir certain que la germination peut produire d’autres semences. Mais si la semence n’existe pas, tout espoir cesse, et il est inutile d’espérer le règne de ma Divine Volonté, tout comme il aurait été vain d’espérer la Rédemption si la céleste Reine ne m’avait pas conçu dans son sein maternel, fruit de sa fidélité, de sa fermeté et de son sacrifice. Par conséquent, laisse-moi agir, et je m’occuperai de tout le reste.

28.  12 octobre 1930 — La crainte est le fouet du pauvre rien. L’amour de Dieu pour les créatures est tel qu’il fait entrer la créature en compétition avec lui. Dieu a établi tous les actes que toutes les créatures devaient accomplir.

          Je suis toujours dans ma chère et sainte hérédité du divin Fiat. Je ressens le besoin extrême de ne jamais en sortir parce que le petit atome de mon existence a conscience de son néant et ce rien ne peut rien faire si le divin Vouloir, en jouant avec lui, ne le remplit pas de son tout pour lui faire faire ce qu’il veut.

            Et, oh ! combien je ressens le besoin que le divin Vouloir me retienne dans sa vie et que j’y reste toujours. Et moi, toute craintive, je sens que je ne peux vivre sans le divin Fiat. Mon doux Jésus, avec une inexprimable bonté, me dit alors :

            Ma fille, n’aie pas peur. La peur est le fouet du pauvre rien pour que ce rien frappé par le fouet de la peur se sente faiblir et perdre sa vie. Par contre, l’amour est ce qui pousse le rien à se jeter dans le tout. Le tout le remplit de sa vie divine et le rien ressent la vraie vie qui n’est pas sujette à décliner, mais à vivre toujours.

            Tu dois savoir que l’amour qui nourrit notre Être divin pour la créature est si grand que nous donnons de nous-mêmes pour que la créature soit capable de rivaliser avec son Créateur. C’est pourquoi nous lui donnons notre Volonté, notre amour et notre vie afin que la créature les fasse siens pour remplir le vide de son néant et soit ainsi capable de me rendre Volonté pour Volonté, amour pour amour, vie pour vie. Et nous, bien qu’ayant donné ces choses à la créature, nous acceptons qu’elle nous les donne comme si elles étaient siennes, nous réjouissant que la créature puisse rivaliser avec nous – elle qui nous donne, et nous qui recevons. Nous faisons cela pour redonner à la créature ce qu’elle nous a donné afin qu’elle ait toujours quelque chose à nous donner. Si la créature ne veut pas recevoir, elle ressent alors le vide de son néant sans une Divine Volonté qui la sanctifie et sans l’amour qui l’amène à aimer son Créateur. Et c’est alors que sur ce rien, les maux se précipitent, les fouets de la peur, les terreurs des ténèbres, les pluies de toutes les misères et les faiblesses qui donnent le sentiment que la vie se meurt. Pauvre rien qui n’est pas rempli par le tout !

            Puis je continuai à prier, totalement abandonnée au doux règne de la Divine Volonté. Et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, dans la création de l’homme, notre Vouloir suprême établit déjà tous les actes que doivent accomplir toutes les créatures, et il s’est constitué le premier la vie de tous ces actes. Il n’y a donc aucun acte humain qui n’ait sa place dans notre Divine Volonté. Aussi, lorsque la créature accomplit chacun de ses actes, notre Divine Volonté se met en action dans l’acte humain de la créature. Par conséquent, toute la puissance et la sainteté d’une Divine Volonté entrent dans l’acte de chaque créature. Chaque acte (chacun des actes établis des créatures) est entré dans l’ordre de toute la Création, chacun prenant sa place, presque comme des étoiles dont chacune occupe une place dans le bleu du ciel. Et comme toute la race humaine avec tous ses actes a été ordonnée et formée par notre divin Fiat dans la Création, lorsque la créature accomplit un acte, tout l’ordre de la Création est mis en mouvement et notre divin Vouloir est mis en action comme s’il créait à ce moment-même toute la Création. Cela se produit parce que tout est en acte dans notre Vouloir, et l’acte de la créature entre dans l’acte de notre Vouloir et, prenant sa place établie par Dieu, les effets de toute la Création sont renouvelés et l’acte humain entre dans la course de toutes les choses créées où il a sa place distincte. Cet acte humain est toujours en action dans le mouvement divin pour adorer et aimer son Créateur. Ainsi, l’opération de la créature dans notre Divine Volonté peut être appelée le champ fécond et divin de notre Volonté elle-même dans le petit champ de la créature.

29.  18 octobre 1930 — Valeur des baisers et des embrassements de la Vierge à l’Enfant Jésus. Parce qu’elle possédait la Divine Volonté, tous ses actes étaient rendus infinis et immenses pour Jésus. Résurrection des actes accomplis dans le divin Vouloir. Effets des « Je t’aime ».

        Je continue dans mon état habituel. Et demeurant sur l’acte par lequel la Reine souveraine donna naissance à l’Enfant Jésus (lui donna le jour) et, le pressant contre son sein, elle l’embrassa encore et encore avec délice avant de lui donner son doux lait. Oh ! combien j’attendais de pouvoir également donner à mon Enfant Jésus mes baisers affectueux et mes tendres embrassements. Et lui, se faisant voir comme s’il les recevait, me dit :

            Fille de mon Vouloir, la valeur des actes de ma céleste Mère était telle parce qu’ils sortaient du sein immense de ma Divine Volonté, par où elle possédait son Royaume, sa vie. Il n’y avait pas en elle de mouvement, d’acte, de respiration ou de battement de cœur qui ne fût rempli du Vouloir suprême au point d’en déborder. Les tendres baisers qu’elle me donnait sortaient de cette fontaine. Les chastes étreintes avec lesquelles elle embrassait mon Humanité infantile contenaient l’immensité de mon Vouloir suprême. En m’allaitant au lait très pur de son sein virginal par lequel elle me nourrissait, je tétais au sein immense de mon Fiat. Dans ce lait, je tirais les joies infinies de mon Fiat, son indescriptible douceur, la nourriture, la substance, la croissance de mon Humanité, de l’immense abîme de ma Divine Volonté. Ainsi, dans ses baisers, je sentais l’éternel baiser de mon Vouloir qui, lorsqu’il accomplit un acte, ne cesse jamais son action. Dans ses embrassements, je sentis m’embrasser une immensité divine. Par ma Volonté qui la comblait toujours, dans son lait, elle me nourrissait divinement et humainement, et elle me rendait les joies célestes et les contentements de mon divin Vouloir. Si la Reine souveraine n’avait pas eu en son pouvoir une Divine Volonté, je n’aurais pas été satisfait de ses baisers, de son amour, de ses embrassements et de son lait. Mon Humanité tout au plus aurait était satisfaite. Mais ma Divinité, le Verbe du Père, qui contenait l’infini et l’immensité en mon pouvoir, voulait des baisers infinis, des embrassements immenses, un lait comblé de joies et de douceurs divines. C’est ainsi seulement que j’étais satisfait : que ma Mère, possédant ma Divine Volonté, pût mes donner des baisers, des embrassements, de l’amour et tous ses actes – qui me donnaient  de l’infini.

            Tu dois savoir que tous les actes accomplis dans ma Divine Volonté en sont inséparables. On peut dire que l’acte et la Volonté forment une seule et même chose. La Volonté peut être appelée lumière et l’acte chaleur, lesquels sont inséparables l’un de l’autre. Ainsi, quiconque possédera mon Fiat comme vie aura en son pouvoir tous les actes de la céleste Mère. Elle avait tous leurs actes en son pouvoir de telle sorte que dans ses baisers et ses embrassements, je me sentais embrassé par tous ceux qui doivent vivre dans ma Volonté. Et dans ces âmes qui doivent vivre dans ma Volonté, je me sens à nouveau embrassé et étreint par ma Maman. Tout est mis en commun et en parfait accord avec mon Vouloir. Chaque acte humain descend de son sein. Et avec sa puissance, elle le fait retourner au centre d’où il est sorti.

            Par conséquent, sois attentive et ne laisse rien échapper de ce qui entre dans ma Divine Volonté si tu veux tout me donner et tout recevoir.

            Mon pauvre esprit continue sa course dans la Divine Volonté. La Divine Volonté est toujours mon soutien, mon commencement, le milieu et la fin de mes actes. Sa vie court en moi comme le doux murmure de la mer qui ne s’arrête jamais. Et moi, en échange d’hommage et d’amour, je donne à la Divine Volonté le murmure de mes actes que ce divin Fiat me fait faire. Mon toujours aimable Jésus continue de me dire :

            Ma fille, chacun des actes accomplis dans la Divine Volonté forme une résurrection dans l’âme. La vie n’est pas formée d’un seul acte, mais de nombreux actes unis ensemble. Ainsi, plus il y a d’actes, plus l’âme s’élève dans mon Vouloir pour former une vie complète, toute de ma Divine Volonté. La vie humaine est formée de nombreux membres distincts pour pouvoir former sa vie. S’il n’y avait qu’un seul membre, elle ne pourrait être appelée vie. Et s’il lui manque un membre, ce serait une vie déficiente. Ainsi, les actes répétés dans mon Vouloir servent à former les différents membres de la Divine Volonté dans la créature. Et en servant à unir ces actes pour former la vie, ils servent aussi à nourrir cette vie. Comme ma Divine Volonté n’a pas de frontières, plus il y a d’actes accomplis en elle plus la vie divine grandit dans la créature. Et lorsque la vie divine s’élève et grandit, c’est la volonté humaine qui meurt en raison de ces actes accomplis dans mon divin Vouloir. La volonté humaine ne trouve pas de nourriture et se sent mourir avec chaque acte accompli dans ma Divine Volonté. Et chaque fois que la volonté humaine fait sa volonté dans ses actes, c’est la Divine Volonté qu’elle fait mourir dans ces actes. Oh ! combien il est terrible de voir une volonté finie placer un Vouloir infini à l’extérieur de son acte, alors qu’il veut lui donner sa vie de lumière, de beauté et de sainteté.

            Je continuai mes actes dans le divin Vouloir avec mon refrain habituel : « Je vous aime, je vous aime en tout ce que vous avez fait pour notre amour. » Mais en faisant cela, je me disais : « Mon refrain des ‘Je t’aime, je t’aime’ doit être fatigant pour mon bienheureux Jésus. Alors, à quoi bon le redire ? » Et mon doux Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, l’amour vrai, accompagné par ces paroles « Je t’aime », ne me lasse jamais, car étant moi-même un complexe d’amour et d’acte d’amour continu qui jamais ne cesse d’aimer, lorsque je trouve l’amour dans la créature, c’est moi-même que je trouve. Le signe que l’amour de la créature fait partie de mon amour, c’est lorsque l’amour de la créature est continu. Un amour interrompu n’est pas un signe d’amour divin. Ce peut être tout au plus un amour de circonstances, un amour d’intérêts qui cesse lorsque ceux-ci s’arrêtent. Même les mots « Je t’aime, je t’aime » ne sont rien d’autre que l’air que mon amour produit dans la créature et qui, condensé dans la créature, produit de nombreux éclairs de lumière vers celui que la créature aime. Et moi, lorsque j’entends dire « Je t’aime, je t’aime », sais-tu ce que je dis ? Je dis « Ma fille produit des éclairs de lumière dans l’air de son amour pour moi, et un éclair n’attend pas l’autre. » Alors, tous les actes continus (faits dans mon Vouloir) sont ceux qui ont la vertu de conserver, nourrir et faire grandir la vie de la créature. Regarde le soleil. Il se lève chaque jour et il a son acte continuel de lumière. On ne peut pas dire qu’en se levant chaque jour il fatigue les hommes et la terre. C’est tout le contraire. Tous attendent le lever du soleil. Et c’est seulement parce qu’il se lève chaque jour qu’il forme la nourriture de la terre. Jour après jour, il nourrit peu à peu la douceur des fruits jusqu’à les amener à maturité. Il nourrit les différentes nuances des couleurs des fleurs et le développement de toutes les plantes. Et ainsi de suite pour tout le reste. Un acte continu peut être appelé un miracle éternel, même si les créatures n’y prêtent pas attention. Mais ton Jésus ne peut faire moins qu’y prêter attention, car je connais la vertu prodigieuse d’un acte jamais interrompu. Par conséquent, ton « Je t’aime » sert à conserver, nourrir et faire grandir la vie de mon amour pour toi. Si tu ne nourris pas cette vie de mon amour pour toi, elle ne peut pas grandir ni recevoir la multiplicité des douceurs et la variété des couleurs divines que contient mon amour.

30.  9 novembre 1930 — Différence entre l’amour créé et l’amour qui crée. La dot que Dieu réserve à la créature. Exemple.

         Je vis entre les privations continuelles de mon doux Jésus. Ah ! sans lui, je ne trouve pas mon centre en qui je repose. Aussi, je ne sais quel vol je dois prendre (pour le trouver). Je ne trouve pas le guide en qui je peux avoir confiance. Je ne trouve pas celui qui, avec tant d’amour, s’est fait mon maître pour me donner les plus sublimes leçons. Ses paroles sont des pluies de joies, d’amour et de grâces sur ma pauvre âme. Et maintenant, tout est profond silence. Je voudrais que le ciel, le soleil, la mer et toute la terre éclatent en sanglots pour crier vers celui que je ne trouve plus, car je ne sais pas où se dirigeaient ses pas. Mais hélas ! personne ne me conduit vers lui. Personne n’a pitié de moi ! « Ah ! Jésus, reviens, reviens vers celle dont tu disais vouloir qu’elle ne vive que pour toi et avec toi. Et maintenant, tout est fini. » Mon pauvre cœur est rempli et qui pourrait dire de combien de douleurs à cause de la privation de son Jésus, de sa vie, de son tout. Etc., etc… Et tout en me trouvant dans cet état de véhémence et d’amertume, je suivais les actes de la Divine Volonté. En un instant, tout fut présent devant moi. Mon toujours aimable Jésus se fit voir et, toute tendresse, il me dit :

            Ma fille, courage. Mon amour n’a pas de limite. Par conséquent, j’aime la créature d’un amour infini et insurpassable. Tu dis que tu m’aimes. Mais quelle différence y a-t-il entre l’amour créé et l’amour qui crée ? La Création te donne une image de la différence. Regarde le soleil. Sa lumière et sa chaleur emplissent tes yeux et revêtent toute ta personne. Et pourtant, combien de lumière prends-tu ? Très peu ; à peine une ombre. Ce qui reste de la lumière du soleil est si grand qu’il est possible d’en revêtir toute la terre : symbole de ton petit amour créé qui, bien que tu t’en sentes remplie au point d’en déborder, sera toujours un tout petit amour. Mieux que le soleil, l’amour de ton Créateur demeure toujours immense et infini : surpassant toute chose, il amène la créature dans son triomphe d’amour en la faisant vivre sous la pluie continuelle de son amour créateur.

            L’eau est un autre symbole. Tu en bois. Mais combien en bois-tu réellement en comparaison de ce qui existe dans la mer, les rivières, les puits et les entrailles de la terre ? Très peu, on peut dire. Et ce qui reste symbolise l’amour créateur qui, par sa propre vertu, possède les mers immenses et sait aimer la créature d’un amour immense. 

            La terre elle-même te parle de ton petit amour. De combien de sol as-tu besoin pour soutenir tes pieds ? À peine un peu d’espace. Et combien il en reste ! Ainsi, entre l’amour du Créateur et celui de la créature existe-t-il une vaste et incommensurable différence.

            Ajoutons également que le Créateur, en créant l’homme, l’a doté de ses propriétés. Par conséquent, il l’a doté de son amour, de sa sainteté, de sa bonté, de son intelligence et de sa beauté. En somme, il a doté l’homme de toutes ses divines qualités, lui accordant le libre arbitre afin de mettre notre dot au travail pour l’augmenter toujours, selon qu’il grandira plus ou moins, plaçant ses propres actes dans nos propres divines qualités, conformément à la tâche qui lui a été confiée de garder et de faire fructifier la dot que nous lui avons accordée. Notre infinie sagesse ne voulait pas mettre à l’extérieur l’œuvre de nos mains créatrices, notre naissance et notre fils, sans lui donner de ce qui est à nous. Notre amour n’aurait pas supporté de lui donner le jour (de le faire naître) – nu et sans biens. Cela n’aurait pas été digne de nos mains créatrices. Si nous ne lui avions rien donné, notre amour n’aurait pas eu beaucoup de raisons de l’aimer. Mais parce qu’il est nôtre, qu’il a ce qui est de nous, et coûte tellement à notre amour, nous l’aimons beaucoup au point de lui donner ma vie. Lorsque les choses ne coûtent rien et n’ont rien reçu, elles ne sont pas aimées, et c’est exactement ce qui maintient brûlant et vivant le feu ardent de notre amour ; c’est parce que nous lui avons beaucoup donné que nous donnons encore à la créature. 

            Vois-tu alors quelle grande différence il y a entre l’amour de la créature et celui du Créateur ? Si la créature nous aime, elle prend de notre bien que nous lui avons donné pour nous aimer. Elle aime, bien que ce soit le petit amour créé, comparé à l’amour créateur. Cependant, nous voulons ce petit amour ; nous languissons après lui. Nous le convoitons. Et lorsque la créature ne nous le donne pas, nous délirons. C’est comme pour un père qui aime son fils et lui fait don de ses biens. Et ce fils bien-aimé prend souvent les fruits de ces biens qu’il a reçus pour en faire cadeau à son père. Oh ! comme le père est heureux, et bien qu’il n’ait pas besoin de ces dons, il se sent aimé par son fils à cause de ces dons. Le don est la marque et la parole d’amour de son fils. Et l’amour du père grandit pour ce fils. Le père se sent honoré, satisfait d’avoir donné ses biens à celui qui l’aime et qui nourrit l’affection de son père. Mais quelle ne serait pas la douleur du père si le fils ne lui envoyait jamais rien de ce qu’il a reçu ! Il briserait ainsi son devoir le plus sacro-saint, l’amour entre le fils et le père, et transformerait ainsi en souffrance la joie et le bonheur de la paternité.

            Nous aimons la créature plus qu’un père, et tout notre bonheur est d’être aimés en retour. Et si la créature ne nous aime pas, notre paternité se changerait en chagrin si elle le pouvait. Par conséquent, ma fille, plus tu nous aimes, plus tu fais de dons à ton Père céleste. Ces dons nous plaisent parce qu’ils sont les fruits de nos biens divins accordés avec tant d’amour par ton Créateur.

31.  20 novembre 1930 — La crainte de perdre un bien signifie qu’on le possède. Qui a le droit de demander le Royaume de la Divine Volonté. Nourriture pour former et faire grandir la vie de la Divine Volonté dans la créature.

        Mon abandon dans la Divine Volonté continue, bien qu’avec crainte, parce qu’en raison de mon infidélité je pourrais avoir le malheur d’être rejeté du merveilleux Ciel du Fiat suprême. Oh mon Dieu ! Quelle souffrance ! « Mon Jésus, ne permettez pas que je sorte de ma chère hérédité que vous m’avez donnée avec tant d’amour et dont vous avez toujours pris pour moi un soin jaloux. Je vous le demande, pour l’amour du ciel que vous avez avec tant d’amour étendu par-dessus ma tête, symbole du ciel qu’avec un amour plus grand encore vous avez enclos dans ma pauvre âme et qui est votre Volonté. Que votre Volonté règne en moi et que son Royaume s’étende sur le monde entier. Je vous le demande avec l’amour qui vous a fait créer le soleil qui brille continuellement sur la terre, qui n’arrête jamais sa course pour m’offrir son amour de lumière, vivante et réelle image du soleil de votre Vouloir en qui, plus que dans une mer de lumière, vous avez enclos votre petite fille. Je vous le demande à cause du labyrinthe de souffrances dans lequel j’ai été enveloppée et assiégée, des souffrances qui me donnent continuellement le désir de boire et de me sentir sous des tempêtes qui menacent de me suffoquer, des souffrances que je préfère ne pas mettre par écrit. Jésus, Jésus, aie pitié de moi et fais que ta Divine Volonté règne en moi et dans le monde entier. »

            Je répandais ainsi ma douleur lorsque mon doux Jésus, ma chère vie, tendit les bras pour me soutenir et me dire : 

            Ma fille, courage. La peur de perdre un bien signifie qu’on le possède, qu’on le connaît et qu’on l’aime, et que cette possession n’est pas usurpée, mais un juste droit de propriété. Lorsqu’un bien est possédé par un juste droit de propriété, aucune loi, humaine ou divine, ne peut de façon légitime faire perdre ce bien que l’on possède. C’est encore plus vrai si telle est la Volonté de ton Jésus que tu possèdes l’hérédité de mon divin Fiat avec droit de propriété, et que je j’ai donné avec tant d’amour afin que tu puisses demander en droit que son Royaume vienne sur la terre. Parce que quiconque possède ma Volonté a le droit de demander que son Royaume vienne sur la terre et s’étende partout. Et comme mon Vouloir remplit le ciel, le soleil, la mer et toute chose, bien qu’ils n’aient pas de raison, ils sont librement dominés par la force et la raison puissantes de mon Fiat dont ils ne se sont jamais séparés. Par conséquent, au nom du ciel, du soleil et de toute chose, tu as le droit de demander pour eux son Royaume. Étant donné que toute chose, de la plus petite à la plus grande, animée par ma Divine Volonté, est toujours supérieure à l’homme – parce que sans ma Divine Volonté l’homme occupe la dernière place – l’homme est la plus dégradée et la plus humiliée de toutes les choses créées. Il est la créature la plus nécessiteuse et la plus pauvre, celle qui pour vivre doit tendre la main à toutes les choses créées pour recevoir la charité de leurs effets bienfaisants. Et parfois, ils lui sont refusés par la Volonté expresse de celui qui domine toute chose créée. Plus encore, la Volonté de Dieu dresse les éléments contre l’homme pour lui faire connaître ce que signifie ne pas vivre dans l’hérédité de ma Divine Volonté. Seule ma Volonté donne l’exaltation des œuvres de nos mains créatrices, leur accorde la place d’honneur et les dote de tous les biens de telle sorte qu’elles n’ont besoin de personne. Mieux encore, ma Volonté rend ces œuvres dominatrices d’elles-mêmes et de toute chose en vertu de ma Volonté qu’elles possèdent ; et chacun s’incline et se sent honoré d’être sous leur domination.

            Aussi, ne crains pas, car la peur rend malheureux le bien que l’on possède et amères les joies très pures, saintes et divines de mon Fiat. Plus encore, chaque acte accompli dans ma Divine Volonté forme une nourriture pour nourrir les actes passés accomplis en elle. Et cela parce que de nombreux actes réunis entre eux ont formé la vie de ma Volonté dans l’âme, et la vie ne peut pas être conservée ni grandir sans nourriture. Ainsi, un acte sert à en conserver un autre et à former la vie de ma Volonté dans la créature. Les actes répétés forment l’eau pour arroser la vie de ma Volonté, de même que l’air permet la respiration continuelle à cette vie toute du ciel. Les actes répétés forment la pulsation du cœur pour que la vie de ma Volonté ressente le battement continuel de mon Vouloir. Ils forment la nourriture pour garder en vie ma Volonté. Le corps ne peut vivre sans nourriture, sans air à respirer ni sans battements de cœur qui donnent le mouvement à toute sa vie, et il n’est pas non plus suffisant pour former la vie humaine de ne prendre de la nourriture que de temps en temps, de respirer et d’avoir des battements de cœur par intervalles, mais le corps a besoin de tout cela toujours et encore parce que seuls les actes continus ont la vertu de former la vie. Sinon, la vie s’éteint. Celui qui veut former en lui la vie de mon Vouloir a besoin d’actes répétés, de telle sorte que cette vie ne manque pas d’air pour respirer, de nourriture pour s’alimenter, de chaleur et de lumière afin que la créature puisse sentir dans son âme la vie du ciel. Par conséquent, ne t’inquiète de rien d’autre sinon de toujours progresser dans ma Divine Volonté.

32.  24 novembre 1930 — Il n’existe pas de lieu où ma Divine Volonté n’exerce son acte opérant sur les créatures. Les créatures reçoivent les effets de cet acte unique selon leurs dispositions. Jésus parle de châtiments.

         Mon abandon dans la Divine Volonté continue, mais ma pauvre existence se développe très souvent parmi les amertumes et les privations de mon doux Jésus. Entre-temps, je languis après lui au point de me sentir moi-même manquer de vie, car il est ma vie et je ne connais pas d’autre vie ni d’autre plaisir sinon Jésus. Alors, s’il vient pour un peu de temps, s’il me fait revivre, il rend amère cette bouffée de vie qu’il m’a donnée, car il ne me parle que des grands châtiments que la divine justice a préparés, et comment les éléments vont se liguer contre l’homme : l’eau, le feu, le vent, les rochers et les montagnes vont se transformer en armes mortelles, de violents tremblements de terre vont faire disparaître des villes et des hommes, et cela dans toutes les nations. Même la nôtre ne sera pas épargnée. Et puis il y a les révolutions qui existent déjà, celles qui arriveront et les guerres qui sont sur le point d’éclater. Il semble que le monde entier sera pris dans le filet que les hommes sont eux-mêmes en train de préparer. Mais Jésus dit cela avec beaucoup d’amertume et il m’a quittée sans mes souffrances habituelles qu’il me communiquait d’ordinaire auparavant. J’étais remplie d’amertume et continuais mes actes dans le divin Vouloir lorsque mon doux Jésus se fit voir et me dit :

            Ma fille, relève-toi. Entre dans ma Volonté opérante. Elle est immense. Mais dans son immensité, il n’est pas de lieu où elle n’exerce des actes spéciaux et distincts envers l’humanité. Bien que ma Volonté soit une, une est son immensité, un sont ses actes, et elle contient dans son immensité l’ordre de tous les effets qui, en tant qu’actes, sortent de l’acte unique pour se répandre sur chaque créature. Chaque créature les reçoit alors selon sa propre disposition. Si la créature se trouve disposée à m’aimer, elle reçoit les effets de l’amour que répand ma Volonté opérante. Si la créature est disposée à être bonne, elle reçoit les effets de la bonté opérante de mon Vouloir. Si elle est disposée à se rendre sainte, elle reçoit les effets de la sainteté de mon Vouloir. Ainsi, selon ses dispositions, l’immensité de mon Fiat déverse ses effets distincts sur chaque créature qui les convertit en actes. Et quiconque n’est pas disposé ne reçoit rien, bien que ma Divine Volonté soit toujours opérante sur chaque créature. Et comme ces créatures ne veulent pas recevoir le bien que ma Volonté veut leur donner, ma Justice convertit en châtiments ces biens que rejette la créature. C’est pourquoi ma Divine Volonté est toujours à l’affût à l’intérieur des éléments pour voir si les créatures sont disposées à recevoir le bien de sa Volonté opérante continuelle. Et se voyant rejetée, ma Volonté, lassée, arme les éléments contre les créatures. Par conséquent, des châtiments imprévus et de nouveaux phénomènes sont sur le point de se produire. Par ses tremblements presque continuels, la terre avertit l’homme de faire preuve de bon sens. Sinon, la terre va s’effondrer sous ses pieds parce qu’elle ne veut plus le soutenir. Graves sont les malheurs qui sont sur le point d’arriver. Autrement, je ne t’aurais pas suspendue de ton état habituel de victime. 

            Mais pour la créature qui entre dans ma Divine Volonté, aucun acte ne lui échappe. La créature court vers chacun des actes opérants de ma Volonté, les adore, les remercie, les aime, honore partout le Vouloir suprême, et elle leur tient compagnie. Et, dans sa petitesse, la créature voudrait garantir tous les actes de ma Volonté avec son petit amour. Par conséquent, celle qui vit dans ma Volonté peut défendre les droits d’un aussi saint Vouloir. C’est pourquoi je te veux toujours dans ma Volonté. Que jamais tu ne veuilles en sortir.

33.  30 novembre 1930 — La raison pour laquelle Dieu n’est pas connu ni aimé: c’est qu’on le croit un Dieu distant des créatures; alors qu’en réalité, il en est inséparable. Comment la Divine Volonté attire l’âme et comment l’âme attire en elle le divin Fiat.

       Je faisais ma ronde dans la Création pour suivre les actes que fait le divin Fiat dans les choses créées. Arrivée en Éden, il me semblait que mon aimable Jésus m’attendait pour me communiquer l’amour, la bonté la sainteté, la puissance et tout ce qu’il avait fait en créant l’homme, mettant tout de lui en l’homme au point de le remplir de lui-même et de ses divines qualités, au point de les faire déborder en dehors de l’homme. Dieu confia à l’homme une tâche, le plus grand honneur de l’homme : que l’amour, la bonté, la sainteté et la puissance de Dieu lui servent à développer sa vie dans les bienfaits mêmes de celui qui l’avait créé. Je me sentais saturée des divines qualités. Mon doux Jésus me dit alors : 

            Ma fille, l’homme a été créé pour être inséparable de Dieu. Et si Dieu n’est pas connu et aimé, c’est exactement parce que l’homme pense que Dieu est l’Être qui est loin de lui, comme si nous n’avions rien à faire avec l’homme, ni lui avec nous. Croire que Dieu est lointain fait que l’homme s’écarte de Dieu. En conséquence, tout ce que l’homme possédait lorsqu’il fut créé, c'est-à-dire nos divines qualités elles-mêmes, demeure affaibli et étouffé ; et pour beaucoup, comme si elles n’avaient plus de vie.

            Notre Divinité n’est pas lointaine, mais proche. Elle est même à l’intérieur de l’homme. Et dans tous ses actes. Notre douleur est donc grande de voir les créatures nous tenir à distance et croire que nous sommes loin d’elles. C’est pourquoi elles ne nous connaissent pas et ne nous aiment pas. Croire que nous sommes lointains est l’instrument mortel qui tue l’amour de la créature pour son Créateur. L’éloignement brise l’amitié. Qui peut aimer et connaître un Être distant, ou espérer de lui quelque chose ? Personne. Nous sommes obligés de répéter : « Nous sommes avec elles, en elles, et il semble qu’elles ne nous connaissent pas. » Et alors que leur amour et leur volonté sont loin de nous parce qu’elles ne nous aiment pas, elles disent que nous sommes loin d’elles. C’est la raison pour laquelle certains de ceux qui ont lu concernant mes intimités avec toi en sont venus à douter de moi. C’est exactement parce qu’ils croient que je suis un Dieu distant et qu’à cause de cette distance, il ne pourrait pas y avoir autant d’intimité entre toi et moi. Ma fille, veux-tu savoir ce qui rend Dieu vivant dans le cœur des créatures ? C’est ma Volonté régnant dans la créature. Parce qu’en ne donnant pas vie à la volonté humaine, mon Fiat permet à la créature de ressentir la vie de son amour, de sa puissance, de sa bonté et de sa sainteté qui court dans tous les actes de la créature. Pour cette créature, ce n’est pas un Dieu distant qui existe, mais un Dieu proche dont la vie est la cause première de la vie de la créature et de tous ses actes. En conséquence, la vie dans ma Divine Volonté maintient la vigueur de tous les biens que nous avons donnés à l’homme en le créant, et elle fait de lui le trône de Dieu et de sa gloire, où Dieu règne et domine.

            Après quoi je continuais à suivre tout l’admirable et le sublime accompli par le divin Fiat dans la Création. Je me disais : « Je veux entrer dans le soleil pour trouver la Divine Volonté opérant dans la lumière du  soleil pour donner à la Divine Volonté toute la beauté, la pureté, la sainteté et la puissance qu’une volonté humaine opérant dans la lumière du soleil peut contenir. Je veux entrer dans le bleu du ciel pour l’embrasser et donner à la Divine Volonté ma volonté opérante dans l’immensité des cieux et la multiplicité des étoiles, afin de donner à la Divine Volonté la gloire et l’amour d’un ciel et autant d’actes de profonde admiration qu’il existe d’étoiles. Et de cette façon, je suivais toutes les choses créées. » Mais en faisant cela, une pensée m’est venue : « Les choses créées n’ont pas de raison. Les choses créées sont des voiles qui cachent ce Fiat. Et avec la divine raison du Fiat – plus grande que si les choses créées avaient une raison – et par la puissance du Fiat, le Fiat domine les choses créées, maintient le parfait équilibre et s’adore, s’aime et se glorifie lui-même par lui-même. » Mais je pensais cela lorsque mon bien-aimé Jésus se fit voir et, me serrant entre ses bras avec tendresse, il me dit :

            Petite fille de mon divin Vouloir, ma Volonté est une. Bien qu’elle ait la vertu de dédoublement, elle se trouve à chaque instant en toute chose et en chaque acte de telle sorte que chacun peut l’avoir pour soi-même dans ses propres actes et dans sa propre vie. Mais ma Volonté ne perd pas son unité. Elle est toujours une. Et avec sa force singulière, elle maintient l’union, l’harmonie, l’ordre, la communication et l’inséparabilité là où elle règne et garde toute chose en elle-même en un acte unique. L’acte est un. Ma Volonté est une. Mais elle s’étend partout sans laisser ne serait-ce qu’un atome des choses créées qui soit privé de sa vie opérante et vivifiante. Ah oui ! les choses créées sont réellement des voiles qui cachent ma Volonté. Ma Volonté se voile de lumière. Et en s’étendant dans le soleil avec sa lumière, elle caresse les créatures, les embrasse, les réchauffe et les aime. Ma Volonté s’étend dans le ciel et fait des étoiles ses yeux pour regarder les créatures. Et les doux scintillements des étoiles sont des voix silencieuses qui semblent appeler doucement les créatures vers la Patrie céleste. Ma Volonté se déverse dans l’air. Et en l’emplissant totalement, elle se fait le souffle des créatures. Et en soufflant sur elles, ma Volonté se fait respirer pour donner la vie aux créatures. Ma Volonté court vers les créatures dans toutes les choses créées pour leur donner tous ses effets distincts, leur offrant son amour, sa vie et leur conservation. Mais l’acte est un. Une est la Volonté qui emplit la terre et le Ciel.

            Maintenant, ma fille, pour celle qui fait ma Volonté et vit en elle, lorsque cette créature accomplit son acte, elle attire en elle tous les actes que mon Fiat a pu faire et continue à faire. Ma Volonté attire la créature et l’acte de la créature dans l’acte de ma Volonté. Ainsi, en vertu de sa Volonté une, elle attire la créature dans le ciel, le soleil, l’air et toute chose. Et sais-tu alors ce qui se passe ? Ce n’est plus une Raison divine et une Divine Volonté qui remplissent seules le ciel et la terre, mais une autre raison et une autre volonté – une raison et une volonté humaines qui, se dispersant elles-mêmes dans la Raison et la Volonté divines, on peut dire alors que cela devient comme le voile des choses créées. Mais un voile qui a une raison et une volonté humaines sacrifiées et fusionnées dans la Raison divine et la Volonté divine. Alors, il arrive que mon Fiat ne se trouve plus seul à s’aimer, s’honorer et se glorifier lui-même dans les choses créées, mais qu’il y a maintenant une autre volonté – une volonté humaine qui l’aime, l’adore et le glorifie dans le ciel, dans le soleil et dans l’air ; en somme, partout où mon Fiat se retrouve et où il règne en chaque chose distincte.

            Ainsi, lorsque ma Divine Volonté attire en elle et dans ses actes la volonté humaine pour la faire aimer, adorer et glorifier avec l’amour, l’adoration et la gloire de ma Volonté, la créature, ne voulant vivre de rien d’autre que de ma seule Volonté, attire en elle tous les actes accomplis par ma Volonté et se rend capable d’aimer et de sanctifier comme une Divine Volonté sait aimer et sanctifier ; et la Divine Volonté étend son ciel et forme son soleil. En somme, ma Divine Volonté poursuit son art divin comme elle a commencé et continue à le faire dans la Création. Vois-tu alors ce que veut dire faire une chose dans ma Divine Volonté ? Et que ne pas le faire signifie perdre le soleil de ma Volonté, son soleil, son air, ses mers de grâce et son art divin ? Par conséquent, je veux toujours trouver en elle la petite fille de ma Divine Volonté.

34.  21 décembre 1930 — Triomphes de la Divine Volonté lorsque la créature se laisse façonner par le divin Fiat. Échange de triomphes des deux côtés.

          Mon envol dans le divin Vouloir continue. Il me semble que j’appelle le divin Vouloir parce que sinon, il me manquerait la vie du bien, la vie de l’amour, la vie de la lumière et la vie de la paix. Ma volonté humaine, se voyant seule, me donnerait l’assaut pour donner vie à mes passions. C’est pourquoi je crains tant d’être privée, ne serait-ce qu’un seul instant, du Fiat opérant en moi, car lorsque la Divine Volonté reste en moi, ma volonté humaine demeure cachée et n’ose pas bouger devant une Volonté si sainte et si puissante. Ainsi, j’appelle la Divine Volonté et elle m’aide à m’apporter ses actes pour que je la suive et lui tienne compagnie. Et comme le divin Vouloir a tout créé pour l’amour des créatures, lorsqu’il sent une créature près de lui et fusionnée en lui, il en éprouve tant de plaisir qu’il se sent payé de retour pour tout ce qui est sorti de ses mains créatrices. 

            Je suivais les actes de la Divine Volonté dans la Création lorsque mon doux Jésus se fit voir et, me regardant, il me dit : 

            Ma fille, combien il m’est doux de regarder une âme qui se laisse façonner par ma Divine Volonté. C’est un triomphe des deux côtés. Ma Volonté investit l’intelligence de la créature, et celle-ci se laisse investir. En somme, il se forme un accord des deux côtés. Ma Volonté forme alors son triomphe sur chaque pensée de la créature. Et la créature acquiert et porte en triomphe dans son esprit tant de pensées divines. Ainsi, ma Divine Volonté triomphe en donnant à la créature et en prenant possession de la créature. L’âme triomphe en la voulant et en la recevant. Alors, si la créature regarde, parle, si son cœur bat, si elle travaille ou si elle marche, ce sont toujours des triomphes de ma Volonté sur la créature, et la créature triomphe et prend possession de ces actes divins. Entre ces échanges de triomphes et de possessions se forment tant de joies et de bonheur des deux côtés qu’il t’est impossible de tout comprendre. Tu dois savoir que ce bien, le triomphe et la possession, apporte joie et bonheur lorsqu’il apparaît entre deux êtres. Un bien isolé n’a jamais rendu personne heureux. Le bien qui se sent isolé perd toute la beauté du bonheur. Ainsi, ma Divine Volonté cherche sa créature pour former ses triomphes afin de pouvoir former avec la créature ses joies et son bonheur sur terre.

35.  8 février 1931 — Accusations, calomnies, condamnation. La Volonté de Dieu coûte plus que sa Puissance. La Divine Volonté agit de deux façons : l’une volontaire et l’autre permissive. Ronde de châtiments que Dieu infligera à toutes les nations.

      Il y a quelque temps que je n’ai pas écrit parce que mon pauvre cœur est gonflé d’amertume au point de m’emporter dans les plus hautes vagues tempétueuses de souffrance et de profondes humiliations. Je n’avais pas la force de mettre sur papier une page de la période la plus douloureuse de mon existence ici-bas. Dans la véhémence de ma douleur, je répétais à notre Seigneur : « J’ai cherché un consolateur au milieu de tant de souffrances et je n’en ai pas trouvé ; un ami pour dire un mot en ma faveur, et je n’en ai pas trouvé ; plus encore, celui qui devrait me soutenir et me donner un souffle de courage, je l’ai trouvé changé comme s’il était devenu mon pire ennemi. » Ah, oui ! je peux bien répéter avec mon doux Jésus : « Une meute de chiens m’a entourée pour me mettre en pièces et me dévorer. » Je crois que les cieux ont pleuré sur mon sort, tout comme mon doux Jésus a pleuré avec moi bien souvent. Oh ! combien il est vrai qu’il ne reste que Jésus (avec l’âme) dans la souffrance et les humiliations. Les créatures sont bien présentes lorsque tout nous sourit et nous apporte gloire et honneur. Mais quand c’est le contraire qui arrive, elles s’enfuient et laissent la pauvre victime seule et abandonnée. « Ô Jésus ! mon très grand bien, ne me laisse pas seule dans cette douloureuse période de ma vie. Laisse-toi avec moi, ou prends-moi avec toi. Je t’en prie, aide-moi ! Aide-moi, ô Jésus ! »

            Et ce qui me tourmente le plus, ce sont les luttes que je dois soutenir avec mon doux Jésus. À cause de l’impression des volumes de la Divine Volonté, on m’accuse au Saint-Office de choses que je ne connais même pas. Je ne sais pas où mes accusateurs vivent ni qui ils sont, et ils sont aussi éloignés de moi que le ciel l’est de la terre. Il y a quarante-six ans que je suis alitée. On peut dire que je suis une malheureuse enterrée vivante. Je ne connais pas la terre et je ne me souviens même pas d’avoir eu un amour intéressé. Mon doux Jésus a toujours veillé sur mon cœur et l’a gardé complètement détaché. Que le Seigneur en soit remercié à jamais ! Ils ont calomnié au Saint-Office la visite du prêtre qui vient m’appeler à l’obéissance dans l’état de mes souffrances. Il y a donc eu des impositions et des interdictions. Un combat est ici engagé avec mon bien-aimé Jésus. Je le prie de me libérer, ou qu’il fasse tout lui-même ; c'est-à-dire qu’il me jette dans les souffrances et me libère quand cela lui plaît. Et Jésus, toute bonté, me dit : 

            Ma fille, crois-tu que je ne sois pas capable de le faire ? Je peux le faire ! Mais je ne veux pas. Pour moi, ma Volonté a plus de prix que ma Puissance. Je peux en un instant créer le ciel et la terre ; et l’instant d’après, les détruire. Telle est la force de ma Puissance. Mais en détruisant un acte de ma Volonté, ce que je ne veux ni ne peux faire, je détruirais l’ordre des actes de ma Volonté qui, de toute éternité, viennent de la stabilité divine. Ce serait agir contre ma sagesse, contre mes propres desseins et contre mon amour. Je n’agirais pas en Dieu, mais en homme qui change facilement d’idée selon que les choses lui plaisent ou lui déplaisent, selon ce qu’elles lui apparaissent et selon qu’il les aime ou non. Je suis l’immuable, et je ne change rien dans les desseins et les actes que ma sainte et Divine Volonté, dans sa haute sagesse, a établi d’accomplir. Je n’agirais pas alors comme Dieu en changeant seulement parce qu’ils ont voulu t’accuser de noires calomnies en se servant de leur autorité avec une malicieuse perfidie pour parvenir jusqu’au Saint-Office. (On en arrive là lorsqu’un mal a atteint un excès et que plus aucune autorité ne peut y remédier. Et c’est justement à cela que l’on peut reconnaître l’extrême perfidie de tes accusateurs.) Faudrait-il que je change mes voies et mes desseins que depuis tant d’années j’accomplis sur toi ? Oh ! si tu savais quelle douleur ils ont causée à mon Cœur qui, incapable de supporter la torture, m’oblige à frapper tous ceux qui ont participé à une aussi noire accusation. Et ne va pas croire que je vais le faire aujourd’hui. En temps et lieu, ma justice armera son bras contre eux. Personne, personne ne sera épargné. La douleur qu’ils m’ont causée est trop grande.

            Et moi : « Mon amour, si tu me laisses tomber (dans l’état de victime) et que tu ne m’aides pas à me libérer, qu’est-ce que je vais faire ? Tu ne veux rien changer à ta façon d’agir avec moi. Si les autorités, qui voient les choses différemment, n’acceptent pas ce que tu veux, comment vais-je le faire ? Au moins, assure-moi que tu vas m’emmener au ciel. Ainsi, toi et moi, et eux aussi, nous serons tous contents. Ne vois-tu pas dans quel labyrinthe ils m’ont placée ? Je suis l’accusée, la condamnée, comme si j’étais devenue la créature la plus méprisable sur terre et qu’une malédiction était tombée sur ma pauvre existence. Jésus, Jésus ! Aide-moi. Ne m’abandonne pas. Ne me laisse pas seule. Si tous ont la cruauté de m’abandonner, toi, Jésus tu ne me laisseras pas seule, n’est-ce pas ? » Ma douleur était si grande que j’éclatai en sanglots. Et Jésus, pleurant lui aussi, me dit :

            Courage, ma brave fille. Tu dois savoir que ma Divine Volonté opère de deux manières : l’une volontaire et l’autre permissive. Lorsque ma Volonté agit de façon volontaire, elle accomplit mes desseins, elle forme la sainteté. Et la créature qui reçoit cet acte volontaire de ma Volonté l’obtient entouré de lumière, de grâce et avec de l’aide. Rien ne doit manquer à cette créature fortunée pour pouvoir remplir cet acte volontaire de ma Volonté. D’autre part, ma Divine Volonté agit de façon permissive lorsque les créatures, avec le libre arbitre qu’elles possèdent, cherchent à lier les mains du Tout-Puissant, comme dans la situation présente où elles veulent changer les choses à leur façon et non comme moi je les ai disposées jusqu’à ce jour avec tant d’amour ; elles me contraignent ainsi à agir de façon permissive. Et ma Volonté permissive comporte justice et châtiment. L’aveuglement de tes accusateurs est grand, et qui sait jusqu’où ils iront. Je vais par conséquent agir avec ma Volonté permissive. Comme ils refusent la manière voulue par moi, je vais te suspendre de l’état de victime. Et ma justice, ne trouvant plus son soutien, va se décharger librement contre ces gens. Je fais la première ronde dans toutes les nations, si bien que très souvent je te suspends de l’état de victime parce que je te vois trop aigrie pour ma cause et par ce qu’ils veulent, et à cause de toute leur perfidie à ton égard, et parce qu’en te voyant si amère je n’ai pas le cœur de te jeter dans ton état habituel de souffrances que tu as reçues avec tant d’amour et que moi, avec un amour plus grand encore, je t’ai communiquées. Par conséquent, je vais passer par-dessus toi. Mais si tu savais ma douleur ; et dans ma douleur je continue à dire : « Ingratitude humaine, que tu es épouvantable ! » Je suis prêt pour la deuxième ronde de châtiments dans toutes les nations, répétant tremblements de terre, mortalités, phénomènes imprévus, maux de tous genres suffisants pour frapper de terreur et choquer. Les châtiments s’abattront comme un épais brouillard sur les gens, et beaucoup en resteront nus et affamés. Et lorsque la seconde ronde sera terminée, je commencerai la troisième. Et là où les châtiments feront le plus rage, les guerres et les révolutions seront plus impitoyables.

            Ma fille, je te recommande une chose : la patience. Oh, je t’en prie, ne me cause pas la douleur d’opposer ta volonté à la mienne. Rappelle-toi combien de grâces je t’ai accordées, avec quel amour je t’ai aimée pour gagner ta volonté et la faire mienne. Si tu veux me rendre heureux, assure-moi que jamais, jamais tu ne feras ta volonté.

            Et pour moi, assurant Jésus que jamais je ne veux faire ma volonté, les circonstances sont telles que je vis avec la crainte continuelle et qui m’empoisonne, de pouvoir tomber dans la grande disgrâce de ne pas toujours faire la Divine Volonté. Mon Dieu, quelle souffrance. Quel tourment pour mon pauvre cœur, d’autant plus que dans mon état inconstant, je passe des jours sans être dans un état de souffrance. Et maintenant, je suis torturée à l’idée que Jésus m’a quittée et que je n’aurai plus jamais le bonheur de le voir. Et dans ma peine, je répète : « Adieu, Jésus. Nous ne nous reverrons plus. Tout est fini. » Et je pleure celui qui était plus que ma vie. Je passe deux, trois jours dans cette torture. Et quand je me persuade que je ne tomberai plus dans cet état de souffrances, Jésus me surprend alors et me fait tomber dans les souffrances. Et je suis alors torturée par la pensée : « Comment serai-je obéissante ? » Ainsi, d’une manière comme de l’autre, j’éprouve tant de tristesse et d’amertume que je ne sais plus moi-même comment continuer à vivre. J’espère que mon doux Jésus aura pitié de ma souffrance et qu’il emportera sa pauvre exilée dans la patrie céleste. « Je te prie seulement, Jésus, de mettre fin à cette tempête. Par ta puissance, commande-lui de se calmer. Et en donnant ta lumière à ceux qui ont causé cette tempête, ils sauront tout le mal qu’ils ont fait et pourront se servir de cette lumière pour se sanctifier eux-mêmes. »

Fiat ! 

Nos cum prole pia
(Nous avec la progéniture pieuse)

Benedicat Virgo Maria
(Bénissez la Vierge Marie)