Située à l'extrémité Nord du territoire de Villiers-en-Plaine proche du village de Champbertrand, le Prieuré de la Dent est établie sur une éminence à la confluence de deux vallées sèches, les vallées de la Dent et de Faye. Il surplombe une source devenue plus tard fontaine. La Dent est en outre située à mi-chemin entre les bourgs de Coulonges-sur-l'Autize et de Villiers-en-Plaine, mais plus proches de Saint-Pompain et d'Ardin.
À proximité, le village de Monzais, siège d'une ancienne seigneurie, est attesté au moins dès le XIIIe siècle, et non loin de là, des fouilles archéologiques réalisées en 1999 à la Vallée de Faye, ont révélé une occupation au Néolithique mais aussi l'existence d'un établissement rural gaulois puis d'un habitat et d'un souterrain datés du XI° siècle environ
En plus de la présence d'une source, l'implantation ici d'un prieuré - qu'on trouve jadis écrit sous l'orthographe Ladent, la Dant ou la Dan - peut s'expliquer par sa position géographique à la croisée de divers axes de communication :
- le chemin antique dit de Chevaleret reliant Saint-Maixent à Fontenay-le-Comte, lequel passe entre Champbertrand et la Dent (axe Est-Ouest),
- un chemin de pèlerinage (axe Nord-Sud), démontré par la coquille Saint-Jacques figurant sur la cheminée du XVIe siècle du prieuré Saint-Laurent sis au bourg de Villiers-en-Plaine,
- le chemin de Benet à Ardin, deux bourgs importants, le premier commercial, en bordure de l'ancien golfe, et le second, où l'on frappait monnaie au Haut Moyen Âge et qui deviendra siège d'un archiprêtré.
XIIème Siècle
Fondation du prieuré sous Robert d’Arbrissel (mort en 1117) subordonné à l'abbaye de Fontevraud. Robert d’Arbrissel étant le fondateur de l'abbaye de Fontevraud en 1101. La spécificité de cette abbaye était qu'elle était mixte, l'ordre accueillant soit des moines soit des moniales. On a du mal a savoir si c'était des moines ou des moniales qui habitaient au Prieuré de La Dent
La Dent s’établit en la paroisse de la Plaine grâce à des donations de seigneurs de l’endroit, "Locum Dentis ex dono Giraudii de Sostei, Arberti filii ejus et Guillelmi de Roccaforti" (La place Dentis issue du don de Giraudi de Sostei, son fils Arberti et de Guillelmi de Roccaforti
Le Prieuré de La Dent semble avoir essaimé à la domus de la Bruère (proche de Faymoreau) antérieurement à 1194.
15 septembre 1119 Prieuré confirmé par le privilège de Calixte II.
On a trouvé une notice qui indique que Jean le Forgeron et son épouse ont donné sept sétérés de terre à la communauté de Fontevraud qui les a admis dans sa fraternité ; leurs enfants et plusieurs personnes de leur parenté et de leurs relations ont concédé et confirmé ce don de leur terre dont la localisation est précisée en fin d’acte. « Aimerici capellani de Dente » est témoin de la donation.
XIVème Siècle
1350 : un inventaire dressé par Guillaume (…) fait mention d’une petite cloche d’argent des reliques de Sainte-Catherine, d'un cristal contenant une dent de Saint-Laurent ainsi que des reliques de Saint-Blaise et de Saint-Antoine dans un cristal enchâssé d’argent
XVème Siècle
1411 Jean Guillepin gère le prieuré
1435 Frère Guillaume Tires est nommé gouverneur du Prieuré
1446 Frère Etienne Rerton est nommé gouverneur du Prieuré
1458 Le prieuré est Affermé, cela indique qu’à partir de cette date il devient une ferme gérée directement par l’abbaye de Fontevraud. Il n'y a alors sans doute plus de moine ou de moniale au Prieuré de La Dent.
1491 Frère Jean Chouches est nommé gouverneur de la Ferme
1480 Visite du lieu par le frère Jean Boucheron de l'abbaye
1499 Bail du moulin de la Dent à 100 sols, 2 chapons de rente. Le dit moulin est affermé à 120 livres en 1544.
XVIème Siècle
1544 La seigneurie de La Dent est affermée à 120 livres
1547 la maison noble de la Dent fait l'objet d'un devis de réparations, et plus particulièrement la chapelle dont le toit a besoin d'être refait à neuf, ainsi que les vitraux et la porte
XVIIème Siècle
1657 Mort du premier fermier connu de La Dent qui est Philippe Pouvreau, marchand dont la fortune lui permet de prendre à ferme des domaines puis de les sous-louer à un laboureur ou à un métayer. Noël et André Pouvreau lui succèdent comme fermiers. Ils sont remplacés en 1686 par Philippe Veillat, sieur de la chauverie
26 août 1699 Frère René Laurent, receveur et grainetier de l'abbaye de Fontevraud, et maître René Serin Le Jeune, agent de l'abesse, se rendent à la Dent pour une visite du domaine en présence de Philippe Veillat, le fermier, et de Pierre Breillat, un laboureur qui paraît prendre le domaine en sous-ferme.
Le notaire Birault relève trois écuries, dont une grande et une petite, une étable aux vaches et une autre aux bœufs, un toit à pourceaux, un toit aux poules, un toit à brebis (devant la chapelle), deux granges, deux fours, un grand et un petit, trois greniers, une boulangerie, une chambre haute, un autre grenier, une petite tour carrée, plusieurs chambres dont l'une est dénommée la grande chambre et une autre « la chambre noire », la plupart de ces chambres comportant d'ailleurs des « armoires de mur ». Dans la chapelle, qui est ruinée et à moitié démolie, on y découvre des ornements qui seront transportés par Pierre Breillat à Fontevraud, à l'exception « des chandelliers de bois quy estoyent à lostel quy se trouvent perdus par la ruyne de laditte chapelle». Quant à la fuye, c'est-a-dire le
pigeonnier, un des murs est éboulé ce qui fait que « les animaux destruisent les pigeons ». Enfin, la garenne, plantée d'arbres, a la plus grande partie de ses « murailles » renversée. Cette visite nous apprend également qu'il se trouve un cimetière sur les lieux. Du reste, le tout est loin d'être en bon état: « des poutres menacent ruines » et au moins trois poteaux les supportant sont signalés.
XVIIIème Siècle
1700 Les terres sont exploitées par la famille Breillat dont le chef est Pierre.
1764 Un état des lieux mentionne la maison noble principale dans laquelle se tiennent le fermier et ses métayers, composée de cinq chambres basses, une chambre haute appelée « la Sentinelle », des greniers au-dessus, trois écuries, un poulailler, une cave voûtée, un fourniou avec deux fours, un toit à brebis, une grande grange appelée « la grange du cimetière», la chapelle alors en masure auprès de laquelle il a été bâti un cellier, une autre grande grange, un toit à bœufs, et une fuye carrée
1789 Au début de la Révolution, le beau et important domaine de la Dent constitué de champs cultivés, de prés et de bois, est saisi sur l'abbaye de Fontevraud puis acquis de haute lutte le 14 février 1791 pour 83 000 livres par René-Augustin Majou, un avocat d
14 février 1791 Après avoir été saisi sur l'abbaye de Fontevraud, le domaines est acquis par René-Augustin Majou (avocat de Fontenay-le-Comte). En fait prête nom de Jacques Charlot à qui il revend la terre le 22 avril 1793
10 mars 1793 La Dent envoie les vingt huit sacs d’archives et deux liasses contenant les titres de la ferme au district de Nivre le 10 mars 1793
XIXème Siècle
14 octobre 1803 Jacques Charlot (ou son fils Hilaire) afferme le domaine pour 30 années à partir du 30 septemnbre 1804 à Louis Fauger et Jacques Hervé qui sont déjà les métayers.
1824 Le domaine de La Dent s'étend sur environ 121 hectares.
XXème Siècle
1926 Mis en service une station de pompage qui élevait l'eau jusqu'au réservoir de Chambertrand, d'une capacité de 300m3, pour alimenter le bourg de Villiers et les villages de Chambertrand et de Monzais.
1995 La station de pompage est fermée.
XXIème Siècle
Juillet 2022 Installation des 3 familles actuelles qui rebaptisent le projet du Prieuré en Prieuré Sauvage
Plan cadastral napoléonien, 1824, de Villiers-en-Plaine, La Dent, Deux-Sèvres. A.D. Deux Sèvres 3 P 352/17 G