Le double-discours gouvernemental face à la réalité

Les phénomènes climatiques extrêmes s'intensifient. Leur lien avec les modifications du climat global ne peut plus être nié. Selon le premier volet du sixième Rapport d’évaluation du GIEC, nombre des changements relevés sont sans précédent et certains phénomènes déjà en cours sont irréversibles sur des centaines ou des milliers d’années. «Ce rapport nous confronte à la réalité», a déclaré Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du Groupe de travail I du GIEC. «Nous avons aujourd’hui une image beaucoup plus claire du climat passé, présent et futur, ce qui est essentiel pour comprendre ce vers quoi nous allons, ce qui peut être fait et comment nous préparer.» (retrouvez le Communique de Presse de l'IPCC/GIEC du 9 août 2021)

Les dernières catastrophes en date ont durement frappé les populations à travers le monde et devraient nous commander à intensifier nos efforts :

  • pour lutter contre les causes du dérèglement climatique (atténuation)

  • pour anticiper et mettre en œuvre les dispositions et aménagements pour faire face aux conséquences désormais inéluctables (adaptation)

Nous préparons-nous comme il le conviendrait ? La réponse est non, selon plusieurs organes officiels et indépendants.

L'écart est grandissant entre les objectifs affichés par le gouvernement et les moyens mis en œuvre pour les atteindre.

"Trop d’incertitudes persistent encore sur la mise en œuvre des politiques publiques. Elles sont globalement trop peu alignées avec les orientations de la SNBC [Stratégie Nationale Bas Carbone] pour garantir l’atteinte des objectifs bas-carbone à l’horizon 2030."

"En l’absence de mesures supplémentaires en vigueur aujourd’hui et permettant de respecter la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le Conseil d'État [...] enjoint au gouvernement de prendre avant le 31 mars 2022 toutes mesures utiles pour atteindre l’objectif issu de l’Accord de Paris."

Le Conseil d’Etat a condamné l'Etat à payer une astreinte record de 10 millions d’euros pour ne pas avoir pris les mesures nécessaires afin de ramener les niveaux de pollution de l’air en dessous des normes sanitaires. L’essentiel de la somme est répartie entre des institutions capables de se substituer au gouvernement dans la politique de lutte contre la pollution de l’air (Ademe, Cerema, ANSES, INERIS, associations agréées de surveillance de la qualité de l’air, …).

Ces avis portant sur les émissions de gaz à effet de serre ou de polluants sont caractéristiques de l'insuffisance des actions d’atténuation.

Dans son rapport annuel 2021, le Haut-Conseil pour le Climat préconisait désormais de prendre une orientation forte dans ses nouvelles recommandations : « Les deux-tiers de la population française sont déjà fortement ou très fortement exposés au risque climatique. Les politiques d’adaptation doivent être rapidement développées, en complément des stratégies d’atténuation. »

L'adaptation consiste à prendre des mesures pour réduire les répercussions de l’évolution et de la variabilité du climat et ainsi réduire la vulnérabilité des systèmes naturels et humains.

Les domaines à couvrir sont nombreux : gestion des eaux, établissements humains et infrastructures liées, productions agricoles et industrielles, transports, santé publique, ... et sont à considérer nécessairement au vu des spécificités des territoires (ville, zones littorales, montagne, forêt, ...) ; en un mot, l'ensemble du cadre de vie des Françaises et des Français est concerné.

La puissance publique est elle suffisamment armée pour ce faire ?