Thématiques de recherche

Le laboratoire se situe au carrefour de trois disciplines : la statistique, l’économie et l’économétrie. Le but du laboratoire est de développer des modèles économiques, économétriques et statistiques, en vue de les appliquer dans des domaines d’intérêt aussi bien pour l’approche théorique qu’appliquée. Cet objectif est visé à travers trois branches de l’économie : l’économie industrielle, l’économie du travail et l’économie internationale. Ces trois branches interagissent et se complètent. Plusieurs projets de recherche sont menés au sein du laboratoire MASE.

Projet 1: Equilibre général et interactions stratégiques : modélisation théorique et applications.


Le but de ce projet est d'utiliser et d'améliorer un modèle d’équilibre général avec préférences verticales, déjà développé (KLLL(2017)), et de l’appliquer à des problématiques telles que : développement, éducation, globalisation.

L’approche est d’une part théorique avec l’établissement d’un certain nombre de propositions. D’autre part, nous allons tester quelques résultats théoriques sur des données réelles. Cette articulation théorie/empirique devrait in fine conduire à affiner la modélisation théorique et à fournir une base plus solide aux travaux empiriques. Il s'agit dans ce projet de généraliser le modèle KLLL(2017) selon plusieurs axes:


1)  Education: Ce travail considère le même modèle que KLLL(2017) à la différence que les travailleurs ont le choix soit de travailler dans la firme Monopole en se formant sur le tas (modèle sans université) soit de se faire former dans une Université (modèle avec université) avant de choisir de travailler dans la firme ou à l'université. La question est également de déterminer l'issue du vote entre le modèle avec et le modèle sans université, sous les deux structures de propriété limites: concentrée et égalitaire.


2) Relation entre concurrence et pauvreté: Nous partons du papier Kahloul, Lahmandi-Ayed et Lasram (2019) sur la pauvreté et la concurrence, dans le cas de deux structures de propriété extrêmes. Dans un premier temps, nous établissons les résultats en considérant une structure de propriété plus générale. Ceci conduit à des résultats plus riches. Il s’agit ensuite de tester ces résultats en utilisant des données réelles.


3) Privatisation: nous considérons un monopole public, c.-à-d. un monopole appartenant de manière uniforme à tous les individus. La question est sous quelles conditions la firme sera privatisée et à quel taux/prix. Les décisions sont prises à travers un vote majoritaire. Quand la firme est contrôlée par l’Etat, le prix de l’output est déterminé à travers un vote majoritaire. Autrement, le prix de l’output est celui qui maximise le profit. Nous avons déjà prouvé que, sous certaines conditions sur la dispersion relative des travailleurs par rapport aux consommateurs, la privatisation peut émerger comme un choix possible de la majorité, alors même qu’aucune hypothèse n’est faite sur l’efficacité relative d’une gestion privée par rapport à une gestion publique. Il reste à caractériser les résultats en terme de bien-être collectif.


4) Globalisation et démocracie: Nous appliquons le modèle KLLL(2017) au cadre international. Nous considérons deux pays identiques avec initialement une firme dans chacun. Les citoyens dans chaque pays doivent voter pour ou contre l’ouverture. L’ouverture signifie que chaque firme peut produire et vendre dans les deux pays. La décision d’ouverture n’est effective que si elle est prise par les deux pays. Nous prouvons que le choix entre ouverture et autarcie qui sera effectif est celui pris par la majorité du pays spécialisé dans la qualité basse, parce que les citoyens dans le pays de haute qualité votent toujours pour l’ouverture. Le résultat dépend alors de manière complexe de la structure de propriété dans le pays à faible qualité et de la dispersion relative des citoyens en termes de leur intensité de préférence pour la qualité par rapport à leur dispersion en termes de leur sensibilité à l’effort.


Projet 2: Politiques économiques et fonctionnement du marché du travail


Ce projet a pour but d’examiner les effets des politiques économiques (ouverture commerciale, gouvernance, développement financier, politiques actives de l’emploi) sur le fonctionnement du marché du travail et la création d’emplois. Il comporte quatre axes :


1) Ouverture commerciale et emploi: La relation entre la libéralisation commerciale et le marché du travail a suscité un grand débat dans la littérature. Ce débat porte essentiellement sur l’effet de l’ouverture commerciale sur la segmentation du marché du travail. Certains chercheurs ont montré que l’ouverture commerciale favorise la création d’emploi et l’amélioration des revenus. Cependant, dans certains pays, celle-ci peut engendrer une augmentation du taux de chômage, du niveau d’informalité et des inégalités salariales entre les travailleurs. L’objectif de ce travail est d’étudier l’impact des politiques de libéralisation des échanges sur le marché du travail, plus précisément sur l’emploi informel en Tunisie.


2) Développement financier et emploi: La croissance économique, l’investissement, les institutions et la réglementation du travail sont souvent identifiés parmi les déterminants les plus pertinents du fonctionnement du marché du travail. Mais depuis les années 1990, une série de contributions à caractère largement empirique a prouvé l’existence d’une intéraction entre la libéralisation financière, le développement financier et la croissance économique. Plusieurs études se sont intéressées de près aux mécanismes de cette interaction et ont prouvé son existence dans différents pays ayant différents niveaux de développement (Feldmann, 2013 ; Gatti et al., 2012 ; Feldmann, 2015). La recherche peut être étendue davantage en s’interrogeant sur la possibilité de distinguer entre l’effet de court terme du développement financier sur la création d’emploi et l’effet de long terme en supposant un réajustement de longue durée vers une relation d’équilibre entre les deux variables. Les mécanismes à travers lesquels le développement financier exerce des effets de court et de long terme sur la croissance peuvent aussi bien s’adapter à la relation finance/emploi.


3) Emploi, formation et politiques publiques: L’emploi et la formation  représentent une préoccupation majeure des politiques publiques et le garant du développement et de lutte contre la précarité des individus mais aussi des régions.  La mise en œuvre des politiques publiques entraine des coûts élevés, dont l’évaluation des impacts est indispensable. L’évaluation peut s’inscrire  dans le cadre ex ante (avant la mise en œuvre d’une mesure par les méthodes de simulation) ou dans le cadre ex post à l’aide des techniques économétriques et expériences contrôlées.

Les différentes études porteront sur des  données microéconomiques : A l’échelle nationale, les données de l’ONEQ, de l’ANETI, Enquête emploi de l’INS ; mais aussi mener des enquêtes au niveau des établissements de l’enseignement supérieur. A l’échelle internationale, les données de l’ERF (Economic Research Forum) pour mener une comparaison au niveau de la région MENA.

 


4) Ressources naturelles, gouvernance et emploi: L’objet de cet axe est d’analyser les différentes interactions qui peuvent exister entre les ressources naturelles, la gouvernance et l’emploi. De ce fait, les ressources naturelles et les produits de base qui en sont dérivés sont-ils bénéfiques ou néfastes à la croissance économique et au développement? Dans quelles conditions le commerce des ressources naturelles peut-il contribuer à la croissance économique ? Par quels mécanismes les produits de base dérivés des ressources naturelles peuvent-ils favoriser l’emploi ? De quels moyens d’action les pays dotés de ressources naturelles disposent-ils pour faire en sorte que les rentes tirées des produits de base servent mieux leurs efforts de croissance? Ce projet se veut une contribution au débat et s’ouvre sur le rôle de la gouvernance dans l’utilisation et la distribution des rentes provenant des produits de base. L’objectif est ici d’examiner si les relations  ressources naturelles - performances économiques d’un pays dépendent  de ses  qualités de gouvernance. Une attention particulière sera portée à l’emploi.


 

Projet 3: Efficacité des politiques publiques en matière d’environnement, de sport et de croissance et impact de la qualité institutionnelle, démographie et démocratie.


Le but de ce projet est d’étudier l’impact de la qualité institutionnelle sur l’efficacité des politiques publiques. Ce projet s’intéresse à différents domaines de décision publique : croissance, politique environnementale, économie du sport. Nous adopterons une approche à la fois théorique et empirique dans le but de valider nos propositions théoriques et mieux les affiner.  Les études lancées dans le cadre de ce projet seront dans la continuité de nos travaux antérieurs. En outre, nous allons nous intéresser  à un domaine négligé par les travaux économiques et principalement en Tunisie: l’économie du sport et l’impact des facteurs institutionnel sur les politiques publiques entreprises dans ce secteur et sur les performances réalisées. Les axes de recherche de ce projet sont comme suit:

1) Démocratie : Ce travail se propose d’identifier les déterminants du régime politique et l’impact de la qualité institutionnelle sur l’efficacité de ces régimes. 

2) Démocratie, égalité des genres et croissance  : Nous partons du papier Haffoudhi H. et R., Bellakhal (2020) pour creuser plus la question des déterminants du  niveau de démocratie d’un pays.

3) Transition démocratique et déficit publique : ce travail a pour objet d'analyser l'impact de la transition démocratique sur déficit public.  Il s’agit d’une étude d’impact en utilisant un modèle VAR et en mettant en œuvre des tests de racine unitaire récents avec de multiples ruptures structurelles et des techniques de cointégration à changement de régime. Ce travail étudie la relation entre le déficit budgétaire, le taux de change, l'inflation, le taux d'intérêt et le PIB réel, pour la Tunisie au cours de la période s'étendant sur du 2001T1 au 2017T4, en menant une comparaison des résultats du VAR simple et VAR avec ruptures structurelles afin d’analyser l'impact de la transition politique tunisienne sur le déficit.

4) Economie du sport : deux travaux sont envisagés: "L’influence des inégalités de revenu et de la qualité institutionnelle sur l’équilibre compétitif des ligues de football africaines." et  "La qualité institutionnelle et l’efficacité des athlètes tunisiens dans les compétitions internationales". Nous utiliserons la méthode DEA (data envelopment analysis).

5) Environnement, gouvernance et chômage:  Dans la continuité du papier Bellakhal et al. (2020), nous nous proposons de se focaliser toujours sur le cas des pays MENA pour analyser le problème du chômage. Nous essayerons de montrer que l’investissement en énergie renouvelable pourrait être une solution importante pour résoudre le problème du chômage dans cette région, vu le potentiel en main d’œuvre qualifié de certains de ces pays en plus du leur potentiel énergétique. En outre, nous stipulons que ce résultat est contraint par la qualité institutionnelle de la région.


Projet 4: Développement inclusif et relations internationales : Climat des Affaires et Compétitivité

Le but de ce projet est d’analyser le processus de développement économique et social et particulièrement le lien avec (i) les relations internationales, qu’elles soient économiques (commerce, investissements étrangers) ou géopolitiques (accords commerciaux, partenariats), (ii) le développement du secteur privé, et (iii) la compétitivité macroéconomique. Plus particulièrement, ce projet tentera de contribuer aux recherches et analyses sur les problématiques suivantes :