Traverser les Alpes du Léman à la Méditerranée : cela sonne comme un rêve d’enfant, irréel ! Lorsque nous croisions le GR5 au cours de nos randos à la journée, cette pensée incroyable vibrait en nous : vraiment, si je suis le chemin jusqu’au bout, j’arrive à la mer ? Un jour, on le fera ! C’était une certitude pour nous deux, mais qui restait nébuleuse : pas de quand, ni de où, ni de comment.
Amoureux de la montagne, nous partons chaque été en tente faire une rando de quelques jours depuis que nous vivons ensemble : quatre jours dans le Queyras en 2016, une semaine autour du mont Thabor en 2017. Dans une logique de progression rationnelle, nous envisageons les Ecrins pour 2018, en deux semaines. Dans l’optique de faire plus un jour ! On avait déjà dévoré les récits de randonneurs le long de la Via Alpina… C’étaient les Ecrins, comme un tremplin vers quelque chose de plus grand… Ou disons, vers de la randonnée comme une façon de voyager : pas seulement une expédition avec des étapes et du dénivelé en boucle, mais un décor qui change, une succession d’univers. Mais aussi, plus d’imprévus : dans nos tours précédents au Thabor et dans le Queyras, nous étions presque en autonomie totale, indépendants des ravitaillements et avec des solutions de repli toutes trouvées.
En décembre 2017, on a osé se l’avouer : pourquoi attendre, cet été est le bon moment ! On pouvait prendre quatre semaines de congés au mois d’août, pas de grosses échéances en vue : on était libres de réaliser un long périple ! Ce sera donc la traversée des Alpes françaises par le GR5 : pragmatiquement, c’était le maximum de ce qu’on pouvait faire en un mois, un défi sportif; mais oniriquement, c’était extrêmement fascinant ! Partir des alpages verdoyant de la Savoie, en traversant les massifs mythiques du Mont Blanc et le Vanoise; revenir dans la Clarée et dans le Queyras qui nous plaisent tant; avant de découvrir la rocaille du Sud avec le Mercantour; sans en louper une miette, juste en mettant un pied devant l’autre.
Dès janvier 2018, on s’est plongés à corps perdu dans le projet. On a lu tous les livres sur le sujet. Antoine de Baecque en tête avec son récit entre-coupé de l’histoire du chemin, mais aussi le livre photo de Denis Cardinaud et Christophe Pagès. On a farfouillé le web pour découvrir tous les récits de rando sur les forums, toutes les vidéos sur le GR. Les films de la RTS : Passe-moi les jumelles narrant une traversée en juin, ainsi que la série documentaire de quatre épisodes suivant le périple de 10 marcheurs, nous ont fait une forte impression. Nous aussi nous voulions vivre pareilles émotions et pareil émerveillement devant ces paysages somptueux. On a dû les regarder au moins trois fois ! Et quand on a eu connaissance du topo guide associé à ce projet, nous n’avons pas hésité une seconde à le commander pour 30 francs suisses !
Très vite, on a su que le poids du sac à dos serait la clef du succès, pour réussir à prendre plaisir pendant 26-28 jours consécutifs de marche ! Pour cela, le forum randonner léger a été notre meilleur allié ! Sans être des marcheurs ultra-légers, on a remis en question tout notre matériel : vêtements, nourriture, hygiène, couchage et sac à dos. On a beaucoup hésité, sur tous les points… Ça a rempli nos soirées à temps plein pendant deux trois mois ! Jamais on a autant fréquenté le vieux campeur, au point d’être capables d’identifier directement le bon magasin pour chaque produit !
En parallèle, on a étudié le parcours de façon extrêmement détaillée, en concevant les étapes en fonction des points de ravitaillement et des dénivelés. Nous avons décidé de partir de Saint-Gingolph et non pas de Thonon-les-Bains, afin de rentrer plus vite dans le vif du sujet. Pour la traversée de la Vanoise, nous délaisserons le GR5 pour le GR55 qui pénètre plus en profondeur dans le parc national. Et enfin, nous souhaitons finir à Menton via le GR52, pour découvrir la très sauvage vallée des Merveilles. Là encore, tous ces choix sont le fruit de pas mal d’heures de réflexion… nous avons donc accouché d’un magnifique drive, listant les lieux de bivouac et les villages et supérette rencontrés. On s’est assurés de ne jamais porter plus de trois jours de ravitaillement, pour ne pas trop alourdir le sac à dos. La plus grosse incertitude restait la traversée du Mercantour par le GR52, qui ne croise aucun lieu civilisé autre que les refuges que l’on sait surfréquentés à cette saison… Bon, on se dit qu’arrivés là-bas, on sera capables d’aviser sur le moment grâce à toute l’expérience nouvellement accumulée ! Dernier élément à prendre en compte : les parents d’Antoine et ceux de Lucie passent leurs vacances dans les Alpes, à quelques encablures du GR. Nous en profiterons donc pour faire étape chez eux, respectivement à Courchevel et à Guillestre.
En réalité, nous avons dû moduler un peu ce topo initial... et nous avons préféré terminer à Nice à cause des orages trop fréquents. Rendez-vous à la rubrique "Récit" pour en savoir plus :