Le texte suivant est un article de Michel CHAILLOU pour présenter une exposition du syndicat d'initiative de Roquevaire réalisé fin 1997 avec l'aide du Club Cartophile Aubagnais.
Un article de La provence retrace aussi cet évènement:
Est-t-il possible d'imaginer l'importance de I'arrivée du chemin de fer à Roquevaire ?
En France, un nouveau type de révolution s'est fait jour dans la seconde moitié du 19ème siècle. Les transformations les plus visibles, mais aussi les plus décisives, procèdent de l'évolution de l'économie et du début de la révolution industrielle.
La Loi du 11 Juin 1842 décrète et définit la construction du chemin de fer en France. Le Ministre de s Travaux Publics en expose alors les motifs:
"L'état c'est l'ensemble du royaume: les lignes gouvernementales sont celles qui le traversent d'une extrémité à l'autre, qui joignent le Nord au Midi, l'Est à l'Ouest, l'Océan à la Méditerranée"
En quelques décennies, les réseaux principaux se sont déjà mis en place pour relier ensemble les grandes villes et les régions industrielles. Les liaisons importantes pour notre région sont successivement mises en service:
1849: Paris-Lyon,
1852: Lyon-Avignon,
1855: Début des travaux de la ligne Marseille-Toulon,
1856: Le 10 Octobre, la ligne de Paris à la Méditerranée a été complètement terminée après la fin de la difficile traversée de Lyon.
Les demandes de raccord à ce réseau principal par des lignes secondaires se font de plus en plus présentes. La délibération du Conseil Municipal de ROQUEVAIRE du 2 juin 1856 appuie la demande de construction de la ligne d'Aubagne aux mines de charbon du Plateau de la Pomme:
"Chemin de fer de Marseille à Toulon, Projet à Aubagne d'une gare à grande proportion dans le but de faciliter le prolongement d'une chemin de fer vers Roquevaire et jusqu'au centre du vaste bassin de houille du plateau de la Pomme, qui de St Savournin à Trets contient environ 50 millions de m3 de lignite à exploiter, ... , comme aussi par l'écoulement sur les mêmes marchés des masses de plâtre de la vallée de l'Huveaune et des fruits et produits de toutes nature de ces contrées"
Mais cette ligne de chemin de fer ne pouvait pas seulement servir au seul transport des marchandises.
Louis NIEL, Sénateur, Maire de Varages, mais aussi maître de la Fabrique de Faïence de Pont-de-l'Etoile, s'exprime dans un document imprimé et daté de 1862 pour essayer d'éclairer l'opinion publique. Il critique le projet qui prévoyait de "construire cet embranchement uniquement pour les marchandises et non pour les voyageurs, afin d'établir dans les conditions les moins couteuses. Croira-t-on qu'au 19ème siècle, on propose des chemins de fer pour la matière inerte, tandis que l'homme, l'être intelligent ne pourra s'en servir ?"
Après étude par les géomètres, le tracé de la ligne est décidé en tenant compte des impératifs de la technique du chemin de fer. Il faut rechercher à tout prix la moindre pente de la voie, prévoir l'adoucissement des méandres pour contourner les collines et les ravins. Des ouvrages d'art sont nécessaires pour réaliser ce tracé qui amènera l'entreprise à excaver de profondes tranchées, percer des tunnels et construire un pont de structure mixte originale pour franchir la vallée, la route impériale et l'Huveaune.
L'entrée de la ligne de chemin de fer dans le territoire de Roquevaire à Pont-de-l'Etoile, et sa sortie à pont-de-Joux sont caractérisées par le franchissement des barres rocheuses orientées Est-Ouest qui nécessitèrent le creusement de deux tunnels. Après le franchissement du tunnel de pont-de l'Etoile, la longue ligne des remblais qui supportent la voie ferrée marque le paysage à la rupture entre la pente des collines et le fond des plaine de la vallée de I'Huveaune.
Dans cette partie du tracé, l'étude des dossiers de l'expropriation des terrains démontre que 20% de la surface étaient cultivés en câprières. La culture et le conditionnement des câpres, pendant des décennies ont contribué au renom de Roquevaire.
Après avoir franchi la route de Lascours, le tracé s'infléchit pour aborder la gare et amorcer le contournement du centre urbain de Roquevaire.
Tous ces ouvrages, grâce à leur qualité, se sont parfaitement intégrés aux paysages de Roquevaire qu'ils marquent encore. Mais qu'en est-il des hommes? Ce fut certainement un grand choc pour les habitants de Roquevaire de voir s'aménager cet important chantier. Un personnel nombreux, des gens de métiers aux techniques inconnues, des étrangers sont venus travailler, mais aussi vivre à proximité du village. L'entrepreneur principal Monsieur PIOT a lui-même vécu à Roquevaire. II laissa un tel souvenir que le maire de l'époque proposa à son conseil municipal de donner le nom de PIOT au boulevard qui devint la voie qui menait à la gare de Roquevaire.
Au 19ème siècle, I'arrivée du chemin de fer à Roquevaire a révolutionné les modes de transports et les relations entre les hommes. Le chemin de fer, vitesse et escarbille, fumée et joie de vivre. Ouverture enrichissante, le tourisme prenait naissance.
Les "Excursionnistes" Marseillais arrivaient par le train et suivaient les itinéraires des randonnées qui partaient des gares de Pont-de-1'Etoile et de Roquevaire.
Le Syndicat d'Initiative de Roquevaire a présenté, du 14 Novembre au 15 Décembre 1997 , une exposition de rétrospective sur la construction de la ligne de Chemin de Fer, d'Aubagne aux mines de charbon de Valdonne dans sa traversée de de Pont-de-l'Etoile à Roquevaire.
La reproduction de plusieurs documents de l'époque et de cartes postales anciennes éditées trés peu d'années après la mise en service de la ligne a montré tout l'intérêt de cette réalisation pour le développement agricole, industriel et économique de la Vallée de I'Huveaune.
Les membres du Club Cartophile Aubagnais ont mis à disposition de nombreuses cartes postales anciennes qui sont les témoins et la mémoire de leur temps. Ces cartes retracent I'incidence de I'arrivée du chemin de fer sur le mode de vie de nos aïeux au début de ce siècle.
Cette exposition prend sa place dans le patrimoine culturel de la Commune de Roquevaire.