Les crétins des Alpes


Voyage dans le temps

Entre vestiges du passé et problématiques actuelles ; comment le village de Geschinen s'est agencé autrefois et quel est son devenir ?


Nous avons choisi de présenter notre réflexion en suivant le discours d'Alfred Werlen.

Il est l'ex-propriétaire de la grange-écurie que nous avons étudié.

Nous avons eu la chance de discuter avec lui à propos du village et de ce bâtiment même.

Cette conversation a été très utile pour notre compréhension du village de Geschinen et de la grange-écurie.

Alfred Werlen devant son ancienne grange-écurie

Pour commencer, parlons un peu d'histoire.

Lors de notre discussion avec Alfred, il nous raconta qu'en 1999 une avalanche frappa le village, emportant avec elle une habitation et son habitant.

Avant de rentrer dans le détail de cette histoire, revenons quelques années en arrière pour mieux comprendre la manière dont ces dernières ont façonné la vallée.

Etudes environnementales

Avalanches

Lors de notre séjour dans la vallée de Conches, nous avons remarqué que la vallée était agencée d'une manière particulière : les villages sont tous espacés de quelques kilomètres les uns des autres. En analysant la carte des dangers d'avalanche, nous comprenons mieux pourquoi.

Carte des dangers d'avalanches dans la vallée de Conches

Carte des dangers d'avalanches dans le village de Geschinen

Carte de dangers d'avalanches pour le village de Münster

À l'échelle de la vallée, nous constatons que les risques d'avalanches expliquent ces espacements entre les villages : ce sont des zones à riques élevés de dévalement et il y est formellement interdit d'y construire.

En zoomant à l'échelle des villages, nous voyons clairement que ces derniers évolues dans la zone non exposé au risque d'avalanche et sont limités par les zones à risque élévée.

Nous pouvons faire une comparaison avec la carte des zones à batir, sur laquelle les zones ne dépassent pas les villages.

Carte des zones à batir de la vallée de Conches

Ouvrages de protection

L'histoire des ouvrages de protection commence après deux évènements qui ont marqué la Suisse et la vallée de Conches.

Le premier est l'hiver avalancheux de 1950 qui emporta la vie de 96 personnes. Le second est l'avalanche de 1970 à Reckingen qui a fait à elle seule 30 victimes.

Par la suite, de nombreux ouvrages de protection ont été construis au-dessus des villages alpins pour protéger les habitant·e·s. De plus, c'est aussi à ce moment là que des cartes, qui documentent le danger des avalanches et qui les recensent, commencent à réellement être faite et communiqué à travers la Suisse.

C'est donc entre 1950 et 1999 que les ouvrages au-dessus de Geschinen ont vu le jour.

Par ailleurs, la forêt au dessus du village joue aussi le rôle d'ouvrage de protection naturel

Ouvrage de protection de la vallée de Conches

Ouvrage de protection du village de Geschinen

Voici quelques exemples d'ouvrage de protection se situant près du village et dans le reste de la vallée.

Mais alors, pourquoi l'avalanche de 1999 à Geschinen emporta une habitation alors que celle ci ne se situait pas dans la zone à risque élevé ?

L'avalanche de 1999 était composée de trois avalanches consécutives. La première arriva jusque dans la zone bleu alors que la deuxième se termina quelques centaines de mètres au dessus de la première. Ces deux premières avalanches ont donc créer un amas de neige à côté du village, et lorsque que la troisième s'est déclenchée, elle n'a pas suivi le chemin habituel et s'est déporté sur la gauche, emportant l'habitation avec elle.

Carte recensant l'avalanche de 1999 à Geschinen (en marron)

(rose = risque élevé, bleu = risque moyen, vert = zone de forêt)

Photo aérienne de l'avalanche de 1999 à Geschinen

(trait plein = limite zone élevé, trait pointillé = limite zone moyen)

En réalité, ce malheureux évènement est une preuve que toutes ces nouvelles mesures ont été efficaces.

En effet, malgré la quantité de neige tombée et comparée aux antécédents, les efforts fournis ont été utiles. Toutefois, de nouvelles mesures ont, malgré tout, été prises dans le but d'améliorer la protection des villages :

Il a été choisi d'améliorer les infrastructures. En particulier, par le biais de rénovation des ouvrages existants.

De plus, des déclenchements artificiels d’avalanches contrôlées ont été mis en place et un point majeur a été placé sur la formation des secouristes.

Finalement, la vallée est particulièrement affectée par les avalanches qui tendent à être de mieux en mieux appréhendées. Depuis 1999 et jusqu'à aujourd'hui, aucun autre épisode tragique n'a été recensé prouvant l'efficacité des aménagements de protection.

Il est important de noter que ce n'est pas le seul facteur, il se pourrait que le rechauffement climatique ait son rôle à jouer. En réalité, nous trouvons de moins en moins de neige chaque année : les menaces d'avalanche sont donc réduites.

Cours d'eau

Comme toutes civilisations , les premiers·ères habitant·e·s arrivé·e·s dans la vallée de Conches ont choisi de s'installer proche d'un cours d'eau : le Rhône.

Comme cité lors de la présentation de Jana von Freyberg : "People live where there is water".


Danger des cours d'eau latéraux

Dangers liés aux cours d'eau latéraux dans la vallée de Conches

Dangers liés aux cours d'eau latéraux près de Geschinen

Le village de Geschinen est située à proximité d'un cours d'eau glaciaire mais ne se trouve pas dans une zone de danger.

En effet, le village est situé loin de la zone d'inondation du Rhône.

La décision de développer le village près de l'accès à l'eau mais un peu plus haut est stratégique ; elle le protège ainsi contre les risques sanitaires de la moisissure causée par l'humidité à la suite d'une inondation et d'autres maladies mais également des dégâts matériels causés par les crues.

Danger d'inondation par le Rhône pour la vallée de Conches

Danger d'inondation par le Rhône pour le village de Geschinen

Dans la vallée de Conches, les villages ont été construits près des nombreuses rivières provenant des glaciers.

Pour les habitants de la vallée, il est important d'être situé à proximité d'une source d'eau afin de pouvoir la retenir dans les fontaines.

En outre, cette eau peut être utilisée par les humains et les animaux.

Aménagement du réseau hydrolique vers Geschinen et Münster

À l'époque, grâce à ces cours d'eau, le seigle était moulu à l'aide d'un moulin hydraulique afin de produire du pain, qui était l'une des bases de l'autosuffisance de la vallée de Conches.

Le seigle est la seule céréale à cycle précoce qui peut supporter des hivers rigoureux et des étés secs.

Ce type de mouture est resté en vigueur jusqu'à la fin du XIXème siècle. Avec le temps, les moulins ont été démolis ou transformés.

Etude architecturale et constructive

Nous allons commencer notre analyse par une comparaison de l'apparence du village de Geschinen de la fin du XVIIème siècle jusqu'à aujourd'hui.

L'agriculture a été la profession principale des habitant·e·s de la vallée de Conches.

Cependant, ce n'est plus le cas maintenant. Les nombreux bâtiments construits dans le but d'accueillir bétails et foin sont aujourd'hui obsolètes et plus adaptés aux besoins de l'agriculture contemporaine.

La plupart de ces bâtiments sont donc voués à l'abandon ou rénovés en habitations.

Ce changement d'affectation amène à la question de la sauvegarde du patrimoine architectural vernaculaire.

Dans quelle mesure architectes et propriétaire sont libres de modifier le bâti selon leur envie et comment un village comme celui de Geschinen parvient à garder une identité culturelle et architecturale en modifiant l'utilité des bâtiments ?

Élévation de la façade sud-ouest

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Jointure du soubassement et du madrier

Escaliers extérieurs menant à l'étage

À l'origine, notre bâtiment est une double grange-écurie construite dans une symétrie remarquable. En effet, un axe de symétrie scinde la maison en deux depuis la panne sablière. Nous pouvons le voir sur l'élévation de la façade sud-ouest. Elle a un soubassement en maçonnerie et construit en madrier en bois équarri.

Comme toute grange-écurie, elle est composée de 2 étages : au rez-de-chaussée se trouve la grange pour le bétail et au premier, la grange à foin.


Deux ouvertures se trouvent au rez, ce sont les entrées pour les animaux.


L'escalier en bois extérieur mène à l’étage supérieur. Ils sont à l’extérieur par soucis de place.


Il y a un avant-toit, ce qui est assez inhabituel. Nous ne le retrouvons pas sur les autres granges-écuries et c’est très ingénieux puisqu'il évite le glissement et protège le bois des intempéries.


Ensuite, il y a le toit à pignon avec revêtement en tôle ondulée qui a été rénové. Les charges y sont réparties uniformément et valent 60 [kN/m]. Pour le toit, le vent y a un effet favorable alors il peut être négligé dans le calcul. La charge du toit est d'abord reprise par 3 pannes et ensuite reprise par la façade sud-ouest.


Des aiguilles sont placées de manière symétrique sur la façade de sorte à consolider la structure en madrier. Nous retrouvons aussi des aiguilles dans la façade sud-est.

Le rôle de la façade est donc de transmettre l'effort aux fondations, mais cela ne veut pas dire qu'on ne doit pas faire attention à sa construction et son dimensionnement.

Phénomène de flambage

En effet, comme elle reprend beaucoup d'efforts verticaux (neige, poids propre, charge utile), il faut veiller à qu'il n'y ait pas un flambage hors plan.

La charge critique est la charge maximale que peut reprendre une poutre et elle dépend soit des caractéristiques physiques et géométriques du matériau soit de la longueur de flambage de celui-ci.

À l'époque, on ne pouvait pas construire autrement qu'en bois, ainsi il fallait diminuer la longueur de flambage afin d'augment la résistance au flambage. Les menuisiers· ères de l'époque ont donc décidé d'ajouter un madrier empêchant la façade de flamber.

Efforts repris par la façade

Lors des calculs, nous n'avons volontairement pas pris en compte le poids propre car celui-ci aura comme effet de changer les valeurs des moments et des réactions d'appui, mais ils ne changent pas les formes des déformées ou des diagrammes des moments.

Efforts dans le toit

Efforts dans le plancher

Transmissions des efforts

Nous ne sommes pas en train de dimensionner le bâtiment mais bien d'expliquer l'acheminement des efforts, et le poids propre est aussi une charge qui est répartie.

À la fin, tous les efforts seront repris par les fondations. On peut donc voir qu'elles ont un rôle important dont on reparlera plus loin.

Élévation de la façade sud-est

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Détail de protection des poutres soutenant le plancher

Ouverture pour la ventilation du fenil

Sur cette façade, nous pouvons voir que la grange-écurie a été construite et incrustée dans une pente. Le soubassement est en escalier pour protéger le bois du madrier de l’eau et des parasites.

À l'étage, les charges sont réparties uniformément et valent 34.5 [kN/m].

Des bouts de bois équarris sortent de la façade. Ils font partie du sol et permettent au plancher du premier étage de s’encastrer dedans.

En réalité, les charges du plancher sont reprises par cinq poutres qui amènent les efforts à la façade, mais une simplification des calculs est envisageable car l'effort se répartit dans la façade de toute manière.

Nous pouvons le voir sur l’axonométrie des éléments horizontaux.

Axonométrie

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Axonométrie éclatée

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Ces bouts de bois sont eux-mêmes protégés par leur propres avant toit, les protégeant des intempéries.


Nous pouvons observer sur la façade sud-est plusieurs ouvertures qui permettent la ventilation des pièces.

Plans du rez-de-chaussée et du premier étage

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Sur les plans, nous observons le même traitement du sol : un plancher en bois d’un côté et un sol en pierre. Une rigole sépare les deux côtés permettant l’évacuation de déchets.

Ils sont organisés différemment. Sur le deuxième plan, on voit que les 2 côtés de cette grange-écurie suivent le même programme.

Coupe

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Trappe en hauteur pour remplir le fenil vue de l'extérieur

Fenêtre pour remplir le fenil vue de l'extérieur

La coupe montre les légères différences au niveau de l’étage supérieur.

En effet, nous observons que sur le côté gauche, il y a une petite trappe, qui permettait à l’agriculteur de remplir le fenil par le dessus en utilisant une échelle.

Rénovation

Lors de notre discussion avec Alfred Werlen, nous avons parlé de l'avenir de cette grange-écurie. Elle a été revendue dans le but de devenir une résidence secondaire. Nous nous sommes intéressé·e·s aux travaux qui pourront y être fait.

Tout d'abord, comme le toit a été rénové et a été remis en bon. Cependant il est nécessaire de revoir son isolation.

Les fondations en pierre et en chaux devront être remplacées par du béton facilitant ainsi l'installation de l'eau et du courant.

Il faudra combler les ouvertures par des fenêtres ou du bois. Néanmoins, il n'est pas nécessaire de les redimensionner car elles ne reprennent aucun effort, mais ça pourrait être plus agréable.

L'avant-toit doit être dimensionner pour répondre aux normes ELU et ELS, principalement due à la charge de neige.

Le plancher doit être refait pour répondre à l'ELS. En effet, la flèche d'une planche peut atteindre 5,2 cm. Nous pouvons la réduire si les propriétés physiques et géométriques du matériau changent. Par exemple si on remplace la planche en bois par une planche en métal, on obtient une flèche maximum de 3.6 mm.

Il est aussi envisageable d'ajouter une poutre pour réduire la portée.

Schéma des flèches

Rénovation des bâtiments : regard d'ingénieur

Après avoir vu comment les efforts sont transmis du toit au sol, nous pouvons comprendre comment des rénovations doivent être faites et pourquoi.

Tout d'abord, on remarque que se sont principalement le toit et les fondations qui sont rénovées, et cela par des moyens modernes pour les fondations et plus traditionnelles pour les toits. En effet, les toits doivent reprendre des charges importantes de neige et ils s'usent plus rapidement à cause de l'eau (érosion, gel), du soleil, du vent, etc.

Afin de garder un style d'époque, le bois est toujours utilisé pour rénover les toits, par contre on a opté pour du béton dans les fondations pour les fondations pour sa meilleure résistance à la compression. Le béton ayant une résistance de 30 [MPa], il permet une meilleures sécurité structurelle que de la pierre mélangé avec de la chaux qui a une résistance d'environ 15 [MPa], soit de moitié. Les fondations reprennent tous les efforts, le béton permet de répondre aux normes.

Le dimensionnement du toit et des fondations est assurée par des normes (SIA, SZS, …), notamment par l'ajout de facteur de sécurité pour l'état de limite ultime (ELU) et l'état de limite de service (ELS).

Pourquoi ne rénove-t-on pas le reste ?

La façade transmet principalement les efforts, et si on passe d'un entrepôt à une habitation, elle transmettra moins d'effort (selon SIA 261 : surface stockage : q = 5 [kN/m^2] alors que surface habitable q = 2 [kN/m^2]).

Ne pouvant rentrer dans les bâtiments rénovés, on ne peut que supposer que des aménagements intérieur ont été entrepris pour satisfaire aux ELS.

Grange-écurie rénovée en habitation

La structure et l'enveloppe initiale reste la même.

Cependant, les portes en haut des escaliers sont devenues des fenêtres. La toiture a été refaite pour une meilleure étanchéité ainsi que la partie supérieure en respectant le style vernaculaire, bien que la couleur du bois choisie dénote fortement de l'original. Nous y voyons une superposition de plusieurs époques.


En général, l'identité du bâtiment est sensiblement respectée et conservée.

Les modifications apportées sur ce bâtiment sont d'une autre ampleur et d'un autre genre.

Bien que la façade nord ait conservé son allure originelle, l'extension ajoutée côté sud brise les codes. Il y a une forte volonté de changer l'essence de la grange-écurie traditionnelle par l'utilisation de matériaux comme le métal de la structure annexe.


Ce bâtiment hybride détonne avec le reste du village.

Raccards et greniers

Dans les rues de Geschinen

La majorité des raccards et greniers du village, contrairement aux grange-écuries, sont protégés et ne peuvent être rénovés et réaffectés en habitation.

Cette protection permet de garder un héritage architectural intact et préserve l'identité du village.

Enquête socio-culturelle

Démographie

"La population ici est vieillissante. La plupart des habitants du village sont des retraités. Peut-être une vingtaine de personnes travaillent dans l'industrie à Brig ou dans les champs de la vallée et il n'y a que 4-5 enfants", nous affirme Alfred, ancien paysan du village, maintenant retraité.

La plupart des habitations sont des résidences secondaires (détenues principalement par des Zurichois et des Lucernois). Ce genre de logement ne participe au développement du village que de façon saisonnière et il semble que la plupart des bâtiments déjà construits sont destinés à cette fin (exception faite pour les raccards et greniers car soumis à la loi de protection du patrimoine). La loi sur l'aménagement du territoire (LAT) limite la construction de nouvelles résidences secondaires, raison pour laquelle l'expansion du village est limitée.

Il est raisonnable de penser que le village ne connaitra pas une explosion démographique dans les années à suivre car il reste relativement éloigné de Brig (ville la plus proche (~35km)) et que cette dernière devrait plutôt être concentrée dans les agglomérations. Cette croissance modérée voir nulle est due a des limites physiques (espace disponible, dangers d'avalanches, etc.) mais surtout une réelle volonté institutionnelle et locale de préserver une taille modérée, comme nous l'a affirmé le maire de la commune de Goms.


Tourisme: lien entre culture et économie

Dans les rues du village de Kippel

Lors de notre séjour, nous avons visité le village de Kippel, dans la vallée voisine du Lötschental. Il est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

C’est un village où la culture y est très développée au travers des fortes traditions et coutumes alpines. Il y règne un aspect original et préservé.

En effet, nous y retrouvons une architecture vernaculaire particulière.

Lors de la conférence au musée du Lötschental, nous avons appris que, jadis, la situation économique y était mauvaise par rapport à la vallée de Conches, dont les habitants avaient un certain pouvoir politique dans toute la vallée du Rhône. Au fur et à mesure des années, le tourisme a réussi à s'implanter à Kippel, principalement grâce à la culture populaire et les masques Tschäggättä mais également grâce aux remontées mécaniques facilitant l'accès aux sommets voisins et la pratique du ski.

Masques traditionnels dans le musée du Lötschental

Le développement de l’art populaire s’est fortement fait en raison de l’isolement du village dans la vallée, permettant ainsi de créer une multitude d’histoires, de légendes et de mythes.

La richesse culturelle a permis au village d’évoluer et de prospérer, tout en préservant les traditions vivantes.

Contrairement à Kippel ou d'autres villages de la vallée du Rhône, Geschinen ne compte pas nécessairement augmenter ses infrastructures dédiées au tourisme. Faute de place ? De fonds ? D'envie ?

Masques traditionnels dans le musée du Lötschental

Conclusion

L'industrialisation de la production et la mécanisation de l'agriculture sont des facteurs qui ont mené à un exode rural et une urbanisation. La désertion des villages alpins ainsi que l'abandon du métier d'agriculteur·rice/éleveur·euse ont donc modifié le bâti de ces villages, ou du moins l'usage qui en est fait. À l'image des bovins marqués au fer rouge, les bâtiments de ces villages gardent la trace d'un passé où l'architecture était fonctionnelle, répondant à certaines nécessités liées au mode de vie des habitant·e·s, alors même qu'elle n'a plus d'utilité dans le contexte actuel.

Malgré le temps qui s'écoule et une population toujours grandissante, certains éléments restent inchangés, marquant la volonté des habitant·e·s et des autorités de préserver un héritage architectural vernaculaire considéré comme important. Aujourd'hui, les granges-écuries n'ont dans l'ensemble guère changés d'allure mais accueillent des Homo Sapiens plutôt que du bétail ou des chevaux. Le foin est stocké ailleurs et le grain également. Les villages gardent leur allure d'antan, mais changent de l'intérieur.

Et demain ? De nombreux bouleversements climatiques sont sans doute à venir et des flux migratoires importants par la même occasion. L'eau et la température modérée seront recherchées comme de l'or et la vallée de Conches, entourée de glaciers massifs, pourrait devenir un nouvel eldorado... qui sait ?