Les Fanfics

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Dessin réalisé par Catka

Lupopote

Another EloIce story - The Saddest part of me

Eloise se laissa glisser le long du mur, après avoir enfin endormi Max et Léo, qui sont nés il y a à peine 3h…

Le silence de la pièce contraste avec l’eau de la douche qui coule dans la pièce d’à côté, où Ice s’est réfugié, il y a 5 minutes après avoir laissé Eloise en train de bercer leurs fils, avec sa douce voix. Eloise est épuisée par son accouchement, mais quelque chose d’autre la préoccupe, et ça depuis le moment où elle a su qu’elle était enceinte.

Elle se bat depuis le début de sa grossesse pour ne pas sombrer, mais son micro accident de tout à l’heure juste avant qu’elle accouche à raviver en elle, un traumatisme qu’elle ne peut plus cacher. Elle sent son cœur se serrer et sa respiration s’accélérer, c’est comme si elle suffoquait…

Elle a l’habitude des crises d’angoisse et de panique, elle a vécu toute son enfance avec, mais depuis son arrivée à Los Santos, elle en avait presque plus, et depuis qu’elle est avec Ice, elle n’en faisait plus, il était son remède secret, c’était comme si son amour la guérissait de tout. Mais ce soir, le retour à la réalité était violent pour Eloise, elle essaya de se concentrer sur sa respiration pour calmer son angoisse mais rien n’y fait, son corps est tremblotant, elle a des sueurs froides qui lui glacent l’échine et des larmes qui se sont mise à dévaler son visage sans qu’elle ne puisse les contrôler. Elle est tétanisée par la peur, elle essaye de se canaliser sur sa douleur en fermant les yeux, mais des images lui reviennent en tête et la fait éclater en sanglots.

Comment pouvait-elle être la mère de deux adorables bambins après ce qu’elle avait vécu dans le passé, après ce qu’elle avait fait ? Comment vivre avec la mort d’un fœtus sur le dos, comment cette enfant de 5ans a pu détruire en un seul mot un petit être grandissant qui n’avait rien demandé ?

Les flash-backs étaient violents dans la tête d’Eloise, elle sursauta quand Ice posa sa main sur son épaule, elle sortit quelques secondes de sa torpeur, elle vit, dans les yeux écarlates de son mari, une inquiétude naissante et une peur qui la pétrifia encore plus.

Comment un des chefs de gang réputé pour son regard glaçant et le fait qu’il n’exprime jamais ses émotions, pouvait d’un seul coup être aussi vulnérable ?

Sans qu’elle n’ait le temps de comprendre, Ice la souleva dans ses bras et la descendit dans le salon, prenant le soin de prendre au passage le babyphone afin de ne pas laisser les bébés sans surveillance bien évidemment.

Il dépose délicatement sa femme sur le canapé et part chercher quelque chose dans la cuisine. Eloise est livide, elle sent tous ses muscles se crisper de douleur à cause de son angoisse. Ice revint 5 secondes plus tard avec un verre d’eau, il lui tend, mais quand Eloise voulu attraper le verre, elle a vu que sa main tremblée énormément alors elle la referma immédiatement. Elle la ramena vers elle à la vitesse de l’éclair, espérant que son mari n’est pas vu les secousses que lui fait subir son corps, en vain puisqu’Ice posa toute suite le verre d’eau sur la table basse et mit ses mains sur les siennes. Il fait des cercles avec ses pouces sur ces poings pour tenter de calmer ses tremblements.

Eloise se balance d’avant en arrière pour tenter de soulager ses pensées et son agitation. Ice inquiet, de voir sa femme dans cet état, brise le silence pour essayer de comprendre ce qu’il se passe.

-       Mon cœur, calme-toi, je suis là…

Ice tire Eloise contre lui, sa femme niche sa tête dans le creux de son cou, il la soulève légèrement pour mettre son corps chevrotant sur ses cuisses. Elle entoure ses bras autour de ses épaules et le sert aussi fort qu’elle peut, comme si sa vie en dépendait. Il la berça tendrement alors qu’elle éclata en sanglots. Les larmes dévalaient ses joues comme un ruisseau, et inonda le t-shirt de son conjoint. En plus de tout cela, Eloise fut prise d’un terrible hoquètement qui faisait chanceler tout son corps.

-       Mon cœur dit Ice impuissant, il ne savait pas quoi fait pour l’aider.

Il déposa alors des milliers de baisers sur sa tête et caressa son corps tout en la berçant en lui disant qu’il était là et qu’il ne bougerait pas tant que ça n’irait pas mieux…

Ils restèrent un long moment comme ça, Ice guettait, de temps à autre, le babyphone mais, les jumeaux dormaient miraculeusement à poings fermés. La tête d’Eloise s’était logée naturellement contre la poitrine de son mari, elle entendait son cœur battre à un rythme régulier, elle cala sa respiration sur son rythme cardiaque et réussi à calmer son angoisse.

Après de longues minutes, Ice reprit la parole.

-       Ça va ?

Eloise détourne son regard vers les flammes de la cheminée et balbutia un « je suis désolée », Ice toujours aussi inquiet, pris le visage de sa femme entre ses mains pour qu’elle le regarde.

-       Arrête de t’excuser, pas avec moi, je vois bien qu’il y a quelque chose qui te bouleverse. Laisse-moi t’aider, dis-moi ce que je peux faire…

-       Tu ne peux pas répond Eloise perturber par ses démons

-       Laisse-moi essayer

Il caresse sa joue, il se sent impuissant et chancelant, il sait qu’il y a un truc qui cloche chez sa femme, mais il n’a aucune idée de comment l’aider, il fait alors la seule chose qui lui semble bonne à ce moment pour l’encourager à lui parler de son mal-être.

-       Je sais au moins une chose, c’est que tu es la femme la plus forte que je connaisse, tu as cette chose en toi, qui fait bouger le monde. Regarde comment tu fédères toute l’île, rien qu’avec ton journal, les gens adorent votre travail au Salt et c’est en partie grâce à toi. Parce que tu donnes du cœur à l’ouvrage, et n’as pas peur de défendre tes idées et tes opinions. Je ne sais pas ce que serait ma vie sans toi. Je bénis chaque jour, l’ange gardien qui t’a mis sur mon chemin, parce que tu me fais vivre, tu me donnes une bonne raison d’être encore là au lieu d’être six pieds sous terre. Nos enfants ont de la chance de t’avoir comme mère, parce que je sais qu’avec toi, ils seront en sécurité et aimé…

-       Non…

-       De quoi non ?

Eloise se redresse brusquement et regarde Ice avec une émotion indéchiffrable. La culpabilité l’envahit et l’étouffe, elle réussit cependant à répondre avant que son angoisse qui renaît, lui coupe la chique de nouveau :

-       Je ne pourrais jamais être une bonne mère…

-       Mais mon amour, tu ne te rends pas compte que tu l’étais déjà avant même la naissance de nos fils. Regarde comment tu veilles sur mes Vagos à chacune de tes visites au tieks, tu es douce et d’une bienveillance envers les gens, mais tu es aussi une lionne quand on s’en prend à tes proches, donne-moi une bonne raison qui prouverait le contraire.

-       J’ai… J’ai tué un enfant sans défense Ice, je suis un monstre !

-       Quoi ?

-       Je suis un monstre, tu comprends…

Eloise fond de nouveau en larmes, Ice ne voulant pas qu’Eloise se referme sur elle-même comme elle sait bien le faire, il la force une nouvelle fois à le regarder en tournant son visage vers lui, caressant sa joue pour la rassurer.

-       Raconte-moi Eloise, dis-moi pourquoi je devrais croire que tu es monstre…

Eloise renifla puis ses yeux se perdirent dans le vide, elle inspira profondément pour se donner du courage, pour raconter toute la vérité à son mari.

-       Tu te rappelles quand je t’ai dit que mes parents avaient démantelé un Cartel…

-       Oui

-       Je ne t’ai pas vraiment comment il avait réussi à le faire, mais pour te résumer un peu la chose, ma mère a infiltré le Cartel del Mariposa, en faisant ses preuves pour ne pas éveiller les soupçons, elle a en plus de cela fait tomber dans ses filets, le chef du Cartel qui est tombé amoureux d’elle en un rien de temps. Cela faisait six mois qu’elle était infiltrée et donc peu présente pour moi. C’est mon père qui m’élevait avec l’aide de ma grand-mère dans une petite ville de Colombie, proche de la capitale. Ma mère passait en coup de vent quand elle pouvait. On m’avait fait comprendre qu’il fallait que je fasse semblant de ne pas connaître ma mère si on était en ville. En plus de cela, ma mère avait appris qu’elle était enceinte, ce qui avait bouleversé un peu ses plans mais, elle avait fait croire que l’enfant était du chef du cartel et l’a supplié de le garder, étant fou d’elle, il ne pouvait rien le refuser. Mais un jour, alors que je venais tout juste de sortir de l’école maternelle avec ma grand-mère, j’ai vu ma mère de loin, et dans un élan, j’ai crié « MAMAN » avant de lui atterrir dans ses jambes pour lui faire un câlin.

Eloise s’arrêta pour réprimer un sanglot, Ice lui caressa le dos, elle continua

-       Mais bien évidemment, ma mère était accompagnée du Cartel, ils ont toute suite compris la supercherie, je venais de griller la couverture en quelques secondes. La colère du cartel fut immédiate, ils nous ont kidnappées tous les trois, nous emmenant dans le lieu plus proche de nous, c’est-à-dire ma maternelle. C’est là-bas que j’ai assisté à la torture de ma mère, j’avais seulement 5ans, et j’ai vu ma mère se faire frapper. Mais ne voulant rien dire ma mère n’a fait que subir pour nous protéger moi et sa mère. J’étais terrifiée, il y avait du sang partout, le visage de mère était tuméfié, elle gardait quand même le silence, jusqu’à ce que le chef lui mit plusieurs coups de couteau dans le ventre en lui disant qu’elle méritait pas de porter son enfant, enfin si s’était bien le sien et qu’elle méritait de voir mourir tout ses enfants, il allait venir me prendre pour me tuer mais par chance, le SWAT est rentrée à ce moment là et les agents ont neutralisé le cartel en moins de temps qu’il en fallait pour dire ouf. Un des hommes de la brigade nous fit sortir, moi et ma grand-mère, les médecins sont rentrés pour s’occuper de ma mère qui était inconsciente. Ils ont pris toutes les précautions possibles pour stabiliser ma mère sur la civière puis ils l’ont installé dans l’ambulance, gyro et sirène hurlante pour l’emmener au plus vite à l’hôpital. Mais malgré tout les efforts des médecins, ma mère a perdu son bébé. J’ai tué ma sœur/mon frère ce jour-là. Le choc fut tellement fort pour moi, que je me suis plongée dans un mutisme toute mon enfance et adolescence. Je suis devenue journaliste d’investigation pour que mes parents soient fiers de moi et pour qu’un jour qu’ils me pardonnent d’avoir tué leur enfant…

Eloise avait tout déballé, elle prit le verre d’eau sur la table basse et l’engloutit d’une traite et elle ajouta :

-       Comment veux-tu que je sois une bonne mère pour nos enfants alors que j’en ai tué un, cette grossesse a été un calvaire pour moi parce que j’étais partagé entre l’envie de mourir pour ne pas leur faire subir ma nullité mais il y avait ce sentiment contradictoire qui me criait de ne pas faire ça, parce que ces enfants sont aussi les tiens. Toi, mon âme-sœur qui méritent tellement plus que ce je peux t’offrir ? De toute façon, même si j’avais voulu avec tout les accidents que j’ai eu pendant ses 8 semaines, nos enfants sont fait de titanes…

Ice ne dit rien, il était choqué par toutes les révélations que sa femme venait de lui faire, comment l’amour de sa vie pouvait-elle vivre avec cette culpabilité qu’il la ronge depuis tant d’années alors que rien n’est de sa faute ? Il la serra fort contre lui, et la couvera à nouveau de baiser. Eloise sentit quelque chose lui mouiller la tête, elle s’écarta un instant et remarqua immédiatement que son mari était lui aussi en larmes. Le voir pour la première fois comme ça, lui fit un choc, elle s’empressa à son tour de lui essuyer les larmes qui inondaient ses joues.

-       Je suis désolée mon cœur, je ne voulais pas te faire du mal…

-       Arrête de t’excuser, arrête de croire que c’est toi le problème, tu n’avais que 5 ans Eloise, 5 ans ! Comment tu peux penser ne serait-ce qu’une minute que tout ça est de ta faute ! Ce sont tes parents l’erreur pas toi ! Ce sont eux qui n’ont pas su te protéger comme il faut. Quelle idée de mettre une petite fille de 5 ans dans une histoire de Cartel, en te faisant croire que c’est normal que ta mère ne soit pas présente pour toi et qu’il faut l’ignorer quand tu la vois en dehors de la maison. Non ce n’est pas comme ça que ça marche dans la vraie vie, ils n’ont fait que te mettre en danger toi, tout ça pourquoi ? Pour récolter la rançon de la gloire en démantelant un cartel super mais, à quel prix ? Tout ce qu’ils ont réussi à faire c’est de te briser, de te mettre en tête que c’est toi le problème alors qu’en vérité, ce sont eux tout seuls qui ont amené à l’abattoir le futur enfant !

 

Les mots d’Ice sont durs mais, ils résonnent chez Eloise comme des paroles saintes. Elle s’était toujours demandé pourquoi le destin avait décidé de mettre un homme comme lui, qui était tout le contraire dans ce que ses parents auraient voulu pour elle. Elle comprit enfin, que ce n’était pas hasard, il était son sauveur, il lui avait déjà appris à aimer, car tomber amoureuse n’avait jamais été dans ses plans, mais il lui avait apporté toute la couleur qu’elle n’avait pas eue durant dans son enfance sombre. Il était sa lumière et aujourd’hui encore, il vient de lui prouver une nouvelle fois qu’elle ne pouvait qu’être encore plus amoureuse de lui. Elle l’embrassa tendrement, laissant ses mains caresser ses cheveux encore légèrement mouillés de sa douche récente. Ils se retrouvèrent front à front après ce doux baiser.

-       Merci

-       Pourquoi ?

Eloise releva son regard vers lui

-       Pour tout, pour m’avoir choisi, pour ne pas m’avoir abandonné, pour m’avoir fait comprendre tout ce que je ne voulais pas voir, pour me supporter moi, mes lubies, mes hormones et mes peurs, pour être là avec moi, à toujours chercher à me rassurer… Je ne comprends toujours pas pourquoi tu es avec moi, pourquoi un homme comme toi aussi formidable et surprenant est avec moi…

-       Tu te rappelles du « jusqu’à ce que la mort nous sépare », je t’ai choisi ce jour-là toi et personne d’autre, et ça sera toujours toi contre le reste du monde ! Enfin toi et nos fils maintenant

-       Nous contre le reste du monde mais, et si nos fils me trouvaient nulle ?

-       Mon cœur, tu n’es pas tes parents d’accord ? Ils t’aiment déjà si fort regarde comment ils ont réussi à s’endormir en un rien de temps juste avec ta voix.On fera sûrement des erreurs, personne n’est parfait Eloise, on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve mais, tout ce que je sais, c’est que si c’est avec toi, je suis sûr que tout ira bien.

-       Je t’aime Ice si fort, tu le sais ?

-       Moi aussi Eloise plus que tout.

Ils s’enlacèrent tendrement tout regardant la vidéo du babyphone qui montrait leurs deux nouveaux amours de leur vie, qui dormaient paisiblement dans leur berceau. Eloise et Ice avaient toutes les deux peurs du futur, mais s’ils étaient ensemble, rien ni personne ne les arrêterait. 

Koneko

EloIce

[...] Tu vas payer pour ce que tu as fait ! Toi et ta famille vous allez regretter de m’avoir manipulé ! Je vous retrouverai et ça ne sera pas beau à voir ! [...]

Une fois de plus, je me réveille en sursaut, recouverte de sueur et le cœur battant à la chamade. Cela fait des années que ce cauchemar me hante, mais depuis quelque temps, il survient de plus en plus souvent. 

Après plusieurs minutes, j'ai réussi à me calmer quelque peu. Je regarde sur ma gauche ; il parait si paisible quand il dort, je pourrais rester là à le regarder dormir pendant des heures. Je n’ose même pas bouger de peur de le réveiller et qu’il quitte cet état de bien être dans lequel il se trouve actuellement. A chaque fois que mes yeux se posent sur lui, je me rends compte à quel point il m’est indispensable. Depuis notre rencontre, je ne vois plus ma vie sans lui ; c’est fou comme une personne peut prendre autant d’importance en si peu de temps. Pourtant je sais ce qu’il fait, je sais qu’il est du mauvais côté de la barrière, mais il est tellement différent quand il est avec moi, il devient une toute autre personne. Parfois j’aimerais que tout le monde le voit comme moi je le vois. 

Après ces quelques minutes perdues dans mes pensées, je décide de me rapprocher de mon mari et de me faufiler dans ses bras. Malgré toutes mes précautions pour ne pas le réveiller, celui-ci entrouvre légèrement ses yeux et tourne la tête pour plonger son regard rouge perçant dans le mien. Il me regarde pendant plusieurs secondes, qui me paraissent une éternité, puis il finit par ouvrir la bouche et prononce avec sa voix rauque du matin : 

- Bonjour ma chérie ! Bien dormi ? 

- Bonjour mon cœur ! Hum … oui j’ai bien dormi ! Je ne peux que bien dormir quand tu es près de moi. 

Je sais que je ne devrais pas lui mentir, que je peux tout lui dire, qu’il essayerait de me rassurer, de me réconforter, mais il a déjà tellement de choses à gérer, tellement de problèmes. Je ne veux pas l’ennuyer avec des futilités pareilles. Et puis j’ai envie qu’on profite un peu des moments calmes comme celui-ci car avec nos emplois du temps, on a parfois du mal à se retrouver rien que tous les deux. S'ensuit quelques câlins et discussions banales, puis on se décide enfin à sortir du lit, où nous étions pourtant si bien. Après un bon petit déjeuner et une douche bien chaude, je dis au revoir à Ice qui a des obligations avec les Vagos en ce début de journée. C’est toujours un moment compliqué pour moi de le voir partir, car je sais que ce qu’il fait avec son groupe peut être très dangereux. Heureusement il me donne régulièrement des nouvelles, et puis je sais que je peux compter sur Lexi pour m’en donner également. Ils sont vraiment devenus ma famille en si peu de temps ; je sais que je peux compter sur les Vagos et eux ils peuvent me faire confiance parce que je ne ferai jamais rien qui pourrait les mettre en danger. C’est un peu pour ça que j’évite un maximum de leur parler de mes problèmes. 

Une fois Ice parti, je regarde mes quelques appels et messages manqués, puis je sors ma Issi Sport et me dirige vers une boutique de vêtements. Je ne sais pas pourquoi mais ce matin j’ai envie de refaire ma garde-robe. Et puis il faut dire que je ne prends pas souvent de temps pour moi, donc c’est l’occasion comme je n’ai pas de rendez-vous de prévu pour le moment. Pendant une petite heure, je parcours les boutiques aux quatre coins de la ville sans réellement trouver mon bonheur. Je rentre finalement dans une ultime boutique en espérant trouver des vêtements qui me plaisent. Mais, j’ai à peine le temps de passer la porte que je reçois un appel d’Emilie. Je me demande bien ce que me vaut ce coup de fil, habituellement, c’est moi qui vais directement la voir au LSES suite à mes multiples péripéties. Je décroche mon téléphone et la voix de mon amie me parvient aux oreilles. 

- Salut Eloïse, hum… comment ça va ? 

- Ben écoute ça va super, je me fais une petite session shopping. 

- Heu… tu pourrais venir au LSES le plus vite possible ? 

- Ça va Emilie ? Qu’est-ce qu’il se passe ? 

- Je préfère t’en parler de vive voix en face à face plutôt qu’au téléphone … 

- Heu… d’accord. J’arrive de suite ! 

Je n’aime pas du tout ça, généralement Emilie a un ton doux, joyeux, là elle ne semblait pas bien du tout, elle paraissait inquiète, désemparée. Sans vraiment l’avoir remarqué, mon cœur s’est mis à accélérer ; ses battements sont de plus en plus rapides. Je quitte la boutique, rentre dans ma voiture et fonce jusqu’à l’hôpital. Je conduis vite, très vite. C’est comme si mon pied ne voulait pas lâcher la pédale d’accélération. J’ai un mauvais pressentiment, je sens que quelque chose de grave à eu lieu. Mais quoi ? J’allais bientôt le découvrir, et malheureusement, j’avais vu juste … 

A peine ai-je mis un pied dans le hall du LSES que la jeune médecin se dirige vers moi. Elle semble angoissée, son regard est craintif. Elle arrive à ma hauteur puis me dit d’une voix tremblante. 

- Il s’est passé quelque chose de grave Eloïse… Les Vagos ont eu une altercation avec un autre groupe. 

Je regarde autour de moi, et effectivement, les Vagos sont là, tous réunis dans un coin du hall. Mais je ne comprends pas bien ce qu’il se passe, contrairement aux dires d’Emilie, les Vagos certe ne sont pas dans leur meilleure forme, mais rien d'alarmant non plus. Voyant mon air confus, mon amie continue.

- La plupart des membres vont plutôt bien, juste quelques légères blessures, mais dans l’ensemble ils s’en sortent bien. Par contre… 

Je vois qu’elle a du mal à continuer, elle avale difficilement sa salive. Tout en l’écoutant, mes yeux étaient en train de scruter les Vagos, et j'ai mis très peu de temps à remarquer que mon mari ne se trouvait pas avec les autres membres de son gang. Je pris donc la parole pour la première fois depuis que j’avais franchi la porte de l’hôpital. 

- Emilie, il est où Ice ? Je ne le vois pas avec les autres. 

Elle se figea instantanément, et c’est seulement à ce moment-là que je compris que la mauvaise nouvelle concernait sûrement Ice. La médecin réussit tout de même à reprendre ses esprits. 

- Je suis désolée Eloïse, je n’ai pas de bonne nouvelle concernant ton mari. Il a reçu plusieurs balles mal placées, il a perdu beaucoup de sang et pour le moment il est inconscient. Je ne peux pas te promettre qu’il se réveillera car il est très faible, mais je te promets que je vais tout faire pour. 

Je n’entends même plus ce qu’elle me dit, je crois que mon cœur a cessé de fonctionner, j’ai l’impression de m’étouffer, de m’éteindre. Tout devient flou autour de moi, j’entends qu’on me parle mais je ne comprends rien, c’est comme si j’étais en train de quitter mon corps. Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi ; plusieurs secondes, plusieurs minutes, je ne sais pas, le temps s’est arrêté. 

Puis d’un coup je me retourne, je regarde la porte d’entrée et je cours. Je cours jusqu’à ma voiture qui se trouve sur le parking. J’entends qu’on m’appelle, mais je veux juste partir, partir loin de ce cauchemar. Je monte côté conducteur et j’appuie de toutes mes forces sur l’accélérateur. Je ne sais pas où je vais, je conduit presque à l’aveugle, mon téléphone sonne en boucle mais je suis incapable de décrocher. Je roule sans destination, sans but, mais inconsciemment je me retrouve au phare, ce fameux phare, là où tout a commencé. 

J’arrête le moteur de la voiture et c’est seulement à ce moment-là que je remarque que mes yeux et mes joues sont inondés de larmes. A cet instant précis, je suis dans un tourbillon d’émotions incontrôlables. Je me décide à quitter la voiture pour me diriger vers le ponton. Je ne sais pas si c’est à cause du froid de novembre, ou à cause de la nouvelle que je viens d’apprendre, mais je sens mon corps trembler. 

Une fois arrivée au bout du ponton, et dans un élan de folie, je plonge dans l’eau, plus rien n’a d’importance, je veux juste atteindre ce phare, c’est devenu mon seul objectif. Je ne ressens même pas le froid de l’eau, je ne quitte pas la tour lumineuse des yeux. Après quelques minutes d’effort, je parviens à atteindre mon objectif. Je me rends précisément à l’endroit de notre premier rendez-vous, là où sans le savoir, j’avais pris un tout autre tournant dans ma vie que celui que je comptais prendre au départ. 

Je suis assise à même le sol, celui-ci est d’ailleurs très froid. Mon corps tremble énormément, il faut dire que ce n’était peut-être pas très malin de plonger dans une eau glacée en plein mois de novembre, mais je voulais absolument me trouver ici. J’ai l’impression d’être dans un rêve, ou plutôt un cauchemar. Un cauchemar pire que celui qui me hante depuis des années, un cauchemar pire que tout ce que j’aurais pu imaginer. Je veux me réveiller, oublier ce que je viens d’apprendre, je veux revenir à ce matin quand on était dans les bras l’un de l’autre, dans notre bulle d’amour, rien que tous les deux. J’ai tellement froid, je ne sens plus mon corps, je regarde mes mains, elles deviennent de plus en plus violettes. J’ai du mal à bouger, par contre ma respiration s’est calmée, elle est même étrangement lente. Je sens que mes yeux luttent pour rester ouverts, mais ils se ferment de plus en plus. J’ai à peine assez de force pour essuyer une énième fois mes joues humides. Plus les secondes passent, plus ma vue baisse, je n’ai plus la force de rien, je me laisse tomber sur le sol, au pied de ce si beau phare. 

Mes yeux finalement complètement fermés, je me raccroche aux bruits qui m’entourent ; les vagues qui viennent s’écraser sur les rochers, les mouettes qui survolent le phare, et puis les battements de mon cœur que je sent résonner en moi, mais qui ralentissent au fil des minutes qui passent. Tout à coup, un autre bruit parvient jusqu’à mes oreilles, un bruit de moteur de voiture. Petit à petit, j’entends des voix se rapprocher de moi, les voix sont de plus en plus claires et j’arrive à reconnaître certains Vagos. J’essaye d’ouvrir les yeux, d’ouvrir la bouche, mais mon corps ne me répond plus, je n’ai plus de force pour faire le moindre effort. Et puis c’est le trou noir… 

Un bruit de bipeur régulier résonne dans mes oreilles, il est accompagné des chuchotements de plusieurs personnes. Pour la première fois depuis un long moment, j’arrive à entrouvrir mes yeux. Je remarque que je me trouve dans un lit d’hôpital, branchée à plusieurs machines, d’où le bip incessant. Je me racle la gorge pour indiquer aux personnes présentes dans la pièce que je suis réveillée, des paires d’yeux se tournent immédiatement vers moi. Quelques membres du groupe de mon mari se trouvent face à moi, j’imagine que si je ne suis plus au phare mais dans ce lit, c’est grâce à eux. Ils me fixent, j’essaye de lire en eux, de distinguer leurs émotions à travers leur regard, j’ai l’impression de déceler du soulagement mais avec tout de même un soupçon d’inquiétude. Après de longues secondes, Lexi prend la parole. 

- Eloïse ? Ça va ? On a eu extrêmement peur tu sais ? Pourquoi t’es partie toute seule là-bas ? On est là pour te soutenir tu sais ? Tu t’en rends peut-être pas compte mais tu fais partie de notre famille, et une famille ça se soutient dans les bons comme dans les mauvais moments. Et notre famille se soutient encore plus quand il s’agit de notre Jefe. On est là pour toi et on le sera toujours, on a fait une promesse au Jefe. 

On ressent dans sa voix tout l’amour qu’elle porte à sa famille, j’aime les voir soudés, j’aime me dire que ces malfrats qui, face aux autres paraissent si froids, si sanguins, si violents, peuvent se montrer doux et rassurants avec moi. J’aimerais répondre à Lexi, lui dire que tout ce qu’elle vient de dire est réciproque, mais je ressent une telle pression sur ma poitrine, aucun son ne sort de ma bouche, c’est comme si ma voix m’avait abandonné. Je décide tout de même d’attraper son bras afin de la tirer vers moi pour la serrer dans mes bras. Mon geste la surprend quelque peu car elle met un certain temps avant de me rendre mon étreinte. 

Après une longue attente, les médecins me font quelques petits check up et je peux enfin sortir de ce lit d’hôpital. En passant dans les couloirs, je capte une partie de conversation entre deux médecins. 

- [...] oui, il est réveillé [...] 

Je reconnais Jarod, qui dès qu’il remarque ma présence, s’approche de moi. Je sens qu’il n’est pas content de me voir dans cette situation, mais ce n’est pas pour mon incident qu’il vient me voir. 

- Je suppose que tu as entendu notre conversation ? Oui, Ice est réveillé Eloïse, mais il est encore très faible, il a ouvert les yeux et légèrement bougé. 

Toujours sans un mot, je suis Jarod qui se dirige vers la chambre de mon mari. La porte s’entrouvre et je le vois allongé sur le lit, ses gestes sont lents et à chaque mouvement, son visage se crispe. Ça me fait tellement de mal de le voir dans cet état, lui qui est d’habitude fort, combatif, impassible face aux autres, se retrouver complètement vulnérable. C’est à cet instant précis que je me rends compte que l’homme de ma vie n’est pas immortel comme j’ai pourtant l’habitude de le qualifier. 

Ice finit par tourner la tête vers moi, son regard s’est comme illuminé, et malgré la douleur, son visage arbore un sourire, ce sourire qui m’a fait craquer lors de nos premiers rendez-vous. Je m’approche doucement de lui, je pose délicatement ma main sur sa joue, comme pour vérifier qu’il est bien là, que ce n’est pas un rêve. Non sans difficulté, et en laissant échapper un grognement de douleur, il lève son bras pour attraper le mien et me tirer vers lui. Nos lèvres finissent pas se rencontrer. Cette sensation m’avait tellement manquée, j’avais eu si peur de ne plus jamais pouvoir toucher sa peau. 

Avec quelques difficultés, on finit par se séparer, mais j’en veux plus, je veux être au plus près de lui, je veux le serrer contre moi pour être sûre qu’il reste auprès de moi. Je décide de monter sur son lit afin de me glisser dans ses bras. Je veux ressentir la chaleur de son corps, sentir son torse se soulever et s’abaisser au rythme de sa respiration, entendre les battements réguliers de son cœur en posant ma tête sur lui. Une bulle s’est formée autour de nous, plus rien n’existe, il n’y a que lui et moi dans cet univers si sombre et cruel qui nous entoure. Je pourrais passer ma vie entière dans cette position, une vie entière dans ses bras qui me paraîtrait encore trop courte. Une éternité ne suffirait pas à assouvir mon besoin d’être près de lui, il est comme une drogue pour moi, une addiction dont je n’ai nullement envie de me débarrasser. Sans lui, plus rien n’a de sens. Je ferme les yeux pour profiter un maximum de ce moment, je passe un bras autour de lui et je le serre encore plus contre moi, peut-être même un peu trop car un gémissement s’échappe de sa bouche. Je tourne ma tête vers lui, nos regards se croisent et nos yeux se plongent les uns dans les autres. 

- Je t’aime Ice… 

Depuis l’annonce de l’état de mon mari, je n’avais pas prononcé un seul mot, mais dans ses bras, c’est comme si ma voix était revenue comme par magie, comme si rien que sa présence avait réussi à ma libérer du poids immense qui m’empêchait de prononcer le moindre mot. Je n’attendais rien en retour, je voulais juste qu’il sache que je l’aimais et que j’étais là. Mais il mis peu de temps avant de me répondre. 

- Moi aussi je t’aime Eloïse, si tu savais à quel point je t’aime… 

Chaque mot était une souffrance, mais il avait pris sur lui pour les formuler à voix haute. Le voir dans cet état me brisait le cœur, mais au moins il était vivant et c’est tout ce qui m’importait. Nous sommes restés un long moment couchés dans ce lit, Ice discutant, non sans difficulté, avec les Vagos présents, et moi, toujours contre lui à les écouter parler. Il allait falloir que je m’habitue à ces moments difficiles, car j’avais choisi d’être avec lui, d’être avec un chef de gang qui risquait sa vie à chaque seconde. Il allait falloir que j’apprenne à profiter de chaque instant avec ma nouvelle famille et à oublier le passé. 

GranmounLélé & Emeliiineuh

Chapitre 1 : Un retour inattendu

Imaginez un monde, où une certaine personne ressortait de l’ombre, d’un passé maintenant laissé de côté. Qu’est-ce qu’il se passerait, si dans une réalité alternative, Mike Ashman revenait à la surface ? Qu'est qu'une toute petite personne pourrait provoquer dans la vie d’Éloïse Flinch ?

Chapitre 1 : Un retour inattendu

Ice encore une fois injoignable…

Éloïse, journaliste d’investigation à temps plein, ne faisait jamais dans la demi-mesure. Elle avait tendance en ce moment à brûler la chandelle par les deux bouts. À cela s'ajoutaient les tentatives de pression du gouvernement et autres services de police qui n’avaient de cesse de critiquer Salt Paper parce qu’ils n’étaient pas capables de faire mieux. Elle avait du mal à se déplacer, c’est sûr, deux petits poussins ça prend de la place. Elle corrigeait donc son troisième article de la journée, lorsque son téléphone sonna. Elle avait reçu un message d'un numéro anonyme.

“ Alors on s’est inquiété ? J’attends mon argent moi… ”

Après un moment de réflexion, elle envoya rapidement : “Bonjour, je ne comprends pas qui êtes vous je vous prie ?” Et revint sur son article. 

“ On dirai que Madame à la mémoire courte… C’est ça la vie de château. ” 

Bien qu'intriguée, elle reçut en même temps un appel pour assister à une perquisition. Laurent gérait un event et les appels à Ely et Lohan restèrent sans réponse. L’info n’attendait pas ! Elle s'extirpa, non sans peine, de son canapé et fila à l’adresse indiquée par le procureur. 

Sur le chemin, elle entendit une course poursuite, rien de surprenant à Los Santos. Son regard fut alors attiré par le type de voiture, c’est marrant une Issi sport rose est traquée... Un soupir lui échappa à ce souvenir lointain… Presque d’une autre vie. 

Cette minute d'inattention avait suffi. Tout était sombre, le feu n’était pas encore vert ? Après ce vertige, elle reprit conscience tout endolorie. Elle était une fois de plus entrée en collision avec un autre véhicule au milieu du carrefour. Tandis qu'elle essayait d’atteindre son téléphone, une douleur fulgurante la traversa au niveau du ventre, au point de lui couper le souffle. 

Elle récupéra le téléphone et tenta de joindre Ice une nouvelle fois. Il décrocha et rappliqua illico tout en s’inquiétant au téléphone. Ses gars s’occupaient de la Issi et lui, filait à toute allure vers le BCES avec sa femme. 

La grossesse était presque à terme, la douleur de plus en plus forte. Alors, quand la future mère était, encore une fois, sur un lit d'hôpital à écouter les sermons des médecins, elle pensa que ce qu'elle avait entendu, enfin ce qu'elle avait cru entendre, était une hallucination auditive. Ça devait être Martin, qui d’autre ? Mais lorsque quelqu'un répondit à un médecin que chez La Mano, il devait y avoir une drôle d'ambiance. Parce que bon, un membre de ton gang qui se barre on ne sait où, qui sait ce que le chef peut en penser. Éloïse vit ses doutes méchamment se confirmer. Elle avait bien entendu un médecin dire qu'il avait vu Mike Ashman. Le Mike qui avait disparu depuis des mois et que tout le monde avait cherché. 

La voix du gynécologue n'était devenue qu'un bruit de fond, un ronronnement constant pendant que les rouages du cerveau d'Éloïse tournaient sans cesse. Quand était-il revenu ? Comment ? Comment allait-il ? Comment avait réagi Kallista ? Les innombrables questions sans réponse n'allaient pas demeurer longtemps. Car on parlait d'Éloïse Flinch… Et là, le message. Ce message, qui d'autre aurait bien pu l'écrire ? Qui d'autre pouvait parler avec autant d'insolence dans une situation aussi anormale ? Ou alors elle se faisait des films. Ce message était, ça se trouve, juste une personne qui espérait avoir un retour sur investissement de Salt, et elle avait mal compris le nom de famille de ce Mike, du genre Mike Portman ? Thorgal ? 

Elle fonça alors sur son téléphone et n'entendit pas son mari lui demander ce qu'elle faisait alors qu'elle envoyait un message à Jade. 

“ Jade, j'ai entendu une rumeur à propos de Mike… ”. 

Quelques secondes plus tard, elle reçoit un appel de Jade Flak. 

“ Éloïse, qu'as tu entendu ? 

- Je sais pas, des gens auraient vu Mike… 

- Parce qu'il est revenu… 

- Quoi ? Quand ? 

- Je sais pas. 

- Et il a dit quoi ? 

- Je peux pas te dire Éloïse… Il ne parle pas beaucoup. 

- OK… Et Kallista le sait ? 

- Je sais pas. ”

Ni plus, ni moins, Éloïse n'avait pas eu plus d'info que ça. Elle repensait alors à ses SMS qu'elle avait envoyés pensant qu'il ne les verrait jamais. Elle repensait à toutes ces fois où elle s'était demandé ce qu'il devait vivre, dans quel endroit il était, pourquoi il était parti… S'il était au moins encore en vie. 

Elle reprit alors conscience de la présence de son mari. Il avait écouté la conversation, comme toujours… Il attendait qu'elle réagisse, qu'elle dise quelque chose… 

“ Mike est revenu. 

- Ashman ? 

- Oui 

- Et alors ? 

- Faut que je le vois… Tu me connais première sur l’info ! 

- Hum hum. 

- Qu’est-ce qui il y a ça t'embête ? 

- Pourquoi ça m'embêterait… Tu fais attention, chérie ? 

- Bien sûr ! ” 

Après examen, tout allait bien, normal en fin de grossesse d’avoir des douleurs, etc. Après les dernières remontrances du médecin, soutenu par Ice, elle prit les clés de la GTO et une fois seule, appela le numéro inconnu auteur des mystérieux sms… Pas de réponse. Mais elle reçut dans la foulée, une position GPS. 

Plus elle s’approchait de la position indiquée, plus la route devenait impraticable. La GTO n'étant pas adaptée, il était beaucoup trop compliqué de poursuivre l’ascension avec elle. Sa Issi, elle, aurait mieux supporté la route. Alors Éloïse dut finir à pied, le ventre de plus en plus tendu, sa précieuse charge se faisant sentir dans son dos et dans ses jambes. Ses muscles n'étaient pas prêts à une telle randonnée. Malgré tout, elle arriva quand même au sommet, et vit une silhouette dans l'ombre du coucher de soleil. 

Elle eut un choc quand en levant ses yeux, elle apercu sa silhouette et cette araignée si reconnaissable sur la joue gauche, il était toujours bien habillé, avec un gilet noir sur une chemise. Ou peut-être bien qu'elle avait confondu avec un coup de pied d'un des bébés. Mike avait enfin tourné la tête au son des pas de la jeune femme. 

“ Bah alors on a du mal à monter ? ” 

Mike avait toujours ce petit sourire en coin, accompagné de ce ton railleur et condescendant qui donnait envie de lui enlever à force de baffes. Un sourire sans réelle joie. Il n'avait pas l'air d'avoir changé, ce qui était plutôt mauvais signe en fait. Il était parti des mois à l'extérieur de l'île, n'avait donné aucun signe de vie, et revenait comme s'il était prêt à embêter de jeunes arrivants à l'arrière des supérettes pour quelques informations. Il lui avait bien évidemment donné rendez-vous à un endroit quelque peu difficile d'accès pour une femme à 8 mois d’une grossesse gémellaire. Mais Éloïse était une journaliste avant tout, prête à n'importe quoi pour assouvir la machine qu'était son cerveau, face à pareille nouvelle. Le regard de Mike effleura à peine le ventre volumineux d'Éloïse. Est-ce qu'il avait déjà cette information avant de la faire monter jusqu'au mont Gordo ? Peut-être. On ne pouvait pas vraiment dire qu'Éloïse cachait par-dessus tout sa grossesse. Néanmoins quand même, en si peu de temps ? 

“ Alors combien de pare-brise ? Commença-t-elle. 

- Moins que ton nombre de pâmoisons je suis sûr ! 

- On compte encore ? De toutes les façons, c’est ta parole contre la mienne !

- Tu sais que je peux avoir l’info quand je veux. D’ailleurs la jeune journaliste que tu étais a vite grimpé les échelons à ce que je sache ! Maître dans l’art des infos ?

- C’est que j’ai été à la bonne école. 

- Un compliment ?

- École de journaliste bien entendu.” Éloïse souriait, son ami lui avait manqué. Même si beaucoup de choses entre-temps avaient changé. Ça faisait si longtemps qu'elle pensait qu'il ne reviendrait pas. Et maintenant ils étaient là comme avant, à rire du bon vieux temps autour d'un verre dans un bar. Seulement depuis, elle s'était mariée, était enceinte de deux jumeaux, elle n'était plus si naïve. Rien n'était plus vraiment pareil. 

“ Bien entendu. T’as pas oublié notre deal ?

- Je ne sais pas de quoi tu parles… Tout a changé Mike… LS a changé et j’ai changé… Qu’en est-il de toi ? Où étais-tu ? Tu as vu Kallista ? Elle s’est beaucoup inquiétée, tu sais ?

- Comment ça ? Je suis juste parti. Je suis pas le premier et je serai pas le dernier. Je ne vois pas c’est quoi tout ce cinéma.

- Comment ça ? T’es pas sérieux Mike ! On ne peut pas laisser sa femme pendant des mois sans un mot d’explication sans nouvelle !

- Apparemment il n’y avait pas qu’elle qui s’est inquiétée …” Et le revoilà, ce sourire railleur. 

Le cœur d’Éloïse avait raté un battement, il avait lu ses messages et ne lui avait délibérément pas répondu. Quelques semaines d’échanges et le double à le pleurer. Qu’elle avait été idiote et naïve de s'épancher comme ça. Mais elle avait tourné la page, elle avait Ice maintenant. Il ne fallait pas qu'elle perde le fil. Elle devait traquer l'info. 

“ Qu'est ce qui t'a empêché de répondre ? 

- T'as pas besoin de le savoir. Alors t'as des infos pour moi ? 

- Mike, tu sais très bien comment ça fonctionne, c'est donnant donnant. 

- Qu'est-ce que tu veux ? Encore de l'argent ? Malgré ton statut ? Il paraît que madame est patronne ! 

- Plus maintenant… 

- Ah ouais ? Pourtant il y a bien écrit “directrice” sur le site, tu dois avoir pas mal de thunes. D'ailleurs tu me donnes combien en échange d’infos ?

- Mike tu viens d'arriver, quelles informations je n'aurais pas déjà ?

- Oh j'en sais rien, quelque chose sur Mme Miara, ou sur Briflox… ” 

Si l'on voulait correctement noyer le poisson avec Éloïse, il n'y avait qu'une chose à faire, l’appâter avec des informations. Et d'autant plus, on se demandait comment avait fait Mike pour taper dans le mile et viser des personnes haut placées qui avaient des problèmes avec Éloïse. Ce qui, si on la connaissait, n'était pas si simple. On parlait quand même d'une personne comptant parmi ses amis d'anciens gouverneurs, le patron du LSES, une entente cordiale avec un Marshall, une entente plus que cordiale avec un chef de gang et donc avec ses gars, lesquels gagnaient leurs vies en vendant des armes. Oui, vendre des informations à Éloïse pour détourner son attention était plutôt une bonne stratégie pour Mike. 

Mais Éloïse n'avait en tête qu'un thème :

“ Pourquoi es-tu parti ? 

- Voilà ce qu'on va faire Éloïse… Info contre info.

- Quoi ? Qu’est qui me dit que tes infos je ne les ai pas déjà ? C'est ridicule. 

- Info contre info Éloïse… ”

Et il s’allongea dans la neige, les mains derrière la tête comme s’il jouait à un jeu qu’il avait déjà gagné. Il ferma les yeux et Éloïse se rendit compte à cet instant à quel point il faisait froid.

“ Tu veux quoi comme type d’info ?

- Tout sur les personnes qui t'entourent. Ce qu’Ice peut bien cacher. ”

Éloïse le regardait fixement, il était donc au courant pour Ice, qu'elle était mariée et enceinte du chef de gang ennemi. Après tout, l'énorme superficie de son ventre suffisait à montrer qu'elle était casée. Ça n'avait pas l'air de le perturber plus que ça, mais qu’est ce qui pourrait perturber Mike en même temps ? 

“ Ce n’est pas possible ça Mike tu te doutes bien. De toutes façon, je ne sais rien de ses activités. 

- Tu ne vas pas me faire croire qu’une femme de chef de gang fouineuse comme toi ne voit et n’entend rien… ”

Son silence répondait à sa place. 

La nuit était tombée, comme lors de leur dernière entrevue. Ils aperçurent en contrebas le fantôme lugubre qu’il voulait lui faire découvrir à l’époque. Après un long moment sans autre bruit que le vent sur cette montagne, il reprit la parole.

“ Éloïse, règle n°1…

- T’es sérieux là Mike ?

- On ne peut pas refuser le jeu… ”

Il se releva et partit en direction du sentier. 

“ Tu as ton casque ? ”

Elle comprit que le jeu reprenait bel et bien et ne prit même pas la peine de refuser… 

“ Tu as intérêt à mettre le tient. Mon prof a abandonné les cours au bout de deux séances. 

- Comment ça le glaçon t'a pas appris ? ”

Éloïse soupira, elle repensa à la mise en garde que lui avait faite Ice un jour, de ne pas traîner seule avec La Mano, là elle était dans de beaux draps. À l’évocation de son mari, Éloïse vérifia son téléphone, il y avait 10 messages en absence, dont 5 de Ice. Tous lui demandaient où elle était et si elle allait bien. Elle lui répondit rapidement qu’elle allait bien, et qu’elle gérait la situation. Ice essaya de l’appeler, elle décrochait automatiquement. Mike en l’entendant lui fit signe de raccrocher rapidement.

“ Chérie, tu es où ?

- On se balade un peu…

- Tu es toujours avec Mike ?

- Là on va s’amuser un peu je t’appelle quand on a fini !

- Dis-moi où vous êtes ?

- T'inquiètes, tout va bien. Je t’aime. ” Dit-elle en raccrochant précipitamment en voyant Mike s’approcher. 

“ Ben alors pourquoi t'es pressée de raccrocher ? C’est ton glaçon de mari ? Tu voulais pas que je lui dise bonjour ? T’as peur de quoi ? 

- De rien. ”

La seule chose qui pourrait lui faire peur à présent, c’est de perdre Ice. Et lui faire savoir ce qu’ils s'apprêtaient à faire n’était pas la meilleure des idées. Il n’avait pas gagné ce surnom pour rien… Quelles réactions pourrait-on attendre d’un homme froid et dur comme la glace ? Et ça, Éloïse ne tenait pas particulièrement à le découvrir.

Ils arrivèrent à peu près à l'endroit où Éloïse avait laissé la GTO, elle vit Mike relever les sourcils d'exaspération à la vue de celle-ci. 

“ Ah bah dis donc on sera discret avec ça.

- Non mais on ne fait pas de CP avec ça c'est mort !

- Je t'explique : t'as pas le choix.” Éloïse fronça les sourcils, elle détestait ne pas contrôler la situation, surtout avec l'homme qui se trouvait dans la voiture multicolore de son mari. Ses conneries pouvaient donc se répercuter sur les Vagos, et sur Salt Paper. 

Après avoir pris place dans le bolide, il lui donna les consignes tel un GPS autoritaire. Elle s'en plaignit à peine, car ça ravivait en elle une petite flamme qui lui avait manqué. Et n'avait toujours que peu de considération pour les recommandations des médecins qui lui avaient dit de ne pas conduire. Elle revint à la charge afin d’en savoir plus. 

“ Ça fait longtemps que tu es là ? 

- Tu me payes combien ? 

- 1000 pour chaque réponse. 

- 5000 comme pour les pâmoisons. 

- J'ai beaucoup de questions, 1500. 

- 5000 pas moins. Tu n'as jamais acheté d'infos ? 

- Je vais les chercher moi-même les infos. 2000.

- 3000 et pose ta question. ”

Il avait une nouvelle fois gagné. 

“ Pourquoi es-tu parti ? 

- Je devais le faire, 3000. 

- Ce n'est pas une réponse. Tu as prévenu quelqu'un ? 

- Ca te regarde pas

- Tu étais où ? 

- À Londres, 6000.

- Qu'as-tu fais ? 

- Ça ne te regarde pas. ” Éloïse ne répondit pas. Ses réponses ne valaient pas un sous à part le fait qu’il était à Londres, qu’es qu’il y faisait ? Y connaissait-il quelqu’un ? Malgré cela, elle n’était pas plus avancée. 

“ C'est tout ? Relança-t-il.

- Comment tu te sens ? 

- Comment ça ? 

- Tu vas bien ? 

- Comment ça va si je vais bien ?

- Ben ce n'est pas anodin de partir comme ça et de revenir des mois plus tard sans donner de nouvelles. ” Mike ne répondit pas. Il ne voulait décidément rien lâcher de son périple.

Cela faisait maintenant une dizaine de minutes qu’Éloïse conduisait, et tout ne pouvait pas se passer comme sur des roulettes quand Éloïse Flinch avait un volant en mains. Elle errafla malheureusement une bite jaune ce qui la fit dévier de sa trajectoire et elle dévala toute la pente de Power Street, la voiture allait tellement vite qu’elle n’avait aucun contrôle sur le véhicule. Elle essayait de tourner le volant à droite, à gauche, pendant que Mike lui hurlait de freiner. Elle repensait à ces pauvres gynécologues du BCES qui allaient encore une fois lui en vouloir. Elle réussit enfin, au bout d’un moment, à freiner juste un peu pour stabiliser plus ou moins le véhicule, à Adam's Apple Boulevard. Quand les deux individus dans la voiture poussaient enfin un petit soupir de soulagement, ils remarquèrent une voiture de police garée juste sur leur trajectoire. Malheureusement, il était trop tard pour freiner, et leur voiture percuta sur son flanc gauche la voiture garée. Éloïse était déjà en train de paniquer, le moteur n’avait pas calé, mais les flics allaient sûrement mettre une amende. Mike cria à Éloïse de continuer et elle vit la voiture de police démarrer dans son rétroviseur. Une seconde de réflexion, est-ce qu’elle avait le choix ? Elle venait d’engager une course poursuite avec la voiture de son mari, c’était la merde. Elle s’obstinait à demander à Mike qu’elle était son problème, alors qu’une partie d’elle aimait l’adrénaline de la situation, mais beaucoup moins les conséquences qui allaient arriver. Mike la guida à travers les rues afin de semer les policiers, ce qu’ils finirent par faire en zigzagant entre Alta Street, Occupation Avenue, Power Street, Hawick, Elgin, pour finalement arriver aux échangeurs. Ils s'arrêtèrent un instant sous un pont squatté par des fumeurs et dealers en tout genre. Elle descendit en l’insultant.

“ Pourquoi j’ai fait ça déjà ?

- Pour s’amuser, c’était fun non ? Mike encore une fois, avait le don de repousser Éloïse dans ses retranchements et voyait tout cela comme juste un jeu de plus. Éloïse, elle, y voyait un moyen de faire couler tout ce qu’elle a bâti. Et, une petite flamme qui ravivait son esprit d’aventurière.

“ Pourquoi je t’écoute encore ?

- À toi de le savoir je ne vais pas y réfléchir à ta place.

- Bon avec tout ça, tu ne m’as toujours pas dit si tu as parlé à ta femme. Elle était vraiment mal après ton départ.

- Qu’est-ce que t’en sais ?

- On a eu l’occasion d’échanger un peu.

- Ah oui ? Et vous avez raconté quoi sur moi ?

- Pas plus que je t’ai déjà dit. Elle s’inquiétait et en avait marre que tout le monde lui pose des questions sur toi alors qu'elle n'avait aucune réponse. D'ailleurs, la Mano a retourné la ville pour te trouver. ” Mike resta muet. “Alors tu es parti la voir ? ” Encore une fois, Mike regardait droit devant lui, stoïque comme s’il n’y avait personne d’autre autour. Il aurait pu esquiver la question auprès de n’importe qui, n’importe qui l’aurait laissé tranquille comme ils le faisaient d’habitude, mais pas d’Éloïse.

“ Mike !? 

- Je sais pas quoi lui dire. ”

Éloïse eut un pincement au cœur pour Kallista qui restait encore sans nouvelle. Mais également pour Mike qui semblait perdu dans les déballages de sentiments. Il reprit le volant et Éloïse se demanda si elle pourrait avoir plus d'informations ce soir et sentait la fatigue la guetter.

“ Bon on passe à la caisse maintenant : ça fait 10 000 pour les infos et rajoute 5 000 pour les pâmoisons de notre premier deal. 

- Je ne suis pas sûre que tu m’as donné suffisamment d’infos pour 10 000. Tu as réintégré la Mano du coup ? Tu n’as pas eu trop de problèmes ?

- En quoi ça t'intéresse ? ” Il marque une pause, semble réfléchir une seconde, et replongea son regard dans celui d'Éloïse. “ Mais il y a un truc que je sais Éloïse… Il existe un pacte, enfin une demande de pacte, entre Miguel et Ice. ”

Éloïse le regardait fixement. Il était au courant d’un des plus gros secrets, qui était connu par Miguel, Ice et elle. Et Mike avec cette info, il pouvait tout faire d’elle. 

Ils étaient arrivés devant la Pacific Bank.

Une patrouille de police ralentit en les voyant descendre du véhicule avec leurs casques. Ils s'arrêtèrent en face le temps de vérifier la plaque d’immatriculation. Ils comprirent que le véhicule était recherché pour une récente CP et appartenant au chef des Vagos, le gang le plus virulent contre le LSPD depuis ces dernières semaines. Quand il vit les policiers sortir de la voiture, Mike était certain qu’ils s'apprêtaient à faire un contrôle d’identité. Il pressa Éloïse d’entrer dans le bâtiment. Si bien qu’elle oubliât d’enlever son casque. 

“ Rentre vite dans la banque !

- Quoi ? Pourquoi ?!

- Éloïse tu rentres dans cette putain de banque ou je dis aux hommes de ton mari qu’il hésite à les buter.”

Non, il n’oserait pas, c’était vraiment ça qu’il voulait faire de cette information ? Du chantage ? Est-ce qu’il serait vraiment capable de mener à la mort le mari d’Éloïse ? Et d’elle par conséquent ? Après tout, c’était un membre de gang, il avait certainement le sang de nombreuses personnes sur ses mains. Quelqu’un comme Mike ne devait pas se douter que provoquer une douleur aussi puissante chez quelqu’un pouvait le mener à la mort. Il ne pouvait pas se douter une seule seconde de ce qu’il existait entre Éloïse et Ice. Et puis, est-ce que les Vagos en viendraient à un dénouement si funeste ? Elle les aimait, c’était sa famille, mais qu’elle est la réaction de quelqu’un quand il apprend qu’on réfléchit à le tuer ? Non, ils ne feraient jamais ça, pas Lexi, pas Zoul, pas Tom…Non, Ice ne pouvait pas mourir. C’est avec détermination qu'elle écouta Mike, elle ne comprenait toujours pas pourquoi une banque. Mais elle se doutait bien qu’une voiture en course poursuite, dont les occupants entrent dans une banque casquée, ça ne pouvait dire qu’une seule chose. 

“ Mike pourquoi on est là ?

- Alors à la base, comme je te l'ai dit, je voulais que tu me paies ce que tu me dois. 

- Ok, mais… ? 

- Ben tant qu’on est là, ça te dit de braquer la banque ? ” Mike n'avait vraiment aucune limite ? Aucun sens des convenances ? Est-ce qu’il se rendait compte seulement trente secondes que faire une banque dans cette situation était tout sauf une bonne idée ? Visiblement non, son petit jeu n’était pas encore fini.

“ Mike ! Non ! Vraiment c’est pas, aie ! ” Une douleur plus aiguë que les autres se fit sentir dans les entrailles d’Éloïse. “ Ce n’est pas possible ça, et puis comment vas-tu ouvrir le coffre ?

- Ben on improvise.” Dit-il en sortant son arme pour braquer le garde au poste de sécurité. Il fit sortir tout le personnel présent avec le sourire d'un gamin qui venait de retrouver ses jouets. 

Les deux comparses se trouvaient maintenant à côté du coffre, les unités de police avaient déjà dû raccrocher, et boucler le périmètre. Ils devaient penser que la femme enceinte casquée devait être un otage, est-ce qu’elle l’était ? Mike se mit à essayer de craquer le coffre, comme dans les films, est-ce que ça avait vraiment une chance de fonctionner ? Et puis dans quelle merde se trouvait Éloïse ? Après une CP, dans une banque, en train de braquer un putain de coffre ! Sa réputation de neutralité en ville allait en prendre un coup ! Toutes ces heures à convaincre police et gouvernement que jamais elle ne se trouverait dans des activités criminelles malgré un mari chef de gang… Pour en arriver là ? Elle se retrouvait dans une banque avec un MANO. 

Mike tentait tant bien que mal une oreille contre la serrure du coffre, quand il entendit une espèce de bruit sourd, très proche de lui… Il fit volte-face et retrouva Éloïse étendue à terre. Il se releva et s'approcha rapidement d’elle, emprunt d’une énorme confusion. Éloïse avait les yeux fermés, il n’y avait pas de blessure apparente. Mais, quand il baissa les yeux vers ses jambes, celles-ci baignaient dans une mare de liquide translucide. 


Les policiers en extérieur restèrent un instant perplexes en voyant les personnes sortir en courant de la banque. Ils n’avaient vu que deux personnes entrer à première vue sans armes lourdes. Malgré tout, ils venaient de se rendre coupables d’un délit de fuite. Ils ne purent se résoudre à penser que la femme enceinte était une braqueuse. Avant de s’approcher plus, ils décidèrent de faire un call radio pour décrire la scène et signaler qu’une femme enceinte faisait partie de l’opération. Ils ne savaient pas comment réagir. Puisqu'ils ne voyaient toujours pas de braqueurs à la porte afin d'entamer les négociations, ils décidèrent d'appeler directement le propriétaire du véhicule. 

“ M. Flinch vous ne seriez pas dans une banque par hasard ?

- Bonjour, non pas du tout pourquoi ?

- Parce que deux individus casqués viennent d’entrer dans une banque en sortant de votre véhicule.

- On a dû me la voler.

Jim hésita avant d’ajouter :

“ Un des individus à l’air d’être enceinte jusqu’au cou…

- Pardon ?! Quelle banque ?

- J’en ai déjà trop dit. 

- Vite ou je te trouve et je te fume. 

- Ça ne marche pas avec moi Flinch. ” Mais comme il s’inquiétait également pour son amie, il ajouta, “ Sachez que c’est assez central. 

- Putain pas la Pacific ! ”


Il fallut quelques secondes à Mike pour comprendre : est-ce qu’il avait seulement vu une femme enceinte dans sa vie à part dans la rue ? Là où il avait grandi, les gens étaient soit des hommes de dieux, soit des enfants. Alors ses compétences sur le sujet étaient moindres que sur la composition d’une arme. Il finit par comprendre que cette flaque était due à l’état de la personne devant elle, et cet état était très certainement urgent. Bordel, il fallait vraiment qu’elle fasse ça maintenant ? Il était parti depuis des mois, et il espérait que les numéros dans son téléphone n’étaient pas passés de date. Alors il prit son téléphone et appela un des seuls médecins dont il avait le numéro.

“ M…Monsieur Ashman ?

- Ouais, t’es pas loin de la Pacific là ? 

- Heu pas vraiment mais-

- Parfait, faut que tu te bouges y’a une femme qui va accoucher dans la banque là. ” Et il raccrocha.


Jarod qui n’était finalement pas si loin que ça et arriva avant que le quartier ne soit complètement bouclé. En effet, n’ayant pas eu d’alarme et n’ayant pas vu d’armes lourdes le commandement eut du mal à statuer du comportement à avoir. Les agents sur place n'avaient aucune vision sur les potentiels braqueurs ou leurs otages, ils étaient même incapables de dire s'il y avait déjà des personnes à l'intérieur de la banque lorsqu'ils sont arrivés. Tout ce qu'ils savaient c'est qu'il n'y avait qu'une voiture. En voyant un médecin du LSES approcher, ils tentèrent de l'interpeller mais il courut vers l’entrée en criant qu’on avait besoin d’un médecin à l'intérieur. Intrigués, les policiers saisirent cette occasion pour essayer d'en apprendre plus sur ce braquage, seul braquage du genre à exister dans les mémoires des forces de l'ordre. Ils entrèrent à la suite du médecin mais l'homme casqué effectua quelques tirs de sommation à leur intention. Aussitôt les policiers s'étaient repliés sans avoir pu en voir davantage. Les tirs étaient une preuve suffisante de la dangerosité de l'individu pour avoir l'autorisation de lancer le dispositif de sécurisation du quartier.


Quant à Ice, il avait laissé son équipe sur Cayo, les autres viendraient bien les récupérer. Il appela Gus et lui demanda sa voiture et quelques armes à la marina. Il le laissa au quartier avant de filer vers le centre-ville.

Ice pestait et se demandait comment il avait pu la laisser partir. En arrivant, il pensa que la seule solution était de tirer dans les pneus de sa voiture, pour empêcher ce fumier d'emporter sa femme. Parce qu'il ne pouvait s'agir que d'elle, il en était sûr. Il la connaissait, il aurait dû l'accompagner. Ni une ni deux, il sortit son neuf millimètre et pointa les pneus. Il n'était pas flic lui, il en avait le droit. Il avait les roues en ligne de mire, il approcha son œil rapidement vers la lunette, prit une légère respiration et mit son doigt sur la gâchette. Un quart de seconde avant de tirer plein axe dans les pneus, il se retrouva désarmé, par une personne qui avait un air sur le visage qu'il n'avait jamais vu chez elle. De la fermeté, de l'angoisse. Il n'avait jamais vu Jim aussi sérieux et préoccupé. 

“ Fais pas ça, il se passe quoi si la personne dans la banque est Éloïse-

- C'est Éloïse. ” Le coupa Ice.

“ Et si la personne qui est avec elle prend mal le fait que quelqu'un fasse les pneus de sa voiture, et qu'il lui arrive quelque chose ? Je sais que vous voulez la protéger, mais crois moi ce n'est pas la meilleure solution, tu ne sais pas qui est là et ce qu'il peut faire. 

- Oh j'ai une petite idée.

- C'est qui ? M. Flinch c'est très important. ”


Éloïse reprit conscience avec une sensation de chaleur et son ventre était en feu. La douleur lançait de son dos jusqu'à ses cuisses, son ventre se contractant lui coupant le souffle heureusement que la respiration, c'était sa spécialité. On inspire et xie...xie…xie. La contraction passée, elle se remémora où elle était et ne voyait plus Mike. Elle tenta de se redresser et… Une nouvelle contraction… 

“ C'est bien Éloïse respire. Le travail a bien commencé et tu vas bientôt voir tes bébés. ” Cette voix, elle la reconnaissait. 

“ Jarod qu'est ce que tu fais là ?

- Je serai toujours là pour toi, Éloïse. Certains trouvent toujours mon numéro dans les moments les plus délicats. ” Dit-il en jetant un regard au-dessus de la tête d'Éloïse. 

Voilà où se trouvait Mike. Il avait enlevé le casque d'Éloïse. Et avait étendu leurs manteaux sur le sol pour l'installer plus confortablement. Ne sachant où se mettre lorsque le médecin auscultait la future mère, ce dernier lui proposa de soulager Éloïse en se plaçant derrière elle. Mike fut lui aussi soulagé de ne pas être aux premières loges du spectacle qui s'apprêtait à se dérouler. 

Éloïse s'était tourné légèrement vers lui les yeux grands ouverts. Elle aurait voulu être choquée de voir qu’une personne comme Mike allait l'assister durant son accouchement. Mais une nouvelle contraction arriva. Jarod lui demanda de pousser. 

Éloïse, après un moment indéterminé, sous les encouragements de Jarod et le soutien physique de Mike, ses bras et mains lui servant de défouloir, entendit un cri perçant. Elle sentit son cœur s'emplir d'amour et de bonheur. Jarod posa son fils sur sa poitrine bien à l'abri sous son top. 

Mike trouva étrange cette sensation. Il venait d'assister l'essence même de la vie. Il sentit tout l'amour qu'Éloïse portait à ce petit être fragile. Tout ce qu'il aurait voulu recevoir et ressentir depuis son enfance, ce petit n'en manquera pas. Et à ce moment-là, il ressentit pour la toute première fois, une étincelle de vie, une toute petite sensation au creux de son ventre, comme une espèce de trou, comme une envie de revoir sa famille. Jade, Miguel, Kim, Pablo… Il ressentait pour la première fois un manque. Sa famille lui manquait. La Mano lui avait manqué. 

Éloïse sentit de nouvelles contractions arriver alors qu'elle était absorbée par son petit bonhomme. Elle eut l'image d'Ice en tête : elle accouchait sans lui ! Elle n'avait plus de force, elle voulait qu'il soit là. Il n'était pas là pour voir les premiers souffles de vies de ses enfants, comment elle avait pu lui faire ça ? Alors quand Jarod lui demanda à nouveau de pousser, elle eut un moment de panique :

“ Mais où est Ice ? Il doit être là ! Mike c'est lui qui aurait dû être là ! Comment on va faire ? Comment t'as pu me faire ça ? Je veux mon mari ! ” Elle commença à pleurer de fatigue et d'épuisement. 

Jarod lui fit comprendre et qu'il fallait pousser maintenant le deuxième bébé devait sortir rapidement. 

Éloïse, dans son angoisse, ne l'entendait plus. Jarod de plus en plus inquiet tenta d’expliquer que le deuxième bébé montrait des signes de fatigue, qu’elle devait faire encore un petit effort. Mike voyant que la situation n'évoluait pas et que les mots de Jarod ne l'apaisait pas, bien au contraire, pris la parole :

“ Ben alors c'est pas fini, c'est qu'il y en a un deuxième alors !? Faut y aller t'endors pas maintenant, on n’a pas que ça à faire. Je vais l'appeler ton mari. Toi, fini le boulot. Allez on respire et on pousse. ” Éloïse, sonnée par ce ton autoritaire, oublia un instant ses angoisses et suivit la voix de Jarod qui avait pris le relais de manière plus douce. 

Une fois terminé, il laissa Éloïse s'étendre complètement sur les manteaux, envoya un message à Ice et appela quelqu'un. Éloïse et Jarod n'entendaient que les réponses de Mike.

“ Bonjour, comment allez vous ? 

- … 

- Oui, je suis là. 

- …

- C'est compliqué. 

- … 

- Elle m'a prévenu, c'est bien ce que vous voulez ? 

- … 

- Vous êtes sûr que je pourrais retrouver la famille ensuite ? ”


Éloïse voulait rester là, allongée jusqu'à ce qu'on la force à se lever. Est-ce qu'elle était seulement capable de se lever ? Les yeux fermés, elle pouvait sentir que le sol de la banque était froid, sale, pas tellement optimal pour des conditions d'accouchement. M. Brown allait la tuer. Jarod quant à lui, avait fait ce qu'il avait pu, elle pouvait entendre son stress. Elle entendait Mike taper du pied sur le sol. De la précipitation ? Ou pouvait-on espérer de l'inquiétude ? 

“ Faut qu'on y aille. 

- Elle vient d'accoucher… 

- Les flics vont profiter qu'il y ait une intervention, ils ont certainement vu qu'il n'y avait qu'un homme armé. Ils vont vous appeler dans quelques secondes pour te demander si c'est terminé, et là je serais mort. Donc on y va. 

- Et les bébés ? Laisse-les moi avec Éloïse et part avec la GTO ? 

- Non, je prends les bébés et je te laisse Éloïse. 

- Il est absolument hors de question que tu emmènes mon enfant sans moi. ” Éloïse s'était réveillée, bravant les douleurs que pouvait ressentir son corps, qui lui criait de ne pas bouger. Le calme dont elle avait fait preuve en prononçant sa phrase suffisait à faire froid dans le dos. Elle ajouta : “ Je pars avec mon enfant ”. Avec ce dernier sur sa poitrine. Éloïse pouvait sentir sa légère respiration sur son cou. 

En effet, lors de l'accouchement, deux minuscules corps sortirent, mais un seul des deux poussa un cri. Jarod tenait un deuxième petit corps inerte dans ses bras. Mike se tourne vers Jarod pour confirmation. “ Mort-né ” dit le médecin dans un souffle en soutenant le regard d’Éloïse.

Jarod reçut un appel, il clôtura la conversation précipitamment en disant qu'il avait bientôt fini. Mike jeta un coup d'œil à l'extérieur, les policiers s'activaient, parlaient entre eux et il sentit qu'ils devaient partir. Il ne pouvait pas voir de jaune depuis sa position, mais il était prêt à parier qu'ils étaient là eux aussi. Éloïse n'était pas en état, mais si elle n'était pas avec lui, il avait peu de chances de s'en sortir vivant. Il avait le choix entre les flics, Ice mais surtout celui qu'il redoutait le plus, Miguel. Il fallait qu'elle vienne avec lui le temps de trouver une solution. Ce n'est pas dans les habitudes de Mike de se laisser surprendre par les événements. 

“ On y va ”. 

Jarod avait eu à peine le temps de vérifier que le placenta était entièrement sorti qu'ils aidèrent Éloïse à se lever. Mike prit délicatement l'enfant des bras d'Éloïse et lui donna une arme. 

Jarod commença à protester : 

“ Elle vient d'accoucher elle ne peut pas porter ça et encore moins l'utiliser. 

- T'inquiètes pas, elle pourra. ” Et ils sortirent. 

La police s'apprêtait à lancer l'assaut, mais Jordin stoppa tout. Voyant Flinch bouillir, une femme enceinte, sa voiture… Il n'avait pas le contexte de la situation, mais ce qu'il voyait, c'était un homme armé, emmener la femme et l'enfant de quelqu'un d'autre. Et lui, il devait gérer cette situation, et un mari extrêmement dangereux, prêt à certainement brûler la ville pour sauver sa femme. C'était dangereux, si le bébé mourrait, il pouvait dire adieu à sa tête, mais que pouvait-il faire ? Il ordonna à ses hommes de suivre la voiture de pas trop prêt, histoire de ne pas les perdre de vue, sans coup de feu, sans accident. Il se dirigea alors vers M. Flinch qui était étonnement cloué au sol. Pendant qu’une horde de voitures jaunes remplies d’hommes armés s’élança à la suite des unités de police. 


—  Fin du chapitre 1  —

Colasia

Passion Elo - EloIce

Ils collèrent leur front l'un contre l'autre après un énième baiser, après un énième soupir. C'était fou la manière dont il l'apaisait en un claquement de doigt. Il n'avait pas besoin de dire ou de faire quelque chose. Il avait juste à être là, proche d'elle. Sa seule présence faisait toute la différence, celle-ci pouvait effacer le stress, la pression, le sentiment d'étouffer et la peur de ne pas être à la hauteur. Quand il l'a regardait, de son regard rouge écarlate caché sous ses lunettes, elle oubliait la peur de la solitude. Elle oubliait ce vide intense qui l'avait accompagné pendant les trois quarts de sa vie, et qui, maintenant, lui devenait insupportable. Quand il attrapait sa main, quand il initiait un contact, quand leurs vêtements se collaient et leurs peaux se touchaient, elle vivait. D'une manière totalement différente de d'habitude. C'était presque irréel, et surtout, impossible à expliquer. Aucun style d'écriture ou figure de style ne pourrait rendre compte de ces sentiments, presque étouffants, qui l'envahissaient à chaque fois. C'était agréable, même trop.

Mais c'était nouveau, 

rafraîchissant.

Et effrayant, il est vrai.

Mais elle ne paniquera que quand la bulle dans laquelle elle était réfugiée éclatera. Que quand ses sentiments la prendront aux tripes si violemment qu'ils la dévoreront de l'intérieur, mangeant ses boyaux, mastiquant ses muscles, ses tissus, ses os. Se délectant de son sang, le bloquant pour ne pas qu'il atteigne son visage, la rendant blême et malade. N'ayant pour seul but, seule ambition, qu'une chose ; captiver son esprit, non, la garder prisonnière. La forcer à penser à ce qu'elle ressent à chaque secondes, chaque minutes, chaque fois que son cœur bat, que ses yeux se ferment, que ses poils se hérissent. Pour la forcer à devenir une esclave.

Pour au final la faire souffrir. 

Continuellement, jusqu'à ce qu'elle en crève. Jusqu'à ce qu'ils l'étouffent.

Peut-être était-ce déjà en train d'arriver ? Peut-être la bulle avait-elle déjà éclatée ? Peut-être que ses sentiments l'attaquaient déjà de l'intérieur sans qu'elle ne s'en rende compte ? Mais que faire quand la seule chose qui vous fait respirer porte des habits dorés et un tatouage de gang ? Que faire quand la seule chose qui vous fait vous sentir complètement aimée et chérit, est aussi froide que la nuit noire et aussi chaude que le soleil d'été ?

Éloise resserra ses bras autour du cou de Ice, ressentant un frisson désagréable la parcourir. Il fit de même autour de sa taille, sans dire un mot, sans prononcer une parole. Peut-être ressentait-il la peur qui avait commencé à prendre part chez Eloise ? Peut-être sentait-il aussi leur idylle se fissurer au fil du temps ? 

Mais ils étaient si bien dans leur idéal sans problème, seuls tous les deux. Sans avoir à se soucier de leurs obligations respectives, sans avoir à penser à leurs différences. 

La maison, leur maison, était devenue la scène principale de leur rêverie.

 Mais Eloise n'était pas aveugle. Elle savait qui était Ice et elle savait ce qu'il faisait. Elle savait que dans cette maison, dans l'antre de leur amour, il y avait une noirceur qui ne disparaîtrait jamais. Elle était attachée au château comme un membre que l'on aurait greffé, à la limite du rejet. Quand Eloise se levait la nuit ou était seule l'après-midi, elle ne pouvait empêcher son regard de dévier vers cette salle sombre en face de sa cuisine. Vers cet endroit dont elle-même s'était refusée l'accès. Elle ne voulait pas savoir et elle n'avait pas besoin de connaître ce qu'elle abritait. Du moins, tant que Ice ne l'a titillait pas. Elle était capable de fermer les yeux. Elle était capable, pour une fois, de ne juste rien faire. 

Mais ça la hantait. Le matin quand elle se levait elle y pensait, l'après-midi en travaillant elle y pensait, la nuit auprès de Ice elle y pensait. Ce n'était pas que le contenu qui obsédait ses pensées. C'était tout ce qui l'entourait. C'était la vie de Ice. C'était ce qui lui permettait de vivre. C'était ce à quoi il était enchaîné jusqu'à ce qu'il meurt.

 Et surtout, c'était ce qu'il aimait faire. Il avait beau se restreindre en la présence d'Eloise, elle n'était pas dupe. Elle voyait cette lueur dans ses yeux même sous ses lunettes. Cette lueur sombre, folle, démente, qui disparaissait quand il l'a regardait pour devenir aussi tendre que des caresses, aussi douce que des baisers, aussi forte et ardente qu'un feu.

 C'était dur au début pour Eloise, de se dire que ça lui était destiné. Ça l'était toujours en fait. De croire et de se persuader qu'un amour aussi intense et passionnel lui était accordée à elle, et rien qu'à elle, par quelqu'un qu'elle considérait comme exceptionnel.

Malgré cette folie qui l'habitait, Ice était quelqu'un de raisonné et de mesuré quand il le fallait vraiment. Pour Eloise, il ne serait pas mentir de dire qu'elle le trouvait parfait. Il savait avoir de l'autorité, diriger des hommes, conduire, chanter, danser, être marrant, beau, mignon, cool, compréhensif, et surtout, il l'a supportait.

Et, peut être qu'au fond, elle aimait cette dangerosité qu'il émettait parfois. Quand il devenait sérieux et qu'il laissait l'homme amoureux pour le chef de gang. Quand sa voix devenait plus grave et posée, aussi tranchante qu'un couteau, aussi froide que de la glace.

Ça ne devrait pas avoir cet effet là sur Eloise, la rendre encore plus accro. Ça devrait lui faire peur. Mais comment être effrayée par quelqu'un qui vous traite comme la plus belle chose du monde ? Elle adorait juste voir toutes les facettes, toutes les couches qui formaient sa personnalité. Elle voudrait connaître tout de lui, toute son histoire, même les plus petits détails, les plus maigres et insignifiants. 

Dans la tête d'Eloise, il était idéalisé.

Il était parfait.

Ice était quelqu'un qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir avoir à ses côtés. Mais maintenant que c'était le cas, elle devait apprendre à accepter d'être aimée de cette manière par lui, l'objet de ses pensées.

 Il ne se rendait pas compte d'à quel point il l'aidait au quotidien. Mon dieu que c'était frustrant qu'elle n'arrive pas à lui montrer ! Elle avait beau l'embrasser à en perdre haleine, à parcourir ses mains là où elle seule avait le droit d'aller, elle savait qu'elle n'arrivait pas à transmettre ce que son cœur lui disait. Et Eloise n'était pas forte avec les mots, ou en tout cas, pas quand cela concernait ses sentiments. Alors, il n'y avait que par l'action qu'elle pouvait montrer son amour. Et elle s'en voulait de ne pas avoir cette facilité que lui possédait. De dire aussi simplement que de respirer, ses sentiments.

Alors elle espérait qu'il le voyait, dans ses yeux bleus. Qu'il voyait tout ce qu'elle n'arrivait pas à dire et transmettre par le touché, par la voix. Aucun mot ne saurait de toute façon dans la capacité d'exprimer toutes les nuances, toutes les couleurs de cette maladie incurable dont elle était la victime. Mais elle ne s'en plaignait pas. Jamais elle ne voudrait en guérir.

-Je t'ai déjà dit que je t'aimais ?

-Hm..Oui je crois.

-..Je t'aime Ice.

Passion Ice - EloIce

Voilà un Ice 2.0


Si on avait dit à Ice qu'il se retrouverait dans cette situation un jour, il ne l'aurait pas cru. Il n'aurait jamais imaginé avoir une femme aussi magnifique dans ses bras. D'une gentillesse presque insupportable. D'une mignonnerie qu'il adorait par-dessus tout. Et d'un acharnement à son travail dont il se serait bien passé parfois.

Il aimait la voir investie, elle dégageait quelque chose qu'il ne saurait décrire. Mais parfois, ça devenait trop, et il l'a voyait se noyer sans qu'il ne puisse rien faire. 

C'était frustrant.

La voir perdre pied sans qu'elle ne lui dise quoi que ce soit le rendait fou. Alors oui, des fois, celui qui ne pose jamais de questions se risquait à cet exercice dont sa femme était experte. 

Et il insistait.

Parce qu'il avait besoin de savoir ce qu'il y avait dans sa tête. Parce que même si il la connaissait par cœur il y avait des choses qu'il ne pouvait deviner. Alors il glissait ses mains contre ses joues et caressait du bout des pouces cette personne qu'il chérissait plus que tout, pour essayer de lui montrer, par autres choses que des paroles, ce qu'il ressentait. 

Mais Eloise était bornée. 

Elle était renfermée sur elle-même, comme un coffre fort. Sauf que celui-là, Ice ne pouvait pas l'ouvrir à coup de dynamite. Alors il essayait de comprendre la combinaison comme il le pouvait. C'était compliqué, à ses yeux c'était parfois même impossible. Mais il finissait toujours par réussir.

Elle plongeait alors ses yeux bleus dans les siens, rouges et brûlés par la vie, et lui racontait ce que son cœur renfermait. Ice l'écoutait, en la rassurant comme d'habitude, d'une manière que lui seul connaissait. Et elle se laissait bercer sous ses caresses. 

C'était presque hypnotisant. 

Les mêmes mouvements doux se répétaient sans cesses et s'apparentaient à une berceuse.

Il n'avait pas eu besoin d'apprendre comment la calmer. C'était venu naturellement, comme l'acte de respirer. C'était dans ces moments-là qu'Ice se disait que c'était elle et personne d'autre. Que cette boule d'énergie empathique sans limite était la femme de sa vie. Qu'il le veuille ou non.

Ça devait être écrit. 

Malgré leurs grosses différences, ils se ressemblaient sur énormément de points.

C'était anormal. 

Ils se complétaient tellement que ça en était effrayant.

Peut-être ne le voyait-elle pas, mais cette folie qu'il avait, se trouvait aussi chez elle. Elle l'a canalisait juste différemment. 

Ils aimaient aussi les mêmes choses, les mêmes films, les mêmes musiques, la même nourriture.

Ils pensaient pareil.

Des fois il l'a regardait et il se disait qu'aucune autre femme n'aurait pu prendre sa place. Que si ils se seraient loupés, manqués, il n'aurait jamais été avec quelqu'un d'autre. Elle voyait une facette de lui que personne d'autre sur cette terre n'avait eu l'occasion de découvrir. Il lui montrait quelque chose qu'il gardait enfoui en lui depuis tant d'années. Non, il lui montrait quelque chose qu'il ne pensait même pas avoir.

De l'amour, de la compassion, de la patience.

Et la liste pourrait être plus longue.

Eloise le dirigeait à sa guise et il en avait conscience. Il l'a laissait faire, il se laissait abandonner à cette facette de lui qui lui semblait parfois étrangère. Il apprenait même à la découvrir tous les jours. 

Il se rappelait la première fois qu'elle avait fait surface, cette dite facette. Elle avait accordé une confiance quasi-instantané à ce petit bout de femme. Elle avait réussi à pousser sa raison sur le côté, à le rendre apaisé et à l'aise pour parler.

Eloise restait aujourd'hui, la seule personne, le seul être humain sur cette planète toute entière, à qui il racontait quasiment tout. Avec qui il partageait ses pensées, ses envies, certains de ses plans. 

Seul le passé restait lui bloqué, incapable de quitter la barrière de ses lèvres et de s'articuler en mot.

Alors il se taisait. 

Mais le silence n'était pas dérangeant entre eux. Il était apaisant. Simplement parce que le dialogue n'était pas toujours nécessaire. Ils se comprenaient. Du moins la plupart du temps.

Ils vivaient dans des mondes opposés et chaque jour cette réalité s'imposait à eux violemment. Ice n'y faisait pas attention plus que ça. Il en était conscient, évidemment, mais cela n'avait pas d'importance à ses yeux. Après tout, leur histoire n'aurait d'impact que pour Eloise. Elle ne pouvait pas faire autant de dégâts dans sa vie que lui le pouvait.

Enfin, non, c'était faux.

Il lui donnait les clés pour le faire tomber. Il lui en disait tellement que si elle le trahissait, elle n'aurait aucun mal à faire sombrer tout le groupe. Mais il avait foi en elle, et surtout, c'était la carte la plus puissante qu'il avait pour lui montrer sa confiance. 

Il lui montrait aussi ses faiblesses, difficilement certes, mais il le faisait. 

Et il espérait qu'elle en avait conscience.

Ça l'énervait quand elle lui demandait si il allait la quitter. Ça l'énervait quand elle lui demandait si il ne l'aimait plus. Ça l'énervait quand elle se questionnait sur son amour. 

Il avait beau le scander haut et fort, le crier sur tous les toits, ça ne semblait jamais assez. Peu importe à quel point il se démenait à la tâche, c'était comme-ci elle refusait de le voir.

Comme-ci elle ne s'autorisait pas cet amour qu'il s'acharnait à donner.

Alors il ne pouvait faire plus que ce qu'il faisait déjà. Il passait ses bras autour d'elle, avec une délicatesse sans nom, et la serrait contre lui. Il se laissait bercer par son parfum, par sa chaleur. Et elle faisait pareil, la tête posée sur son épaule, les yeux fermés, l'esprit envolé. Il n'était pas nécessaire de penser, juste de profiter de l'autre, de sa présence, de tout ce qu'il la compose. De cet amour qui vous tombait dessus et vous enveloppait tout entier comme un cocon et dont on priait pour ne jamais en sortir.

Il n'aimait pas quand, dans ces moments là, trop perdue dans sa rêverie, elle lui demandait de tout quitter et de la suivre. D'abandonner cette vie qu'il avait choisie et à laquelle il était enchaîné pour la rejoindre.

Mais il ne pouvait pas partir de son monde sans mourir, et surtout, il ne se pensait pas capable de reprendre une vie toute tranquille. C'était hors de ses capacités. Il pourrait tout faire pour Eloise, à part quelques petites choses, et cela en faisait partie. 

Et elle le savait.

Il le voyait dans ses actions qu'elle le savait.

Elle ne le regardait jamais dans ces moments-là. Allongé sur le lit il l'observait, la tête tournée vers le plafond, parlant d'une vie qu'ils n'auraient jamais. Et, les yeux fixés sur ses lèvres, il devenait sourd à ses divagations.

C'était trop dur à entendre, surtout quand on savait que ses rêves ne seraient jamais réels.

Puis quand elle avait fini, il relevait ses yeux vers les siens, qui, toujours lumineux de son illusion, lui donnait envie de tout abandonner et de la suivre. De partir avec elle dans cet imaginaire qui ne durerait que quelques minutes. 

Mais il se reprenait.

Il passait délicatement une main sur le visage d'Eloise, replaçant une de ses mèches rebelles et lui disait, d'un ton inhabituellement sérieux, que ce n'était pas possible. Et comme d'habitude, après avoir essayé de le faire changer d'avis, elle acquiesçait, le regard toujours perdu.

Il espérait qu'elle n'attendait pas ce jour qui n'arriverait jamais. Il ne voulait pas qu'elle embête son esprit avec des préoccupations qui n'avaient pas lieu d'être.

Dans le monde de Ice, dans sa vie, c'était le présent qui comptait. C'était ce que l'on faisait au jour le jour, car la mort nous guettait à chaque instant. Penser à un futur impossible était totalement inutile.

Il profitait donc d'elle chaques minutes, chaques secondes. Quand elle était au téléphone, il tendait l'oreille juste pour écouter le son de sa voix et levait les yeux pour la regarder au loin, appuyée contre un mur. C'était frustrant de voir sa mine dépitée après un appel. Il aimait la voir heureuse, rayonnante, pas totalement déprimée, énervée et à cran.

Il devait donc passer ce précieux présent à l'apaiser et à lui faire oublier tout ce qu'elle avait en tête. L'inonder de sa personne jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus penser à autre chose qu'à lui. L'enfermer dans cet amour qu'il avait besoin de lui donner. Il posait donc ses lèvres sur les siennes avec toute la passion qui l'habitait et elle faisait de même. Leurs doigts et leurs bouches se liant. Leurs fronts se collant. Et c'est dans ce présent infini que celui qui disait que "l'amour c'est de la merde" souhaitait rester, aussi illusoire et éphémère soit-il.

Sacrifice - JohnEloIce

Écrit le 17/08/22


Eloise ne savait pas comment les choses en étaient arrivées là. Quelques heures auparavant elle avait sauté en parachute avec tous les vagos avant de se poser dans un endroit tranquille pour se reposer. Ils avaient passé leur temps à écouter Ice marmonner des paroles de musiques et à fumer des joints. C'était si calme et reposant qu'Eloise n'aurait aimé être nulle part ailleurs. Si on lui aurait dit qu'elle serait devenue la copine d'un Jefe et qu'elle s'entendrait aussi bien avec tous les membres de son gang, elle ne l'aurait pas cru. Elle a été élevée en connaissant la dangerosité de ceux-ci et leurs activités. Elle a été élevée dans cet univers où la seule chose qu'elle aurait dû faire aurait été de les arrêter et de ne pas s'attacher à eux.

Elle ne devrait pas se sentir si à l'aise, si à sa place. Elle ne devrait pas vouloir les protéger au péril de sa vie. 

Elle serait capable de mourir pour n'importe lequel d'entre eux.

Elle ne leur avait jamais dit explicitement, même pas à Ice, à quel point ils importaient pour elle, à quel point les entendre dire qu'elle faisait partie de leur famille la rendait heureuse. Et elle ferait tout pour préserver cette famille. Tout.

Alors quand, poursuivis par des flics, ils s'étaient retrouvés en pleine fusillade avec elle dans la voiture, elle n'avait pas hésité. 

Plus tôt, elle était montée dans la voiture de John pour embêter Ice. Elle adorait John, ils avaient une relation de frère et soeur insupportables. Ils passaient leur temps à se lancer des piques et à se cracher dessus pour au final, finir par rigoler ensemble. Pourtant, les choses n'avaient pas toujours été comme ça. Eloise pensait au début que John la détestait mais elle avait appris par la suite qu'il ne faisait en fait, que de se méfier, car il ne la connaissait pas. Elle avait fait son possible pour montrer sa bonne foi et avait fini par adorer le jeune homme tout comme lui, même si il aimait la faire chier tout autant qu'elle. Elle adorait les soirées où ils ne faisaient que se chercher des noises, où pris d'une pulsion inexpliquée elle le tasait dans le dos pour qu'il riposte aussitôt avec adresse et la tase à son tour. 

Donc, quand elle vu un flic derrière lui prêt à tirer, elle n'hésita pas à ouvrir la portière et à se mettre devant lui. Elle ne pouvait pas le prévenir, il n'aurait pas fait attention à elle et elle n'aurait pas été assez rapide pour l'attirer dans la voiture, il aurait été touché avant.

Se mettre devant lui était donc la seule option. Elle n'avait pas penser au fait qu'elle serait touchée, elle ne voulait juste pas que John le soit.

Le policier n'eut pas eu le temps de comprendre ce qu'il se passait qu'il avait tiré, deux balles, en plein vers John. Eloise prit les deux, une douleur inimaginable se fit ressentir dans tout son corps lui faisant lâcher un cri. John se retourna immédiatement en sentant quelqu'un proche de lui et il vit les balles foncées vers la journaliste. Il vit le regard du FDO s'écarquiller et la femme devant lui avoir un spasme avant de commencer à tomber dans sa direction. John n'hésita pas une seule seconde et la rattrapa dans ses bras, complètement abasourdi.

"ELOISE !? Oh putain !" Il ne fallut que quelques secondes pour que l'information remonte jusqu'à son cerveau et qu'il tire sur le policier à son tour qui se replia immédiatement.

John n'attendit pas et se dépêcha de rentrer dans la voiture avec Eloise dans ses bras. Son top blanc commençait déjà à être immaculé de rouge et le vagos semblait complètement impuissant.

"Hey, tu peux pas nous lacher, t'es la nana du Jefe Elo !" Son visage se crispa alors qu'il la mit dans une position plus confortable. Il devait aller au LSES lui-même. Les autres vagos étaient occupés de leur côté et il lui était impossible de les prévenir sans risquer de les mettre en danger.

"Il comptait faire sa demande ce week-end, tu peux pas partir avant !" 

Un petit rire se fit entendre à ses côtés le faisant encore plus serrer les dents.

"Bah bravo..tu as gâ..ché.. toute la sur..prise..."

"Ne parle pas bordel, je t'emmène à l'hôpital !"

Il n'attendit pas pour démarrer la voiture et partit en trombe. Les policiers n'avaient pas fait un réel barrage et il lui était donc possible de passer relativement facilement. John espérait au fond de lui avoir écrasé quelques policiers sur son passage rien que pour se venger de ce qu'ils venaient de faire à Elo. Des tirs se firent entendre et touchèrent sa voiture. John fit ce qu'il pût pour esquiver les balles et les empêcher de toucher ses pneus. Heureusement, vu qu'aucun des flics n'étaient en voiture, il réussit à s'échapper en un coup d'accélérateur. 

Il reporta ensuite son regard vers Eloise qui somnolait.

-T'endors pas surtout !

Face au manque de réponse à ses côtés, la panique prit possession de lui et il la secoua un peu. Cela eut l'effet escompté vu qu'elle ouvrit les yeux, difficilement.

-Tu tiens bien la plaie avec moi ok !? C'est dur de conduire et de t'aider à tenir mais on va réussir !

Elle humma, les lèvres tremblantes, le regard perdu. Son cœur battait à cent à l'heure, il avait peur.

Il passait son temps à rigoler avec elle mais elle était devenue comme de la famille pour lui, elle était devenue une petite sœur très importante. Au vu du mariage en préparation, il lui arrivait beaucoup plus souvent de lui dire, pour rigoler, qu'elle ne faisait pas partie de la famille. Mais cela était faux, et il sentait le besoin urgent de rétablir la vérité. Si le pire venait à arriver, si elle devait ne pas s'en sortir, il fallait qu'elle le sache. 

Eloise leur avait dit qu'elle avait complètement coupé les ponts avec sa famille, qu'elle n'avait plus personne à part Ice. Que si un jour il l'abandonnait, elle se retrouverait sans rien ni personne. Et John savait ce que c'était qu'être seul, sans famille, sans proches sur qui s'appuyer. Les vagos étaient devenus ce qu'il avait manqué par le passé. Alors il devait dire à Eloise qu'elle n'était pas seule, qu'elle était importante pour lui et pour les autres membres.

-Faut que tu saches que tu fais partie de notre famille depuis longtemps Elo, et on laisse jamais un des nôtres sur le carreau ! Tu vas te relever comme nous, tu vas te prendre des opérations et des prothèses dans la gueule mais tu te relèveras !

Elle fit un faible sourire qui disparut presque tout de suite. La douleur lancinante qui prenait part d'elle commençait à la dévorer. Elle se sentait partir un peu plus au fur et à mesure que la voiture avançait. Elle n'avait pas la force de trop réfléchir, elle ne voulait pas se prendre la tête, ses lèvres s'ouvrirent alors.

"Tu m'as demandé..un jour..pourquoi le Jefe..et je t'ai jamais ré..pondu..." Elle s'arrêta comme essoufflée par le simple fait de prononcer quelques mots et tourna sa lourde tête vers l'homme à ses côtés. 

"Je t'ai dis te taire Elo putain !"

"Je pensais pas que..que quelqu'un pourrait me faire ressentir..." Elle déglutit, sa main appuyant un peu plus sur sa blessure "..ce que je ressens maintenant, me rendre si accro...si passionnée par.. autre chose que mon tra..vail." Une larme roula sur sa joue à la réalisation qu'elle ne s'en sortirait peut-être pas. Ce simple fait s'imposa à elle si vivement qu'un frisson la parcourut. "Et je l'aime...tellement, tellement que je..que je sais pas comment mettre..des mots sur ça..." D'autres larmes roulèrent aussi sur ses joues sans qu'elle ne les contrôle. "John...je veux pas mourir."

Amener des vagos à l'hôpital était toujours dur, mais jamais aussi difficile que ce qu'il vivait actuellement. Ils étaient tous prêts à mourir, à donner leur vie pour leur famille, leur territoire, ce qui leur appartient. Eloise ne venait pas de ce monde, elle n'était pas prête à mourir, elle n'avait aucun besoin de se sacrifier. Alors c'était dur de l'avoir là, dans le siège de sa voiture, en train de s'éteindre lentement. John ne le supportait pas, il appuyait tellement fort sur la pédale d'accélérerateur qu'il était fort probable qu'il y fasse un trou.

"Vous..comptez tous tellement..pour moi.."

John ne put empêcher sa main de se crisper sur le volant alors qu'il éleva la voix comme pour essayer de passer au-dessus du souffle étatique d'Eloise. 

"Tu vas pas mourir Eloise ! Je t'ai pas encore rendu la patate que tu m'as mise donc tu peux pas crever !"

Ses derniers mots se perdirent dans sa voix. Il avait la gorge sèche, il voyait trouble, mais il devait garder la tête froide, il ne pouvait pas se permettre un accident. Des gouttes de sueur perlaient sur son front et s'amplifièrent quand Eloise ne répondit plus à ses mots.

"Eloise ? Elo ? Réponds bordel ! ELOISE !"

Elle avait perdu connaissance, elle était devenue si inanimée qu'il pensait en faire des cauchemars la nuit. Son téléphone se mit soudain à sonner et il décrocha immédiatement en voyant le nom de Tom.

"Ouais, vous êtes où ? C'était chaud de partir comme ça John, bon ça nous a permis d'emboîter le pas mais-"

"Elo s'est faite touchée"

Sa phrase resta en suspension dans l'air pendant de longues secondes, personne a l'autre bout du fil ne parlait. C'était si surréaliste que John ne savait plus si il avait parlé ou non.

"Elle est dans un très très sale état je suis en train de foncer au LSES la !"

La réponse de Tom ne se fit pas attendre et il acquiesça tout en disant qu'ils allaient arriver aussi. 

John n'était plus très loin de l'hôpital. Quand il arriva, il ne réfléchit pas et s'arrêta en face des portes du bâtiment. Il prit Eloise dans ses bras rapidement et l'emmena à l'intérieur. Les médecins remarquèrent directement John et se précipitèrent vers lui. Ils firent venir un brancard et se dépêchèrent d'installer Eloise dessus. Impuissant, John expliqua rapidement ce qu'il s'était passé dans la panique la plus totale. En moins de temps qu'il n'en fallu pour le dire, il se retrouva seul dans le hall du LSES, les mains et le t shirt plein de sang.

Il les regarda, l'esprit brouillé. 

Il se questionna sur ce qu'il venait de se passer, sur ses dernières minutes qui venaient de s'écouler, sur comment les choses avaient autant dégénéré sans qu'il ne les contrôle. Il prit une inspiration et alla s'installer dans un siège pour attendre les autres vagos et surtout, pour attendre des nouvelles d'Eloise.

Le gang n'arriva pas longtemps après et rentra en trombe dans l'hôpital. Éloïse était devenue importante pour tout le monde, elle s'était rapprochée de chacun des membres et avait appris à tous les connaître. Certains avaient été plus compliqués à apprivoiser mais ils avaient fini par tous lui parler à cœur ouvert. Seul Riot résistait encore un peu, mais lui aussi appréciait grandement la copine de son chef.

En voyant John couvert de sang, la tête de certains vagos se décomposa.

"Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement John ?" Ice avait pris la parole avant tout le monde, la mâchoire serrée, le poing fermé. John déglutit, il se repassait sans cesse la scène dans sa tête mais peu importe à quel point il la revoyait il n'arrivait toujours pas à comprendre. 

Eloise c'était elle vraiment sacrifier pour lui ?

"Un flic était derrière moi, je l'avais pas vu mais Elo si. Il s'apprêtait à tirer et elle a..je sais pas ce qu'elle a voulu faire, mais.. elle s'est interposée entre moi et le flic et...et elle s'est prise les balles."

Ice ne répondit rien, aucun des vagos ne répondit quelque chose. La tension autour de Ice était palpable et cela n'aurait étonné personne qu'il aille tirer sur des civils pour se défouler. Pourtant il n'en fit rien et s'adossa à un mur, la tête dirigée vers l'entrée des salles du LSES. Ça le démangeait de juste rentrer et de questionner sur l'état d'Eloise mais cela n'aurait servi à rien. Les médecins reviendraient vers eux dans tous les cas, ou vers John d'une manière ou d'une autre. Et si ce n'était pas le cas, Ice ira alors demander lui-même. Il ne partira pas d'ici tant qu'il n'aura pas vu la femme qu'il aime hors de danger et saine et sauve.

Le temps semblait passer très lentement, la plupart des vagos étaient partis de l'hôpital pour rentrer chez eux se reposer ou partir travailler. Le moral dans le gang était au plus bas et certains voulaient juste se changer les idées. Il ne restait dans le hall que Ice, John, Lexi et Tom.

Ice commençait sérieusement à perdre patience et à flipper. Il finit par interpeller le premier médecin qui passa devant lui.

"Bonjour, vous auriez des informations sur l'état d'Eloise Nael ?"

L'homme sortit son téléphone sans attendre.

"Vous faites partie de ses contacts à prévenir ? Quel est votre nom ?"

"Xavier Flinch"

Le médecin tapa pendant quelques secondes sur son smartphone avant de relever les yeux vers l'homme en face de lui.

"Je suis désolé mais je ne peux rien vous dire, votre nom ne figure pas sur sa liste."

Les sourcils de Ice se froncèrent et il s'apprêtait à répliquer avant que Gabriela n'arrive et dise au médecin que quelqu'un l'attendait et qu'elle prenait le relais. La chef du LSES n'eut même pas le temps de parler que Ice renchérit.

"Comment va Eloise ?" 

Gabriela inspira avant de commencer à parler.

"Elle a été touchée deux fois, une fois à l'abdomen et une fois au thorax. Heureusement, aucun organe important n'a été touché mais cela n'est pas passé loin. Elle a été admise avec une énorme perte de sang, je vous avoue qu'on avait peur mais tout s'est bien passé. Elle a été stabilisée et elle est maintenant hors de danger."

John s'était entre temps rapproché de son Jefe et de Gabriela pour écouter la conversation d'une oreille attentive, inquiet pour Eloise.

"Est-ce que je peux la voir ?"

Gabriela regarda en biais vers John et les autres vagos présents puis reporta son attention vers Ice.

"Oui, mais je préfère qu'une seule personne la voit, même si elle est sauve il lui faut du repos."

"Aucun souci."

Elle acquiesça et demanda à Ice de le suivre, ce qu'il fit sans attendre. Le trajet entre le hall et la chambre sembla durer une éternité et Ice ne put empêcher sa cadence d'accélérer. 

Quand ils arrivèrent devant la porte, il n'attendit pas que Gabriela lui autorise qu'il rentra. Le bruit d'une machine attaqua ses oreilles alors qu'il tourna sa tête vers la femme qu'il aimait. Elle était la, allongée dans un lit blanc immaculé, les yeux fermés, le visage beaucoup trop paisible pour que cela ne cache pas quelque chose. Cela ne faisait que quelques secondes qu'il l'avait vu et il détestait déjà de la voir comme ça. Il tira une chaise et s'asseya à côté d'elle avant d'attraper délicatement sa main entre les siennes. Il ferma les yeux et inconsciemment il soupira de soulagement. 

Elle était en vie.

Elle allait guérir.

Ice n'était jamais passé aussi près de perdre Eloise et il s'en rendait compte maintenant. Il savait qu'elle prenait des risques à être avec lui mais il faisait tout pour minimiser ceux-ci. Il avait refusé de lui apprendre à tirer pour l'éloigner de la criminalité d'une manière ou d'une autre. Il savait que ce n'était que du vent au vu de la section journalistique dans laquelle était aller Eloise,  mais il voulait faire ce qu'il pouvait de son côté. Il aurait dû être prêt à la voir dans cet état, mais il ne l'était pas. 

Et il ne pense pas qu'il le sera un jour. 

Il caressa doucement sa main en finissant par la serrer légèrement, il avait l'impression que si il la lâchait, elle disparaîtrait. Alors il resta comme cela un bon moment jusqu'à ce que la fatigue le gagne et qu'il s'endorme sans même s'en rendre compte.

/////

"Tu sais, pour l'île, je suis plutôt vieux."

Eloise fronça les sourcils, écoutant attentivement Ice qui semblait aborder un sujet qu'elle savait qu'elle n'aimerait pas.

"L'espérance de vie sur l'île est plutôt courte en fait-" Elle ne le laissa pas finir. Si il ouvrait la bouche encore une fois, elle lui couperait la langue. "Dit pas ça Ice, tu n'as pas le droit de dire quelque chose comme ça."

Il savait qu'elle n'aimerait pas entendre ces mots, rien qu'à son regard il le savait. Mais il ne faisait que dire des faits. Le sujet de la mort était quelque chose dont ils évitaient de parler. C'était trop réel. Trop proche de lui, trop proche d'elle. Ils fermaient les yeux sur celle-ci mais elle était posée au-dessus de leur tête. Silencieuse et discrète, elle attendait le moment opportun pour frapper.

"Si tu meurs, écoutes moi bien Ice.." Elle croisa ses bras, le regard ancré dans celui du Jefe. "Je meurs avec toi." 

Ice fronça ses sourcils, s'apprêtant à répliquer, n'aimant pas ce que venait de dire sa compagne mais elle ne le laissa pas faire. "Nan attends, laisse moi finir. Tu crèves, je crève Ice. Et me dit pas 'Non non', parce que je te connais, ce que je te dis là, tu n'as aucun droit de parole dessus." 

"Bah si si, j'ai un droit de parole dessus quand même." Ice s'affaissa dans le canapé, toujours le regard ancré dans celui de sa copine. "Tu vas pas crever. Tu vas vivre ta vie, tu vas trouver quelqu'un d'autre et-"

"Non.

"Non je ne trouverai personne d'autre Xavier.

C'est toi ou personne."

/////

 Il finit par se réveiller, l'esprit embrumé en sentant une main caresser la sienne. Il se releva instantanément, les yeux grands ouverts et dirigés vers Eloise qui était réveillée.

"Coucou toi..."

Ice ne répondit pas et encadra délicatement le visage de sa femme de ses mains avant de placer un léger baiser sur ses lèvres.

"Tu m'as fichu la peur de ma vie Eloise..."

La principale concernée fit un très léger sourire gêné.

"Désolée..."

Ils restèrent un moment à s'observer tous les deux sans qu'un seul mot ne soit décroché. Éloise semblait fatiguée et cela peinait Ice. Il n'aurait pas cru se retrouver dans cette situation avec cette position. Celle du proche qui est au chevet du malade et qui doit attendre, impuissant, que celui-ci se rétablisse.

"Qu'est-ce qui t'a pris..?"

Elle mit un moment à répondre, comme-ci elle était perdue dans ses pensées.

"Il allait se faire tirer dessus...Je n'ai pas réfléchi." Elle releva ses yeux qu'elle avait baissé. "Il va bien ?"

"Oui, et il a intérêt à aller bien." Ice ne put empêcher son ton de se durcir, pourtant, il savait qu'il n'avait pas à être en colère contre John. "..Il viendra te voir, tu pourras vérifier de son état par toi-même."

Eloise acquiesça doucement. Face au silence qui régnait elle sentit l'anxiété l'envahir.

"..Tu vas me quitter ?"

Ice soupira. Un long et profond soupir s'échappa de sa bouche et du plus profond de son être. Il attrapa à deux mains la main d'Eloise et releva ses yeux vers elle.

"Non Eloise, je ne vais pas te quitter. Pas maintenant ni jamais." Il resserra doucement sa prise "Et je t'interdis toi de me quitter. T'es celle qui essaye toujours de t'éloigner de moi en fait.."

"Quoi ? Mais pas du tout Ice !"

"Avec tous les ITT que tu te prends je me pose des questions des fois ma chérie."

Ice fit un petit sourire et Eloise fit la moue. En temps normal elle aurait croisé les bras pour bouder mais cette fois-ci elle ne le fit pas.

"Nan plus sérieusement Eloise, jamais je n'y ai pensé et je n'y penserai jamais. Et toi ta pas intérêt à penser à le faire."

"Je te quitterai jamais et tu le sais..."

"Tu as failli le faire aujourd'hui."

Un blanc s'installa entre le couple. Eloise savait que si la situation venait à se reproduire elle referait exactement la même chose. Et Ice le savait aussi, qu'elle reproduirait encore et encore son geste sans penser à lui. Elle penserait à la vie de la personne qu'elle sauve et à ses proches avant elle-même et ses propres relations.

"Tu restes avec moi ce soir..?"

Ice serra la main de la femme de sa vie et répondis du tac au tac.

"Oui."

~

Eloise ne resta pas réveillée très longtemps, toujours très fatiguée elle passa tout son temps au pays des rêves. Elle finit malgré tout par ouvrir les yeux en entendant des chuchotements proches d'elle. En tournant la tête elle vu John et Ice en train de discuter. Elle n'eut pas le temps de réfléchir plus longtemps ou de se concentrer sur la conversation que Ice quitta la pièce. 

C'est en reportant son regard vers Eloise que John vu qu'elle était réveillée. Assez surpris, il s'avança vers elle.

"Tu es réveillée depuis longtemps ?"

"Non.." Eloise examina John sans le vouloir. Il avait les traits tirés et semblait un peu inquiet. "Je n'ai pas entendu de quoi vous parliez."

John acquiesça et déglutit avant de s'asseoir sur la chaise proche du lit. Les deux jeunes gens se regardèrent un moment sans qu'aucun ne prononce le premier mot. John ne savait pas par quoi commencer mais il décida quand même de se lancer.

"..Ce que tu as fait Eloise, t'aurais pas dû le faire. Je.." John s'affaissa contre le dossier de la chaise et s'apprêtait à reprendre avant que la journaliste ne le fasse.

"Si c'était à refaire John, je le referais."

Il resta silencieux.

Il ne savait pas quoi répondre.

Eloise se redressa sur son lit et s'approcha de lui comme elle le pouvait, avant de le prendre, toujours souffrante, dans ses bras. Il resta stoïque, ne s'attendant pas à une telle action et finit par, doucement, lui rendre son étreinte.

Ils restèrent comme cela quelques secondes, ou peut-être quelques minutes, John n'y fit pas attention. Et c'est dans cette ambiance hors du temps qu'il lui murmura un faible merci, celui-ci portant toute la sincérité et l'affection qu'il avait pour elle. 

"Tu m'entends ?" - EloIce

[7/12/2022-18/12/2022]


Eloise décrocha son téléphone en voyant le nom d'une des personnes travaillant à la mairie s'afficher sur l'écran. Il ne fallut que quelques secondes de discussion pour que le sourire qu'elle avait sur les lèvres disparaisse. 

Édith s'était fait attraper.

Elle s'était fait kidnapper et torturer. La mairie du Sud était en panique, les FDO en alerte maximale et les civiles dans l'incompréhension la plus totale. 

Eloise resta stoïque en entendant les mots de son interlocuteur au téléphone. Dans sa bulle avec les vagos elle n'avait pas eu vent de cette histoire. Ce qu'elle se mit à ressentir contrastait tellement avec l'ambiance joyeuse du gang qu'elle dû se mettre à l'écart.

Elle ne se sentait pas bien.

Ice la regardait du coin de l'œil partir à pas de loup à l'opposé d'eux. Elle réussit à marcher sans flancher, la tête droite devant elle, faisant semblant de ne pas être perturbée.

Des flashs violents se mirent à apparaître devant sa vision et son pouls s'accéléra. Son cœur battait si fort qu'elle l'entendait pulser contre ses oreilles. Il battait aussi vite que le rythme du défilement des images dans son esprit. Et ces images étaient violentes, remplies de tâches sombres et de bruits assourdissants.

Mais elle continua d'avancer comme-ci de rien était, comme un robot faisant les mêmes gestes machinalement.

C'était mauvais. 

Elle avait l'impression d'être de retour dans le passé.

Elle s'était tellement isolée du groupe qu'elle se retrouva derrière un bâtiment, seule avec elle-même et sa mémoire qui l'attaquait. Elle s'adossa contre un mur, n'entendant plus les paroles de son interlocuteur au téléphone. 

Les images continuèrent d'apparaître de plus belle. Elles avaient beau être floues et décousues, Eloise avait l'impression de revivre exactement ce qu'il s'était passé ce jour-là, mais en accéléré. Elle avait l'impression de voir la même chose se reproduire. Elle avait l'impression d'entendre des chuchotements désagréables, de sentir des doigts jouer avec ses cheveux et de voir ce coup partir en boucle. Elle l'entendait résonner avec une telle aisance dans sa tête qu'elle se demandait si c'était normal. Normal de rester bloqué sur quelque chose d'aussi lointain et qu'elle pensait avoir oublié, enterré.

Elle avait encore provoqué une catastrophe, elle avait provoqué la torture de quelqu'un.

Ses yeux papillonnèrent et elle entendit au loin Ice l'appeler. Mais il semblait si lointain, si hors de la réalité, qu'elle pensait que ce n'était qu'un rêve. Elle commençait à avoir des difficultés à respirer, à voir ce qui l'entourait, à dénommer les choses.

Les murs décrépits du quartier disparaissaient pour laisser place à une pièce sombre, où l'odeur de mort et de sang était omniprésente. Elle voyait des ombres noires et elle entendait des voix qui scandaient que c'était de sa faute, qu'elle devrait arrêter de sortir des sentiers battus. Que si elle écoutait sagement, qu'elle obéissait, les choses n'auraient jamais dégénérées. 

Elle sentit sa gorge se nouer, la sensation était si familière que des frissons d'effroi la parcoururent. Elle allait complètement perdre pied, ce n'était qu'une question de temps, de minutes, de secondes.

Elle reprit contact avec la réalité quand une main se posa brusquement sur son épaule. Elle tourna immédiatement sa tête vers Ice qui venait de la réveiller et qui fronçait les sourcils. Il ouvrit la bouche, inquiet, et prononça quelques mots, presque dans un murmure, ne voulant pas brusquer sa femme :

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

Eloise voulait lui répondre, lui expliquer. Mais c'est comme-si les mots restaient fixés, soudés au fin fond de sa gorge.

Elle n'arrivait plus à dire un mot.

Et elle avait l'impression de revivre des souvenirs qu'elle avait complètement oubliés. Elle revoyait le regard désemparé de ses parents face à son mutisme, elle se rappelait les moqueries, les séances de psy, les-

-Eloise ? Chérie, réponds-moi.

Elle avait l'impression d'être de nouveau un monstre muet.

Il encadra délicatement son visage de ses mains et Eloise réalisa à ce moment-là que son téléphone lui était tombé des mains. Ses yeux rencontrèrent des lunettes noires et elle savait, que, derrière celles-ci, se trouvaient des yeux rouges brûlants qui ne la regardaient qu'avec douceur. Elle aimerait lui dire ce qu'il venait de se passer, mais elle avait beau ouvrir la bouche et essayer de faire sortir un son, elle n'y arrivait pas. Elle avait beau fixer ses lunettes dans l'espoir d'un miracle, rien ne se passait. Sa voix l'avait lâchement quittée, abandonnée, délaissée

Elle revivait les mêmes frustrations, la même angoisse, la même peur, et surtout, la même culpabilité. Une culpabilité qui la rongeait intérieurement, qui la dévorait tout entière. Elle avait l'impression d'être sous son contrôle le plus total. Elle avait l'impression de ne pas avoir grandi. D'être toujours cet enfant rongé par ses erreurs qui pensait avoir tout enfoui au plus profond de lui-même.

Au final elle était aussi faible qu'avant. Elle savait les risques, elle savait tout cela mais elle avait quand même décidé de s'engager à la mairie et d'y rester. Malgré que la vie d'Edith soit en danger, malgré tous les problèmes que cela engendreraient. 

Encore une fois elle avait créé des problèmes.

Cela ne s'arrêtera donc jamais.

Eloise finit par fermer la bouche, résignée. Aucun son ne sortira, elle en était certaine. Le nœud au fond de sa gorge semblait toujours serré et il ne semblait pas proche de se défaire. 

Gênée, elle ne put continuer à regarder l'homme qui partageait sa vie alors elle détourna le regard.

Même lui ne pouvait apparemment pas l'aider. Sa présence, qu'elle pensait capable de tout résoudre, ne pouvait rien faire face à la force de la peur et des remords.

Elle posa alors ses mains sur les siennes et les retira de son visage. 

Il fallait qu'elle parte. Le plus vite possible, avant qu'il ne la questionne, avant qu'elle s'effondre devant lui. Elle ne voulait pas lui montrer cette facette d'elle-même. C'était peut-être égoïste, après tout, il avait accepté de montrer cette partie sombre de lui-même, triste et détruite, attirée vers un passé impossible à changer. 

Elle se rappelait l'avoir écouté chanter toute une soirée, le ventre tordu, inquiète pour lui.  Elle avait vu son regard être détourné du sien, son esprit perdu dans des souvenirs qu'elle ne connaissait pas. Le chant avait été le point d'ancrage avec la réalité. La chose, qui, à la fois, éloignait Ice d'elle, et en même temps, lui permettait de comprendre sa douleur.

Penser à sa voix qui chante l'apaisait. 

Être avec lui l'apaisait. 

C'est là qu'elle réalisa qu'elle ne pouvait pas partir. Que loin de lui son état serait peut-être pire. Il fallait qu'il la maintienne dans la réalité, qu'il s'accroche à elle pour ne pas la laisser s'envoler.

Et c'est ce qu'il fit. Il passa ses bras autour de son corps et la serra tendrement contre lui. Elle posa sa tête sur son épaule et se concentra sur sa respiration pour ne pas perdre pied. Son odeur si familière participa grandement à la calmer et c'est sans s'en rendre compte que la respiration d'Eloise reprit un rythme normal.

-Donc j'avais raison hier. De me demander si tu allais vraiment bien ou pas.

La jeune femme ne répondit rien mais agrippa sa veste. Elle essaya à nouveau de parler mais sans succès. 

Elle allait bien, quand le passé ne faisait pas de nouveau surface, quand elle ne se questionnait pas sur sa vie futur, sur ce qui était fait pour elle. Elle allait bien quand elle ne pensait pas à sa famille qui n'accepterait jamais sa relation.

"Mais Eloise tu as complètement perdu la tête ! Cet homme est DANGEREUX et crois-moi, ce n'est pas ton bien qu'il veut. Comment peux-tu même t'être embarquée là-dedans avec ce que notre famille a subi !?"

-Eloise ?

La jeune femme blottit sa tête dans le creux du cou de Ice. Pour une fois, une seule et unique fois, elle avait besoin qu'il soit sa béquille, parce qu'elle avait l'impression qu'elle allait s'effondrer. Elle était indépendante, elle pouvait se gérer, mais pour aujourd'hui, elle avait besoin de son aide.

"Maman !"

Et les flahs revenaient de plus belle, ils l'assaillaient de tout part. Ce n'étaient sûrement que des souvenirs imaginés, mais pourtant, ils semblaient si vrais, si puissants. Elle se voyait passer entre les gens, sous les cris de sa grand-mère, et enlacer la jambe de sa génitrice sans faire attention aux personnes autour. Puis elle se rappelait le sac qu'on lui avait mis sur la tête. Elle se rappelait l'incompréhension et la panique qui l'avait habité. Elle se souvenait de ses cris étouffés et du brouhaha ambiant qui avait, en quelques secondes, complètement disparu pour laisser place au néant. Et de son cerveau qui avait, lui aussi, décidé de sombrer dans l'abîme.

À son réveil elle s'était retrouvée assise sur une vieille chaise, le corps ligoté. En face se trouvait sa mère, dans le même état mais inconsciente. Elle n'avait pas su tout de suite que sa grand-mère était aussi présente, elle était trop concentrée, trop obnubilée par cette vision traumatisante. Ses yeux semblaient attachés à cette image d'horreur ne pouvant s'en détourner. Elle ne cligna pas des yeux une seule fois, elle laissa ses pupilles s'assécher, incapable de faire le moindre petit mouvement. Elle imprima cette image de sa mère si fortement qu'Eloise pouvait la voir dans ses cauchemars. Quand le temps était mauvais, que la solitude devenait forte, elle la revoyait, enfouie au plus profond de son inconscient elle ressurgissait sans prévenir et la faisait suer. 

Des hommes finirent par arriver et tout sembla passer à la fois si vite et si lentement. Elle revivait les menaces, les cris. Tout était brouillon et hypnotisant. Elle voulait détourner le regard, sortir de cet enfer mais c'était impossible. Elle n'y arriverait pas. À chaque fois que son esprit semblait se détourner et se réveiller, quelqu'un arrivait et lui tenait la tête droite. 

Ils la ramenaient toujours dans cette réalité.

Elle voulait partir. Elle en avait marre. Elle avait peur qu'ils s'en prennent ensuite à elle. Elle avait peur de ne pas s'en sortir. ELLE-

-J'ai peur.

Ice ne put que frissonner en entendant le ton tremblant de la femme qui partageait sa vie. Il ne l'avait jamais vu comme ça et il n'aimait pas ça.

-Tu n'as aucune raison d'avoir peur Eloise. Je suis avec toi.

Elle semblait insensible à ses paroles comme-si elle n'était pas là, qu'elle n'était pas dans ses bras mais autre part. Pourtant, il avait senti ses mains s'agripper à lui après ses mots. Elle était toujours là, mais éloignée.

-"Eloise..." Il passa une main dans ses cheveux. "Il faut que tu te concentres sur ma voix ok ?"

Il pensa pendant quelques secondes qu'elle ne répondrait pas mais contre toute attente elle laissa échapper un petit "hum", si faible qu'il pensait l'avoir imaginé.

-Eloise, peu importe ce qu'il se passe je suis là d'accord ? Parler n'est pas vraiment.. mon fort, mais je suis là pour t'écouter. Pour te soutenir et pour t'épauler. Je ne vais pas te laisser sombrer tu m'entends ? Je vais plonger avec toi et je vais te faire sortir de l'eau.

Il déglutit, tout ça l'atteignait beaucoup trop et il n'aurait pas cru que voir Eloise comme ça aurait cet effet sur lui.

-Hm...

Il l'entendit renifler, à la limite de pleurer.

-Je ne vais jamais te laisser. Eloise, tu m'entends ? Je suis là et je ne partirai jamais. Tu n'es pas seule, tu n'es plus seule et tu ne le sera plus jamais. Je l'ai promis et je ne compte pas faillir à ma promesse. Peu importe où tu es maintenant, dans quel cauchemar ton esprit t'envoie, cet endroit n'a plus lieu d'être. Tu es avec moi maintenant, avec Elyana, Laurent et les autres. On est tous là avec toi, et même si tout s'effondre, moi, je serais toujours là. Eloise tu m'entends ? Je ne te laisserais plus tout affronter seule, ni maintenant, ni jamais.

Elle éclata en sanglots et rouvrit les yeux, serrant Ice. Il fit de même et lui caressa le dos.

Eloise était émue. Parce que dans cet enfer glacial et sombre, une lumière était apparue. Elle était chaude et brillante, si puissante qu'elle avait réussi à détourner ses yeux de sa mère, de cet endroit qui hantait son inconscient. Il avait réussi une prouesse qu'elle n'aurait jamais cru possible. Elle l'avait entendu, elle l'avait écouté et elle l'avait compris. Alors elle ouvrit la bouche et entre deux sanglots, elle éleva cette voix auparavant disparue ;

-Oui Ice, je t'entends.

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Famille – EloIce

On eut souvent dit que la famille était le lieu des passions en ce qu’elle éclaire les mouvements de l’âme, creuset ou se forme et se déforme la personnalité de chaque individu. La famille est le carcan par excellence, où s’opère la lutte entre la liberté liée à l’état de nature et la coercition sociale.

Éloise et Ice n’avaient pas dérangé à cette règle.

Éloise, depuis son enfance, n’avait rien connu d’autre que sa famille. Issue d’une illustre famille de journalistes d’investigation, son chemin était déjà tracé. On ne lui laissa pas le choix, ce qui ne manqua pas de la rendre malheureuse à certains moments. Infiltrée dans un cartel, sa mère passa très peu de temps avec sa fille, empêchant Éloise de nouer une véritable relation. Malgré tout, Éloise éprouvait un amour inconditionnel pour ses parents.

Jusqu’au jour où son innocence la rattrapa.

Elle vit sa mère se faire torturer par sa faute. Cela ancra en elle un véritable traumatisme. Cette scène insoutenable pour une enfant découla en un mutisme prolongé qui la plongea dans une infinie solitude, rongée par les remords. Ce jour-là, le peu d’estime qu’elle avait d’elle avait été annihilée. Sa confiance en soi par la même occasion avait disparu.

Pour pallier ce manque grandissant, elle se mit en quête d’une personnalité, de sa personnalité. Elle se heurta à une immensité d’obstacles dans sa quête pour l’acceptation. Le traumatisme était toujours là, à l’image d’une plaie lancinante incapable de se refermer. 

Ses parents l’envoyèrent sur l’île de Los Santos dans l’espoir qu’elle suive le même chemin qu’eux sans parvenir à réellement l’aider.

Pur hasard ou coup du destin, dès les premiers jours, elle tomba sur celui qui allait bientôt l’aider à surmonter son affliction. Celui que l’on surnommait communément ‘Ice’ était un redoutable chef de gang établi sur l’île depuis déjà plus d’un an. Eloise, toujours aussi innocente, s’approcha de lui sans savoir qu’elle avait face à elle, la personne qui finirait par devenir un jour son mari.

Sous une persona candide et frivole se cachait un vif esprit, perspicace et sagace. Elle ne put s’empêcher de montrer un respect sincère à cet homme qu’elle ne connaissait pas, elle qui pourtant, n’avait aucun scrupule à manipuler les gens grâce à sa personnalité rayonnante en apparence. Car oui, c’est en installant un climat de confiance avec son interlocuteur qu’Éloise obtenait la plupart de ses informations. Mais cette fois-ci, elle fut confrontée à une énigme qui lui plaisait.

Tiraillée par sa morale, elle resta distante avec lui par peur de le manipuler lui aussi. Au fur et à mesure que le temps passait, Éloise s’était rapprochée de Kaze, un Vagos, qu’elle considérait comme son frère. Comment celle qui avait toujours été éduquée à manipuler autrui, avait-elle pu finir par s’attacher à un membre de gang ? Elle se rendit un jour compte que le chef de celui qu’elle considérait comme son frère, était en réalité la personne dont elle rêvait secrètement de percer le secret.

Elle entama donc un léger rapprochement, avec l’espoir au fond d’elle, que le courant passerait naturellement. Ils purent se côtoyer davantage au mariage de Kaze. Les jours passèrent et ce qu’elle redoutait le plus arriva. Elle était en train de s’attacher à lui, de tomber amoureuse. Elle savait pertinemment que ses parents lui reprocheraient ce rapprochement mais elle ne pouvait ignorer ses sentiments. Elle n’avait jamais réellement pu s’attacher à qui que ce soit, alors cette sensation de bien-être était quintessenciel.

Bien qu’elle n’osât l’avouer, elle se sentait vivante, elle qui n’avait jamais pu s’attacher réellement à personne, elle qui avait été toute sa vie plongée dans une solitude profonde et une mélancolie splénétique. Elle-même qui ne trouvait aucun véritable sens à sa vie.

Elle se retrouvait animée par une pulsion de vie qui l’effrayait, elle le trouvait parfait. Il était pour elle l’incarnation même de l’être romantique, attentionné, déjanté, hilarant, bienveillant à son égard. Ice aussi la trouvait parfaite : elle était drôle, dynamique, pleine de vie et n’avait aucune limite. Cela lui plaisait, celui qui en temps normal était aussi froid que les limbes de la mort, était cette fois-ci face à un être à la fois si différent et si proche de lui. Il n’aurait su l’expliquer, mais il ressentait quelque chose de très puissant. C’était aussi tout nouveau pour lui, celui qui ne s’était jamais intéressé à personne à part sa famille, était lui aussi en train de tomber amoureux.

Il admirait sa témérité, et il appréciait que pour une fois, quelqu’un ose voir plus loin que les apparences. Ice se délectait de voir la peur qu’il suscitait chez les autres, sa prestance naturelle ne le trahissait jamais. Et pourtant, voir Éloise l’apaisait, sa vue bien que défaillante ne pouvait le trahir. Il aurait pu se perdre dans l’infini reflet des yeux d’Éloise, cet océan d’amour, symbole de leur idylle.

Elle aussi aurait pu se perdre dans l’infinité rougeâtre des yeux d’Ice. Ces yeux rouges étaient un véritable brasier ardent mêlant haine, colère, frustration et animosité. On eut dit des rayons gamma capable de transpercer une obscurité fuligineuse.

Toutefois, Éloise ne pouvait s’abandonner pleinement à cet amour, véritable brasier lancinant. Elle était confrontée à des réminiscences, ce passé qui la tiraillait, ces plaies béantes qui lui déchiraient les entrailles. Non, l’arnica qu’Ice lui mettait ne suffisait pas à l’apaiser cette fois-ci.

Elle le savait. Ice était le remède à ses maux, lui seul était capable de la décrypter. Pourtant, les mots lui manquaient. Elle aurait voulu lui dire à quel point elle l’aimait, à quel point cette passion avait déclenché en elle un violent incendie que personne n’aurait pu éteindre.

Pourtant, son mutisme la faisait agoniser, sa respiration se coupait, elle étouffait d’amour. Celui qui ne posait jamais de question devait se risquer à un jeu dangereux,  un jeu que personne n’avait osé entreprendre avec Éloise. Elle fuyait cela comme la peste car elle tentait tant bien que mal de refouler ce passé qui la consumait petit à petit. Elle devait se libérer de ce poids. Cela devenait malsain pour elle.

Ice l’avait remarqué. Éloise noyait le poisson en l’inondant de questions. Ces interrogations intéressaient réellement Éloise. En effet, elle éprouvait un plaisir indescriptible dans le fait de connaître plus profondément la personne qu’elle considérait maintenant comme son âme-sœur. Néanmoins, quand les rôles s’inversaient, Éloise pâlissait, son âme quittait son corps.

Ice n’était pas dupe. Il adorait céder par amour à toutes ses demandes, mais cette fois-ci, il ne céderait pas. Il était persuadé d’avoir mis le doigt sur quelque chose d’extrêmement crucial, quelque chose qui rongeait Éloise, et qui l’affectait un peu lui aussi. Il n’aimait pas la voir dans cet état. Il était bien placé pour savoir le caractère éphémère de la vie alors il chérissait chaque moment qu’il passait avec elle.

Il en était sûr maintenant, il déciderait de l’épouser un jour.

Après lui avoir montré à quel point Éloise était devenue indispensable pour lui, à quel point il se sentait vide quand elle n’était pas à ses côtés, il réussit l’inimaginable. Il avait réussi à la faire craquer, celle qui toute sa vie n’était jamais parvenue à s’ouvrir. Les vannes désormais grandes ouvertes, Ice fut confronté à un véritable torrent de larmes qui lui déchira le cœur. Sa seule réaction fut de l’enlacer, leurs corps étaient en symbiose, une véritable fournaise irradiait la pièce.

Il lui fit la promesse de ne jamais l’abandonner et de la chérir jusqu’à ce que la mort les sépare. Éloise fut frappée par un éclair qui lui traversa le corps. Les mots de son âme-sœur avaient résonné en elle si puissamment qu’elle ne put s’empêcher de bafouiller quelques mots :

-         Je… je.. t’aime. J’ai trouvé mon âme-sœur, si tu disparais un jour… je..

-         Tu ?

-         Je.. ne pourrais jamais plus survivre sans toi.. t’es tout ce qu’il me reste, t’es ma famille, si tu venais à disparaitre je ne pourrais jamais me le pardonner ni le surmonter…

-         Je serais toujours là pour toi tu le sais ? Tu m’as moi, et tu as les Vagos, tu fais partie à part entière de notre famille maintenant. Je t’aime Eloise. Tu es tout ce qu’il me reste avec ma famille et je ne veux te perdre pour rien au monde..

À ces mots, elle éclata en sanglots. Ils restèrent enlacer pendant des heures, on eut dit des siamois que personne n’aurait pu séparer. Ils s’étaient trouvé une famille que rien ni personne n’aurait pu ébranler. Et qui sait, peut-être qu’un jour, cette famille s’agrandirait à son tour.


Les voeux d'Eloïse

Ice,

Je me suis persuadée toute ma vie que je finirais seule, n’ayant que le journalisme dans le sang et dans l’âme. Pourtant, en ce jour si sacré pour nous, je me rends compte qu’il n’y a rien de plus précieux en ce bas monde que d’avoir le sentiment d’exister pour quelqu’un. Depuis que nos chemins se sont croisés, une flamme ardente brûle en moi. Je fus d’abord effrayée, ne me sentant pas légitime de ressentir cela mais chaque jour est un pas vers l’acceptation.

Tu es mon pilier, le phare dans les ténèbres de mon existence, mon plus gros soutien dans tout ce que j’entreprend et sans toi, je ne pense pas que j’aurai été capable d’accomplir grand-chose. Je n’aime pas parler de moi, de mon passé, de mon intimité, et pourtant personne ne me connait si bien que toi. Je t’ai révélé des choses dont toi seul est au courant, et même si c’est encore compliqué pour moi de m’ouvrir et de me confier à toi, d’exprimer ce que j’ai sur le cœur, j’espère que tu es conscient de cette confiance que je t’accorde, de cet amour que je te porte. Je pourrais te témoigner l’infinité de mon amour, mais même cela je n’en ai pas besoin, car toi comme moi, on se comprend par un regard, une respiration, et au fond, le corps est un vocabulaire que les mots ne sauraient transcender. Les mots sont illusoires, sujets à la manipulation, au mensonge, à la corruption. Le corps lui est le langage le plus pure qui puisse exister.

Ce corps, mon corps, est une œuvre d’art que tu as façonné par la pureté de ton amour et par ton inconditionnelle bienveillance. Tu m’as révélé une part de toi que je suis la seule à connaitre et en ce jour, j’aimerais te remercier, te remercier pour cette confiance aveugle que l’on s’accorde, pour cette passion qui nous unit et qui se déchaine chaque jour un peu plus. Personne ne peut comprendre notre union mais au fond qu’importe, qu’elle fasse beaucoup parler, qu’elle en fasse jaser plus d’un : une chose est certaine, plus rien n’a d’importance si ce n’est toi. Même si je sais que je ne pourrais jamais te rendre la pareille, sache que je serais toujours ton plus gros soutien et cela peu importe tes choix.

Tu es parfois amené à commettre des actes odieux qui peuvent en choquer plus d’un, mais je t’accepte toi, en tant que mari, avec tes innombrables qualités et tes défauts, et te soutiendrait toujours quoi qu’il advienne. À ton contact, j’ai changé, c’est indéniable. Mais je n’aurais jamais imaginé pouvoir autant évoluer en tant que personne que depuis que je suis à tes côtés. Personne n’est conscient de ce que tu m’apportes, pas même toi car au fond, je suis la seule qui peut le savoir. Tu m’as appris à être moi-même, à m’endurcir face aux épreuves de la vie, tu m’encourages chaque jour à donner le meilleur de moi-même : et pour cela, je ne t’en remercierai jamais assez.

Je suis désolée d’être aussi fleur bleue et émotive mais j’ai besoin d’exprimer ce que j’ai sur le cœur pour une fois, car oui tu m’as sauvée plus d’une fois. Ta simple présence suffit pour me faire oublier tous mes tracas, pour illuminer une nuit que je croyais pourtant sans fin. Je peux enfin le dire et l’assumer pleinement, j’ai véritablement trouvé mon âme-sœur et je souhaite à toutes les personnes présentes ce soir venues célébrer notre union, de trouver une personne aussi remarquable, formidable, extraordinaire, et fabuleuse que celle que tu es pour moi Ice. Je ne te mérite pas et ne te mériterai probablement jamais, mais c’est avec une immense fierté que je me tiens devant toi ce soir. Plus que mon âme-sœur, j’ai trouvé un refuge, une famille qui m’a accepté et ce malgré le tchoutchou, je suis extrêmement fière de toi et des Vagos. Je suis reconnaissante de pouvoir vous connaître, car vous m’apportez tous et toutes énormément. Je suis reconnaissante d’être là ce soir, et de pouvoir vivre ce rêve éveillé à tes côtés.

J’en suis maintenant presque à la moitié de ma grossesse, et me voilà ce soir en train d’épiloguer devant toi. Merci Ice, sincèrement. Merci d’être là pour moi, merci d’être cette personne incroyable que personne ne soupçonne, merci d’être le père de notre futur enfant, merci d’être toi, tout simplement. Le passé fut turbulent mais l’avenir nous réserve un futur brûlant. Chaque jour qui s’écoule à tes côtés est une bénédiction, et j’entend bien profiter de l’avenir jusqu’à ce que la mort nous réunisse de nouveau, car rien ni personne ne pourra nous enlever ce lien symbiotique qui nous unit. Et comme l’a dit un jour une personne que j’affectionne énormément : ‘Il y a des choses dans la vie, elles ne sont pas faites pour être comprises, mais pour être vécues.’

Ice, je t’aime dans le temps. Je t’aimerai jusqu’au bout du temps. Et quand le temps sera écoulé, alors, je t’aurai aimé. Et rien de cet amour, comme rien de ce qui a été, ne pourra être effacé. Pour clôturer ces vœux qui ont certainement déjà trop durés, je dirais seulement qu’il y a des êtres qui nous touchent plus que d’autres, sans doute parce que, sans que nous le sachions nous-mêmes, ils portent en eux une partie de ce qui nous manque. En l’occurrence Ice, tu fais partie de ces êtres car tu as su combler ce vide immense qui m’a tant fait souffrir par le passé.

Je t’aime. 

Les voeux d'Ice

Éloise,

Que dire ? Que puis-je dire à part que je ne pensais pas mériter d’avoir à mes côtés une personne aussi rayonnante, gentille, et attentionnée que toi. Cela fait maintenant plus de deux ans que je suis sur cette île, et jamais encore je n’avais été confronté à un tel cas de figure. Je pensais avoir tout vu, et quelle ne fut pas ma surprise quand nous nous sommes rencontrés, je me suis dit : en voilà une énergumène, mais une chose est sûre, cette rencontre fut marquante, tellement marquante que je me tiens devant toi ce soir afin de célébrer de nouveau notre union, non plus devant la mairie, mais devant Dieu et surtout, devant les personnes que l’on affectionne , ou que l’on respecte.

Même si au début nos contacts étaient limités au professionnel uniquement, c’était toujours avec un grand plaisir que je répondais à tes questions. J’appréciais cette énergie, cet enthousiasme qui émanait de toi.  Je découvrais plus tard tes articles et j’étais étonné de voir la qualité de ces papiers qui pourtant ne m’intéressait pas dans le passé, la neutralité qui en découlait : tu laissais aux gens se faire leur propre opinion sur le sujet que tu traitais.

Mais ce que j’apprécie vraiment plus que tout chez toi, c’est ta folie, cette absence de limites qui font de nous des êtres si similaires. De plus,  ton incroyable faculté à voir le bien chez les gens m’a toujours fasciné. J’ai il y a longtemps abandonné cette vision de moi-même et pourtant chaque jour, je la retrouve à travers le prisme de tes yeux. J’ai dû faire des choix dans ma vie, certains m’ont plu, d’autres non, mais ces choix m’ont forgé et ont fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. Tu as su voir en moi des choses que jamais je n’avais perçu, et en toute sincérité, je n’aurais jamais imaginé m’accorder un jour, le droit d’aimer. Et pourtant, avec tous les défauts que l’on puisse me trouver, tu as su voir plus loin que les apparences, tu as su voir en moi la personne et non le statut de chef de gang. Personne ne m’avait traité de la sorte avant toi : j’ai alors réalisé que si tu n’étais pas la femme de ma vie, je ne la trouverais probablement jamais.

Apprendre à te connaître véritablement et en profondeur fut un travail de longue haleine mais j’espère y être parvenu :  j’ai découvert une âme en peine, brisée et retenue captive par les chaînes de son passé, la vraie Eloise qui se cachait derrière la candeur. Ensemble, nous nous sommes reconstruits, et j’espère avoir réussi à te redonner confiance en toi, car tu es une personne formidable et je pense que tous les invités présents ce soir pourront le confirmer.

Ta simple présence suffit pour m’apaiser, moi qui suis pourtant si sanguin. J’ai parfois fait des choix dont je suis peu fier, mais t’aimer fut certainement le meilleur de tous, car te voir à mes côtés me redonne le goût de vivre. J’exerce un métier dangereux et qui ne fait pas l’unanimité, mais l’idée de pouvoir te perdre un jour, je ne peux le cacher, me brise de l’intérieur. Alors, il est plus que nécessaire de profiter de chaque instant : j’ai vu tant de gens de ma famille mourir, et peut-être que mon tour viendra bientôt qui sait. Alors plus que jamais, t’épouser devant Dieu et entouré par notre famille, c’est peut-être la décision qui compte le plus pour moi et pour laquelle je n’ai pas même, un semblant d’hésitation.

Je ne suis pas très doué pour les grands discours non plus tu l’as certainement remarqué, mais pour cet évènement si important pour nous, je me suis prêté volontiers à l’exercice. Alors, j’espère que cette soirée scellera en nous la marque d’un amour qui ne pourra jamais s’effacer.

Enfin, j’aimerais te remercier pour tout ce que tu m’apportes quotidiennement. Le fait de savoir que nôtre enfant va bientôt montrer le bout de son nez me remplit d’une joie et d’une fierté immense. C’est drôle quand on y pense, on est à la fois si proche et si différent, et pourtant si dépendant l’un de l’autre. Tu feras une mère extraordinaire, ne laisse rien ni personne te faire douter de ça.

Moi, Ice, Jefe des Vagos, promet de te chérir jusqu’à ce que la mort nous réunisse à nouveau. Sache que je ne fais jamais de promesse d’habitude car ma vie peut basculer à tout instant, mais cette fois-ci je tiens à en formuler une devant toi : je serais là pour toi, pour t’accompagner dans les moments heureux et difficiles, pour t’épauler, te guider et te pousser à rester cette personne si bienveillante qui te rend unique, et ce jusqu’à mon dernier souffle. Faisons de notre vie un rêve, et d’un rêve, notre réalité. Sache que tous les mots qui me viennent sont dérisoires alors je tenais simplement à te dire :

Je t’aime Éloise

Rêveries - EloIce

En cette froide nuit d’hiver, Éloise et Ice avaient passé une fois de plus leur soirée ensemble à rouler, chanter et rire. Ils avaient à nouveau déambulé dans tout Los Santos avant de rejoindre leur château, scène principale de leur idylle. Bien que ces deux êtres passionnés irradiassent l’atmosphère par l’omnipotence de leur dilection, tout avait gelé autour d’eux, la température était en plein déclin. Le sol avait revêtu l’apparence d’un miroir : outre leurs silhouettes respectives entourées d’une aura ardente, le sol reflétait également un ciel constellé. Ils décidèrent alors de se tourner vers l’immensité de la nuit, et ils furent happés par la magnificence de ce spectacle étoilé. Leurs yeux étaient désormais plongés au confluent de l’univers.

Ils restèrent sur le parvis de leur château pendant de longues minutes. Ils étaient entrés dans un état d’ataraxie profonde, ils contemplaient l’infinité du cosmos. Le temps s’était figé, leurs corps s’étaient collés. Ils observèrent ensemble le ciel pendant un long moment et ce malgré le froid. Toutefois, ils étaient comme dans une bulle que personne n’aurait pu éclater. Rien n’aurait pu les perturber, pas même le blizzard. Ils ne sentaient plus le froid, leurs corps et leurs esprits avaient fusionné.

Malgré la pollution habituelle qui surplombait Los Santos, le ciel était pleinement dégagé : ils pouvaient déceler au loin des aurores boréales qui donnaient à l’atmosphère, un aspect féerique. Toutes les conditions étaient réunies.

La scène de leur rêverie était presque trop parfaite, mais ce soir-là, il semblerait que les astres se soient alignés pour eux : c’était le destin, ils devaient être là, à ce moment précis, leurs yeux brûlants de désir rivés vers la profondeur de l’univers. Une lumière stellaire émana sans prévenir : c’était une étoile filante. Ils eurent le même réflexe, ils se regardèrent et se mirent à sourire avec cette complicité qui les caractérisait si bien, ils avaient eu la même idée. Celle de faire un vœu. Ils se laissèrent chacun un court moment pour réfléchir.

Ice prit la parole le premier :

-         Alors ma chérie, c’est quoi ton vœu ?

Éloise fit mine de réfléchir, mais elle n’en avait pas eu besoin. Elle aurait voulu que ce moment soit éternel, que cette insouciance perdure, elle qui était si angoissée par le fait de se retrouver de nouveau seul un jour.

-         J’aimerais pouvoir passer le reste de ma vie à tes côtés Ice… Elle éclata rapidement en sanglots et les mots laissèrent rapidement place aux larmes.

Ice l’avait compris. Il avait compris la détresse de sa femme, rongée par cette angoisse qui lui dévorait les entrailles. Elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour lui. Voilà, elle venait à demi-mot de faire son véritable vœu, elle aurait aimé que cette angoisse prenne fin, que l’insouciance de cette rêverie soit marquée par une éternité consolatrice.

Lui qui était pourtant si placide, si flegmatique, lui qui réfrénait constamment ses émotions, lui qui était d’ordinaire imperturbable, avait cette fois-ci laissé transparaitre une crainte. Son cœur s’était compressé dans sa poitrine à l’écoute de sa femme, il avait reçu ce violent choc sans pouvoir s’en prémunir ni sans le refouler comme à son habitude. 

Éloise le remarqua et s’excusa. Elle ne voulait pas gâcher ce moment féérique, ce rêve éveillé. Sans dire un mot, il la serra contre sa poitrine : elle avait désormais la tête collée à son blouson qu’elle adorait tant. Son odeur y était imprégnée. Ice avait ce don que personne d’autre n’avait. Par un geste, il était parvenu à la calmer. La bulle avait éclaté certes, mais son étreinte rassurante et sa force bienveillante lui avaient réchauffé le cœur. Pourtant, Éloise ne put s’empêcher de s’excuser à nouveau. Ice lui rétorqua alors immédiatement :

-         Tu n’as pas à t’excuser. À vrai dire, je suis heureux que tu m’aies partagé ta douleur et ta crainte. Maintenant, je connais la source de ton angoisse et je peux faire de mon mieux pour la stabiliser. Tu le sais que je serais toujours là pour toi hein ?

Elle acquiesça par un léger mouvement de la tête. Sans qu’elle n’ait besoin de lui poser la question, Ice lui fit part de son vœu.

-         J’aimerais aussi que ce moment dure toute notre vie mais malheureusement, la réalité peut parfois nous rattraper cruellement. Pour se rapprocher de cela, je fais le vœu de ne jamais avoir de conflit important avec toi, je veux que le moment que nous vivons actuellement, même s’il est éphémère, puisse le plus souvent avoir lieu. Je suis le mieux placé pour savoir que généralement, la vie ne tient seulement qu’à un fil, alors on n’a pas le temps pour des conflits stériles, d’accord ?

Elle se libéra partiellement de son étreinte afin de rapprocher ses lèvres contre les siennes.

Sous une pluie stellaire, ils s’embrassèrent langoureusement. Même dans une nuit sans lune, une averse stellaire peut noyer les illusions et les mensonges. Ces vœux avaient dissipé toute la noirceur qui aurait pu les entourer, au profit d’une lumière incandescente.

Alors, ils rentrèrent se mettre au chaud, Ice continuait de l’étreindre, il ne pouvait se résoudre à abandonner ce contact qui, il le savait, lui faisait tant de biens. Ils s’allongèrent sur le canapé. Et comme chaque soir, elle posa sa tête sur le ventre de son mari. Éloise cherchait désespérément ce contact, cette odeur si singulière qui apaisait ses angoisses les plus profondes. Ice, lui caressait délicatement les cheveux et le visage. Une fois ce contact établi, Éloise s’endormait comme un loir. Une fois sa femme plongée dans de profonds songes, Ice regardait les flammes de la cheminée : celles-ci se reflétaient dans ses yeux pétulants. Toutefois, cela le berçait. Il s’abandonnait lui aussi aux bras de Morphée, il fermait alors ses yeux meurtris et déposait tendrement un dernier baiser sur le front de sa femme avant de s’assoupir à son tour.

Dès lors, leur rêverie prenait temporairement fin. Demain serait un autre jour, une nouvelle rêverie, qui, ils l’espéraient, serait à la hauteur de la précédente. Même dans un sommeil profond, leurs corps s’étaient rapprochés, pas même le monde onirique n’avait pu les séparer.

Incarcération – EloIce

Dans la nuit du 13 au 14 janvier 2023, il y eu des heurts entre un gang notoire de l’île et les différents services de police. Les journalistes et rédacteurs de Salt Paper étaient en alerte. L’info ne pouvait attendre.

 

Éloise avait été prévenue à l’avance que ce soir-là, les différents corps de police seraient dans la tourmente. En effet, son mari, chef des Vagos, l’avait prévenue en amont qu’une banque aurait lieu afin de ne pas l’inquiéter outre mesure et de ne pas compromettre sa grossesse qui arriverait bientôt à terme. 

 

Les Vagos, au terme d’un braquage de banque, avaient pris la fuite vers les canaux. Ils devaient récupérer des bateaux, stationnés au préalable afin d’amorcer une fuite à leurs bords vers un endroit plus sûr. Malheureusement, un hélicoptère les suivait depuis les airs, compromettant leur fuite.

 

Pour les faire fuir, les Vagos avaient ouvert le feu vers le ciel afin d’effectuer des sommations. Un tireur dans l’hélicoptère répliqua aussitôt. Les échanges de tirs avaient endommagé le moteur du bateau sur lequel Ice se trouvait. La fuite rendue impossible, il n’eut d’autre choix que de se rendre. Une fois arrêtés avec deux de ses hommes, ils furent conduits au poste de police afin d’être auditionnés et mis en cause pour leurs actes. La sentence tomba, ils furent amendés pour un braquage de banque et tentative d’agression sur personnes dépositaires de l’autorité publique.

 

Le procureur décida de préparer les mandats afin de perquisitionner le domicile des personnes arrêtées. Deux perquisitions eurent lieu, une au sein même du quartier Vagos afin de perquisitionner l’un des appartements, l’autre étant le château de Raiponce. Après s’être rendus au quartier, les forces de police se mirent en route vers le château de Raiponce, idylle du couple Flinch. Avant de se rendre, Ice avait pris le soin de prévenir sa femme qu’il allait certainement être arrêté, incarcéré et perquisitionné. Mise au courant, Éloise avait demandé si elle pouvait se cacher dans un buisson afin d’assister à la perquisition aux premières loges. Ne lui refusant jamais rien et la laissant toujours libre de faire ce qu’elle voulait, Ice ne put se résoudre à refuser bien que cela soit dangereux.

 

Une fois arrivé au domicile des Flinch, Ice fut sommé de sortir de la voiture. En sortant, il détourna le regard vers le buisson et vit sa femme accroupie à l’intérieur. À sa vue, il esquissa un sourire, bien qu’un peu inquiet, cela l’amusait de voir sa femme prendre de tels risques afin d’assouvir son âme de journaliste. Ce sourire complice, elle lui rendit aussitôt avec en prime un geste de la main faisant un cœur. Afin de lui permettre de faire son travail dans les meilleures conditions et s’assurer de sa sécurité, il détourna toute l’attention sur lui comme à son habitude. La perquisition se passa correctement et dans une anormale bonne humeur. Cependant, cela dérapa rapidement quand une importante quantité de pièces d’armes furent saisies par les forces de police. Ice n’avait pas eu vent d’une telle chose, les Vagos, par manque de place au quartier, avait stocké chez les Flinch, le surplus de pièces d’armes destinées à la transformation. Ce n’était pas prévu, et Ice savait que sa femme serait peut-être rendue coupable de complicité de détention de biens illégaux. En sortant de la bâtisse, Ice esquissa une grimace vers le buisson. Éloise le savait, cela ne présageait rien de bon.

 

Pour autant, elle connaissait les risques, elle avait épousé un criminel, pas n’importe lequel qui plus est. Un jour ou l’autre, leur union poserait un souci. Cependant, Ice avait toujours fait en sorte de protéger sa femme du danger, il ne voulait pas que ses activités puissent l’affecter elle aussi. Ils portaient tous deux un intérêt majeur à la distinction entre le professionnel et le personnel. Ice faisait en sorte de ne jamais rien stocker dans le lieu de leur idylle afin de ne lui causer aucun préjudice. Cela pouvait arriver que des choses soient stockées chez eux en attendant de pouvoir les stocker dans un autre endroit. Malheureusement, ce jour-là, le transfert n’avait pu avoir lieu, incriminant donc indirectement Madame Flinch lors de la perquisition.

 

Cependant, Éloise et Ice en avaient longuement discuté tous les deux, Éloise devait se défendre et réfuter toute accusation, invoquant donc la présomption d’innocence jusqu’à preuve du contraire. Ils s’apportaient beaucoup l’un et l’autre. Ils s’étaient entrainés à laisser cour à une imagination débordante afin de créer des histoires rocambolesques n’ayant pour but que d’embrouiller l’esprit de ceux qui les interrogeraient. Ice avait développé cette faculté qu’avait sa femme, il était devenu un vendeur de tapis professionnel, elle noyait le poisson si bien que personne ne pouvait la surpasser. L’un embrouillait l’esprit des autres, l’autre détournait en continu la discussion afin d’éviter le sujet initial. Le couple Flinch était réputé pour leur folie partagée, les gardes à vue et les auditions devenant alors, et c’est un euphémisme, sacrément folkloriques.

 

Une petite heure après la fin de la perquisition, Éloise reçut un SMS d’un haut gradé de l’état-major du LSPD qu’elle détestait particulièrement. Il était la source d’un mal-être pour nombre de ses proches au sein des effectifs du LSPD, et sous hormones, cette haine viscérale s’était renforcée. Elle était convoquée afin d’être auditionnée. Éloise se faisait souvent passer pour plus bête qu’elle ne l’est réellement, et elle savait au fond d’elle qu’il était temps pour elle de mettre à profit l’art des Flinch. Elle avait cet avantage majeur, tout le monde la pensait candide et ahurie, ne faisant pas d’elle une menace apparente. L’adage ‘l’habit ne fait pas le moine’ était particulièrement véridique pour elle. Manipulatrice en puissance, personne ne connaissait cette façade à part son mari.

 

Elle se rendit donc au LSPD, enceinte, pour son audition. Ce lieutenant qu’elle détestait tant l’attendait sur le parvis du poste avec un air suffisant et présomptueux. Elle se dirigea vers lui avec ce sourire baigné d’hypocrisie dont elle seule avait le secret. Ils descendirent au sous-sol du poste et se dirigèrent vers une salle d’interrogatoire. À l’intérieur de cette pièce sombre et lugubre, assez peu entretenue, se trouvait un miroir sans tain. Derrière cette vitre se trouvait un procureur, ainsi que des agents assez haut gradé des différents services de police. La convocation de Madame Flinch au poste avait suscité un débat bouillant, un grand nombre d’entre eux trouvaient cela consternant de convoquer une femme enceinte dans ces conditions. De plus, certains avaient déjà été amenés à discuter avec elle dans le cadre de son travail, renvoyant l’image d’une femme sérieuse, investie et determinée. Bien que son union avec un chef criminel ait suscité la controverse, on lui laissait le bénéfice du doute sur la distinction entre vie professionnelle et vie personnelle. Si une grosse majorité des personnes présentes derrière la vitre ne voulaient pas la convoquer, leurs avis n’étant que simplement consultatifs, la convocation eut finalement lieu.

 

Ce qu’une grande majorité de la ville ignorait, c’est que c’était une femme incroyablement puissante notamment par son union avec un chef criminel la rendant presque intouchable, mais aussi par son don à créer des relations avec tout le monde. Elle était proche des criminels notamment par le biais de son union, proche des forces de police car ses meilleur.e.s ami.e.s travaillaient là-bas, très proche de l’ancien gouverneur qu’elle considérait comme son frère, ainsi que très proche d’un très grand nombre de patrons d’entreprises. Cette femme à l’allure candide et frivole était soutenue par au moins la moitié de la ville. Les personnes réticentes à la convoquer le savaient de sources sûres, Madame Flinch avait l’opinion publique de son côté, c’était la figure même de la presse engagée, en clair, elle avait toutes les clefs en main pour créer un scandale médiatique si violent que cela aurait l’effet d’un naufrage à la tête de nombreux services.

 

Madame Flinch était devenue l’une des femmes et l’une des personnes les plus puissantes de Los Santos, alors la convoquer était un pari extrêmement risqué. Manque de chance, l’interrogatoire était mené par ce lieutenant qu’elle haïssait profondément : elle allait prendre un malin plaisir à le tourner en ridicule devant son auditoire qu’elle savait cacher derrière ce miroir sans tain. Éloise n’était pas née de la dernière pluie, elle était beaucoup plus intelligente qu’elle ne le laissait présager.  L’interrogatoire démarra : le sourire hypocrite avait laissé place à un visage sournois et malicieux. Elle n’avait pas décroché un seul mot au lieutenant depuis son arrivée. Ce calme, ce silence malsain, donnait à l’atmosphère une pesanteur pernicieuse et délétère. Le lieutenant amorça tant bien que mal la discussion…

-         Madame Flinch ? Savez-vous pourquoi on vous convoque aujourd’hui ?

-         Justement, j’aimerais beaucoup savoir pourquoi des agents assermentés font déplacer une femme enceinte presque à termes dans de telles conditions… Vous savez que j’ai le bras très long n’est-ce pas ?

-         Est-ce des menaces ? Si nous vous convoquons aujourd’hui, ce n’est pas pour rien.

-         Alors accouchez donc, mon temps est précieux, je n’arrive déjà pas à consacrer ce temps à mes proches, alors comment vous dire que ce temps, je n’ai pas plus envie que ça de vous le consacrer. À cette heure-ci, j’aurais pu aller attendre mon mari devant le pénitencier et tout cela en très bonne compagnie.

-         Justement, en parlant de votre mari, vous êtes au courant qu’il a été arrêté ce soir et qu’une perquisition a eu lieu à votre domicile ?

-         Oui, j’en ai eu vent. Mon mari m’a prévenu en amont avant de se rendre qu’il allait être arrêté. J’aurais certainement eu le temps d’accoucher plusieurs fois avant qu’il vienne à l’idée à l’un de vos agents de prévenir une femme enceinte que son mari avait été incarcéré… Et croyez-moi je parle en connaissance de cause. Mais bon, là n’est pas le sujet, où voulez-vous en venir ?

-         Le sujet que je souhaite aborder avec vous justement, c’est la perquisition. Nous avons retrouvé à votre domicile un grand nombre de pièces d’armes, qui sont donc des biens illégaux et dangereux. En aviez-vous connaissances ?

-         Vous me prenez pour qui sérieusement ? Je viens d’ouvrir mon journal, vous pensez réellement que je n’ai que ça à faire d’aller fouiller dans le bureau de mon mari ? Qui plus est, je n’y vais jamais et lui seul a accès aux différents coffres… Et puis vous savez, vous pourrez demander à la commandante, mais mon mari et moi apportons une grande importance à la distinction entre vie professionnelle et vie personnelle. J’aime mon mari pour ce qu’il représente à mes yeux, pas pour ce que les autres voient de lui. Comme le dit ce fameux aphorisme : ‘Le cœur a ses raisons que la raison ne connait point.’ En d’autres termes, je n’ai que faire de ses activités, et quoi qu’il fasse, rien n’y personne ne pourra nous séparer. Beaucoup ont déjà tenté et ont lamentablement échoué. Alors allez-y, allez au fond de votre pensée, de quoi m’accuse-t-on concrètement ? De porter le nom de mon mari ? De m’être mariée avec lui ? De porter ses enfants ? Heureusement qu’il y a dans votre service quelques agents qui poussent le LSPD vers le haut, car en toute sincérité, cet interrogatoire est risible et pathétique.  Vous feriez mieux de vous ressaisir avant de commettre une erreur que vous pourriez regretter…

-         Calmez-vous Madame Flinch ! Vos élucubrations ne fonctionneront pas avec moi : vous êtes consciente que vous risquez gros là ? Vous êtes à deux doigts d’être condamnée pour complicité de détention de biens illégaux, vous risquez donc d’être amendée ainsi que d’être incarcérée au pénitencier pour cela.

-         Ahahahaha, mes élucubrations vous dites ? Mais vous avez pris de la drogue ? Si vous aimez ça je vous conseille de vous diriger vers le groupe de mon mari, je suis sûre que vous pourrez y trouver votre compte. Vous pourrez dire que vous venez de ma part, cette fois-ci vous pourrez m’inculper pour une vraie raison. Vos accusations reposent sur des preuves fondées de ma culpabilité j’espère ? Car actuellement c’est parole contre parole. Vous savez, je connais un très bon avocat qui se fera une joie immense de vous intenter un procès, un procès si violent que ça mettra fin à votre carrière au sein des forces de l’ordre… J’ai hâte.

-         Madame Flinch, je vous conseille vivement de vous calmer avant que je rajoute entrave à la justice aux charges qui pèsent déjà contre vous.

-         Allez-y, inculpez-moi, j’irai en prison avec un immense plaisir, je pourrais passer du temps avec mon mari comme ça. Vous m’aviez déjà condamné avant même que je rentre dans la salle. Vous savez, les rumeurs qui circulent à votre sujet sont fondées, vous êtes vraiment un agent incompétent et d’une condescendance affligeante. Envoyer une femme enceinte en prison, quelle brillante idée ! Vous vous surpassez un peu plus chaque jour !

-         J’en ai assez entendu. Madame Flinch, vous êtes en état d’arrestation à compter de 21h18 pour complicité de détention de biens illégaux et pour entrave à la justice, tout ce que vous pourrez dire, pourra et sera retenu contre vous. Désirez-vous un avocat ? Sinon, un pourra vous en être commis d’office.

-         Non, je vais me passer d’un avocat, ça serait beaucoup trop simple de vous détruire par ce biais. Je me délecte d’avance de vous voir tomber plus bas que terre. Mon mari a des armes, j’ai l’arme la plus redoutable de l’île : la presse. Et manque de pot, la presse, j’en fais justement partie. Je vous conseille de préparer vos valises, cet article va vous anéantir si puissamment que vous ne pourrez pas vous relever. À bon entendeur.

 

C’est sur ces mots d’une femme enceinte, mise à mal par les hormones que pris fin l’interrogatoire. Madame Flinch fut donc menottée et escortée à l’arrière du poste de police afin d’être transférer vers le pénitencier. Sur le chemin, elle prit un plaisir inconditionnel à faire son plus grand esclandre en hurlant dans tout le poste que ce qui lui arrivait était honteux et que la presse se saisirait de cette histoire. Elle demanda à ce que ses collègues de Salt Paper soient mis au courant de son incarcération. Malgré une forte réticence, les agents présents ne voulurent pas aggraver la situation et cédèrent donc à sa demande.

Éloise fut donc escortée jusqu’au pénitencier, elle passa devant les Vagos qui la virent, elle leur sourit et fit coucou d’un air enjoué. Elle fut condamnée à deux heures de prison. En rentrant dans le pénitencier, elle retrouva son mari qui avait presque fini sa peine. Quand il la vit, il resta cloué sur place ne comprenant pas ce qui se passait devant ses yeux brûlés par la vie. Après un bref silence, il reprit ses esprits et dit :

 

-         Chérie, qu’est-ce-que tu fais ici dans cette tenue ?

-         Coucou mon cœur, surprise ! Plus sérieusement, j’ai été arrêtée pour complicité de détention de biens illégaux après la perquisition du château… J’ai peut-être pris un malin plaisir à ridiculiser un lieutenant que nous détestons tous les deux pendant mon interrogatoire ce qui n’a rien arrangé puisque j’ai également été condamnée pour entrave à la justice…

-         Je suis désolé pour ça, je ne savais pas qu’il y avait des choses stockées chez nous.

-         Ne t’inquiète pas pour ça, quand je disais que j’étais prête à aller en prison pour toi ou mon travail, ce n’était pas des paroles en l’air. Je t’ai épousé plusieurs fois et je n’ai toujours aucun regret.

-         T’es trop forte chérie ! Je t’ai déjà dit que je t’aimais ?

-         Oui, je crois que tu me l’as déjà dit mon amour. Blague à part, cette situation est cocasse, il faut que je réfléchisse à comment je vais pourrir le LSPD. Je vais y réfléchir mais tu me fais visiter ta deuxième maison en attendant ?

 

Ils visitèrent la prison ensemble, allant de pièces en pièces, d’abord la cantine, ensuite l’infirmerie, le dortoir et la cour. Il lui montra quelques outils qu’il avait récoltés jusqu’ici ayant prévu de s’évader. Ice avait trouvé plusieurs cartes de maintenance, de la corde, des outils en tous genres et un chalumeau. Ice lui expliqua comment s’échapper mais ne voulant pas la laisser seule et souhaitant lui témoigner son soutien, il décida de terminer sa peine avec elle. De plus, la tension de sa femme avait grandement augmenté suite à tout cet acharnement à son égard. La colère ne retombait pas, ils décidèrent alors de méditer ensemble afin de l’aider à se calmer. Cependant, les premières contractions se firent ressentir, accélérées par la colère dont elle avait été insufflée plus tôt au cours de son audition. Ice ne sut comment réagir. Pris de panique, il appela immédiatement les EMS et porta sa femme jusqu’aux dortoirs afin de l’allonger. Les douleurs étaient vives, elle lui agrippait le bras avec une force colossale, Ice était habitué à la douleur alors ça lui faisait plaisir d’aider sa femme à extérioriser sa souffrance. Au vu de l’urgence de la situation, les EMS arrivèrent sirènes hurlantes. Les médecins arrivèrent aux dortoirs, félicitèrent Ice pour avoir gardé son sang-froid malgré la panique, disant qu’il avait fait le bon choix en l’allongeant.

 

Après de multiples examens, Éloise était sur le point d’accoucher en prison. Ne souhaitant pas accoucher dans de telles conditions, elle missionna les médecins de contacter le commandement du LSPD afin d’obtenir une éventuelle dérogation pour transporter Éloise et Ice aux EMS du Sud, nettement mieux équipés et préparés pour ce genre de situation. Ils furent autorisés à quitter un peu plus tôt le pénitencier au vu de l’urgence de la situation et de leurs peines respectives qui étaient presque purgées. Elle perdit les eaux au moment de quitter le pénitencier, se tordant de douleurs et hurlant à vive voix que le LSPD allait payer pour avoir envoyé une femme enceinte en prison. Dans l’ambulance, ils se jurèrent de leur faire payer d’une manière ou d’une autre. Les Vagos et les journalistes de chez Salt Paper qui les avait rejoints devant le pénitencier virent l’ambulance ressortir sirènes hurlantes. Ice demanda son téléphone au médecin présent à l’arrière avec eux pour surveiller les constantes vitales de Madame Flinch, et appela les Vagos pour les prévenir que sa femme était sur le point d’accoucher. L’ambulance fut escortée par plusieurs véhicules jaunes ainsi que par les journalistes et proches d’Éloise.

 

Ils arrivèrent à l’hôpital en un temps record, et Ice accompagna sa femme pour la soutenir dans cette épreuve qu’elle redoutait tant. Les Flinch, apeurés respectivement par la paternité et la maternité, devinrent parents de deux jumeaux, deux garçons. La pression retomba et laissa sa place à l’euphorie. Les visites se succédèrent afin de voir les deux bébés de ce couple haut en couleur. Ce moment resterait gravé dans leurs mémoires. Ils avaient leurs enfants dans leurs bras et entourées respectivement par les personnes qui comptaient le plus pour eux. Les jours passèrent, les mois s’écoulèrent, et la promesse qu’ils s’étaient jurés de tenir, était toujours d’actualité. Pour éviter toute attaque sous l’angle du conflit d’intérêt, Éloise missionna ses ami.e.s rédacteur.trice,s de faire un article à charge contre l’ingérence du LSPD et la mise en danger d’une femme enceinte, accusée de complicité dans les affaires de son mari, sans véritables preuves tangibles. Les jours passèrent et cet article eut l’effet d’une bombe, les têtes tombèrent au sein du LSPD, et l’opinion publique se montrait conciliante avec ce qu’avait vécu Madame Flinch. La ville s’était soulevée pour la soutenir, de nombreuses personnes avaient témoigné leur soutien, des patrons, des employés, des amis, des criminels et délinquants.

 

Éloise appela l’ex-lieutenant maintenant démis de ses fonctions, qui lui avait presque fait perdre ses enfants. S’ensuivit une discussion d’une extrême violence, Éloise n’avait pu se retenir face à cette attaque frontale contre sa personne :

 

-         Bonjour, je ne vous demande pas comment vous allez, car après tout, qui sème le vent récolte la tempête. Je vous avais averti de ce que vous encouriez, vous ne m’avez pas cru. Vous êtes aussi bête et crédule qu’une grande majorité de cette ville, vous vous arrêtez aux apparences sans chercher à voir plus loin. Vous m’avez pris pour ce que je ne suis pas, et vous récoltez la conséquence de vos actions. Les personnes qui me connaissent réellement savent que je suis innocente de ce dont on m’accuse, et bien plus encore, la ville a statué sur ma condition en indiquant que j’avais été injustement traitée. Je peux vous assurer que vous avez une chance aberrante que je sois une civile et non une criminelle, et que je sache apaiser mes proches car sans cela, vous n’auriez peut-être été plus là pour répondre à cet appel. J’en ai plus qu’assez qu’on me porte des intentions qui ne sont pas les miennes, je suis une femme indépendante. Mon mari représente tout pour moi, c’est le centre de mon univers, mais ses activités n’impliquent que lui. J’ai pris son nom car je suis fière d’aimer cet homme, sans qui, je n’aurais pas deux merveilleux enfants aujourd’hui, et ce même homme m’aide chaque jour à parcourir ce chemin pavé d’embûches que l’on appelle la vie. Qui s’attaque à moi s’attaque aussi à lui, qui s’attaque à lui, s’attaque aussi à moi et celui qui s’attaque à nos enfants, s’attaque à nous. Plus qu’une punition, j’espère que cela vous servira de leçon. Comme le disait Voltaire dans son Traité sur la Tolérance, ‘la discorde est le plus grand mal du genre humain, et la tolérance en est le seul remède.’ J’espère sincèrement que la discorde de votre cœur saura laisser place à la tolérance car vous en manquez cruellement. C’est certainement compliqué pour vous en ce moment, mais servez-vous de votre situation actuelle pour grandir en tant que personne. Je trouve cela tout de même ironique qu’une femme de chef de gang, que tout le monde accuse de complicité et de rétention d’information, tienne ce genre de discours à un ancien membre des forces de l’ordre… Quelle douce ironie.

 

Elle raccrocha sur ces mots sans laisser le temps à la personne de répondre, marquant ainsi le tournant d’une nouvelle vie parentale, qui ils l’espéraient, serait placée sous le signe du bonheur.

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Je tenais à remercier les pips de manière générale pour l’idée saugrenue dont découle cette fanfiction et plus particulièrement Colasia et Al’ sans qui certains passages de cette histoire ne seraient pas nés.  Du love dans vos faces <3


Renaissance - EloIce

Après avoir passé de longues semaines à devoir supporter une grossesse gémellaire, l’épreuve que redoutait le plus Eloise arriva. Les contractions et les fausses alertes s’étaient accélérées ces derniers jours. Eloise n’en pouvait plus, elle était effrayée par cet événement qui devait être le plus beau jour de sa vie. 

Les nuits se succédaient, et les cauchemars surgissaient à chaque fois. Les spectres de son passé la hantaient, ces fantômes livides, ces cadavres putrides qui s’accrochaient à elle comme le ferait un nouveau-né à sa mère. Elle revoyait sa mère se faire torturer, électrocuter, frapper, insulter, poignarder. Elle la revoyait perdre connaissance, crier de douleur, dire à sa fille dans un dernier élan d’espérance de fuir sans se retourner… Un bruit strident se faisait ressentir à la fin de chaque cauchemar, une détonation. Elle se réveillait alors en sursaut, ruisselante, paniquée, sa respiration haletante, les yeux brouillés par un voile noir opaque

Alors chaque nuit, elle répétait le même parcours, elle se levait sans faire un bruit afin de ne pas déranger son mari qui elle le savait, avait besoin de se reposer. En effet, il devait être constamment attentif à ce qu’il se passait en ville, il devait être constamment sur ses gardes. Alors même si elle aurait aimé le réveiller pour l’étreindre et lui faire part de ses atroces cauchemars, elle se bornait et se réfrénait de nouveau dans cette solitude, elle ne voulait pas déranger son ange gardien qui semblait si apaisé. Il lui avait pourtant toujours dit qu’il serait toujours là pour elle et qu’elle ne le dérangeait jamais, mais c’était plus fort qu’elle, elle voulait affronter ses peurs et ses démons, seule. Pour autant, elle était consciente que seule, elle n’était pas assez puissante pour faire face. Alors elle se rendait dans sa salle de bain, se regardait dans le miroir, fixant les ombres de son passé derrière elle, ces silhouettes qui la malmenaient et qui l’affligeait. Elle fermait alors les yeux pour ne plus les voir, mais c’était dorénavant des voix stridentes qui résonnaient en son sein. Elle se mouilla alors le visage et s’en alla sous la douche afin de se débarrasser de toute cette sueur qui avait dévalé son corps titubant.

Mais ce soir-là, Ice avait été réveillé par le bruit de l’eau qui s’écoulait, il se leva alors et se dirigea vers la salle de bain. Il vit les habits de sa femme au sol, il fit alors de même, il se déshabilla et laissa entrevoir son corps musclé recouvert de tatouages. La rose sur sa jambe gauche, ce tatouage qu’il avait en commun avec sa femme, irradiait la pièce. Seule sa jambe gauche était baignée dans la lumière, le reste de son corps était dans la pénombre. Eloise ne l’avait pas entendu rentrer, elle fermait les yeux, un puissant jet s’écoulait sur son visage. Les parois de la douche étaient condensées, de la vapeur s’échappait. Son corps rougissait, brûlait, mais elle était de nouveau plongée dans des réminiscences qui la tiraillait. Elle était en train de s’ébouillanter, elle ne ressentait plus rien, tout était vide, elle était dans les ténèbres, elle ne voyait plus rien. Elle criait de toutes ses forces, mais sa voix brisée n’émettait pas un son. Son mari la rejoignit sous la douche et s’aperçut de la haute température du jet, il le baissa immédiatement et posa sa main rigide sur l’épaule de sa femme, livide et immobile. À ce contact, elle se réveilla, et elle aperçut cet homme, cet être qu’elle désirait temps, cet être dont elle ne pouvait plus se passer. Elle revint alors à elle, les ténèbres avaient disparu, par sa présence, il avait dissipé toute la crainte, toutes les hantises, tous ces songes qu’elle croyait prophétiques. Elle se vit dans les yeux pétulants d’Ice, le spectre qu’elle avait vu précédemment dans le miroir avait disparu.

Son mari attrapa ses mains, les plaça contre sa poitrine, et ni une ni deux, il l’enlaça. L’eau ruisselait sur leurs corps. Eloise tenta de cacher ses larmes en prétextant qu’elle ne pleurait pas et que c’était simplement de l’eau qui s’écoulait sur son visage. Ce dit visage était boursouflé, les yeux étaient gonflés, elle pouvait remercier les larmes qui avaient longuement coulés et qui l’avaient trahi. Ice passa ses doigts sous les yeux de sa femme et la serra de nouveau contre lui, le visage de sa femme s’était calé dans le creux de son épaule. Ils restèrent tous deux ensembles un long moment sous la douche sans dire un mot, les mots étaient inutiles à ce moment précis, c’était comme un instant hors du temps. Ils étaient entrés en stase, celle qui donnait parfois le surnom de ‘glaçon’ à son mari s’était comme cryogénisée à ses côtés. Depuis Juillet, Ice avait eu le temps de comprendre comment sa femme réagissait face aux traumatismes, il devait d’abord la calmer afin de tenter une approche et de tenter de la décrypter. Une seule technique avait fait ses preuves, le contact de leurs deux corps, son odeur, sa peau, son touché, suffisaient pour l’apaiser. Sa respiration haletante s’était calée sur les battements de cœur régulier de son mari. Ice avait fait exprès de faire en sorte qu’Eloise pose ses mains sur la poitrine de celui-ci afin de l’aider à se concentrer sur un rythme et retrouver une respiration régulière.

L’eau s’étant écoulée depuis trop longtemps, Ice proposa de sortir de la douche. Il aida sa femme à se sécher, les mouvements étant de plus en plus complexes pour une femme qui allait accoucher incessamment sous peu. Il l’aida à se rhabiller et la porta tant bien que mal sur leur lit où il la fit allonger. Il se rhabilla partiellement, laissant la partie haute de son corps libre afin que sa femme puisse avoir un contact corporel en cas de besoin. Il descendit dans la cuisine et alla lui chercher un verre d’eau fraîche. Une fois remonté dans sa chambre, il s’allongea à ses côtés, se tourna vers sa femme et se méta de telle sorte qu’Eloise soit dans ses bras, sa tête collée contre la sienne. En lui caressant le visage d’une tendresse insoupçonnée, il lui adressa ces quelques mots :

-   Tu sais que je suis là pour toi et que je t’aime hein ?

Sa voix auparavant éteinte avait laissé échapper un léger balbutiement mêlé à des larmes :

-   Oui… évidem-

La fin de sa réponse était inaudible, car sa voix s’était confondue avec ses pleurs. Il continuait de l’étreindre, de la rassurer en lui disant que rien ne pourrait lui arriver tant qu’il serait là et qu’il voulait l’aider à se libérer de ce poids, qui il le voyait bien, bouleversait sa femme.

-   Quand tu te sentiras prête, je veux que tu essayes de me dire ce qu’il se passe dans ta tête d’accord ?

Elle fit un geste d’affirmation de la tête. Après de longues minutes de calme et de tendresses, elle ouvra enfin la bouche et se mit en quête de lui faire part de ses angoisses les plus profondes.

-   Je suis désolée Ice… Je suis vraiment désolée.

-   Eh chérie… qu’est-ce qu’on a dit déjà ?

-   Qu’il faut que j’arrête de m’excuser à tort et à travers de ne pas aller bien et que ce n’est pas grave.

-   Tu vois ? Tu as retenu. Alors maintenant, on prend une grande inspiration, et on expire. Tout va bien se passer d’accord ?

-   Ice… ça fait déjà plusieurs semaines que chaque nuit je fais le même cauchemar…

-   Quel genre de cauchemar ?

-   Chaque nuit, je me revois quand j’avais cinq ans… Tu sais, tu te rappelles de ce qu’il m’était arrivé avec ma mère et ma grand-mère.

-   Oui chérie, je m’en rappelle très bien, des pourritures qui t’ont fait souffrir, si je pouvais m’en charger moi-même je les saignerais moi-même pour t’avoir infliger ça.

-   Ice…

-   Pardon chérie, c’est juste que je ne peux pas me résoudre à laisser quelqu’un te faire souffrir. Cela me met dans une colère noire de savoir tout ce qu’on a fait subir à une enfant de cinq ans. Ce que t’ont imposé tes parents, c’est cruel et inhumain. Aucun enfant ne devrait avoir à vivre une telle chose. Moi qui pensais avoir remporté la palme des pires parents…

À l’écoute de ses mots, Eloise laissa échapper un léger rictus Ice savait qu’il était sur la bonne voie. Bien que la situation ne fût pas très gaie, lui seul avait le pouvoir de la faire se sentir mieux.

-   Même si j’en veux aujourd’hui beaucoup à mes parents… Ce n’est pas pour cet évènement précis que se dirige ma rancœur à leur égard. Ça me révulse de réentendre toutes les choses horribles qu’ils ont dit à ton sujet…

-   ‘Lola, ce Xavier ne veut pas ton bien ! Un jour où l’autre il causera ta perte, c’est un criminel, tu ne peux pas lui faire confiance, il se sert de toi et de ton travail, il te retourne le cerveau, il cherche à te manipu-‘

-   Taisez-vous ! (en parlant aux voix dans sa tête) Tu sais Ice, dès fois, je me demande vraiment qui sont les véritables criminels… On a essayé de me faire croire que tu étais la pire chose possible qu’il puisse m’arriver… Laisse moi te dire une chose, je n’ai jamais cru un seul mot de mes parents, ils ont essayé de me retourner contre toi afin que je fasse comme eux, que je sois une infiltrée et que je te fasse du mal... Comment pourrai-je un jour te faire du mal, toi, cet homme si parfait, doux et généreux qui m’a appris à aimer, à vivre, à exister ? Comment pourrai-je même penser faire du mal à mon sauveur, mon ange gardien, la seule personne qui a toujours été là pour moi dans les pires moments ? Comment vivre sans toi ? Comment exister quand tu n’es pas là ? Comment ne pas t’aimer ? Comment pourrai-je trahir le centre de mon univers, ma raison de vivre, le père de nos enfants à venir… Tu es tout ce que j’ai, tu représentes tout à mes yeux et je serais prête à tout pour toi Ice… Mais savoir qu’on va être parents me terrifie… J’ai peur Ice… J’ai peur d’être une mauvaise mère, de ressembler à mes parents, de ne pas être assez là pour Max et Léo comme mes parents ne l’ont pas été pour moi… Tu es un chef criminel, ton groupe c’est ta famille, c’est ta priorité... Et si on ne pouvait pas s’occuper de nos enfants ? Quel genre de parents on va être ? Je n’arrive même pas à m’arrêter de travailler alors que je suis sur le point d’accoucher, je suis un danger public à moi toute seule et j’ai sûrement failli être responsable à de nombreuses reprises de la mort de nos enfants alors qu’ils ne sont même pas encore nés…

-   Eloise…

-   Hum ?

-   Ca me touche énormément ce que tu me dis. Je n’ai jamais parlé à personne depuis que je suis né, je n’ai jamais exprimé d’émotions car je ne sais pas comment le faire, j’ai du grandir tout seul avec mon frère et ma sœur… Alors ça me touche de savoir que j’ai pu te faire ressentir quelque chose, mon amour, en toute sincérité, je ne sais pas vraiment comment l’exprimer, tout ce que je sais c’est qu’il n’y a que toi qui a réussi à me faire ressentir ce que je ressens quand je suis à tes côtés ou quand je pense à toi quand tu n'es pas là… Et si il y a bien une chose dont je suis sûr hormis le fait que je t’aime, c’est qu’on sera de meilleurs parents que nos parents l’ont été pour nous. Toi comme moi, on a du apprendre à ‘vivre’ à nos dépends, à ne compter que sur nous-mêmes, à essayer de vivre malgré nos nombreux traumatismes. Moi aussi j’ai peur, je n’ai jamais réellement eu aucune figure paternelle à laquelle me raccrocher, je ne sais pas ce qu’est un bon père, je ne sais pas ce qu’est être un bon mari, je sais pertinemment que je dois t’énerver à de nombreux égards par mon attitude à certains moments, mais je m’efforce le plus possible d’être là pour toi et bientôt pour nos fils et ce malgré mes nombreuses angoisses… On ne sera pas des parents parfaits loin de là, mais au fond qu’est-ce-que ça peut nous faire ? Personne n’est parfait, tu sais ce que c’est le plus important ? C’est ce qu’il y a ici, à l’intérieur (il dépose délicatement sa main sur le cœur de sa femme), c’est ça qui compte réellement, je sais qu’on s’aime et je sais que même si on panique totalement, on aime et on aimera toujours nos enfants quoi qu’il advienne. On sera peut-être confronté à des choix difficiles les concernant, nous menons tous deux une vie dangereuse, et un jour, peut-être qu’il sera préférable de les faire élever par des proches et qu’on les surveillera de loin, afin qu’ils puissent récupérer le meilleur de nous sans nos défauts respectifs. Je ne veux pas que nos enfants aient à vivre ce que nous avons vécu, je veux qu’ils puissent vivre à l’abri des traumatismes et de la violence latente qui nous entoure…

C’est la voix tremblotante qu’Ice eut finit de s’exprimer, ses paroles avaient beaucoup ému sa femme, encore une fois, elle se demandait comment le bon dieu avait pu mettre une personne aussi remarquable sur sa route. Chaque jour qu’elle passait à ses côtés était une bénédiction qu’elle aurait voulu éternelle. Toujours allongée, elle se tourna vers lui et l’embrassa pour le remercier d’exister, de faire de son monde, non plus un monde de noirceur avorté de toute humanité, mais un monde rayonnant, luminescent, incandescent dans lequel quantité de couleurs peuvent coexister et s’exprimer dans toutes leurs palettes. Pour la première fois depuis de nombreuses semaines et mois, elle put se rendormir sans être confrontée à ses démons du passé. Les paroles de son âme-sœur l’avait libéré de sa geôle, tourments et culpabilités en tout genre avaient laissés place à une joie et un amour fusionnel et profond. Ils s’étaient rendormis dans les bras l’un de l’autre, où au petit matin, ils se réveillèrent alarmés par des contractions, cela annonçait l’arrivée imminente de leurs enfants. En effet, cette discussion avait été un véritable déclic chez Eloise, son corps s’était libéré de ce poids qui pesait sur lui depuis de nombreuses semaines : ils étaient prêts à accueillir leurs deux enfants, Max et Léo Flinch.

Bien qu’effrayée par l’accouchement, Eloise avec l’incommensurable soutien de son mari, avait mis au monde ses deux fils, ces deux petits êtres deviendraient rapidement le ciment d’une famille solide, entourée et régie par un amour pur et véritable. En rentrant chez eux le soir et sur le point de se coucher, Eloise et Ice se remémoraient la conversation de la veille, ils avaient dans leurs bras, leurs enfants, ils s’échangèrent alors un regard passionné et brûlant d’amour, avec cette complicité qui les caractérisaient si bien. Le vide de leur existence respective était dorénavant comblé, ils avaient fondé la famille qu’ils auraient rêvés d’avoir, se promettant au passage de ne pas reproduire les mêmes erreurs que leurs parents. C’était pour eux une consécration, un affranchissement, un triomphe, une victoire de la vie. Cette sensation de bien-être partagé était pour eux quintessenciel.

Comme le souligne Camilla Grebe dans Un cri sous la glace, notre société nous fait croire qu’être parent, c’est être parfait, alors que ce qui importe, c’est d’être présent.

Nul doute que Max et Léo Flinch, devenus la fierté de leurs parents, auront des parents aimants et qui les soutiendront quoi qu’il advienne dans les méandres de leurs vie.

 

iValkyria_


Isilé

Eloise Nael ou l’art de se jouer des gens

Amis joueurs 21JC, le texte qui suit contient du HRP sur le personnage d’Eloïse Nael.


Il y a quelques jours, Los Santos a été le théâtre de rebondissements dignes d’un mauvais téléfilm qui s’est soldé par un triple homicide. 

Pour comprendre ce qui s’est passé, Pips News revient sur les événements de ces dix derniers mois. 

Le 15 mars 2022, Eloise Nael atterrit sur l’île de San Andreas. Selon des témoins, et ses chroniques publiés alors qu’elle travaillait encore au Pips News, elle aurait fait une entrée fracassante : manquant de se faire renverser, multiples pamoisons. Tout portait à croire qu’il ne s’agissait que d’une jeune femme très naïve qui découvrait enfin la vie. 

Cette candeur lui a permis de se faire de nombreux contacts jusqu’à devenir une figure influente de Los Santos : de simple aspirante journaliste à rédactrice en cheffe puis patronne du Weazel News, avant de démissionner pour aller à la Mairie, elle finira par démissionner sous la contrainte d’un chef de gang local.

Du côté de sa vie privée, parmi de nombreux contacts elle se lie d’amitié avec des personnes influentes : gouverneur, membre de la police, membre de gang, patron. Elle ne fait aucune distinction et n’hésite pas à jouer les idiotes pour obtenir des informations.

Nombreuses seront ses victimes, des “date pas date” comme elle les appelait : médecin, collègue. Elle finira par se marier avec Xavier “Ice” Flinch, Jefe des Vagos, un groupe de criminels notoires de la ville. 

Le tableau semblait parfait et cela aurait pu le rester. Pourtant le 24 décembre matin, un personnage de son passé est venu mettre un caillou dans ses mécanismes pourtant bien huilés. 

A 12 heures, Ice et sa femme se dirigeait vers le quartier des Vagos quand un camion leur fonça dessus. Lorsque les secours sont arrivés, le camion et la GTO avaient été abandonnés sur place. Des traces de sang sur le pare-brise et les sièges étaient le  seul témoignage de la violence du choc. 

Ce n’est qu’à 14 heures que l’on retrouva leur trace près de la Fuente Blanca. Un appel entreprise signé par Ryan Benson, chef du Cartel, lui-même annonçait qu’un corps était à récupérer. 

Alors que le corps de Xavier Flinch était emmené à la morgue, une unité de police mettait tout en oeuvre pour retrouver sa femme en vie. Pourtant Eloïse Flinch restait introuvable.

Vous avez sans doute vu les bandeaux du Weazel et du Pips News servant d’appel à témoin. Bon nombre des habitants, proches ou non, de la jeune femme ont commencé à rattiser la ville en espérant la retrouver vivante.

Ce n’est qu’à 19 heures que l’on eu des nouvelles d’elle. Un message entreprise annonçant un deuxième mort. Signé Eloïse Nael. A la surprise générale, c’est Ryan Benson qui fut amené à la morgue. Véritable fantôme, rien ne permit à la police de savoir où était la jeune femme.

En parallèle le Pips News recevait un message anonyme racontant l’histoire d’une certaine Lola Polenco. Une jeune femme, fille de journalistes, forcée de se cacher toute sa vie. Qui aurait pu en vouloir une enfant de ne pas avoir pu se retenir d’aller voir sa mère alors qu’elle était sous couverture pour démanteler un Cartel influent ? Qui pourrait en vouloir à la jeune femme qui souhaitait rendre fier ses parents ? 

C’est ainsi qu’après une erreur durant son enfance, Lola Polenco disparu… Laissant place à Eloise Naël “c’est l’anagramme de Lane” puis à Eloïse Flinch. 

A 23 heures, la police finit par retrouver sa trace dans le champ d’éolienne ou plutôt un ultime corps. Max Lopez serait mort d’un traumatisme crânien à cause d’une chute d’une des éoliennes. Après enquête, cet homme aurait connu Lola Polenco alors qu’elle n’était qu’enfant. Il aurait par ailleurs aidé sa famille à se cacher. 

Éloise Nael est, coupable présumée, est encore à ce jour introuvable. La police a fouillé de fond en comble San Andreas, ses parents ont été contacté, personne ne semble avoir eu de nouvelles. Ses amis proches ont été longuement interrogés mais toutes les pistes se sont avérées être des culs-de-sac. 

Ce qu’il s’est passé ce jour-là est encore un mystère mais une chose est sûre : Eloise Nael ou peu importe son vrai prénom est à l’origine de ces évènements. 

Depuis ce fameux jour, d’innombrables rumeurs se sont répandues au sein de l’île. Certains parlent d’une liaison qui aurait mal tournée, d’autres pensent que Ice n’aurait pas supporté les mensonges de sa bien aimée. Les plus courageux blameront Ryan Benson : le chef du Cartel aurait-il eu un coup de sang au point de tuer le Jefe des Vagos ? Eloïse se serait-elle venger ? Mais alors que faisait Max Lopez sur l’île ? Pourquoi a-t-il fini en tête à tête avec monsieur Flinch, Lola Polenco et Ryan Benson ?

Mais surtout tout le monde veut savoir : quel était le but de Lola en arrivant à San Andreas ? A-t-elle joué un rôle durant tous ces mois ? 

Les plus pessimistes vous diront qu’un jour son corps refera surface et que jamais nous n’auront la vérité sur ce qu’il s’est passé ce fameux 24 décembre. Tandis que les plus optimistes iront même jusqu’à dire qu’elle est quelque part, bien vivante, prête à endosser une nouvelle identité pour recommencer à zéro alors que l’île de San Andreas s’apprête à débuter une nouvelle année, c’est d’ailleurs la théorie préférée de la rédaction.

Romain22

Le mariage des Flinch - Episode 1 : les souvenirs 

Cette journée du 7 janvier 2023 commence pour Eloïse Flinch, ancienne journaliste et patronne de la seule entreprise de journalisme de l’Etat de San Andreas, magnifiquement bien. A 21h, elle doit célébrer de nouveau, ce qui fut 4 mois auparavant, l’une des plus belles soirées de toute sa vie. En effet, elle doit fêter, une nouvelle fois et pour le bonheur de chacun son mariage avec son mari, Xavier Flinch, dit Ice, chef d’un des gangs les plus notoires de l’île : les Vagos.

Nos deux protagonistes se sont rencontrés le 19 mars 2022, au LSES, quand celle-ci, après un accident dont elle a l’habitude, s’est vue contrainte de faire de l’auto-stop et que M. Flinch s’est arrêté pour la déposer là où elle en avait besoin. Nul ne sait ses intentions à ce moment précis mais cela n’a guère d’importance. Au terme de cette première rencontre, nos deux amis ne se sont revus que très peu et essentiellement dans un cadre professionnel.

Le moment charnière dans leur relation eut lieu durant le mois de juillet. Le mariage de son ami Kazé n’y est pas étranger. En effet, lors de l’événement, nos deux protagonistes se sont beaucoup rapprochés allant jusqu’à décider de se voir dans un cadre plus privé, ou en d’autres termes, faire un rencard qu’ils organiseront le lendemain. Après un rendez-vous durant lequel, une sorte de coup de foudre et d’alchimie eut lieu, les deux amoureux ne se sont plus jamais quittés. Après de multiples rendez-vous "discrets", ils officialisent le 28 juillet 2022, date qu’ils ont étonnamment souvent du mal à retenir.

Depuis, ils ne se sont plus jamais quittés et après un été placé sous le signe de la complicité, de l’amour et surtout de la découverte l’un de l’autre. Ils officialisent auprès de la mairie leur union. Même si cela s’est passé dans des conditions étranges. En effet, ce mariage, imprévu comme on peut le qualifier, est parti d’une simple blague, lancée par Eloïse à 2h du matin. Cependant, elle n’avait pas prévu que son concubin aimait jouer, il prit au sérieux la chose et quelques minutes plus tard, le mariage était déclaré à la mairie, en compagnie de deux témoins chacun qu’ils ont réussi à faire se réveiller.

Néanmoins, les aventures périlleuses de la vie n’ont pas épargné nos jeunes tourtereaux. Éloïse s’est retrouvée patronne du Weazel News, le seul journal présent sur l’île. Contente dans un premier temps de ses fonctions, qu’elle n’avait de base pas prévu d’exercer. Elle finit par faire un burn-out et est contrainte de quitter ses fonctions et l’entreprise en raison du manque de soutien que le reste de l’équipe lui montrait. 

Après quelques jours passés à travailler à la mairie de Los Santos, Eloïse et Ice partirent ensemble au Costa Rica passer une dizaine de jours en vacances. De ces vacances, on ne sait pas grand-chose, à part qu’ils ont utilisé des zip-tie et mangé de l’ananas. Néanmoins, elles offrirent leur lot de surprises.

A leur retour, bien qu’Eloïse s’est faite renvoyer de son poste à la mairie. Ils apprirent une nouvelle qui allait bouleverser le reste de leur vie pour toujours. En effet, après une énième soirée alcoolisée, Eloïse ressent des maux de ventre. Ice la pousse alors à passer un test de grossesse qui affiche un résultat positif. Dès lors, ils surent que leurs vies ne seraient plus jamais les mêmes.

Quelques jours après cette révélation, alors qu’on aurait pu penser que tout allait pour le mieux pour nos jeunes tourtereaux, un premier gros conflit est apparu. En effet, le jour de la première échographie et alors que Ice lui avait promis d’être présent, celui-ci manqua à l’appel. Stressée, angoissée, elle espérait avoir le soutien de son mari mais elle ne pouvait compter sur sa présence. De plus, ce jour-là, elle découvrit que ce n'était pas un enfant qu’elle attendait mais deux. Cette nouvelle eut l’effet d’une bombe atomique chez Eloïse qui se mit dans une colère noire, mais qui ressentit surtout un profond chagrin en raison du départ d’une de ses meilleures amies qu’elle espérait voir pour son mariage.

Dès lors, Eloïse ressenti le besoin de dire à Ice ce qu’elle avait sur le cœur. Comme son mari était au pénitencier, elle lui écrit pour qu’à sa sortie, il lise et lui fasse comme un électrochoc. Cela aboutit à une conversation durant laquelle ils reconnaissent tous deux leurs torts et Ice s’engage à être présent lors de la prochaine échographie. La situation semble arrangée et ils peuvent partir en vacances sereinement pour les fêtes de fin d’année.

A leur retour, ils décidèrent de continuer l’organisation de leur mariage, loin d’être abouti, malgré de nombreuses avancées. Les témoins étant choisis, il ne restait plus qu’à prévenir les invités et choisir leur tenue qu’ils porteront le jour de leur mariage.. Anxieux, nos deux tourtereaux font tout pour que ce jour soit marqué à vie dans les esprits de chacun comme étant celui de l’union de deux êtres qui malgré les apparences s’aiment de la manière la plus pure qui soit. Et malgré ce que la population pense ou peut penser, ils ne veulent juste que s’aimer et profiter de leurs proches et de leur amour.