Mais au fait, qu'est-ce que l'acidification des océans ?
Comme on l’a déjà vu, les océans constituent un important puits de carbone et absorbent environ un quart des émissions anthropiques de CO2. Si ce procédé naturel a permis de largement réduire le réchauffement de l’atmosphère, il n’en reste pas moins que cette absorption vient modifier la chimie des océans. L'absorption du CO2 anthropique est à l'origine de ce qu'on appelle l'acidification des océans qui correspond, à proprement parler, à une diminution du pH de l’océan.
Le pH est une mesure de l’acidité d’une solution. Il est relié à la concentration en ions hydrogène (H+) : plus la concentration en ions hydrogène est élevée, plus le pH est bas. En solution aqueuse à 25 °C, l’échelle de pH est bornée entre 0 et 14. On parle de solution acide lorsque le pH est inférieur à 7 et basique lorsque le pH est supérieur à 7. Mais attention, car le terme d’acidification ne signifie pas ici que le pH moyen des océans va passer en dessous de 7 dans le futur ! Il désigne la direction du changement du pH des océans, à savoir une diminution. Depuis la révolution industrielle, le pH de surface moyen des océans est passé de 8,2 à 8,1. Cela peut sembler relativement faible mais il faut savoir que l’échelle pH est logarithmique ! Une diminution de 0,1 unités pH correspond donc à une augmentation de 30% de la concentration en ions hydrogène. Si l’on considère le scénario d’émission RCP8.5, qui correspond à un scénario où l’on ne prend aucune mesure pour limiter le réchauffement, le pH de surface pourrait avoir diminué de 0,4 en moyenne à la fin du siècle par rapport à 1750 (voir (a) figure 1). En Arctique, la diminution serait encore plus importante (voir (b) figure 1).
Cette acidification entraîne également la diminution de la quantité d'ions carbonate (CO32-) dans l'eau. Ces ions sont indispensables pour la fabrication de coquilles calcaires (formées majoritairement de carbonate de calcium, CaCO3). Les micro-organismes qui fabriquent ces coquilles auront donc de plus en plus de mal à se développer. Parmi les organismes qui ont des structures calcaires, on trouve les ptéropodes et les coccolithophoridés, qui sont à la base de la chaîne alimentaire et ont un rôle essentiel dans le fonctionnement de nombreux écosystèmes marins. Leur diminution, voire disparition, est donc une menace pour de nombreuses autres espèces.