L'enseignement bilingue (français/langues locales) à l'Ecole élémentaire au Sénégal, défis, enjeux et perspectives.
10-12 heures
En visio uniquement : https://us02web.zoom.us/j/87207493556?pwd=cbnS0tAcgCd9gRF9YykG6NiqokGhIu.1
Atelier avec Mamadou Lamine Coulibaly, enseignant-chercheur à l'université Gaston Berger, Saint-Louis, Sénégal.
Présentation de 20 minutes : contexte ; historique des dispositifs ; un état des lieux de la recherche et des réflexions sur cette nouvelle orientation du système scolaire au Sénégal.
Entre 1971, date de promulgation du décret sur les langues nationales, et 2016, date de la généralisation de l’utilisation des six langues nationales ayant fait l’objet de codification (le joola, le malinké, le pulaar, le sérère, le soninké et le wolof) à côté du français (langue officielle du Sénégal depuis 1960) quarante-cinq longues années (presque deux générations) se sont écoulées.
Comment expliquer ce paradoxe entre cette volonté politique affichée de valoriser lesdites langues locales et le retard voire l’inertie dans la mise en œuvre des dispositifs d’introduction de ces langues dans les processus de l’éducation scolaire ? Les programmes d’enseignement bilingue formalisés et institutionnalisés à l’Ecole élémentaire depuis lors (les programmes Lecture pour Tous entre 2016 et 2021 et Renforcement de la lecture initiale pour tous pour la période 2021-2026) ne constituent-ils pas que des choix politiques contraints qui expliqueraient, au moins partiellement, leurs limites fonctionnelles ? Quels rôles jouent les différents acteurs impliqués (institutionnels ou privés) dans l’élaboration et la mise en œuvre de tels programmes ?
Cette présentation aura pour objectif de monter que les défis de l’enseignement bilingue à l’école au Sénégal sont avant tout d’ordre politique. Ainsi les programmes mis en œuvre semblent répondre à des logiques qui ne sont pas toujours compatibles ou complémentaires avec un Etat sous influence extérieure et réfractaire aux demandes de sociétés civiles avant tout sensibles aux enjeux identitaires et culturels de l’utilisation des langues locales dans l’éducation formelle.
Entre ces deux logiques, la recherche universitaire appuyée sur la linguistique, la sociolinguistique et la sociologie (et l’anthropologie) de l’éducation, nous semblent constituer une pôle d’arbitrage crédible en fournissant les repères scientifiques (théoriques et méthodologiques) et les outils pratiques (en termes de matériels didactiques spécialisés et de formation des enseignants) utiles pour l’élaboration des politiques linguistiques et éducatives.
Modération : Alexandra Filhon, Carole Le Hénaff & Hugues Pentecouteau
Journée d’étude en ligne le 24/01/25 : Contexte linguistiques minoritaires et revitalisation. Les cas de la Bretagne et de l’Acadie
En observant les situations sociolinguistiques bretonnes et acadiennes, que pouvons-nous apprendre ? Les enjeux se répètent-ils d’un contexte minoritaire à l’autre ? Quelles sont les considérations pédagogiques à mettre en œuvre en tenant compte d’une situation sociolinguistique dans un contexte minoritaire ? Venez réfléchir et dialoguer avec nos intervenant.e.s afin de mieux comprendre les liens entre la sociolinguistique et l’éducation.
Philippe Blanchet (Université Rennes 2, CELTIC-BLM)
Cette intervention a pour objectif de dessiner les grandes lignes historiques et actuelles de la situation sociolinguistique complexe de la Bretagne, où coexistent des langues endogènes dites régionales devenues minoritaires (breton et gallo), une langue exogène hyperdominante d'usage désormais quasi généralisé (le français, avec des variations en Bretagne), des langues à l'origine étrangères surtout apportées par une immigration récente en Bretagne. La question linguistique est une question importante dans la société bretonne aujourd'hui, entre des orientations glottopolitiques plurilingues de plus en plus explicitement affirmées par les collectivités territoriales bretonnes et un dogmatisme monolingue de la part de l'État central, qui concentre la plupart des pouvoirs, avec des espaces intermédiaires (dont l'école).
Annette Boudreau (Université de Moncton)
La communication a comme objectif de montrer comment les francophones en Acadie des Maritimes vivent une situation sociolinguistique complexe caractérisée par un bilinguisme officiel dans certains cas (au Nouveau-Brunswick), mais qui correspond dans les faits à une situation de diglossie conflictuelle. Tant les représentations que les pratiques langagières en portent la trace et je montrerai comment elles se concrétisent, comment se manifestent les formes d’insécurité linguistique qui en découlent, allant de l’hypercorrection à l’hypocorrection, et finalement comment les artistes réagissent à cette situation en participant activement à la vitalité francophone de l’Acadie. On verra aussi que la mondialisation a des retombées positives en Acadie par les liens créés avec les francophones d’ailleurs et par les effets de reconnaissance qui en résultent.
Stefan Moal (Université Rennes 2, CELTIC-BLM)
D'après les définitions du TLFI, une langue véhiculaire "permet la communication entre des peuples ou ethnies de langues différentes", alors qu'une langue vernaculaire est "communément parlée dans les limites d'une communauté". En 2013, le n°223 de l’International Journal of the Sociology of Language, entièrement consacré à la langue bretonne, titrait "Breton : The Postvernacular Challenge". Est-ce à dire que le breton, partout, pour toutes et tous, est d'ores et déjà devenu (ou en voie de l'être) une langue post-vernaculaire ? C'est-à-dire une langue utilisée non pas pour communiquer dans la vie quotidienne mais plutôt par intérêt patrimonial, culturel, de loisir ou autre – à l'instar du yiddish dans la plupart des cas, par exemple. Si l'on recontextualise le terme "véhiculaire" dans le "monde social" du breton au 21è siècle, la langue est bel et bien véhicule de communication choisi entre des locutrices/locuteurs au sein de réseaux affinitaires, localement mais également à plus grande échelle. Parmi les locuteurs traditionnels âgés, le breton demeure le (ou un) vernaculaire au foyer et dans des mini-réseaux ultra-locaux. Chez nombre de nouveaux locuteurs, en revanche, c'est plutôt une revernacularisation qui apparaît nécessaire et souhaitée. Cette étape, qui suit la revitalisation, vise la reprise de l’usage de la langue en situation vernaculaire (couple, foyer, famille, amis, voisinage, communauté locale, travail, etc) donc nécessairement dans les registres du familier et de l'intime. Malgré la situation sociolinguistique très alarmante du breton, on s'attachera à déceler (à partir des données recueillies dans la ville de Carhaix, entre autres) des indices de cette indispensable revernacularisation
Rachelle Gauthier (University of Prince Edward Island)
Cette communication propose une réflexion au sujet des rôles multiples et complexes que joue l’école de langue française auprès des communautés francophones en contextes minoritaires au Canada. Étant donné que cette institution éducative est considérée comme la plus importante à la pérennité de ces communautés, elle se doit de relever les nombreuses responsabilités ou « missions » associées à cette fonction existentielle. Certes, la mission première d’une école, peu importe le contexte, tend vers le développement académique et social de ses élèves. Cependant, l’éducation de langue française au Canada, qui est un droit constitutionnel soutenu par des projets de loi et un financement gouvernemental, joue aussi un rôle essentiel en ce qui a trait à la vitalité des communautés francophones. Cette deuxième mission entraine une panoplie de stratégies et de politiques qui visent à maximiser la participation à l’école de langue française et à établir un programme éducatif qui vise des objectifs de développement linguistiques, culturels et identitaires chez les élèves. Bien plus qu’une institution vouée à l’avancement académique des générations futures, l’école de langue française au Canada relève d’un « projet de société » incontournable, complexe et de grande importance à l’avenir des communautés francophones vivant en contextes minoritaires au Canada
https://drive.google.com/file/d/1gcuvdkoQwtYydKwKlTfhPhpIB4vJqswX/view?usp=sharing
L'exploitation de données statistiques sur les langues et l'accessibilité à ces données
Gildas Grimault (CREAD)
Compter les bretonnants : variations inattendues et explications ténues. Que nous apprennent les sondages sur la pratique du breton ?
Alexandra Filhon (ESO)
Appréhender la transmission linguistique à partir de l'enquête Famille. De 1999 à 2025, bilans et perspectives
Philippe Blanchet (CELTIC-BLM)
Les limites méthodologiques des enquêtes de la statistique publique et les apports éventuels de ces enquêtes
La loi Molac et la convention spécifique pour la transmission des langues de Bretagne… Où en sommes-nous en 2023 ?
Avec Philippe Blanchet (professeur en sciences du langage, CELTIC-BLM, Rennes 2), Frédéric Pogent (MCF, CREAD)
et Gwenole Larvol (PE, docteur associé au CELTIC-BLM)
Ces deux dernières années, un texte de loi et une convention ont offert de nouvelles perspectives par rapport à l’enseignement et la transmission des langues régionales.
Il y a tout d’abord la loi de 2021 relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion. Dite “loi Molac”, du nom de son rapporteur à l’assemblée nationale, le texte prévoit notamment de généraliser l’enseignement des langues régionales comme matière facultative dans le cadre de l’horaire normal d’enseignement, de la maternelle au lycée.
En mars 2022, entre l'État et la Région Bretagne est signée une convention spécifique pour la transmission des langues de Bretagne et le développement de leur usage dans la vie quotidienne. L’article 49 porte sur le développement d’un vivier de diplômés de licence, candidats au master MEEF, parcours “professeur des écoles bilingues”. A ce titre, l’annexe C du rapport, à l’article C3, mentionne la licence de Sciences de l'Éducation - parcours préparatoire au professorat des écoles (PPPE) portée par la faculté des Sciences du Sport et de l'Éducation de l’UBO et le lycée de l’Iroise. Cette licence (sur trois ans) vise à diplômer les étudiant.e.s d’une licence en sciences de l’éducation et de la formation en leur permettant d’acquérir un niveau d'acquisition B2 de la langue bretonne. Cette réflexion sur l’apprentissage de cette langue se fait en lien avec le département de Breton de l’UBO. Dans le cadre de l’accord état/région, il a été fait appel à l’organisme de formation en langue bretonne pour adultes Stumdi pour organiser quatre semaines en immersion durant l’année universitaire 2022-2023. La première promotion d’étudiant.e.s a été accueillie à l’UBO en septembre 2022.
Langues officielles, langues nationales et langues minoritaires. Education et questions éducatives au Bénin et au Burkina-Faso
Coordination : Kocou Prosper Tonato & Hugues Pentecouteau
Education familiale des enfants sourds au Burkina Faso : apports des langues nationales et de la langue de signes naturelle
Vidéo en ligne : https://youtu.be/2G88XhSgUzg
Dr Aoua Carole CONGO, Chercheuse au CNRST / INSS
carole_bac@yahoo.com
La population sourde est une minorité linguistique au Burkina Faso. Pour éduquer les enfants sourds, les familles développent des familiolectes mimogestuels. Au niveau communautaire, la langue des signes naturelle sert à la communication et aux autres apprentissages. Dans les langues nationales, notamment le moore, le dioula, le fulfuldé, le gulmancema et le bissa, on retrouve des gestes co-verbaux qui enrichissent cette langue de signes.
Mots clés : Burkina Faso, Education familiale, familiolecte, langue nationale, langue de signes naturelle, sourd.
Regard croisé sur les manuels en langues nationales et en français du Cours d’Initiation au Bénin
Kocou Prosper Tonato, Docteur en Sciences de l’éducation
Vidéo en ligne : https://youtu.be/vip_U9FpTII
tonatop@yahoo.fr
Le Bénin a connu plusieurs initiatives de recours aux langues nationales à l’école. La dernière tentative d’envergure a démarré sur décision du Conseil des Ministres du 29 mai 2013 avec six langues nationales choisies selon des aires linguistiques. En dépit d’une convergence des thématiques abordées dans les manuels en langues du cours d’initiation, le sens caché des textes supports d’apprentissage évoque des « endofrontières » linguistiques.
Mots clés : Manuel en langue, régionalisation de l’enseignement, « endofrontières » linguistiques, compétences plurilingues, compétences pluriculturelles.
L’école, le français et les langues nationales au Bénin : une réflexion à partir de l’expérimentation du Projet ELAN
Clarisse NAPPORN, Maitre de conférences en Sciences de l’éducation, Université d’Abomey-Calavi
Vidéo en ligne : https://youtu.be/Uidazymx8fQ
clarissenapporn@yahoo.fr
Le projet ELAN a été initié pour permettre l’apprentissage du français en s’appuyant sur les compétences en langues nationales des enfants. Il a démarré en 2014 et a été suspendu en 2018. Les langues nationales peinent toujours à trouver une place auprès du français à l’école.
Professeure en sciences de l'éducation, didactique de l'allemand, université de Trèves, Allemagne
https://www.uni-trier.de/index.php?id=61886
Vidéo de l'intervention
Contrepoints:
- Xan Aire (responsable du projet linguistique de Seaska). Vidéo de l'intervention. Pour en savoir plus sur le projet Seaska : https://www.seaska.eus/fr/egun-bat-ikastolan-fr-2019-10-01
- Argia Olçomendy & Marie-Anne Chateaureynaud (enseignantes-chercheures à l'université de Bordeaux). Vidéo de l'intervention
Sentiment d’appartenance ethnique, classe sociale et pratiques linguistiques : le cas des Sereer (Sénégal). Rebecca N’Dour, postdoctorante, Centre Maurice Halbwachs (CNRS, EHESS, ENS).
Bilinguisme et bilittéracie des enfants dans différents contextes multilingues. Isabelle Nocus, enseignante-chercheure. Université de Nantes, CREN
Les langues et les cultures familiales à l’école maternelle, une approche didactique. Carole Le Hénaff, enseignante-chercheure. UBO, INSPE de Bretagne, CREAD
Parler basque à l’école. Des lycéen-ne-s breton-ne-s en quête de réponses (Pays basque - Bretagne). Strollad Brezhonekaat, lycéens, accompagnés de Gildas Grimault. Lycée Diwan. Les lycéennes ont présenté le film qu'elles ont réalisé : https://www.youtube.com/watch?v=fBNEcb-c7fw
"Le film « div glogorenn » a été réalisé par des lycéen-ne-s breton-ne-s de Diwan parti-e-s à la rencontre de lycéen-ne-s basques inscrit-e-s dans un lycée en immersion également. Quelle place pour le basque dans leur vie personnelle ? Est-ce une langue de l’école uniquement ? Est-elle utilisée en famille ? Avec qui échangent-ils en basque ? Au lycée ? En dehors de l’école ? Quelles difficultés ? Petit à petit émerge le désir de chacun-e de parler ou non une langue minoritaire dans un pays francophone".
Énoncés d’écoliers de grande section : présence du lexique des émotions. Ariane Guguen, doctorante. Université de Rennes 2, CRBC
Parents brittophones : quel sens donnent-ils à la transmission du breton à leurs enfants aujourd’hui ? Katell Chantreau, doctorante. Université Rennes 2, CREAD
Transmission familiale du catalan : comparaison entre Catalogne Sud et Catalogne Nord. Maria Anton Alvarez de Cienfuegos, doctorante. Université de Perpignan, CRESEM, et Laboratoire de Philosophie et Lettres de l’Université d’Alicante
Présentation : origine du projet & perspectives. Hugues Pentecouteau (CREAD)
La famille et la transmission d’une langue minoritaire : stratégie et négociation familiale. Alexandra Filhon (ESO) & Catherine Adam (ENSTA)
L’école : enseignement immersif et semi-immersif ; comment les enseignants de ces filières collaborent ensemble ; quelles sont les approches développées en didactique.
Guenole Larvol (CRBC), Tanguy Philippe (CREN) & Xan Aire (Seaska)
Clôture / conclusion : Stefan Moal