Fragments d'un
Bavardage
Philosophique
Bavardage
Philosophique
"La parole appartient à moitié à celui qui parle, moitiè à celui qui écoute", nous dit Montaigne.
J'apprécie l'idée que de ces textes naîtront autant de recompositions, autant de nuances d'interprétations, autant de réflexions que de lecteurs puisque, quoi que l'on cultive, fut-ce des idées, la réussite, c'est que ça grandisse.
Ici le fond commande la forme. Quand l'essai est maître pour développer une théorie, approfondir un sujet, le recueil de textes offre un espace de liberté unique, à la fois ludique et didactique : pouvoir sauter d'un sujet à l'autre, revenir au même sous un autre angle, repartir en explorer un troisième, un quatrième, surligner l'essentiel, utiliser pleinement la spécificité de la philosophie qui est de dessiner au plus juste l'énigmatique réalité, l'éclectisme de ses parties, la cohérence de sa totalité.
Pour autant, chaque texte n'étant rien d'autre, finalement, qu'un mini essai, ils ambitionnent le même objectif : réduire l'ignorance, ici en éclairant un sujet précis, là en donnant la clé qui permet d'accéder à une compréhension plus générale.
En montrant des sujets différents, mais avec le même regard, modestement humaniste, simplement "à hauteut d'homme", le réel, celui de notre intériorité et celui dans lequel s'inscrit nos actes, cette réalité, intuitivement ressentie ou laborieusement pensée, prend sens en dévoilant les mille fils qui relient ses parties sans lesquels elle ne serait qu'un amas chaotique de choses et d'autres ; mais ainsi reliées forment un ensemble dont la cohérence éclaire à son tour chacune de ses parties, et alors, et alors seulement, on ne regarde plus la mode ou le P.I.B. de la même façon, on n'écoute plus les discours de la même oreille, bref, on comprend l'utilité de la philosophie, sa fonction démocratique, sa vertu émancipatrice : soulever un peu le voile de l'apparence, voir un peu mieux la réalité.
Ce que pensait Montaigne sur cette relation Auteur/Lecteur est particulièrement bien explicité par Robert Darnton dans son "Apologie du livre" édité chez Gallimard, en voici un extrait :
"Il fut un temps où les lecteurs tenaient des recueils de citations ou des anas. Dès qu'ils tombaient sur un passage piquant, ils le recopiaient dans un carnet sous un titre approprié en lui ajoutant des observations faites au fil de la vie quotidienne. Erasme leur avait appris comment faire ; et s'il n'avait pas connaissance de son populaire De Copia, ils consultaient des modèles imprimés ou le maître d'école du coin. Cette pratique se répandit partout en Angleterre au début de l'ère moderne, chez les simples lecteurs, mais aussi chez les écrivains célèbres comme Francis Bacon, Ben Jonson, Jhon Milotn et John Locke. Elle impliquait un mode particulier d'appréhension du verbe imprimé. A la différence des lecteurs modernes, qui suivent le mouvement d'un récit du début à la fin (sauf s'ils sont "nés avec le numérique" et cliquent à travers les textes sur des machines), les Anglais à cette époque lisaient par à coups et sautaient d'un livre à l'autre.Ils brisaient les livres en fragments et assemblaient ceux-ci selon de nouvelles combinaisons en les transcrivant dans différentes sections de leurs carnets. Puis ils relisaient l'ensemble et en réorganisaient l'agencement en ajoutant d'autres extraits. Lectures et écritures étaient donc des activités inséparables. Elles entraient dans un effort continu pour tirer un sens des choses, car le monde étaient empli de signes et vous pouviez y lire votre chemin ; en tenant un registre de vos lectures, vous faisiez un livre de votre cru, marqué du sceau de votre personnalité."
La pratique de cet exercice est tombé en désuétude ; cela reviendra peut-être, le conseil étant toujours valable dans notre 21 siècle !
Il faut rendre à César ce qui appartient à César. A qui appartient la philosophie? De même que la menuiserie n'appartient pas aux menuisiers, mais à tous ceux qui façonnent le bois, la philosophie n'appartient pas aux philosophes -que Proudhon accusait de se complaire dans la logomachie-mais à tous ceux qui suivent le précepte d'Horace : "Osez penser !." Effectivement, il faut oser, c'est-à-dire surmonter un implacable a priori : le sentiment d'être illégitime, car tout de suite la question se pose, s'impose, quelle valeur peut avoir une pensée qui ne possède pas l'imprimatur universitaire ?
La question se pose, s'impose, parce que l'on prend le problème à l'envers. On juge la pensée par rapport à l'auteur, on doit juger l'auteur par rapport à sa pensée : tient-elle la promesse de toute vraie pensée? Enrichir son lecteur par sa justesse, son originalité, sa clairvoyance, son didactisme, pour se faire véhicule d'un esprit libre et donc, in fine, libératrice de la pensée du lecteur, de la lectrice, jusqu'à lui donner l'impertinent courage de faire ce que l'on croyait réservé à d'autres, là-haut, dans leur Olympe intellectuel : penser.
Malgré les basses eaux du fleuve politique populaire, ou plutôt à cause de cette désaffection, il faut repenser, réaffirmer deux ou trois vérités que le fleuve a portées, dont l'histoire peut témoigner : pour tout ceux qui défendent un progrès humaniste, il n'a jamais été question que d'être réfractaire à la régression sociale ; le seul ruissellement qui a amélioré la vie du plus grand nombre est celui des ruisseaux individuels (mais pas individualistes) qui ont fait grossir les premières rivières qui ont créé la force qui seule permet que la souveraineté populaire ne soit pas un vain mot ; le partage équitable des bénéfices du travail collectif est toujours d'actualité.
Le grand fleuve populaire, celui qui, pendant tout le 20e siècle a rompu tant de barrages, renversé tant de statues, noyé tant d'injustices, charrié tant d'espoirs, celui qui n'a cessé de dessiner le projet d'une meilleure vie pour le plus grand nombre retrouvera son étiage ces prochaines années, car tel est le sens de l'histoire.
Hier encore, la mémoire collective semblait de moins en moins suivre les règles d'une rationalité qui lui confère le statut d'expérience didactique ; qu'en sera-t-il demain ?
Tant de crises ont été vécues ; combien n'ont été présentes dans les esprits que le temps de reconstruire le passé ? combien ont été utilisées pour changer le cours de l'histoire, la manière de penser, d'agir, d'organiser et de vivre le collectif ?
Elle devait être la "der des ders", elle ne fut que le premier grand massacre du 20e siècle. La crise financière de 2008, la première grande crise du 21e siècle, devait changer profondément les règles du jeu de la financiarisation économique, et puis, et en à peine quelques années, les affaires ont repris leurs cours, et la bourse sont "trading" à haute fréquence, toujours aussi hautement déconnectée des réalités économiques, écologiques et sociales...
Combien de crises climatiques pour faire plier les sceptiques ? Combien de crises écologiques pour émouvoir les barons de la finance ? Combien de crises mondiales pour remettre en question la trop interdépendante mondialisation, la trop puissante financiarisation, la trop grande impunité écologique et sociale des tentaculaires multinationales devenues si expertes à nationaliser les problèmes et privatiser les profits ? Combien de fois a-t-on entendu "plus jamais ça !" ? Combien de fois a-t-on reconstruit le passé à l'identique, en pire ?
Toute situation peut être retournée en son contraire ; une bonne peut avoir des conséquences négatives par simple négligence des conditions de sa pérennité, une mauvaise peut devenir créatrice de nouveautés positives, pour peu que l'on s'y affaire, pour peu que l'on ne se contente pas de reconstruire le passé, à l'identique ; pour peu que la mémoire collective retrouve son statut d'expérience didactique, car les mêmes causes, le passé reconstruit, donneront toujours les mêmes effets, les mêmes crises.
On n'en finit pas de mettre des mots sur les maux d'une société qui n'en finit pas d'être malade d'elle-même.
Bien sûr, les mots n'ont pas vocations à guérir les maux, mais au moins devraient-ils remplir leur office : décrire le problème, proposer une solution ; pourtant, n'est-ce pas ce qu'ils font, et plutôt cent fois qu'une? Justement, c'est bien là le problème, cent fois c'est beaucoup trop ; tantôt on s'y perd, tantôt on se lasse, ou l'on choisit son camp, on y campe, on s'y accroche, on s'y obstine, on s'y divise. Chacun son mot, qui devient opinion, qui s'impose vérité... Chacun son problème, sa zone à défendre ; on s'y retranche avec sa provision de mots, de quoi soutenir un siège, une guerre des tranchées où les idées se neutralisent et les actes s'annihilent ; ou plus rien ne compte que de faire reculer d'autres mots, ceux d'adversaires ennemis autant que de concurrents amis, où plus personne ne coopère pour faire reculer les maux, qui sont bien les seuls à prospérer, comme en toute guerre.
Ainsi le problème est bien moins l'absence de solution que l'absence d'entente autour d'une solution ; une bonne partie de la solution est donc là, à portée de mains, de voix, de mots :
Utiliser notre énergie à moins combattre les mots adverses et beaucoup plus les maux du monde et donc commencer par trouver les mots communs qui assemblent, car ce sont ceux qui libèrent l'action quand ceux qui divisent l'emprisonne.
Mais toute pensée s'enracine dans une histoire personnelle autant qu'elle s'inscrit dans une histoire collective ; toute pensée est dialogue avec le monde autant qu'avec soi-même, dialogue avec le monde a partir de soi-même, et donc d'un vécu, d'un "voyage" dans la vie qu'il n'est peut-être pas inutile de décrire brièvement.
Je me souviens, dans les années 70, d'un article de journal vantant les mérites d'une entreprise locale qui venait de recevoir un prix pour ses performances à l'exportation. L'article avait retenu mon attention parce que, justement, j'y travaillais, comme ouvrier. Mon article aurait été moins élogieux car j'aurai témoigné de quelle chair humaine était faite cette réussite industrielle exemplaire.
Je me souviens de ces journées vagabondes que j'affectionnais moyennement, mais ne détestais pas. L'esprit libertaire ne s'était pas arrêté de souffler en juin 68... Tout le monde ne partageait pas, évidemment, loin s'en faut, cet antimatérialisme primaire, cette absence de préoccupation du lendemain, du surlendemain, de la retraite... et parmi ceux, celles, qui se laissaient encore porter par le souffle de l'explosion sociétale des années 60, dominaient le sentiment, clair et confus à la fois, que la fringante "société de consommation" et ses millions de comptes en banque, et autant d'envies à satisfaire, sonnerait bientôt la fin de la longue récréation soixante-huitarde. Et devant l'inéluctable, chacun semblait lancer la supplique : "encore une année, monsieur le capitalisme !".
Je me souviens d'avoir participer, en 1980, à la création d'une association culturelle, et même, folie excitante, début 81, d'un mensuel, dont le premier et dernier numéro sorti en mars, à 25 000 exemplaires dans toutes la France...
Dans les semaines qui suivirent, je reçu une lettre d'argentine, me demandant si je pouvais trouver quelqu'un pour monter une pièce de théâtre en France, qui ne pouvait être jouée à Buenos Aires à cause de la censure. En fait, il s'agissait d'une écrivaine française, de pass age à Nice, elle était tombée sur notre premier numéro.
Je me souviens de cette émotion indéfinissable et si particulière, aux premiers contacts avec des meubles du 19e, 18e, 17e siècle ; avec des objets chargés d'histoire, chargés de cette sorte de magnétisme qui touche simultanément la main l'oeil et l'esprit.
Les métiers de la restauration, du noble ébéniste au roturier vernisseur au tampon que j'allais devenir, autorisent une charnelle accointance avec les oeuvres, provoquant un tutoiement d'outre-tombe avec les artisans-artistes, un dialogue où s'invite immanquablement une modeste, mais réelle sagesse de la main. Modeste parce qu'elle n'a aucune prétention sur la compréhension du monde ; réelle, parce qu'il y a toujours quelque chose d'universel à en tirer.
Le monde des oeuvres d'art est aussi celui où l'argent s'identifie à la perfection avec cette qualité liquide qu'on lui prête communément, tant, ici, il semble couler aussi facilement que l'eau du robinet.
Je me souviens de ce milliardaire dans son appartement musée de quelques centaines de mètres carrés, un 20e étage Monégasque. Je devais y travailler toute une journée pour une restauration à domicile. Sa femme m'avait bien prévenu : "N'ouvrez pas cette porte, mon mari se repose dans le salon" (en fait, il s'agissait de m'indiquer le chemin pour sortir de cette enfilade de pièces et rejoindre l'ascenseur, privé, évidemment, les domestiques ayant pris congé, et madame partant faire ses courses). Mais un peu plus tard, ayant besoin d'un éclairage supplémentaire, et nécessité faisant loi, je toquais à ladite porte du salon-refuge. "Entrez", d'un ton visiblement agacé, mais poli ; ouvrant, je vis un grand écran où était projeté un dessin animé. Comme quoi, on peut être riche et puissant et néanmoins homme, c'est-à-dire éternel enfant.
Je me souviens de cet autre, son nom s'étalait à la "une" des journaux pour des ennuis judiciaires. Le même jour, nous étions chez lui pour présenter meubles, tableaux, tapisseries d'Aubusson...
"Un peu plus haut, un peu plus à droite ; non, ça ne va pas; remettez-le à gauche de la console ."
Il faut plus que quelques brindilles judiciaires pour entraver le flot de ces liquidités...
Je me souviens, dans les années 80, d'un concours organisé par la section niçoise du Mouvement Européen. Il s'agissait d'une dissertation répondant à la question : " en quoi la construction de l'Europe favorisait-elle la paix dans le monde?". La récompense était de mille francs et une invitation à visiter le parlement européen. Etant dans une période financièrement creuse, je n'ai pas utilisé les milles francs pour visiter Strasbourg et son parlement. Je me demande si l'invitation tient toujours.
Je me souviens d'un petit salon du livre où ma copine de l'époque présentait le sien, publié à compte d'auteur. Une députée-maire marrainait la manifestation littéraire. Je fis sa connaissance, et un brin de causette plus tard, nous décidâmes de nous revoir pour continuer à bavarder, mais cette fois dans le but d'essayer de rendre cet échange d'idées public sous la forme, évidemment, d'un livre. Selon nos emplois du temps, nous nous donnions rendez-vous dans sa mairie ou à l'Assemblée Nationale. Un jour, sur un grand boulevard, entre l'assemblée et un petit restaurant, alors que nous avancions à la vitesse des embouteillages, mon regard croisa sur le trottoir, une femme d'un certain âge, visiblement S.D.F. ; bref regard, brève pensée : en quoi méritais-je mon petit privilège? En quoi méritait-elle sa grande indignité? Malaise intérieur, la voiture file ; sourires, la conversation continue.
Le livre ne sait jamais concrétisé, mais le malaise ne s'est jamais dissipé complètement.
Je me souviens d'un agréable déjeuner avec le scientifique Alexandre Meinesz, à deux pas de son labo, à la fac de biologie marine de Nice. Je n'avais jamais mis les pieds dans une "fac" ; ma première impression? Défraîchi ! Personnellement, travaillant là comme étudiant ou prof, j'aurais tout repeint pendant les vacances... C'était juste après la publication de son livre : "Le roman noir de l'algue tueuse" ; le titre ne lui plaisait pas, mais , comme souvent, l'éditeur avait choisi quelque chose d'accrocheur. Il me parlait de sa découverte, et de son combat pendant des années, pour alerter les pouvoirs publics, les politiques, en vain. En fait, cela se passe souvent ainsi: dès qu'un scientifique veut tirer la sonnette d'alarme sur un problème, un autre le contredit, et le politique, dans sa grande sagesse, prendra courageusement la meilleure solution : wait and see.
2005, référendum sur la constitution européenne. Modeste participation à la campagne pour le non dans la mouvance écolo.
Je me souviens d'un grand et courageux article de Jean-François Khan dans son "Marianne", où il condamnait le caractère outrancier d'une diatribe de Serge July dans "Libération" où celui-ci insultait les partisans du "non".
Une idée me vint, comme ça, par goût du jeu intellectuel : porter plainte pour diffamation contre Serge July. Même mon avocate pensait que ce n'était pas possible, à cause de la sacro-sainte liberté d'expression journalistique. Mais libeerté d'expression n'est pas synonyme de liberté de diffamation et d'insultes ; et le tribunal d'instance de Paris jugea ma requête recevable. Sauf que l'avocat de Serge July a réussi, en dénichant je ne sais quelle jurisprudence, à démontrer que ce n'était pas le tribunal d'instance qui était compétent pour juger cette affaire, mais le Tribunal de Grande Instance ; pour mon avocate et moi, la tactique était claire : se doutant des modestes moyens d'un petit artisan, et connaissant le coût d'un procès au T.G.I., il était quasiment sûr que je laisserai tomber ; ce que je fis, évidemment.
Je me souviens d'une de ces petites causeries-débats organisées par la librairie "La belle aventure" à Poitiers, ou un auteur vient présenter le sujet de son livre. Lecteurs et futurs lecteurs questionnent, interpellent, réagissent ; agréable et instructif moment de "vie culturelle gratuite". Cette fois, il était question de médiation. Une activité ce plus en plus importante dans nos sociétés aux rouages relationnels complexes. Mais c'est sur un nouveau concept que se porta principalement mon attention : la médiation élargie.
L'année suivante, en 2014, j'eu l'occasion de participer à une rencontre avec Ségolène Royal, pour son dixième anniversaire comme présidente de la région Poitou-Charentes ; rencontre organisée sous l'égide du quotidien Centre Presse. Chaque intervenant avait droit à une ou deux questions, la mienne était évidemment : " Vous qui avez défendu le principe de la démocratie participative, accepteriez-vous d'expérimenter le concept de médiation élargie qui pourrait être créateur d'emplois principalement dans l'économie sociale et solidaire, et l'économie verte?" ; prise de court par un sujet qu'elle ne connaissait pas, j'obtins une réponse aussi positive qu'évasive. Normal, diriez-vous, la question portant sur un nouveau concept ; pas normal, en réalité, car la question était prévue, et son staff aurait dû lui en parler pour qu'elle ne soit pas prise de court... Mais peu importe, j'avais prévu l'éventualité, et lui offris (n'était-ce pas un anniversaire) le livre collectif dirigé par Dominique Royoux : "la médiation, un enjeu démocratique", édité par la Librairie Des Territoires, devenant à mon tour un modeste médiateur.
Pas de pensée qui ne reflète le penseur. L'objectivité est toujours illusoire, on ne peut échapper à soi-même, et toujours restera l'oeil qui perçoit plus ou moins bien ce que la pensée, victime des limites , ambiguïtés et autres faiblesses des mots ne traduira qu'approximativement.
Aussi sincère soit-il, le témoin de la société de son temps ne peut prétendre à l'objectivité sans tromper les autres en s'illusionnant lui-même. l'observateur doit se reconnaître impuissant à transmettre la vérité, et ne rien désirer de plus que de bien dire ce qu'il voit, et qui ne sera jamais que sa vérité, toute relative, toute fluctuante, et conditionnée par les maigres données qu'il aura su comprendre.