Dans une société mondialisée, gérer les langues en présence requiert, en politique linguistique, la considération de deux approches : le top down désignant les politiques « menées du haut » et le bottom up renvoyant aux « initiatives qui surgissent du bas (…) des locuteurs eux-mêmes » (Ehrahrt, 2012). Néanmoins, les représentations linguistiques des locuteurs sur les langues en présence, les besoins en langues et les pratiques linguistiques effectives de ces derniers ne sont pas toujours considérés dans les politiques linguistiques.
Par ailleurs, l’importance de la gestion des langues au sein de la famille est soulignée par Deprez (1996).
Au regard de ce qui précède, l’on se demande :
Comment circulent les langues en présence ? Quelles représentations linguistiques les sous-tendent chez les locuteurs ? De quelles pratiques effectives jouissent-elles ?
Quels sont les facteurs d’ouverture ou non à la pluralité linguistique ambiante (appartenance sociale, niveau d’éducation, marché linguistique, etc.) ?
Comment l’État gère-t-il la pluralité linguistique de la société ?
Comment les familles s’adaptent-elles à la pluralité linguistique de leur société ? Et comment la gèrent-elles ?
Dans ces modes de gestion, quelles places sont accordées aux langues dites de mondialisation ?
L’art, la littérature et les langues qui sont au fondement de la civilisation sont tout particulièrement à revisiter, dans la mesure où ils constituent d’excellents observatoires de l’évolution des sociétés et des trajectoires individuelles, affectées par les flux croissants d’échanges de toutes sortes. Tout en préservant les acquis identitaires (Parfait, 2020), les héritages multiples qui en découlent semblent évoluer aujourd’hui vers de nouvelles formes d’expression esthétique, plus diversifiées, ouvertes au monde, par le recours, entre autres, au numérique. Il en résulte un nouvel essor sans précédent dont la littérature et l’art en général peuvent bénéficier (Brunel et Bouchardon, 2020). Autant de phénomènes à cerner et à confronter avec les spécificités d’autres aires, en particulier à travers la transculturation mobilisée dans le théâtre (Côté, 2021).
Aussi, le présent axe se propose-t-il de répondre, entre autres, aux questions suivantes qui peuvent être croisées :
À l’ère du numérique, quelles représentations de la (des) mondialisation (s) et de ses (leurs) enjeux existe-t-il dans les domaines de l’art, de l’esthétique et de la littérature ?
Quels sont les rapports aux langues et aux cultures en présence dans la réception et la production des œuvres d’art et de littérature (rapport de force, uniformisation, assimilation, etc.) ?
Quelles sont les pratiques d’écriture, de production et de réception, mondialisées ou non (écrire, décrire dans la langue de l’Autre comme enrichissement ou entrave) ?
Quels imaginaires circulent dans ces langues-cultures en présence, pour quel développement et pour quelle société ?
Domaine sensible, l’éducation connaît de nombreux bouleversements qui proviennent en grande partie de logiques internationales convergentes ou non (Cariou-Charton, 2016). Dans un tel contexte, on observe des phénomènes multiples et récurrents de résistance. Aussi, les notions liées à la pluralité, comme celles de répertoire linguistique (Lüdi, 2004, 2021 ; Dufour, 2014), d’ouverture à l’autre et aux différences (Cuq, 2003) pourraient-elles être remises au centre de la réflexion.
Le présent axe s’interroge sur les enjeux complexes et les aspects cruciaux de la dynamique des langues-cultures en éducation, et leur mise en cohérence à travers les domaines croisés de la recherche et de l’intervention :
De quelle manière la mondialisation influe-t-elle sur la recherche concernant la politique linguistique éducative, l’enseignement-apprentissage des langues et des disciplines dites non linguistiques, la formation, les curricula et l’intervention sur le terrain : visions et valeurs ; dispositifs, etc. ?
Vice-versa, dans quelle mesure l’intervention en milieu éducatif et la recherche en éducation à ce sujet suscitent-elles de nouveaux regards sur la mondialisation ?
Comment pourrait-on envisager les rapports entre recherche et intervention en éducation (PLE, curricula, E/A et formation) dans la quête d’un espace-monde plus viable et plus ouvert à la pluralité linguistique et culturelle ?
Enfin, en quoi tout ce qui précède contribue-t-il aux innovations pédagogiques en contexte de mondialisation ?