Nord-Cameroun, crises et peuplement

Thèse de doctorat d'Etat soutenue auprès de l'université de Rouen le 26 mai 1989
par Alain Beauvilain, chargé de cours à l'Université de Yaoundé d'octobre 1978 à juillet 1989

  Thèse de géographie humaine en deux volumes, 625 pages, 61 cartes et 86 photographies dans le texte, 19 dessins dont 18 de Christian Seignobos (dont deux repris en couverture), 17 graphiques et ensembles de graphiques, deux cartes hors texte et une planche couleur de scènes satellitaires Landsat,

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Résumé d'ABES (Agence bibliographique de l'enseignement supérieur).

L'ouvrage analyse dans une perspective géographique les crises du milieu naturel, les crises sociales et les crises économiques qu'a connu le nord du Cameroun tout au long du XXème siècle. C'est pourquoi, après l'étude de l'évolution de la pluviométrie et de ses conséquences et des exposés des situations de crises (famines, épidémies, différentes violences sociales, épizooties, crises monétaires et économiques, ruine de l'artisanat,. . . ) sont développés les aspects géographiques des stratégies adaptatives mises en place par les pouvoirs publics (politiques céréalières et de santé, découpages administratifs et type d'administration) et par les populations (migrations, diffusion de nouvelles cultures, utilisation du couvert arboré, transformations dans l'utilisation de l'espace rural, accumulations démographiques,. . . ). Les conséquences démographiques de ces crises, qui constituent le trait fondamental de l'évolution actuelle du Nord du Cameroun, sont largement développées au travers des grands mouvements migratoires actuels (descente des montagnards, migrations rurales nord-sud, déplacements vers le Lac Tchad, exode rural). Depuis 20 ans, ces migrations ont déplacé plusieurs centaines de milliers d'individus et contribuent à la mise en place, à un rythme accéléré, d'une nouvelle répartition des hommes.

Le commentaire du site SOUMBALA

   Magistrale thèse de doctorat en Lettres et Sciences humaines présentée devant l'Université de Rouen en 1989. A la fin des années 1980 le développement du Nord-Cameroun est visible sur bien des points : amélioration des infrastructures routières, modernisation du monde rural sous la houlette de la SODECOTON et de la SEMRY, développement d'un tissu urbain hiérarchisé, multiplication de l'électrification des centres secondaires et de l'hydraulique villageoise. Et pourtant cela ne peut dissimuler le fait qu'une grande partie de la population rurale reste à l'écart de ce mouvement, soumise à la rigueur des aléas d'un milieu naturel sévère et sous le poids d'un passé culturel et d'organisations sociales et politiques contraignantes.
  Cet ouvrage est la réflexion extrêmement documentée d'un géographe sur les faits liés aux violences (crises) naturelles, sociales et économiques qui ont façonné l'espace du Nord-Cameroun au cours des siècles et encore aujourd'hui et dictent son utilisation aux hommes. Trois sources convergentes sont utilisées. La tradition orale à travers le recueil des souvenirs des anciens, le dépouillement de centaines de dossiers d'archives conservés localement et enfin l'exploitation manuelle des questionnaires ménages du Recensement Général de la Population et de l'Habitat effectué en 1976. Avec une analyse des résultats établie pour la première fois par chefferie et non plus par circonscription administrative. Un travail impressionnant avec un nombre très important de témoignages et de données inédites qui constitue une source majeure pour les géographes, les historiens ou les développeurs mais peut-être surtout pour tous ceux qui, en Afrique, s'intéressent à la problématique des crises, à leurs effets sur les hommes et aux types de réponses que ceux-ci leur apportent.

Comptes-rendus de la thèse Nord-Cameroun, crises et peuplement par le professeur Roland Pourtier dans les Annales de Géographie de 1990 n°556, pp. 747-748 (professeur émérite à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne, jusqu'en 2008 il a enseigné la géographie tropicale, la géographie de l'Afrique et la géographie du développement à l'Institut de géographie de Paris et à l'Institut français de géopolitique. Ses recherches portent principalement sur l’Afrique centrale, le bassin du Congo, la région des Grands Lacs et sur les questions d'instabilité politique, de violence, de crises et de mutations en cours dans ces espace, Wikipedia) 

et par Odile Felgine, docteur ès lettres, dans Le Monde diplomatique.