Journées d'étude "lieux et topoï des récits d'accouchement"
Une deuxième journée d'étude consacrée au corpus littéraire autour de l'accouchement est prévue les 13 et 14 mars 2023 de 9h à 17h.
Projet Birth(ing) Stories
Seconde Journée d’Étude
sur la représentation de l’accouchement et de l’allaitement en littérature
Vers une typologie des scènes d’accouchement en littérature ?
Perspectives croisées sur les représentations de la périnatalité et leurs modalités (genre, discours, contexte)
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Lundi 13 et mardi 14 mars 2023
EN LIGNE (inscription obligatoire)
9h30-17h (horaires susceptibles de varier légèrement)
Liens d'inscription :
programme
Lundi 13 mars 2023
Introduction de la journée d'étude : 9h30-10h
Par Charlotte Danino, co-organisatrice de la journée et fondatrice du projet Birth(ing) Stories
Atelier 1 : 10h-12h
10h - Maxence Gouleau, Sorbonne Université :"Problèmes en tout genre : grossesses et accouchements dans les romans de Ian McEwan"
10h30 - Amandine Mercier, l'Université d'Artois-pôle Arras : "Représentations, mises en récit et en scène de l’accouchement dans les écritures dramatiques pour la jeunesse de Sylvain Levey"
11h - Guilhem Pousson, Sorbonne-Université/Eur’Orbem : "« Pourquoi est-ce que je souffre ? » L’accouchement comme mystère dans Guerre et Paix et Anna Karénine"
Questions et débats
Atelier 2 : 14h-16h
14h - Rose Delestre, Université de Genève et Université Rennes 2: "Nudum et in nuda humo. Accouchement, naissance et vulnérabilité dans la fiction médiévale."
14h30 - Laurence Pagacz, Université catholique de Louvain : "L'accouchement dans des fictions post-apocalyptiques latino-américaines"
15h - Loubna Nadim, Université de Grenade : "L'ineffable douleur de l'accouchement: symbole de la déraison humaine dans L'année de l'éclipse de Latifa Ben Mansour"
Questions et débats
mardi 14 mars 2023
Atelier 3 : 10h-12h
10h - Julie Nouvion, Université Sorbonne Nouvelle : "Effacement ou réhabilitation de l’expérience périnatale, l’exemple de Gone with the wind et ses traductions françaises (1939 et 2020)"
10h30 - Katie Travers, Université Sorbonne Nouvelle : "L'accouchement contemporain : trois cas iconoclastes
11h - Hélène Dubail, Université Paris Nanterre, "Naissances monstrueuses dans I viceré (Les Princes de Francalanza) de Federico De Roberto et Kinderzimmer de Valentine Goby"
11h30 - Guilherme Grane Diniz, Sorbonne Université : "« Il faut que la mère périsse » : Accouchement et violence chez Sade"
Questions et débats
Atelier 4 : 14h-16h
Table ronde sur la valorisation du corpus de récits d'accouchement
ABstracts atelier 1
10h : Maxence Gouleau, doctorante en littérature britannique et ATER à Sorbonne Université (VALE)
"Problèmes en tout genre : grossesses et accouchements dans les romans de Ian McEwan"
L’accouchement a longtemps été utilisé, par de nombreux.ses auteur.e.s, comme métaphore pour désigner le processus d’écriture, et plus généralement tout processus artistique. Paradoxalement, les scènes d’accouchement et les suivis de grossesse sont très rares dans la littérature même, particulièrement dans le roman en tant qu’évènements diégétiques. Ainsi, alors qu’elle essayait d’écrire son roman Sight (2018), qui offre la perspective rare d’une narratrice enceinte de son deuxième enfant, l’autrice anglaise Jessie Greengrass fait le constat que la grossesse et l’accouchement dans la littérature sont généralement des évènements qui se déroulent « hors-champ [...] tandis qu’au centre de l’action un homme fait les cent pas » (The Guardian, 2018).
Les œuvres citées par Greengrass s’arrêtent à la première moitié du XXe siècle. Ian McEwan est l’un des auteurs anglais contemporains les plus connus et rentables des quarante dernières années, et parmi ses dix- sept romans, publiés entre 1978 et 2022, cinq font figurer une grossesse diégétique—de façon plus ou moins importante vis-à-vis du récit central, et jamais d’un point de vue féminin. A quels points les accouchements ont-ils lieu « hors-champ » dans les œuvres de cet auteur contemporain ? Quels sont les paramètres de leur inclusion ou de leur exclusion ?
Au fil de ses excursions timides dans différents genres littéraires, l’œuvre de McEwan se heurte au problème de représentation du genre, du sexe et du corps que pose l’irruption de la grossesse et de l’accouchement dans ses narrations. Le corpus mettra en évidence chez McEwan un problème de figuration exhaustive de la grossesse et de l’accouchement. Les accouchements diégétiques ne sont possibles que partiellement et dans ses romans figurant des éléments du surnaturel (The Child in Time, Nutshell). Les grossesses restantes n’ont droit qu’à des accouchements métaphoriques, littéraires ou spirituels dans ses œuvres essentiellement réalistes (Black Dogs, Saturday). Enfin, dans son roman comico-satirique Solar, les processus de grossesse et d’accouchement vont jusqu’à subir des tentatives d’inversion narrative et d’appropriation, qui pointent cependant du doigt leur propre inadéquation.
10h30 : Amandine Mercier, Maîtresse de conférences en Arts de la scène et du spectacle vivant, UFR Lettres et Arts de l'Université d'Artois-pôle Arras, Membre de l’équipe Praxis et Esthétique des Arts, Laboratoire Textes et Cultures (EA 4028).
"Représentations, mises en récit et en scène de l’accouchement dans les écritures dramatiques pour la jeunesse de Sylvain Levey"
Depuis 2004, le dramaturge français Sylvain Levey a écrit plus d’une trentaine de pièces de théâtre à destination de tous les publics : adultes, enfants et adolescents. Parmi elles, nombreuses sont celles qui dévoilent des récits de maternité et de naissance. Dans ses écritures dramatiques pour la jeunesse notamment, l’accouchement y est un motif à la fois littéraire et culturel, et déploie un éventail d’enjeux et de spécificités intrinsèques à ses représentations, mises en scène et en récit, voire à ses incarnations.
Ainsi, dans Alice pour le moment, le personnage éponyme relate sa naissance, puis l’accouchement de son enfant, en les faisant tous deux dialoguer avec la mort, puisque lorsque l’enfant paraît, un homme décède sitôt les yeux du nouveau-né ouverts. De plus, d’après son récit, Alice ne naît pas bébé, mais s’inscrit directement dans le monde par la guerre en expliquant être née le 11 septembre 1973, réfugiée politique, « avec un accent circonflexe sur la tête ». Il en est de même dans Arsène et Coquelicot, puisque Hortense, la fille de ces deux protagonistes principaux, est venue au monde pendant la seconde guerre mondiale. Dans cette même œuvre théâtrale, les deux enfants, Mirabelle et Hippolyte, se questionnent sur leurs origines et les retracent en particulier en se souvenant très précisément de leur propre naissance. Sous le prisme de leur regard individuel et de leurs discours croisés, le lecteur revit l’accouchement par les yeux et le corps du nouveau-né, sa sortie et ses premières sensations et visions du monde. Dans La nuit où le jour s’est levé, Suzanne assiste à un accouchement sous X dans un couvent au Brésil, au début des années 80. Celui-ci est retranscrit par les gestes et paroles de l’assistance qui aide à la mise au monde. Bien que Suzanne n’ait jamais eu de désir d’enfant, face aux berceaux de tous « ces enfants qui n’ont pas le droit de naître », elle décide de poursuivre ce combat pour la vie en adoptant illégalement cet enfant qu’elle n’a pas porté mais qu’elle a mis au monde. S’en suivent alors des questionnements sur ce qui fait d’une femme une mère : « On peut avoir l’instinct maternel quand on n’a pas porté l’enfant... ? Quand on l’a seulement vu naître ? » et sur les formes symboliques d’accouchement. Enfin, Gros étant un monologue autobiographique, Sylvain Levey y partage sa propre expérience de venue au monde en s’attachant uniquement aux éléments factuels et données obstétricales de l’accouchement. Si le corps du nouveau-né est présent dans ce récit, il ne l’est que par celui médical, celui de la mère s’efface sous analgésiques et celui du père se fait remarquer par son absence.
Dans toutes ces œuvres, les stratégies de représentations et mises en scène et en récit de l’accouchement sont autant marquées de résonances que de singularités. Par une analyse comparée des œuvres de ce corpus, il s’agit d’en questionner les enjeux et spécificités et de mettre en lumière ce que cela induit sur les étirements et les ellipses temporels, sur l’inscription ou non dans un espace donné, sur ce qui est tue, nié, ébauché ou relaté avec précisions et revendiqué, sur la focale et la fragmentation des corps, sur les dispositifs de l’intime et le déploiement de l’imaginaire déployés, sur les regards que les personnages, les lecteurs voire l’auteur portent sur l’acte d’accoucher et sur la dimension culturelle et politique qu’ils charrient.
11h - Guilhem Pousson, doctorant contractuel (dir. Luba Jurgenson), Sorbonne-Université/Eur’Orbem
"« Pourquoi est-ce que je souffre ? » L’accouchement comme mystère dans Guerre et Paix et Anna Karénine"
Entre 1864 et 1878, L. N. Tolstoï publie deux romans qui renferment trois scènes d’accouchement marquées par une forte tension dramatique. Le premier texte pose les éléments d’une scénographie de l’accouchement comme rituel. Les personnages, à des degrés divers, font l’expérience d’une sortie du monde, caractérisée par l’abolition des interactions verbales, une suppression des formes (au sens de Kant) de l’espace et du temps. Dans cet environnement, le couple se soumettent à l’approbation d’une instance supérieure qui n’est pas nécessairement identifiable à l’auteur. La coda du chapitre est marquée par un changement de régime temporel, où les jours sont nommés en référence à celui de l’accouchement-trépas : un temps de la chronique, temps du monde traditionnel, selon Rancière.
Dans Anna Karénine, ce mystère est outragé. Alors que de nombreux éléments installés par la mort de Liza Volkonskaïa sont repris, et même appuyés — arrivée in extremis du mari trompé, véritable statue du commandeur récupérant les attributs du juge invisible ; Vronski répète à la lettre les attitudes d’Andreï —, l’épouse adultère théâtralise ce moment rituel en insérant une scénographie exogène qui rejoue les morts féminines célèbres de la littérature de son temps.
Après ces expériences traumatisantes, le lecteur aborde l’accouchement de Kitty avec une crainte superstitieuse. Il guette le respect de la scénographie du « bon accouchement » par les époux. On verra que la ritualisation de l’accouchement introduit une tension narrative qui donne à cet évènement la fonction narratologique d’une ordalie, les rapprochant d’autres scènes bien codifiées comme le duel ou l’assaut guerrier.
abstracts atelier 2
14h - Rose Delestre, Agrégée de Lettres Modernes, doctorante/chargée d’enseignement (Université de Genève et Université Rennes 2)
"Nudum et in nuda humo. Accouchement, naissance et vulnérabilité dans la fiction médiévale."
Avec cette proposition, nous aimerions contribuer à élargir le répertoire de textes contenant des récits d’accouchement, et plus généralement des moments représentatifs de la période périnatale, conformément à l’un des objectifs du projet Birth(ing) Stories. Nous nous attarderons sur ce qui nous semble le plus caractéristique dans le traitement littéraire du moment de la naissance, la vulnérabilité au plan physique mais aussi politique, de la mère et de son enfant. Dans les récits que nous proposons d’étudier, la grossesse, l’accouchement et la période périnatale n’occupent pas une quantité démesurée de texte, mais un certain nombre de termes désignent clairement le processus physiologique qu’est le delivrement. Par ailleurs, ces textes dramatisent les épisodes de la naissance avec un jeu intéressant sur la spatialité, puisqu’il n’est pas rare que l’accouchement ait lieu en pleine forêt, en dehors du château, alors que le couple des futurs parents est en fuite (Guillaume d’Angleterre de Chrétien de Troyes, Lion de Bourges, Parise la duchesse, Beuve de Hamptone). Spécifiquement dans les romans de la femme persécutée, la jeune mère est bien souvent obligée de quitter le lit alors même qu’elle vient de mettre au monde son enfant (La Manekine, Le Roman du comte d’Anjou), menacée qu’elle est par une belle-mère ou une tante jalouse qui fomente son assassinat et celui de l’enfant, par cupidité. Avant même qu’aient eu lieu les relevailles : la mère et son fils, victimes d’une grave calomnie – qui affecte aussi le père, parti au combat bien souvent, et qu’on trompe avec des lettres falsifiées lui indiquant la naissance d’un fils monstrueux – se voient désormais privés de confort matériel et d’ identité sociale, démunis et dépouillés, nus pour reprendre la métaphore de la naissance de Pline l’Ancien. C’est bien souvent à ce moment que les auteurs choisissent d’évoquer, de manière à servir le pathétique dans la description, la fatigue et la faiblesse de la période post-partum, moment de vulnérabilité physique autant pour la jeune accouchée que pour son bébé. Les enluminures des manuscrits accompagnent et redoublent bien souvent ces descriptions, qui laissent envisager également une vulnérabilité sociale. Bannis, la mère et l’enfant se voient aussi exclus d’un lignage et dépossédés d’une position politique qui se révèle incertaine et à (re)conquérir : donner un héritier à un prince ou à un grand seigneur ne suffit pas, la mère doit aussi fournir un effort politique afin de faire naître son enfant aux yeux des membres de la famille, qui ne sont pas tous disposés à l’accueillir. Il est ainsi intéressant d’observer que se produit, à travers cette vulnérabilité de l’héroïne, une forme d’héroïsation dans la mesure l’enjeu dépasse celui de faire naître un enfant, il s’agit pour le personnage maternel de le protéger et d’assurer sa survie, en vue de l’installer dans la position sociale qui lui revient. Le récit médiéval de la naissance laisse ainsi entrevoir des itinéraires nouveaux dans lesquels l’accouchement fait partie intégrante des épreuves féminines de conquête et de reconquête de soi et s’inscrit de manière équilibrée dans une progression narrative.
14h30 - Laurence Pagacz, docteure en langues et lettres, collaboratrice scientifique de l'Université catholique de Louvain (Belgique) et responsable des études latino-américaines pour les éditions internationales PeterLang à Mexico.
"L'accouchement dans des fictions post-apocalyptiques latino-américaines"
Tandis que les fictions apocalyptiques se focalisent sur la représentation spectaculaire de l’apocalypse comme cause de l’extinction du genre humain – ou, en tout cas, d’un grand nombre d’êtres –, voire de la planète, les fictions post-apocalyptiques présentent un monde perçu d’emblée comme stable mais hostile.
Dans ces fictions qui ont pour but de représenter un monde « after the end » (Berger 1999) s’opère un changement radical de rapport au corps, dont la matérialité se fait très présente, voire toute-puissante. La nature s’y livre à l’homme de manière brute et austère : dans ces lieux déserts et mornes, le corps se fait soudain présent, pesant et grave, ultime lieu et ultime morceau de nature au sein de paysages dévastés. Les survivants font l’expérience de la perte totale – et contrainte – de distance avec la nature ; cette perte de distance s’accompagne dans la mise en récit d’un questionnement sur l’humanité après une catastrophe.
L’accouchement, dans un contexte post-apocalyptique, n’a rien d’anodin et revêt une signification particulière, proche du rituel, que je souhaite étudier dans trois œuvres latino-américaines contemporaines :
Aridjis, Homero. La leyenda de los Soles [La Légende des Soleils]. (Mexique, 1993)
Pinedo, Rafael. Plop. (Argentine, 2004)
Pinedo, Rafael. Subte [Métro]. (Argentine, 2006)
15h - Mme Loubna Nadim Nadim, Docteure en Lettres en littérature francophone, professeur au département de philologie Française à l’Université de Grenade.
"L'ineffable douleur de l'accouchement: symbole de la déraison humaine dans L'année de l'éclipse de Latifa Ben Mansour"
Selon Aristote, la catharsis aide à libérer les spectateurs de leurs tourments en exprimant symboliquement la tragédie pour contribuer à la purification des passions. Dans cette perspective, la dimension métaphorique de la scène de l’accouchement dans le roman de Latifa Ben Mansour dote le texte d’une intensité extrême et éveille chez le lecteur une sensation de joie d’un renouveau symbolisé par la naissance de deux bébés. Or, la pureté de ce renouveau est traversée par la douleur, le sang de l’hémorragie, l’ineffable souffrance ressentie par Hayba et la colère du créateur envers les terroristes. Dans ce sens, la protagoniste étant dans un état cathartique lors du processus de l’accouchement présente une fresque réaliste sur la situation de l’Algérie lors des décennies noires.
L’objectif de notre intervention est de montrer comment la voix narrative dépasse la matérialité de l’écriture romanesque pour dénoncer la barbarie dominante en Algérie des années 90. C’est ainsi que l’accouchement dans L’année de l’éclipse se transforme en état de réflexivité ayant pour but comme le signale Benjamin Stora “donner à voir”. En tirant profit des représentations de la maternité et l’essence de la vie, la romancière munit son texte des effets de sens réel et esthétiques. C’est ainsi que cette typologie d’écriture crée une conception du sujet qui s’amalgame à la situation du pays. Ce double rapport permet l’ancrage dans la déraison humaine en situant le lecteur comme le déclare Freud “face au monde et face à lui-même” dans une dimension multiple et collective jonchée de souffrance et de douleur de tout un peuple anéanti par la sauvagerie humaine.
abstracts atelier 3
10h - Julie Nouvion, étudiante du Master Études anglophones — Langue, littératures et société, Sorbonne Nouvelle. Autrice de Naître au calme, à la découverte des maisons de naissance (2020).
Effacement ou réhabilitation de l’expérience périnatale, l’exemple de Gone with the wind et ses traductions françaises (1939 et 2020)
Dans le roman d’une Amérique sudiste, raciste, et patriarcale, les trois accouchements de Scarlett O’Hara sont passés sous silence (“In due time, Charles’ son was born.”) Celui de sa rivale Melanie Wilkes est en revanche détaillé et court sur deux chapitres mettant en parallèle l’arrivée proche mais incertaine des soldats Yankees et celle tout aussi imminente d’un enfant.
Gone with the wind est traversé par de nombreuses évocations périnatales : risques de fausse-couche ou de prématurité, inconfort de la grossesse, douleurs de la mise au monde, vécu physique et mental du post-partum. Traduites en deux époques différentes, les versions françaises d’Autant en emporte le vent (Caillé, 1939 ; Chicheportiche 2020) diffèrent dans leur traitement du “chapitre de la maternité”. Euphémismes, changement de focalisation ou omissions permettent à la première traduction de romancer l’accouchement et ses douleurs “clémentes” tandis que la seconde renoue avec un lexique précis et médical sans oblitérer l’attitude équivoque des héroïnes quant à la maternité.
10h30 - Katie Travers, Doctorante à Paris 3 - Sorbonne Nouvelle et ATER à Paris 4 - La Sorbonne, travaillant sous la direction d'Alain Romestaing et au sein de l'équipe THALIM 7172
L'accouchement contemporain : trois cas iconoclastes
Aujourd’hui, la grossesse est un phénomène qui est affecté par l’innovation, la technologie et des changements culturelles et politiques. La littérature contemporaine joue un rôle particulier en commentant sur ce phénomène, et je propose de présenter trois œuvres révélant de l’accouchement et nous permettant de l’explorer dans leur particularité que ce soit par une femme célibataire, dans un contexte homosexuel ou au sein d’un couple hétérosexuel et traditionnel, mais au sein duquel une lutte féministe persiste.
Les Corps Ravis de Justine Arnal suit l’histoire d’une femme qui cherche à faire un enfant en dehors de l’homme. Elle se rend dans la Forêt Noire, tombe enceinte par l’aide d’un poisson et finit par accoucher de son enfant, Daisy, une extension d’elle-même, Marguerite, d’une manière hors norme. Elle accouche de l’enfant par son cerveau et l’histoire qui s’ensuit nous permet d’examiner la fécondation in vitro et des aspects négatifs et positifs qui peuvent en résulter de cette intervention.
Papa Graine de Guillaume Chérel, Audrey Hervé et Isabelle Maltese explore l’expérience de la fécondation in vitro dans un contexte homosexuel, nous permettant également de remettre en question les lois qui encadrent ce genre d’intervention, tout en nous permettant de lire une scène d’accouchement raconté de manière franche, honnête et transparente tout en montrant l’environnement chaleureux et familial qui peut exister lors d’un accouchement.
Un heureux événement d'Eliette Abécassis nous présente avec un accouchement traditionnel et un couple hétérosexuel. L’histoire raconte des souffrances de la mère après cette expérience, tout en racontant avec honnêteté des problèmes relationnels qui se développent entre elle et son conjoint après la naissance.
Une présentation sur ses trois œuvres nous permettra de mieux explorer trois exemples particuliers d’accouchement : l’accouchement vécu par une femme célibataire qui utilisait une intervention (néanmoins dans le cadre fantastique) ; l’accouchement dans un contexte homosexuel et les défis du couple au sein de ce contexte ; l’accouchement au sein d’un couple hétérosexuel, mais révélateur des problèmes qui se développe au sein de ces couples. Dans leur ensemble, des textes explorent des modèles familiaux variés tout en confrontant des stéréotypes hétéronormatives et du couple.
11h - Hélène Dubail, Docteure en littérature comparée, Université Paris Nanterre – Centre de Recherches en Littérature et Poétique comparées (EA3931)
Naissances monstrueuses dans I viceré (Les Princes de Francalanza) de Federico De Roberto et Kinderzimmer de Valentine Goby
Je propose d’étudier dans une perspective comparative un roman italien du XIXe siècle écrit par un homme et un roman français contemporain écrit par une femme : respectivement I viceré (1894) de Federico De Roberto, traduit sous le titre Les Princes de Francalanza, et Kinderzimmer (2013) de Valentine Goby.
Les deux romans n’ont a priori rien à voir l’un avec l’autre. Le premier, source d’inspiration du célèbre Guépard de Tomasi di Lampedusa, est une pure fiction sur fond d’événements historiques. De Roberto y fait la satire d’une famille d’aristocrates déchirée par les rivalités internes et bientôt emportée par les soubresauts que connaît l’Italie du Risorgimento. Le second roman, une fiction inspirée de faits réels, nous plonge dans l’horreur des camps de concentration. À travers le destin singulier d’une jeune déportée politique, Valentine Goby décrit les conditions de détention à Ravensbrück. Un thème pourtant rapproche ces deux œuvres si opposées – un thème secondaire chez De Roberto, central chez Goby : celui de la naissance monstrueuse, symptomatique d’un monde qui s’effondre.
Dans la saga familiale écrite par De Roberto, un personnage, Chiara, se voit attribuer comme véritable leitmotiv les thèmes de la grossesse et de la maternité problématiques. Le romancier, sarcastique, n’épargne pas grand-chose à ce personnage féminin, dont le parcours individuel doit symboliser la dégénérescence d’une famille, mais aussi le déclin d’un pays qui se rêvait en pleine renaissance : désir d’enfant qui se heurte à l’infécondité, grossesses imaginaires, kystes ovariens, maternité par procuration et, surtout, la mise au monde d’un fœtus difforme, bientôt amoureusement conservé dans un bocal de formol.
Chez Valentine Goby, la représentation d’un « heureux événement » devenu contre-nature est, du fait du contexte radicalement différent, infiniment plus tragique. Le roman, peinture d’une grossesse et d’une découverte de la maternité en plein camp de concentration, révèle le cauchemar que fut la Kinderzimmer de Ravensbrück. Le destin de Mila et de son bébé, et d’une manière plus générale toutes les scènes centrées sur la périnatalité, disent là encore la fin d’un monde, la perte des repères dans une histoire qui semble n’avoir plus de sens. Mila, d’ailleurs, comme Chiara, est un personnage dépassé par les événements, qui ignore le fonctionnement de son propre corps et en décrypte parfois mal les signes. Mais, loin de l’écriture caustique d’un De Roberto attaché à faire de son personnage féminin une « dégénérée », c’est cette fois avec compassion et avec pudeur que Valentine Goby évoque de tels aspects, sans pour autant rien passer sous silence, pas même les détails les plus crus et les plus choquants.
Ce sont ces modalités de représentation très différentes que je souhaiterais étudier dans le cadre du projet « Birth(ing) Stories ».
14h00 - Guilherme Grané Diniz, doctorant en cotutelle de thèse en Littératures Françaises à la Sorbonne Université et en Philosophie à l’Université de São Paulo, et professeur de Philosophie du Droit à l’Escola Paulista de Direito (Brésil)
"« Il faut que la mère périsse » : Accouchement et violence chez Sade"
Le Marquis de Sade propose ses 120 Journées de Sodome comme un véritable recueil et catalogue des passions libertines. Dans ce roman, quatre prostituées racontent leur vie et les passions auxquelles elles ont participé ou dont elles ont été témoins. La narration des six cents passions se fait selon une certaine « géométrie des passions » : un certain nombre d'actions (fouet, coprophagie, blasphème, meurtre, etc.) sont combinées, l'une étant la principale et une ou plusieurs autres étant accessoires. Les passions sont ensuite classées, selon la violence de l'action principale, de l'action accessoire et de la quantité d'actions réunies dans une même passion. L'accouchement et l'avortement sont des actions qui apparaissent dans le catalogue du libertinage. Notamment, parmi les nombreuses passions impliquant un accouchement répertoriées le long du roman, les quatre narrateurs en relient plusieurs à un même libertin anonyme, chacun nous dévoilant les secrets de plus en plus violents de cet homme. Suivre la progression de la violence dans cette séquence permettrait de profiter du mécanisme même de la narration de Sade pour mieux saisir le vocabulaire de la violence que Sade attache à l'accouchement. En ce sens, la lecture de Sade peut ajouter une autre perspective, sinon propre à Sade, sûrement moins répandue, des scènes littéraires d'accouchement : l'accouchement comme acte libertin. Afin de mieux comprendre le sens des scènes d'accouchement de Sade, nous compléterons l'observation linguistique par des remarques sur la perspective genrée. Nous nous tournerons vers La Philosophie dans le Boudoir pour obtenir des informations sur la relation entre l'accouchement, l'éducation des jeunes filles et le rôle social des femmes. Bien que ce livre ne fournisse aucune scène d'accouchement, dans la scène finale, Eugénie, aidée de ses maîtres libertins, torture sa mère et lui recoud le vagin après l'avoir violée avec un godemiché et l'avoir fait violer par un valet porteur de la vérole. Selon certains lecteurs, cette scène pourrait être comprise comme un anti-accouchement : sexe avec un phallus inorganique, insémination par la maladie, suivie de la fermeture du corps. Des lectures opposées peuvent suivre. Andrea Dworkin voit dans la volonté de nier violemment le pouvoir reproductif du corps féminin la marque ultime de la haine misogyne du Marquis de Sade. Dans le même temps, suivant l'opinion antérieure d'Apollinaire, Angela Carter voyait dans la négation du lien entre sexualité et accouchement une première ébauche de la critique de la nature purement biologique de la sexualité féminine, qui sera développée par le féminisme des années 50 et 60. Il ne s'agira pas de choisir entre les lectures, les deux étant possibles en fonction du texte, mais de repérer chez Sade les mécanismes narratifs et linguistiques qui lient l'accouchement, le sexe et la violence permettant ainsi d'identifier et de cartographier un autre topos de sa représentation littéraire, et les enjeux théoriques voire sociaux auxquels il peut être relié.
Dans le cadre du projet "Birth(ing) stories", une journée d'étude qui s'intéressera au corpus littéraire autour de l'accouchement, aura lieu via Teams le 13 octobre 2022 de 10h à 17h.
Afin de vous inscrire à la journée d'étude, merci de cliquer sur le lien suivant (compte Microsoft nécessaire)
Programme
Atelier 1 10h-12h
10h : Alice Braun, MCF Université Paris Nanterre, Centre de Recherches en Études Anglophones (CREA)
L'ineffable et l'indicible : poétique de l'accouchement chez deux poétesse britanniques
En guise d'introduction à nos réflexions, il s'agira de présenter le travail mené sur la représentation de l'accouchement dans la poésie contemporaine, en prenant l'exemple des recueils de poèmes de Liz Berry et Rachel Bower. En m'appuyant sur un entretien réalisé avec Rachel Bower, je m'efforcerai de réfléchir à ce qui constitue la spécificité de la mise en écriture de l'accouchement dans la poésie, et notamment la différence avec le récit en prose. Je m'interrogerai notamment sur la question de l'indicible et de l'ineffable, et de la manière dont l'accouchement, tout en ayant acquis le statut d'expérience acceptable dans le cadre de la réprésentation littéraire, reste un vécu situé au-delà des limites du langage.
10h30 : Marie Pellan, doctorante en deuxième année à l'université de Rouen et professeure agrégée titulaire au lycée Léonard de Vinci (Montaigu)
"Représentations de la périnatalité dans le roman d'anticipation sociale au féminin"
Le roman d’anticipation, en se proposant comme réalisme des possibles, implique une réévaluation de nos valeurs sociales, politiques et philosophiques par des processus de défamiliarisation du présent de l’écriture qui nous invitent à nous en émanciper. En nous donnant à voir la fin, le dépassement de notre temps, elles tendent tantôt à générer une mélancolie liée au sentiment de perte de notre quotidien, tantôt à prendre une dimension d’avertissement à valeur atropopaïque. Plusieurs postures peuvent alors être dégagées, entre des personnages cherchant à restaurer un ordre ancien, là où d’autres s’enfoncent dans le nihilisme face à l’absence de futur. Si ces attitudes dominent dans les romans d’auteurs masculins qui conservaient jusqu’à récemment le monopole du genre, il semble que les autrices adoptent quant à elles un tout autre regard en se ressaisissant des codes de l’anticipation pour en faire un moment de Kaïros féministe, l’opportunité d’un changement des paradigmes et une mise en question de l’autoritarisme patriarcal : leurs personnages émergent des décombres de systèmes misogynes pour créer un ordre nouveau porteur de valeurs alternatives. La maternité, la représentation de manières multiples d’être mère et de transmettre sont au cœur de ces romans que l’on pourrait qualifier, en reprenant la terminologie d’Ursula K. Le Guin, de « Fictions-panier1 ».
Le corpus tendra à mettre en évidence la spécificité de l’écriture d’anticipation au féminin dans le traitement de la périnatalité et la mise en question des constructions sociales qui y sont liées. Le motif de la grossesse et la mise en évidence de son épicisme permettent un dépassement de l’idée de fin des temps et une ouverture vers un futur possible, intrinsèquement féministe, dont les valeurs sont illustrées à la fois par l’utopie d’une maternité collective et sororale, et par une écriture qui repense la représentation du corps féminin dans une érotisation et une réacclimatation de ses liens au vivant.
11h-12h: questions et discussions
Atelier 2 14h-17h
14h : Camille Chaillou, étudiante sage-femme à l'École du Lyon-Sud et ancienne enseignante de français
"Les scènes d'accouchement dans les Rougon-Macquart de Zola"
Zola est un des seuls auteurs majeurs français du XIXème siècle à avoir écrit de manière détaillée sur l’accouchement. Il s’exprime à une époque où ce qui concerne le corps est encore tabou. Si ses récits d’accouchement ont pu choquer les lecteurs, ils ont aussi une valeur didactique et ont dévoilé ce qu’il se passait dans l’intimité d’une chambre.
Ecrivain naturaliste, Zola dit écrire au plus près de la réalité, en s’appuyant sur un travail de recherche et de documentation. Aujourd’hui encore, les historiens eux-mêmes s’emparent des textes de Zola pour étudier la maternité au XIXème siècle (Berthiaud). En lisant La Terre ou La Joie de vivre, on découvre comment les femmes accouchaient : les positions, le vécu de la douleur, l’intervention possible d’une matrone ou d’un médecin, les présentations fœtales dystociques...
Au-delà de l’aspect scientifique et didactique, son travail a une visée polémique, du moins pathétique. De la même manière que Zola dénonce les conditions de travail des mineurs dans Germinal, il suscite ici la pitié, voire l’indignation, face aux conditions d'accouchement des femmes et à leur souffrance. Le cas de la servante Adèle dans Pot-Bouille, devant accoucher seule et abandonnant son enfant sur les marches d’une église, en est un exemple frappant.
Après la dimension réaliste puis pathétique, un dernier niveau de lecture nous interroge sur le « mythe » (Mitterand) dans la vision de la parturition chez Zola. En effet, quand le vagin est un « trou béant », « une vraie cathédrale » où l’on pourrait « disparaitre » (La Terre) et que chaque accouchement des Rougon-Macquart rejoue une tragédie, on s’éloigne alors du reportage pour évoquer des peurs ancestrales et une certaine vision de la femme. Ainsi l’étude de la focalisation met-elle en évidence la description d’une parturiente objet plutôt que sujet (Carol H. Poston), ce qui n’est pas sans rappeler la question actuelle de l’impowerment de la femme qui accouche.
14h30 Christine Rivalan Guego, Professeure en littérature de l'Espagne contemporaine à l'université Rennes 2 - Centre d’Étude des littératures et langues anciennes et modernes (CELLAM, EA3206) / Groupe de recherche sur culture et société (GRECES) :
"Accoucher sur le papier : Représentations dans la littérature espagnole (1880-1936)"
Parallèlement à l’essor d’expression de revendications féminines et féministes, en particulier en matière de droit à la contraception et à l’avortement à la fin du XIXè siècle et dans les vingt premières années du XXè siècle la littérature en Espagne a fait la place à l’évocation des réalités corporelles féminines en particulier l’accouchement et ses conséquences pour la femme.
A partir d’exemples pris dans des œuvres publiées par des écrivains de cette époque et en partie en lien avec une production littéraire de grande diffusion (collections à moindre prix et auteurs en vente dans les kiosques), il s’agira de mettre en évidence les enjeux de cette littérature et de sa lecture.
En particulier, en interrogeant les représentations des scènes d’accouchement et d’allaitement, il conviendra de comprendre comment, au fil du temps, et en intégrant les argumentaires féministes, le discours littéraire de grande diffusion a contribué, par une écriture du ressassement et par la saturation des lectures de la clase moyenne, à conforter la mise en place d’un dispositif de défense d’un système patriarcal dans un contexte d’ “identité masculine en crise”.
15h Adriana Lasticova, enseignante à l'Universidad Complutense de Madrid
"Scènes d'accouchement dans la littérature française, anglaise et américaine : vers le classement des topoÏ les plus fréquents"
Nous avons observé les éléments thématiques associés aux scènes d’accouchement dans les cinq romans proposés par nous-même (Une falaise des fous de Patrick Grainville, Le Lit d’Aliénor de Mireille Calmel, Désirée d’Annemarie Selinko, The Valley of Decision de Marcia Davenport, A Tree grows in Brooklyn de Betty Smith) en y ajoutant L’Assommoir de Zola, Une vie de Maupassant et les nouvelles L’Enfant (1882) et L’Enfant (1883) du même auteur, facilement retrouvable sur Internet, pour détecter si les thèmes et/ou les topoï réapparaissent d’un texte à l’autre et s’il y a eu une transformation des mêmes. Et en même temps, inspirés par la pratique satorienne (de La SATOR -Société d’Analyse de la Topique Romanesque, créée à la Sorbonne en 1986 sur l’initiative d’Henri Coulet), dont nous apprécions justement le travail de dresser les inventaires et les classements thématiques, nous avons essayé de regrouper les phénomènes récurrents dans des catégories hyperonymiques (nous présenterons les résultats à la fin sous la forme d’un graphique d’une grappe de thèmes). Nous partageons l’opinion de Jean-Pierre Dubost (2002 : 15), selon lequel un traitement isolé des thèmes pourrait être réduisant et l’utilisation d’hyperonymes permet une classification et une catégorisation plus claires. N’oublions pas non plus la valeur stratégique du thème dont l’étude permet de créer des réseaux d’associations entre des œuvres qui n’ont rien de linéaire, ce qui permettra ensuite d’accéder ainsi à une « compréhension plus vaste » (Bergez, 1990 : 98) et de mettre l’accent sur les aspects intertextuels des romans étudiés.
15h30-17h Conclusion par isabelle fruchart et table ronde
« À quoi ça sert d’aller au bout de soi, d’expérimenter ses limites, la circonférence de son territoire personnel, en toute liberté, à quoi ça sert ? »
Exilée dans une maison en bois au-dessus du cercle polaire, Célesta compose en secret de la musique électronique. Sa mère, cheffe d’orchestre internationale et sa grand-mère, ancienne pianiste concertiste, arrivent pour veiller sur la livraison du piano à queue de l’arrière-grand-mère. Il se trouve que Célesta, enceinte de neuf mois, accouche ce jour-là. Et qu’elle a choisi de le faire chez elle, en compagnie d’un sage-femme homme …
Peut-on accoucher comme on l’a décidé ? Et peut-on continuer à créer tout en étant mère ? Qu’en est-il de notre héritage transgénérationnel, de nos relations mère-fille, de nos relations femme-homme, et de la relation masculin-féminin en nous ? Et de nos stéréotypes binaires ?
Ecrit en 2016 à la faveur d’une résidence au CALM, maison de naissance de la maternité des Bluets à Paris, à l’époque où accoucher en maison de naissance n’était pas encore autorisé, ce texte questionne notre liberté et notre capacité à faire un choix éclairé. À l’heure où l’on parle du consentement dans le rapport sexuel, il renvoie la balle à la femme qui accouche et la femme qui crée et met en lumière leur souveraineté.
Isabelle Fruchart joue dans une dizaine de pièces, pratique la magie mentale, chante dans un quatuor vocal et s'engage dans des performances qui interrogent les représentations du féminin.
Elle a publié deux pièces : Le commandement de la louve (éd. de l'Amandier) et Journal de ma nouvelle oreille (adaptation Zabou Breitman, éd. Les Cygnes) ainsi qu’un essai sur l’accouchement dans les romans : Mise au monde (éd Emoticourt).
Elle vit entre Montreuil et la Creuse, où elle travaille à l’éclosion d’un éco-lieu d’accueil artistique.
Elle a mis en scène La bascule du bassin sur la scène nationale de Châteauvallon en mars 2020 avec Mia Delmae, Evelyne Istria, Maria de Medeiros et Jean-Quentin Châtelain.
Ce spectacle nous questionne sur notre relation au corps, physiologique et médical, et la liberté du choix éclairé. Il nous connecte à l’événement de la naissance, que nous avons tous traversé et dont nous conservons la trace. Engagé sans être revendicatif, il libère une parole avec pudeur et poésie. Accompagné de musique électronique et de piano classique joués en live, il nous connecte à notre puissance.
Son dernier texte, La vitesse du son, qui a reçu le soutien de Beaumarchais-SACD dans la catégorie spectacle sonore en 2021, sera sa deuxième mise-en-scène, début 2024.