Hyperborée.
Premier des royaumes hyboriens, se tenant à l'écart, loin, perdue dans l’extrême nord du monde connu, gardant secret
l'emplacement de ces places fortes, ou le peuple régnant sur ces contrées gelées et sauvages n'ont comme autre but que de combattre ou faire
des raids afin de récupérer ressources, esclaves ou tout autres biens sur les terres du Nordheim, de Cimmérie, de Brythunie, allant même
jusqu’à terroriser les cavalier de l'effroi eux mêmes, les Hyrkaniens.
Le vent souffle. Comme à son habitude, plainte lancinante, poussant contre les planches de bois barrant les fenêtres de cette masure perdue dans les bois, vieillis par l'humidité du froid ambiant et du temps semblant éternel.L'esclave en fuite gémit, halète. Sa tenue déchirée semble moins la gênée que la plaie béante que lui a laissé la créature de cauchemar dans sa poitrine, mais ce n'est pas contre elle que ces mains sont plaquées, mais sur son ventre, semblant vouloir par ce geste futile, vainement protégé l'enfant qu'elle porte en son sein contre l'imposant Gurnakhi, se tenant, goguenard, face à elle.
( Gurnakhi : http://laurent.di-filippo.fr/?page_id=478 )
- " Ta course est finie, femme ... ce rejeton sera ramené à notre seigneur ... mais il ne m'a pas demandé de te ramener vivante. Sache que je vais sortir de tes entrailles la vie que tu as voulu voler au maître, et que je prendrais du plaisir à t'entendre hurler avant de mourir. "
La jeune femme blonde observe cette pale figure se tenant devant elle, la fatigue et la perte de sang commençant à lui brouiller la vue, un râle sortant doucement de sa bouche, comme si elle cherchait alors, dans un dernier sursaut d'orgueil, l'action du divin.
- " Wica...nna... " parviendras t'elle difficilement, à articuler, avant que la créature ne plante son arme a terre, retirant d'un geste rapide sa ceinture, la bosse faisant plisser les tissus ne laissant nul doutes sur ces intentions.
Les cris de douleurs résonnèrent dans le doux silence de la neige s'abattant doucement, portée par le vent, contre les feuilles des arbres, mais furent bref.
La violence de la créature eut trés vite raison du peu de force résidant encore dans l'esclave en fuite.
Une fois sa pulsion assouvie, il plongea alors sa main en elle, attrapa de cet étau l'enfant à naître, pour le dégager de la carcasse déja froide de sa génitrice.
- "Hmm ... un petit mâle .. le maître ne seras pas satisfait .. " s'exclameras t'il en observant l'enfant braillard, s'époumonant dans sa main face à cette mise au monde singulière. " Sale chienne, maudite soit tu, et puisse ta piètre déesse venir pour que je lui offre la meme mort que la tienne. " balanceras t'il, jetant un regard noir au corps gisant sans vie entre ces genoux.
De sa main gauche, il attrape la tenue jaune déchirée, et commence à enrouler le nouveau né à l'intérieur, avant de l'attacher à sa ceinture, se remettant son bas en place en se relevant.
Le Gurnakhi n'a que faire des cris du petit, il se penche, ramassant son arme, puis se dirige vers la sortie, laissant la porte grande ouverte, l'odeur du sang attireras bientôt les charognards, qui se feront un plaisir de débarrasser cette foret de la présence du cadavre de l'esclave.
La sombre silhouette finit par quitter la foret, la laissant derrière elle et le petit accroché à sa ceinture, bercé au grès des foulées de la créature.
Elle continue son chemin, entamant une ascension qui du regard de voyageur de passage, aurait semblé chaotique, sans aucun sens, mais telle était le seul sentier, menant à la forteresse noire cachée du maître, le seigneur sorcier de la main blanche, Vidahr "Couronne de Givre".
Le Gurnakhi finit au bout d'un moment par déboucher dans une vallée, cachée des regards indiscrets, et ou y trônait, partant de son sein, et remontant le long de la montagne, cette grande tour noire, aussi solitaire que sinistre.
Une fois les grandes portes barrées d'acier et de glaces franchies, il entreprit l’ascension des quelques sept milles marches menant aux appartements de son maître, ne semblant souffrir nullement de fatigue, son rythme cardiaque, lourd, battant toujours à la même fréquence régulière, comme si cette créature, engendrée par les rites impies du sang, était innarétable, et implacable.
Elle se figea, un instant, une fois arrivée devant les portes des appartements.
Quelques brides de rires fusaient par delà les minces interstices entre la pierre et le bois.
D'une main assurée, il entra, sans frapper, la tète haute, dressé, telle s'il cherchait la confrontation avec le sorcier qui l'avait, lui et ces frères, façonnés dans le sang et la chair des guerriers tombés, les relevants ainsi, agglomérats de chairs étrangères liés entre elle, à une vie éternelle de servitude jusqu’à ce que la mort les prennent de nouveau.
-" Mon Maître, voici votre engeance, arrachée des entrailles de votre chienne d'esclave par mes soins. Elle ne souilleras plus de sa bouche notre air, j'ai laissé ces restes aux bêtes des bois. Que voulez vous que je fasse du petit ? Dois-je l'amener en bas, pour qu'il rejoigne les esclaves, et travaillent quand il auras l'age à la chaufferie ? Sinon, mes frères et moi ne dirions pas non à de la chair de nouveau né. "
Les rires qui fusaient quelques secondes plus tôt se taisent, un silence de mort emplissant d'un coup la pièce, une lourdeur presque assourdissante se faisant ressentir.
D'un geste de la main, las, l'homme pale au milieu des draps fait signe aux concubines esclaves aux teints de peaux chacune différentes de les laisser, avant d'un geste lent de l'index en direction du golem de chair de l'inviter à s'avancer plus prés. Ces yeux aussi froids et blancs que la neige tombant hors des murs fixent le petit, le détaillant doucement.
Le sorcier se mit alors à écarter les lèvres, dévoilant ces dents dans un sourire carnassier.
- " Un fils ... comme c'est ... intéressant ... Voyons voir ... la pureté .. de ton sang ... " diras t'il, pendant que sa main droite attrape un petite lame posée sur la table de chevet, amenant la lame dans la main du petit, avant de l'appliquer, fermement contre la peau, puis de la faire glisser rapidement de bas en haut.
L'enfant, surpris, ne peut réprimer alors un hurlement de douleur, faisant grimacer encore plus l'homme le tenant à bout de bras, dégoûté par de telles jérémiades.
- " Peste soit de cette traînée ... son sang d'étrangère n'a pas infecté celui du petit ... mais il braille ... comme une bête à l'abattoir .. Catharsis, débarrasse moi de cette vision d'horreur qu'il m'inflige, mais ne le tue pas ... il serviras ... de plus grands projets ... Oui ... je le vois dans son sang .. il doit vivre. Pars, apporte le a ... mes concubines, qu'elles prennent soin de lui, jusqu’à ce qu'il soit en age d'apprendre à tenir une arme .. à partir de ce moment la, alors tu rentreras ... sur l'échiquier ... "
Hochant la tète, la créature prit le petit, et l'emmena hors de la chambre.Ce fut la première interaction entre le sorcier et son fils, et toutes celles qui suivirent furent du même acabit, si ce n'est pire.
L'enfant fut élevé par les esclaves, prenant soin de lui, lui donnant un nom, Vlodimmir, même si son père le sorcier ne daigna jamais l'utilisé, jusqu’à ce qu'il soit alors en mesure de soulever une arme.
Alors les Gurnakhis purent se faire une joie de punir le petit humain, l’entraînant, lui bardant le corps de coups et de bleus, lacérant son dos des caresses du martinet lorsqu'il était incapable de réussir l'exercice demandé, qui était pourtant impossible à réalisé pour un enfant, humain de surcroît, sous le regard amusé du sorcier, se délectant des cris et de la vision du sang versé.
Des corvées furent aussi rajoutées plus tard, en guise de punition, assister les esclaves lors des efforts de guerres, aidant les armuriers enchaînés à façonner plus vite les plaques d'acier noirs et les assemblaient, tout en raccommodant, une fois les combattants revenus les tenues maltraités sous les coups hargneux de celles et ceux qui, soient nourrissaient désormais les vers sous le regard de leurs dieux muets, ou étaient enchaînés, quelques étages plus bas, dans les mines de charbon, à alimenter, jour et nuit, les grand fourneaux de cheminées chauffant la forteresse cachée.
Les années passèrent, l'enfant grandit, devenant un jeune adulte. Ces traits étaient fins, droits, comme taillés à la serpe, la pâleur de sa peau, ces cheveux couleur de neige, et ces yeux aussi blancs que le lait ne laissant nul doute sur la pureté du sang coulant dans ces veines.
Son apparence longilignes était cependant tout ce qui le classait encore dans le monde des humains. A force d'avoir passé tant d'années à être entraîné par les golems de chairs, la rage ardente brûlant dans son cœur semblait intarissable, sa cruauté n'ayant aucune limite.
Ce ne fut pas chose surprenante pour Vidhar d'apprendre à son réveil que son fils avait massacré un esclave, car il n'était pas satisfait du travail qu'il avait fait, et l'envoya, le sourire aux lèvres, accompagner les Gurnakhis hors de l'Hyborée, lors des raids sur les peuplades voisines, d'une afin qu'il améliore la maîtrise du combat, afin de pouvoir un jour faire de lui un chevalier noir, puis, que son regard affûté puisse trouver les travailleurs qualifiés qui seraient bien plus utile, des fer au cou et aux pieds, à servir jusqu’à ce que mort s'ensuive dans la forteresse.
C'est lors d'une de ces expéditions qu'il la rencontra.
Elle.
Celle qui hanta pendant des jours et des nuits ces pensées.
La sorcière aux corbeaux.
Hellga, de la main blanche.
Leur chemin se croisa sur le pont de glace, Pendant que le chariot qui la transportait elle et les cadavres frais qu'elle ramenait avec elle cahotait doucement sur les congères du pont, son regard se perdant doucement sur les buttes massives ornant le paysage et son col traversant les remparts de glaces et de pierres, puis s'attardant doucement, arquant légèrement un sourcil, en observant ce jeune guerrier de sang pur l'observé, monté sur son destrier à la robe aussi noire que la nuit, et dont l'acier sombre de son armure semblait vouloir imiter le ciel des nuits sans nuage.
Contre toute attente, sans vraiment savoir pourquoi, elle se surprit à lui sourire, avant de s'en rendre compte, et de se raviser, détournant le regard afin de se concentrer sur le paysage, et notamment Nichés dans l'une des immenses collines, trônant ce qui pouvait passer pour la représentation ancestrale d'un énorme crâne humain, ce crâne ancien de mammouth, dépourvue de ces défenses, lui donnant ainsi cette étrange ressemblance avec un crâne d'un géant.
Les guerriers autours d'elle, trop occupé ou trop bêtes pour daigner s'intéresser a ce qui les entouraient, ne prirent pas la peine de lever les yeux, ce qu'Hellga faisait depuis un moment déjà, les baissant encore plus au passage des Gurnakhis et du fils du sorcier, ne se rendant pas compte que plus haut, à portée de regard, sur le front du crâne piégé dans les glaces y a été peints, en runes hyperboréennes, les mots: «La porte d'Hyperborée est la porte de la mort pour ceux qui viennent ici sans permission».
Pas étonnant que peu d'ennemis n'avaient osés venir récupérer les membres de leurs familles kidnappés, avec telle formule d'accueil, ne put s’empêcher de se dire la femme dans sa houppe noire comme la nuit, gloussant légèrement, provoquant quelques regards inquiets des hommes marchant autour du chariot, et la peur qui se lisait dans le visages des esclaves attachés et tirés derrière elle, avant d'oser tourner brièvement le regard en arrière, curieuse, pour se rendre compte que le guerrier de sang pur s'était lui aussi retourné pour l'observer.
Ils se retrouvèrent des mois plus tard. En repassant par les portes du pont de glace, Vlodimmir s'attarda, laissant les Gurnakhis qu'il accompagnait prendre la tète, en demandant à celles et ceux de passage ou des villages à l'entrée avaient vu cette femme.
D'aucun acceptèrent de lui répondre, préférant baisser la tète, de peur que leur langue ne les trahissent, et que punis ils soient.
Dépité, le jeune guerrier rentra, le visage rougie de frustration et de haine, auprès de son père.
Quelle ne fut pas sa stupeur, en découvrant, une fois les sept milles marches de marbres noirs gravit, la sorcière dans les appartements de son père, se délectant d'un vin suderon de grande qualité, se penchant au dessus de parchemins poussiéreux, son père se caressant le menton, droit comme une lance et non avachi, vautré dans le confort et des catins sur tout le corps.
Il apprit ainsi qu'Hellga, car tel était son nom, était une ancienne sorcière d'un couvent, situé loin, au nord d'ici, et avait élu domicile dans les cavernes de Golotogorob, ou elles menait des expériences et rites de sang, cherchant à créer une nouvelle sorte de Gurnakhis.
Ces années à devoir cacher sa douleur aux yeux de son père lui permit de cacher l’intérêt qu'il éprouvait pour cette femme, ne montrant rien. Vidhar, intéressé par les théories et la dévotions de la sorcière, mit alors son fils à son service.
Les Gurnakhis avaient fait de lui une arme dont il n'avait pas besoin pour le moment, alors sa présence serait bien plus utile auprès de la sorcière.
Vlodimmir la raccompagna dans ces cavernes.
L'hiver passa, puis une année, puis deux, puis il arrêta de compter les jours.
Sa relation évolua avec elle, d'abords son garde du corps, il devint son amant.
Ce fut ensemble qu'ils parvinrent à rassembler les morceaux de cadavres de puissants guerriers, Vanirs, Aesirs, afin que la sorcière ne puisse former ce qu'elle pensait être sa plus grande création.
Il fut baptisé Ragnvold, fort il était, en effet, et bien plus que ces confrères. Grand il était, et tout aussi plus imposants que ces derniers.
Mais, la démesure de sa haine, de sa rage, de la douleur qui brûlait en son sein face à sa nouvelle condition de vie et de servitude ne fut pas choses aisées pour la sorcière, la créature étant tellement difficile qu'elle laissa souvent dans son sillage les corps encore chauds des villageois vivant en contrebas.
Le sorcier Vidhar finit par entendre parler de la difficulté que la sorcière avait sur le contrôle de sa créature, et, craignant qu'elle ne décide, avec les soins de son fils, de tenter de réitérer l'expérience, et de lever une armée capable de le renverser, il fit mander l'ancien couvent de la sorcière, les prévenant, tout en prenant grand soin de rajouter moults mensonges à ces mots, des travaux et de la réussite d'Hellga.
Cela eu totalement l'effet escompté, faisant naître au sein de son ancien Couvent une peur grandissante, que la sorcière, de par sa quête de pouvoir, tenterait un jour de renverser leur pouvoir déjà en place, ayant lu les mots du sorcier quand aux ravages laissées par son Gurnakhi, ces anciennes consœurs n'avaient qu'une peur en téte, qu'elle ne s’arrête pas la, et qu'elle lève une armée de créatures aussi terribles et puissantes que Ragnvold.
Descendants de leurs sombre et noire forteresse, ces anciennes consœurs de la main blanche arrivèrent, dans le plus grand secret chez elle, mettant à mort sa créature devant les yeux encore embués par la fatigue de leur ébats et surpris et haineux de sa maîtresse, et bien qu'avant de tomber, la vie de nombreuses sorcières il avait ôté, Hellga su, tout autant que Vlodimmir, que toute résistance était inutile désormais, qu'elle n'avait pas le temps de lancer un quelconque maléfice, ni lui de sauter sur son arme, et tombèrent, l'air las et vain, à genoux devant celles dont son cœur froid et sombre n'avait porté aucun dessein ni aucune haine par le passé.
Décision fut prise de les ligotés, et de les envoyer loin, très loin de ces terres froides et inhospitalières pour les étrangers, en espérant que la ou ils seraient envoyés, jamais plus ils ne pourrait trouver un chemin pour revenir ....
Et c'est ainsi que Vlodimmir fut transportée, de chariots en chariots, puis dans un bateau, se faisant séparer de la femme qu'il aimait dans des territoires inconnues, avant de rejoindre par une longue traversée sur un fleuve que le soleil sublimait de reflets brûlants les yeux et la peau du guerrier dans une contrée ou des hommes et femmes étranges, au nez crochus et aux mentons fuyants, après l'avoir étudié dans le plus simple appareil, lui mirent un sac de jute sur la tète, ces mains liées se faisant tirer par une étrange bête à bosses sur le dos, marchant de nombreux jours, la plante de ces pieds finissant par être brûlées par les ardents grains de sables, avant d’être détaché, et laissé la, nu, son sac de toile pas encore retiré du visage, et un froid bracelet d'or ceignant son poignet, sur le ponton de ce qui semblait être un étrange village perdu dans une jungle inconnue.
Le pale guerrier retira doucement le sac, observant les dunes désertiques autour de lui, essayant de se protéger les yeux comme il le pouvait de sa main, avec un sentiment de rage grondant dans sa poitrine et le faisant doucement trembler, le possédant ainsi d'une idée fixe, "trouver un moyen de rentrer, et noyer sous le sang la tour de son père, et le couvent des sorcières".