Madame la Supérieure de la Congrégation,
Monsieur le Président de l'OGEC,
Mesdames, Messieurs les Présidents
de l'APEL,
de l'Association propriétaire,
de l'Amicale des Anciens Eléves.
Je remercie vivement Sœur Anne Missoffe et Monsieur Michel Caquot des paroles chaleureuses qu'ils viennent de prononcer, je ne sais si je les mérite toutes, probablement pas, mais elles me vont droit au cœur.
Je voudrais toutefois élargir ces remerciements car ma longue carrière dans cette maison a vu l'intervention de plusieurs personnes envers lesquelles j'ai une profonde reconnaissance et que je tiens à citer aujourd'hui.
Tout d'abord Sœurs Hestrès et Chirié respectivement Supérieure de la Congrégation et Directrice de Nazareth en 1963, en février exactement, m'ont demandé de remplacer Sœur Denisot, trop fatiguée, pour continuer dans de bonnes conditions son enseignement de mathématiques, physique, chimie en classe de Philosophie; à l'époque j'enseignais les mathématiques en classe de 3ème au Pensionnat du Sacré Cœur et je donnais quelques cours particuliers à une jeune demoiselle élève de philosophie dans un établissement dénommé Nazareth dont je ne connaissais ni le nom ni l'adresse. Il faut croire que mes cours ont plu aux parents puisqu'ils m'ont recommandé à Sœur Chirié.
Me voilà donc engagé pour la fin de l'année scolaire 1962-1963 dans l'attente de mon incorporation à l'armée en août 63. Mais les militaires m'ont informé en juin que je ne serais incorporé qu'au 1er janvier 1964 ; j'ai alors beaucoup apprécié que sœur Chirié me propose un temps complet de septembre 63 à décembre de la même année, avec l'assurance d'être repris en mai 65 à ma libération si je le souhaitais. En mai 65 je me présentais aux épreuves du CAPES.
Pour comprendre l'importance du rôle tenu par les Religieuses de l'époque, et de tout ce que je leur dois, il faut préciser que l'Institution Colbert était depuis peu sous contrat simple ce qui interdisait d'opter pour l'enseignement privé à Nazareth en cas de réussite au CAPES. De longues démarches furent alors entreprises par Sœur Chirié et Maître Claude Antoine alors Président de l'Association Colbert pour obtenir un Contrat d'Association et me faire ainsi accepter comme professeur capétien de l'enseignement privé d'autant que les décrets régissant les possibilités d'option pour l'enseignement privé étaient tout récents.
Le Contrat d'Association fut obtenu le 10 mars 1966 avec 3 classes de 3ème, 2 de seconde, 1 de première et 1 classe terminale mixte philo-science ex.
A la rentrée 1967, Sœur Cadart, qui avait succédé à Sœur Chirié à la direction, me demandait de développer l'enseignement scientifique dans cet Etablissement voué depuis longtemps aux lettres et à la philosophie.
Ce fut également cette année 67-68 que se clôturaient les longues négociations des trois congrégations de Nazareth, Notre Dame et Jeanne d'Arc dans la restructuration des trois établissements ; Nazareth devenait alors Jean XXIII avec 5 classes de seconde, 4 de première et 3 terminales (2 terminales A et 1 terminale C/D) ; il y avait alors 307 élèves.
Très vite, Sœur Cadart, fatiguée, et Sœur De Lavernette qui était venue l'épauler, me demandaient d'assurer la Sous-Direction de l'Institut. L'année se terminait par les évènements que vous savez et dès septembre 1968 Sœur Tournier Lasserve prenait la direction du Lycée ; j'ai été son collaborateur le plus proche de 1967 à 1972.
Ma gratitude envers les Religieuses serait incomplète si je ne citais pas Sœur Van Robais avec laquelle j'ai travaillé en tant qu'adjoint de 1972 à 1976 puis comme Directeur de 1976 jusqu'à son départ en 1990.
Notre collaboration fut franche et je pense constructive. Il n'est pas facile pour une ancienne Directrice, religieuse, de “rester à sa place” vis-à-vis des personnels et des parents sous la responsabilité d'un autre directeur laïc. Sœur Cécile Van Robais sut le faire avec beaucoup de diplomatie, je l'en remercie et je garderai un excellent souvenir de cette période de complicité.
Enfin ma gratitude ira à Sœur Leverbe et Sœur Missoffe qui successivement, dans le cadre de la tutelle qu'elles exercaient, m'ont apporté ainsi que Sœur Marie-Nœlle Pourot, un soutien précieux en particulier dans les moments difficiles vécus ces deux dernières années.
Mes remerciements vont également à deux hommes dont le rôle est très important dans un établissement catholique quoique souvent méconnu, il s'agit des deux présidents d'OGEC avec lesquels j'ai été amené à travailler depuis 1976 : Monsieur De Silvestri de 1973 à 1986 et Monsieur Caquot depuis 1986.
La collaboration étroite qu'ils ont voulue avec le Chef d'Etablissement a permis de traiter tous les problèmes de gestion dans la transparence et la confiance; comme le souligne notre projet éducatif , ouvert à tous quels que soient les moyens financiers des familles et à travers eux je rends hommage aux administrateurs qui les ont aidé dans les prises de décision.
Dans un cadre plus personnel, je voudrais également remercier les membres de ma famille qui m'ont permis d'exercer une profession passionnante mais prenante.
Quand j'ai accepté la charge de Directeur en 1976, mon épouse Bernadette était Directrice de la crèche de Murigny, nos trois enfants Fabienne, Emmanuelle et Sébastien avaient alors 10, 8 et 4 ans. Très vite, nous nous sommes aperçus que ces deux fonctions avec leurs emplois du temps irréguliers et incontrôlables mettaient en peril l'éducation et la présence que nous souhaitions leur apporter ; Bernadette s'est alors consacrée à temps plein à nos trois enfants et je tiens à partager avec elle les remerciements qui m'ont été adressés. J'ai été souvent absent pour ma famille, je vais pouvoir maintenant me rattraper.
En citant les noms des Religieuses qui ont permis ma carrière dans cet Etablissement, j'ai pu retracer quelques périodes ou dates importantes de ces 35 dernières années ; ces dates ne sont toutefois pas les seules que je garderai en mémoire.
Certaines ont provoqué des changements importants, voire des évolutions comme :
1971 : fermeture de l'internat
1972 : ouverture d'une 6ème classe de seconde
1983 : inscription des trois premiers garçons
1991 : ouverture d'une 7ème classe de seconde
D'autres sont plus douloureuses comme les décès d'élèves au cours de leur scolarité :
je pense en particulier à
Véronique Hazebrouck, Véronique Martin du Bosc, Michèle Quincampoix, Martine Demazure en 68/69
Marie-Flaminie Bonelli en 1988
Hugues Milcent en 1989
Axelle Suenen et Pascaline Lelièvre en 1993
Flavie Ramirez en 1996
Je n'oublie pas non plus la tristesse ressentie par tous lors du décès de notre collègue Professeur d'Espagnol Anne Crespin née Cochemé.
D'autres dates sont d'une autre nature, et ont changé la vie de tous les jours comme :
1988 construction du gymnase
1989 construction du self
1992 construction de 7 classes et 5 laboratoires
Enfin permettez-moi de noter l'évolution avec quelques dates repères :
1967 : 307 élèves
1971 : 365 élèves
1982 : 582 élèves
1992 : 640 élèves
1998 : 660 élèves
Voilà pour quelques statistiques ou dates repères mais, Jean XXIII, c'est surtout une communauté éducative d'enseignants, de personnels éducatifs, administratifs, d'entretien, de restauration, d'élèves et de parents dont beaucoup ont apporté une contribution active et précieuse dans la mise en œuvre du projet éducatif.
J'ai souhaité tout au long de ces années une collaboration étroite avec les familles et en particulier les parents qui les représentent dans l'Association de parents d'élèves ; leur participation est importante dans l'objectif d'une éducation des jeunes dans la cohérence. Pour cela je remercie les présidents d'APEL qui se sont succédés pendant ma période de Direction : Messieurs Lutier, Baugnet, Delogne, Dargent, Phelip et actuellement Madame Dargent (enfin une dame).
Quant aux enseignants, j'aurai l'occasion de m'exprimer devant eux le 15 juin prochain lors d'une journée pédagogique mais je peux dire ce soir que beaucoup sont aussi anciens que ma prise de Direction et cette présence continue a su apporter à la fois de la complicité et de la liberté de paroles. Oh bien sûr, il y eut quelques moments difficiles et certaines décisions ont pu parfois être mal comprises voire contestées ; elles ont toujours été prises dans le souci de l'intérêt de l'Institution et de l'ensemble de la communauté qui la compose. Les enseignants et non-enseignants sont parmi les premiers dans la mise en œuvre du projet éducatif qui nous rassemble ; à ce titre ils sont pour beaucoup dans l'évolution positive de Jean XXIII rappelée par Anne Missoffe et Michel Caquot et pour cela je les en remercie. J'ajouterai que cette équipe dont j'ai eu le plaisir d'être l'animateur pendant ces nombreuses années m'a donné hier l'une des plus grandes émotions de ma carrière, merci à tous d'avoir eu l'idée et d'avoir pris du temps, il en fallait, pour mobiliser avec autant de succés les 660 élèves du Lycée et l'ensemble des personnels pour un "HAPPY BIRTHDAY" et un au revoir dont je me souviendrai longtemps.
Et les élèves !! j'en ai vu beaucoup depuis 1963. Certains parmi vous disent volontiers que j'aime les statistiques aussi ne vais-je pas les décevoir en disant que j'ai compté environ 3000 élèves de la 3ème à la terminale dans les différentes classes dans lesquelles j'ai enseigné au Pensionnat du Sacré Cœur de 1959 à 1963, au Lycée Agricole de Thillois de 1963 à 1986 et ici même depuis 1963. J'ai également inscrit à raison d'environ 250 par an quelques 5000 élèves depuis ma prise de direction en 1976. Je dois dire que tous ces jeunes ont été pour beaucoup dans l'approche positive que j'ai eue de la profession d'enseignant puis de Chef d'établissement ; leur jeunesse perpétuelle, ceux d'aujourd'hui ont de 15 à 19 ans comme ceux de 1963, on a ainsi l'impression agréable de ne jamais vieillir même si les artères, les os et les muscles vous ramènent de temps en temps à la dure réalité. Ces jeunes nous contraignent à une révolution permanente et à une remise en cause régulière.
Pour aimer cette profession, il faut aimer les jeunes et avoir confiance en l'avenir, c'est ce que je formule comme souhait à ceux qui prennent, ou qui vont prendre, ce type de responsabilité.
Et maintenant, tournons-nous vers l'avenir; je quitte cet établissement dans un peu plus d'un mois avec beaucoup d'émotion, avec un peu de regrets pour tout ce qui reste à faire et que je n'ai pas pu ou peut-être pas su faire, mais je pars sans inquiétude pour Jean XXIII ; je disais vendredi dernier lors de la célébration de fin d'année que les hommes passent et l'Institution reste, je sais que le projet éducatif de Jean XXIII est d'actualité même s'il a besoin d'être continuellement relu. Notre pédagogie des permanences dont Sœur Chirié était à l'origine n'a-t-il pas été repris dans les conclusions de Monsieur Merrieu après la consultation des lycées ? Alors ces projets seront animés par Monsieur Lafollie dont je sais les qualités d'homme de dialogue et de convictions; ma confiance est donc grande :
dans l'équipe éducative dont le souci de la formation des jeunes est permanent
dans une équipe administrative performante, un personnel d'entretien qualifié
dans une association de parents soucieuse de participation
et au travers de toutes ces personnes dans une communauté chrétienne vivante qui saura faire vivre le projet éducatif à la lumière de l'Evangile.
Je souhaite à mon successeur Michel Lafollie autant de joies que j'en ai éprouvées à diriger cet Etablissement, je souhaite à tous les personnels enseignants et non-enseignants de continuer le travail entrepris auprès des jeunes avec la même passion, je souhaite aux jeunes d'aimer la vie et de lui donner un sens à l'image des objectifs du projet éducatif. Enfin je souhaite au Lycée Jean XXIII avec son nouveau pilote longue vie et prospérité.