J3 (Ma 19/02): de Wati Hitan à Bahariya
Tellement frais que le lendemain la voiture (un Toyota hors d'âge assez déglingué) ne veut pas démarrer. Une fois la batterie vidée, Ahmada va chercher l'aide de l'aubergiste et du chamelier et à 4 adultes + 3 enfants nous poussons péniblement la bête jusqu'à une petite pente : OUF! (je me dis que ce soir il faudra penser à se garer de façon « maline »)
Faut dire que ce matin Ahmada aussi a eu du mal à démarrer: après nous avoir annoncé la veille un petit déjeuner à 7h00, il a vraiment du mal à émerger quand, un peu gênés, nous l'appelons à 7h20 alors que nous avons déjà replié tentes et matelas en essayant de faire le plus de bruit possible!
Bref, finalement nous démarrons à 9h00 pour une destination inconnue puisqu'Ahmada est pour le moins taciturne. Nous sentons que lui-même improvise plus ou moins au fur et à mesure (ce qui se comprend vu les aléas météorologiques et mécaniques divers) et nous ne voulons pas lui mettre la pression en lui demandant où nous dormirons ce soir, craignant qu'il se sente ensuite obligé de battre des records de vitesse pour atteindre la destination annoncée. En effet, il roule déjà très vite, beaucoup trop vite avec un véhicule très chargé, aux amortisseurs évanescents, sur un terrain semé de pierres coupantes. Je n'ose pas imaginer ce qui se passerait si un pneu venait à éclater dans un virage pris à grande vitesse...
Au bout de 10 mn, je sais déjà qu'on aura tous des courbatures demain à force de nous cramponner dans la voiture. Je voudrais ne pas réfléchir et profiter du gymkana comme un enfant sur un grand huit mais je ne peux m'empêcher de penser que nous sommes maintenant sur une piste très peu fréquentée, loin de tout, sans couverture GSM....
Pas de GSM, cela signifie qu'Ahmada est maintenant livré à lui-même, alors qu'il était jusque là piloté à distance par Helal, de l'agence Helal Travel qui m'avait assuré connaître parfaitement le coin.
Oui, mais voilà, bien qu'Helal ai rédigé tous ses mails à la 1ère personne du singulier, c'est son neveu qui nous guide...
Pour ceux qui seraient tentés d'emprunter cette piste : il y a assez régulièrement de petites flèches vertes marquées « Wadi Hitan » que l'on suit à rebrousse-poil. Attention, il y a plein de pistes qui partent dans tous les sens, il faut absolument voir au moins tous les Km un panneau vert, sinon, le chercher.
La piste est vraiment difficile avec du sable très profond, des dénivellées très fortes (sur qq mètres), de la caillasse coupante.
En plein désert, sur un plateau, quelques arbres inattendus font leur apparition...
Au bout d'une heure qui m'a paru une éternité la piste rejoint finalement la route N°10 qui va du Caire à Bahariya. En venant du Caire, elle est signalée sur la G par un panneau d'environ 80X40 cm de couleur brune sur lequel doit être inscrit (je suppose) : Wadi Hitan. Cette piste est belle (sans être exceptionnelle) et mérite 2 ou 3 h pour en profiter tranquillement.
Bien sûr, comme nous avons roulé presque toujours plein Nord, il nous reste une bonne trotte jusqu'à l'oasis de Bahariya (environ 230 km)
Après avoir roulé à toute vitesse (pour -pensions-nous, rattraper le départ tardif), Ahmada s'arrête pour prendre de l'essence et nous propose de faire une petite pause dans un horrible restoroute crasseux (où s'arrêtent aussi tous les mininus venant du Caire à destination de Bahariya : ceux qui ont fait cette route se rappelleront sûrement de ce hideux truc vert)
« Non merci Hamada, tout va bien »...
Nous pensons qu'il ne veut pas perdre de temps puisqu'il a roulé si vite... Nous attendons sagement dans la voiture qu'il aille fumer une petite cigarette, pas tentés par le parking crasseux non plus.
Et le voilà qui disparaît dans ce bâtiment pour ne réapparaître que 30 mn plus tard : ???? Bizarre, ce garçon...
Nous voilà finalement repartis pour une ligne droite de 200 km jusqu'à Bahariya. Tout le monde s'endort dans le 4X4, même ... Ahmada! Heureusement je m'étais aperçue de sa fatigue et le surveillait dans le rétro.
« Do not sleep! » lui dis-je en lui tapotant l'épaule! Du coup, il met ses lunettes noires, impossible de vérifier que ses yeux restent ouverts! Glups!
Finalement nous longeons un cordon dunaire de plusieurs km de long situé à 500 m de la route à droite.
Ahmada accepte d'y aller et nous nous défoulons tous
dans ces belles dunes
que je ne m'attendais pas à trouver si près du Caire (tout est relatif, environ 340 km tout de même).
Avec le vent toujours aussi présent,
chaque grain est bien à sa place!
Nous arrivons enfin à l'agence d'Helal Travel à Bahariya où je vide mon sac.
Helal, très diplomate, arrondit les angles.
Bon, finalement nous sommes en vie et les Wadi Rayan et Hitan étaient superbes.
Laissons à Ahmada l'occasion de se rattraper!
Helal nous confie à un autre guide, très sympa et chaleureux qui nous fait visiter l'oasis de Bawiti
pendant qu'Ahmada prépare la voiture pour la suite.
Au soleil couchant
nous parcourons les 30 km qui nous séparent du Jardin sous la Lune, dans le Désert Noir, sur la route qui mène à l'oasis de Farafra.
Dans un joli jardin en plein désert, nous découvrons de petites huttes au toit de paille dans lesquelles nous dormirons.
Sympathique soirée franco-égyptienne au son du tam tam.