Le Souvenir Français est l’une des associations les plus anciennes de France. Au niveau départemental elle est composée uniquement de bénévoles qui donnent de leur temps, de leur sueur et de leur argent, pour une cause des plus désintéressées.
Distincte des associations d’anciens combattants, car notre association se renouvelle sans cesse, sa mission n’étant pas limitée dans le temps, elle est ouverte à ceux et à celles de tous âges et toutes nationalités. Le Souvenir Français a besoin du concours de tous pour remplir sa mission. A ce titre, il observe la plus stricte neutralité politique, confessionnelle et philosophique.
Son but premier est d’œuvrer pour conserver la mémoire de celles et ceux qui sont morts pour la France au cours de son histoire, notamment en entretenant et en restaurant les nombreux monuments, tombes ou stèles qui se trouvent en France et à l’étranger.
Au-delà de ce rôle de conservation, le Souvenir Français s’est fixé comme mission indispensable, la transmission du souvenir de tous ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie, auprès des générations actuelles et futures, en leur inculquant le sens du devoir, l’amour de la Patrie et le respect des valeurs de la République.
Couronnée par l’Académie française et l’Académie des sciences morales et politiques, l’Association Nationale est placée sous le Haut Patronage du Président de la République. Le Comité d’Honneur est composé du 1ier Ministre, du Président du Sénat, du Président de l’Assemblée Nationale, du Ministre des Affaires Etrangères, du Ministre de l’Intérieur, du Ministre de la Défense, du Ministre de l’Education Nationale, du Président du Conseil Economique et Social, du Grand Chancelier de la Légion d’Honneur et du Chancelier de l’Ordre de la Libération.
I : Les origines
En 1870, la France subit une défaite sévère dans une guerre contre l’Allemagne entraînant la perte de deux provinces, l’Alsace et la Lorraine. C’est le refus de cette annexion qui est à l’origine du Souvenir Français.
En Lorraine, les « Dames de Metz » veillent à l’entretien des tombes de militaires français et organisent chaque année une cérémonie religieuse à leur mémoire. De même en Alsace, des jeunes filles fleurissent les tombes et déposent parfois une cocarde.
En 1872, un professeur alsacien, Xavier NIESSEN, cherche le moyen de manifester le refus par les Alsaciens et les Lorrains de leur annexion à l’Allemagne. Avec quelques amis, il pense que par le culte des soldats-morts pour la France et l’entretien de leurs tombes, plusieurs objectifs peuvent être atteints : conserver le souvenir de la patrie perdue en Alsace-Lorraine, montrer aux Français que leurs morts ne sont pas oubliés. L’entretien des tombes de soldats qui n’ont fait que leur devoir, peut difficilement être refusé par les autorités allemandes.
En 1887, le Souvenir Français voit officiellement le jour. Son nom traduit bien la volonté de maintenir une union de tous les Français (de cœur et de droit) autour des valeurs de la République et des 90 000 soldats morts en 1870-1871.
L’association se fixe deux objectifs : entretenir les tombes de ces combattants et élever des monuments à leur mémoire.
Dès 1906, l’association est présente dans 8 départements français et est reconnue « d’utilité publique ». Dès l’origine, le Souvenir Français pense aux combattants qui sont tombés hors de nos frontières. « L’aigle blessé » sera le premier monument français construit à l’étranger. Il fut édifié à Waterloo, en Belgique, en 1904, en l’honneur des soldats de la « Grande Armée » de Napoléon.
En 1914, pendant la guerre, les membres du Souvenir Français en Alsace-Lorraine sont arrêtés et déportés à l’intérieur de l’Allemagne.
En France, le choc de la 1ière Guerre mondiale, le nombre considérable de morts et de disparus oblige le Souvenir Français à s’adapter en faisant évoluer son action, en apportant un soutien aux soldats blessés soignés dans les hôpitaux ainsi qu’une aide aux familles touchées par la perte d’un des leurs. Pour la seule année 1914, 200 cimetières nationaux ou « carrés militaires » ont été aménagés par le Souvenir Français.
Dans le cas fréquent où les soldats meurent loin de leurs familles et que celles-ci ne peuvent pas se déplacer, l’association s’efforce d’accompagner les enterrements et de veiller sur les sépultures.
En 1920, le Gouvernement de l’époque est conscient de la difficulté rencontrée par le Souvenir Français pour faire face à l’hécatombe que représentent les 1 360 000 morts de la 1ière Guerre Mondiale. Il fera voter plusieurs lois dont celle du 31 juillet 1920 qui crée le « Service national des sépultures » : l’état prend à sa charge les cimetières nationaux de la zone des combats et organise des nécropoles nationales.
L’entretien des carrés militaires est confié aux municipalités qui font aussi édifier les monuments aux morts où sont gravés les noms de leurs « enfants » morts au combat. Certaines municipalités, trop petites ou dépourvues de ressources suffisantes, demandent au Souvenir Français d’entretenir pour elles, les carrés militaires de leur cimetière.
Entre les deux guerres, la France cherche à exalter le sacrifice de tous ses morts. L’association ne porte plus seulement son effort sur l’entretien des tombes, mais également sur l’organisation de cérémonies patriotiques auxquelles les enfants sont invités à participer.
Pendant la 2ième Guerre Mondiale, dans la France de l’intérieur, divisée entre « zone libre » et « zone occupée », l’Association se fixe des priorités, comme rechercher et entretenir les sépultures des 100 000 soldats morts pendant les combats de 1940. Plus tard, nombreux seront les membres à veiller sur les sépultures des résistants ou des victimes des bombardements.
En reconnaissance de ce rôle, à la fin de la guerre, les 120 000 membres de l’Association sont remerciés par une lettre du général de Gaulle à leur président qui souligne l’importance de « son œuvre admirable » pour le maintien des sentiments patriotiques de la population pendant ces années d’occupation.
Depuis 1945, il faut déplorer 100 000 morts, 25 000 encore à Madagascar, en Corée et en Afrique du Nord, sans oublier les 120 000 Harkis et leurs familles entre 1954 et 1962.
II : Le Souvenir Français aujourd'hui :
En 1979 d’abord, puis en 2009, la diminution sensible du nombre des anciens combattants oblige l’Association à établir de nouveaux statuts pour mieux préparer l’avenir.
Un pays n’a pas d’avenir s’il n’a pas d’histoire : le souvenir de ceux qui sont morts pour leur pays peut aider les plus jeunes à développer leur amour pour la France et pour les valeurs qui lui sont rattachées, inscrites aux frontons de la plupart de nos institutions : Liberté – Egalité – Fraternité. Un effort particulier sera fait au profit des enfants des écoles, collèges et lycées.
II-1 - Organisation
Aujourd’hui, le Souvenir Français est composé de 1 700 comités répartis sur tout le territoire national (y compris les DOM-TOM), qui comptent 200 000 adhérents. Les comités couvrent la totalité du territoire : ils représentent un canton, une ville ou un arrondissement. Ils élisent leur président, l’élection devant être ratifiée par le président national.
Chaque département est administré par un délégué général. Au niveau national, l’assemblée générale désigne un conseil d’administration et un comité directeur, dont le président général. Des représentations existent également dans 80 pays.
Dernier remparts contre l’oubli, les monuments aux morts, les cimetières militaires, les ossuaires ou les nécropoles témoignent que la guerre n’est pas une abstraction, mais qu’un jour des hommes sont morts pour leur pays, en espérant participer à la construction d’un monde meilleur.
La loi du 29 décembre 1915 donne le droit, aux frais de l’Etat, à une sépulture perpétuelle pour les militaires morts pour la France et à toutes les personnes décédées à la suite de faits de guerre.
C’est l’Etat qui gère les carrés militaires dans les nécropoles nationales, mais le soin d’entretenir les tombes des « Morts pour la France » laissées à l’abandon dans les cimetières communaux a été confié au Souvenir Français.
Il existe en France, 3 200 carrés militaires au sein des cimetières civils où reposent 115 000 soldats qui bénéficient d’une sépulture perpétuelle entretenue par l’Etat. Il existe aussi des « carrés de corps restitués ». Ce sont les communes qui ont cédé gratuitement des concessions aux familles qui avaient fait la demande du retour de leurs morts. Dans le cas où les familles ont disparu, c’est le Souvenir Français qui prend en charge leur entretien.
Entre 1920 et 1925, malgré les difficultés économiques, 30 000 monuments aux morts ont été édifiés. Rares sont les communes qui n’ont pas le leur. Des catalogues proposaient des monuments aux morts, c’est pourquoi on en retrouve souvent des plus ou moins semblables. Certains, néanmoins, reflètent l’histoire particulière de la commune. Il existe également des carrés militaires et des monuments aux morts à l’étranger.
Mais ce qui est important, ce n’est pas seulement d’entretenir la mémoire des soldats morts pour la France, mais surtout que les prochaines générations se souviennent. A travers l’histoire de ces morts, c’est de droit et de liberté dont il est question : de belles valeurs à apprendre aux jeunes !
II-2 Au niveau départemental
Le Souvenir Français est composé d’une Délégation Générale et de 65 comités, dont 15 sont dirigés par des femmes. Chaque comité dispose d’un président ou d’une présidente et d’un bureau pour l’aider dans sa tâche. Le nombre d’adhérents en 2010 était de 4 508 auquel il faut ajouter plus de 60 associations qui adhérent à ce titre au Souvenir Français. Le Délégué Général et les présidents sont nommés par la Direction Nationale du Souvenir Français.
Le Souvenir Français des Pyrénées-Orientales est présent dans plus de 80 communes (certains comités regroupant plusieurs communes), soit une présence dans plus d’une commune sur trois du département.
En liaison étroite avec les municipalités, elle participe à l’entretien des tombes des soldats du département morts pour la France. Sur les monuments aux Morts des Pyrénées-Orientales, plus de 10 000 noms sont gravés, dont près de 8 500 tués lors de la 1ière Guerre Mondiale.
Le département paiera un lourd tribut lors de la Grande Guerre. Il perdra 4, 23 % de ses forces vives dans ce seul conflit, une moyenne supérieure à celle du reste de la France (3, 53 %). Sur plus de 170 communes sur les 234 à l’époque la moyenne des pertes subies sera supérieure à celle de la France dans son ensemble. La commune d’Oreilla, par exemple, perdra près de 14 % de sa population.
241 monuments aux Morts, obélisques, statues, frontons, portiques ou simples stèles seront érigés, dans nos cimetières (53), sur la place de nos villages, devant l’école, ou l’église pour les autres. Une quinzaine de communes seulement dans le département n’érigeront pas de monument aux Morts.
Aujourd’hui la volonté de sortir les monuments aux Morts de nos cimetières est évidente, dans la mesure où les noms gravés sur ces plaques représentent la Mémoire de nos soldats. « Les Morts avec les Morts et les vivants avec les vivants ! ». La mémoire est bien vivante. Elle doit être accessible aux plus jeunes. Les jeunes ne vont pas dans les cimetières.
II-3 - Les actions menées
En liaison avec les municipalités, les bénévoles entretiennent les tombes (nettoyage, peinture, désherbage, …) et fleurissent l’ensemble de ces sépultures une fois par an, le 01 novembre. Ils ont l’autorisation de quêter le 01 novembre.
Ils recensent les sépultures des Morts pour la France placées dans les caveaux familiaux et dont l’entretien n’est pas effectué. Dès que la famille ne peut plus s’en occuper, le Souvenir Français a pour mission de prendre la relève de celle-ci.
Les comités veillent au bon entretien des Monuments aux Morts et des stèles. Il nous arrive, au cours de voyages d’attirer l’attention de communes dont les noms sur les monuments aux Morts ne sont plus lisibles, ou encore sur des plaques commémorative cachées par la végétation qui a fini par prendre le dessus sur la Mémoire. Soyons vigilants. L’oubli les tuerait une deuxième fois.
Organisation et financement de voyages sur des lieux de mémoire au profit des jeunes
Le Souvenir Français des Pyrénées-Orientales organise des visites de lieux de mémoire et participe au financement du déplacement des classes des écoles, des collèges ou des lycées. A titre d’exemple, l’Association a aidé les jeunes a découvrir des sites comme par exemple, les champs de bataille de Verdun, Valmaya, Biure (Mort du Petit Tambour qui avait 11 ans et demi, lors de la Bataille du Boulou – 1793/1794), Col de Panissars (Bataille de Panissars en 1285), etc.
L’association offre également des livres sur les derniers conflits au profit des enfants qui participent à des rallyes de la mémoire comme à Rivesaltes ou à Ria-Sirach, par exemple.
Conférences au profit des associations ou des scolaires
Pour la première fois, le Souvenir Français des P.-O. a participé au 136ième Congrès national des sociétés historiques et scientifiques qui s’est tenu à l’Université de Perpignan du 02 au 7 mai 2011. Le thème retenu cette année pour ce Congrès national était « Faire la guerre, faire la paix ». Avec un tel sujet, le Souvenir Français y avait toute sa place.
Le Délégué Général effectue également des conférences sur des sujets historiques au profit des membres du Souvenir Français mais aussi de jeunes scolaires des classes de CM1 / CM2.
II-4 – Le Centre Départemental de la Mémoire
Situé à la Caserne Gallieni à Perpignan, ce centre, œuvre de bénévoles et tenu par des bénévoles, est mis à la disposition de tous en général et des jeunes en particulier. Le Souvenir Français finance le déplacement des classes scolaires vers le Centre départemental de Mémoire.
Le centre n’est pas un tribunal de l’Histoire, il ne lui appartient pas de juger du bien fondé de certaines décisions qui ont entraîné notre pays dans des guerres, mais de se souvenir de ceux qui, par devoir de citoyen, ont combattu pour la France, en particulier ceux qui sont morts pour elle, ceux qui ont été blessés, leurs familles et plus généralement les victimes des guerres.
Il ne fait pas non plus l’apologie de la guerre. Il se contente de présenter des repères indiscutables de la citoyenneté française ainsi que de notre Histoire nationale et locale pour aider chacun à former son propre jugement.
Conçu principalement comme un outil pédagogique à la disposition des enseignants, il comporte :
Une exposition permanente de repères généraux et locaux de mémoire des conflits et repères de citoyenneté : 17 panneaux de 4 x 1m, un mannequin et des vitrines contenant des objets à haute valeur symbolique.
Des enregistrements de témoignages sur vidéo.
Des présentations audiovisuelles à consulter sur place.
Des expositions particulières et une copie de l'exposition permanente en format réduit.
Un mémorial aux morts pour la France et aux victimes de toutes les guerres.
Une documentation écrite et audiovisuelle.
Un site Internet.
Conclusion
Le Souvenir Français, association patriotique et distincte des associations d’anciens combattants est certainement l’une des plus anciennes de France. Elle est également la plus importante du département en matière d’effectifs. Elle est assurément la plus discrète dans l’accomplissement de sa mission.
(Présentation réalisée par le Délégué Général du Souvenir Français des Pyrénées Orientales : Antoine Guerrero Mai 2011)