Actualité

ACTUALITÉ INTERNATIONALE

Des monnaies à la tonne en Chine populaire

En Chine populaire, les trouvailles de trésors monétaires se succèdent sans cesse. Au début de l’année 2022, c’étaient 3 tonnes de monnaies qui avaient été découvertes, datant essentiellement de la dynastie des Song. Puis le 1er décembre 2022, l’Agence « Chine nouvelle » annonçait la découverte d’un autre trésor au village de Shuangdun, près de la ville de Yancheng, dans l’est de la province du Jiangsu. Cette fois, le trésor était estimé peser environ 1,5 tonne. Comme c’est le plus fréquent, ces monnaies dataient de la dynastie des Tang (618-907) et surtout de celle des Song (960-1279), des dynasties durant lesquelles la production monétaire fut considérable, se chiffrant par milliards de sapèques. En l’occurrence, le trésor n’était enfoui qu’à 50 cm de profondeur. Il était parfaitement conservé, les monnaies étant très lisibles, les liens de paille entre elles étant bien conservés.

Le cinquantième anniversaire de l’Oriental Numismatic Society

(25-26 juin 2022)

Avec deux ans de retard en raison de l’épidémie de Covid, l’Oriental Numismatic Society célébrait, les 25-26 juin derniers, son cinquantième anniversaire sous forme d’une vidéoconférence. Deux journées d’intéressantes communications parmi lesquelles, comme à l’habitude à l’O.N.S., les communications relatives à l’Inde ancienne dominaient nettement. D’ailleurs, assez curieusement, l’Extrême-Orient n’était représenté que par trois intervenants, dont un Chinois … et deux Français, alors que les spécialistes de la numismatique extrêmeorientale sont nombreux en Angleterre.

Derrière un titre assez énigmatique, « Chinese coin culture », le Professeur Dai Jianbing, de l’Université du Hebei, nous a en fait parlé des progrès de la recherche et de l’enseignement de la numismatique en Chine populaire. Comme bien entendu, pour mieux coller à la politique chinoise de la « Nouvelle route de la soie », il a insisté sur les recherches relatives à l’ancienne route. Nous aurions aimé en savoir plus sur la découverte, en 2011, de la tombe de l’éphémère empereur Yuan Ping (74 av. J.C.), l’une des découvertes archéologiques majeures de ces dernières années. Nous n’avons eu droit qu’à quelques vues des surprenants lingots d’or mis à jour lors de ces fouilles (Photo ci-dessus).

François Thierry avait confié à Helen Wang, conservateur des monnaies d’Asie orientale au British Museum, le soin de lire son intéressante communication sur « The circulation and use of the bamboo tallies in Jiangsu Province by the light of the Tongcheng Company issues ».

Nous avions personnellement choisi de présenter notre nouveau catalogue des « Monnaies privées d’Annam » qui est désormais disponible à la Société (Cf. l’article ci-avant).

F.J.

The Russian Congress on Numismatics

(Moscow, June 9-10, 2022)

This event was prepared by the Museum of the International Numismatic Club (INC), with the participation of the administration of the online database on Oriental numismatics Zeno.ru. More than 70 participants from 14 countries (Austria, Belarus, Belgium, Egypt, Israel, Iran, Kyrgyzstan, China, Moldova, Pakistan, USA, Uzbekistan, Estonia and Japan) took part in the meeting and made presentations. The reports were presented in two meeting rooms and in an online format. The total number of participants was about 400. This forum was the first in such a broad international format, in two languages (Russian and English), with simultaneous translation.

Plenary session: organized by Alexandra Mityaeva, Chief Curator of the INC Museum; Vladimir Belyaev, founder of Zeno, speaks. Photo: INC.

The participants were representatives of the leading scientific institutes of the Russian Academy of Sciences – the Institute of Universal History, the Institute of the East, the Institute of Archaeology. Russian museums were represented: the State Hermitage Museum and the Goznak Museum (St. Petersburg), the State Historical Museum and the Pushkin State Museum of Fine Arts, the State Museum of the East (Moscow), the D.G.Burylin State Museum of Local Lore (Ivanovo) and others. The participants range from academicians of the Academy of Sciences to independent researchers.

Three main sections were organized at the Congress – "Natural Science research methods in Numismatics", "Numismatics of Russia and Europe from Antiquity to the present day" and "Zeno. Oriental numismatics". As part of the Congress, a Public talk platform was held: "Numismatics in a modern museum. A new look at the exhibition", at which representatives of the leading museums of Russia spoke.

The Zeno Project, which acted as a strategic partner of this event, prepared a separate section dedicated to the 20th anniversary of this world's largest online database on Oriental numismatics. This non-profit project was opened on December 24, 2002 by its founder Vladimir Anatolyevich Belyaev, who did a great job in preparing and conducting the Zeno section at this forum. It should be noted, that in honor of the 20th anniversary of the project, Vladimir Belyaev and a special editorial board are preparing for publication a collection of articles submitted by numismatists from all over the world.

In the section "Zeno. Oriental Numismatics" was made by 37 speakers who presented 29 reports in the meeting room and in an online format. Talks about Far East numismatics were the following :

-Statistical analysis of finds of local imitations of Tang Dynasty coins collected in the sites of Semirechye (Alexander Kamyshev, Bishkek)

-Coins of Tang Dynasty in medieval cash circulation in Primorsky region (Vladimir Pavlovsky, Vladivostok)

-Discovery of a coin of the last Khitan emperor (Vladimir Belyaev, Sergey Sidorovich, Moscow)

-Many-faced Yong Le-Eiraku-Vinh Lac (Andrey Ivlev, Moscow)

-Mysteries of the latest coin issues of King Mindon (Burma) (Valery Gaganov, Sarov)

-Sima-sen , coins of unknown origin (Heinz Gratzer, Wien)

-Why does Chinese legend occur on Siamese commemorative coin Tae Meng Tong Bo ? (Brian Leung Ho Fung (Hong Kong)

(V. Belyaev is a member of the Comité de Patronage de Numismatique Asiatique, A. Ivlev, V. Gaganov and B. Leung Ho Fung are members of the Société de Numismatique Asiatique)

Following the results of the Congress, a collection of abstracts will be prepared for publication, the release of which is planned for the end of 2022 or the beginning of the next 2023. The organizers of the Russian Numismatic Congress plan to make this event a regular event in the future, with a two- or four-year cycle.

Andrey Ivlev

Les 9 et 10 juin 2022, se tient à Moscou un Congrès de numismatique russe. Il est organisé avec l’aide de la base de données Zeno.ru, principale base mondiale en ce qui concerne les monnaies orientales. Une soixantaine de participations sont prévues. En fait, ce congrès vise à réunir des numismates du monde entier autour des numismates russes qui ont été exclus du Congrès international de numismatique prévu pour septembre 2022 à Varsovie.

L’Oriental Numismatic Society a été créée en 1970. Elle avait donc décidé de célébrer son cinquantenaire en 2020. Malheureusement, du fait du covid, l’évènement avait été annulé. Il a finalement été décidé que cet anniversaire serait marqué par une simple vidéoconférence qui a été fixée aux 25 et 26 juin 2022. Les textes des interventions seront publiés dans le 250e numéro du journal de la Société.

Le XVIe Congrès international de numismatique aura lieu à Varsovie du 11 au 16 septembre 2022. Ces congrès ont lieu tous les six ans. Le Comité d’organisation de ce XVIe est présidé par le professeur Alexander Bursche, de l’Institut d’archéologie de l’Université de Varsovie, c’est dire que la numismatique ancienne et classique y sera à l’honneur. Il a été décidé d’en exclure les numismates russes, d’où le congrès de Moscou des 9 et 10 juin 2022 (ci-dessus).

La base de données Zeno.ru, créée et animée par Vladimir Belyaev (par ailleurs membre du Comité de Patronage de Numismatique Asiatique) rassemble désormais près de 300.000 photos et descriptions de monnaies asiatiques. Cette base a été mise en service en décembre 2002 : elle fêtera donc ses vingt ans en décembre prochain. L’évènement sera commémoré par une vidéoconférence internationale. Nous en profitons pour remercier à nouveau A. Belyaev d’avoir accueilli notre revue Numismatique Asiatique dans cette base de données.

In memoriam

Muriel Eymery

C’est avec une grande peine que nous avons appris la disparition de Muriel Eymery, au début

de janvier 2022. Une grande peine, mais aussi une grande surprise, car Muriel était fort jeune – 44 ans -- et incroyablement dynamique.

Après des études de Finances internationales à l’Université de Paris-Dauphine et aux Etats-Unis – elle était franco-américaine, mais beaucoup plus française qu’américaine -- elle avait commencé sa carrière à la Monnaie de Paris en 2003, comme conseillère du président pour les questions internationales, notamment américaines. L’international l’avait toujours passionnée ; elle parlait d’ailleurs couramment plusieurs langues étrangères, anglais, allemand, portugais. Puis en 2007, elle était entrée dans la société américaine de grading PCGS, chargée du développement de ses activités en Europe et en Asie. Muriel fut toujours très intéressée par le développement de la numismatique en Extrême-Orient. En 2016, elle était devenue vice-présidente de la Société britannique Spink, chargée du département « Monnaies et médailles » et finalement avait été élue l’un des gouverneurs de l’American Numismatic Association, pour les années 2019-2020.

Son intérêt pour la numismatique de l’Asie l’avait amenée à se rapprocher de notre Société de Numismatique Asiatique dès sa création, en 2010. Non seulement elle en était membre, mais encore elle nous aida considérablement depuis cette date, nous faisant profiter de ses innombrables contacts internationaux. Nous lui devons beaucoup. Tout récemment encore, elle devait nous accompagner à Saint-Pétersbourg pour nos Sixièmes Rencontres de Numismatique Asiatique prévues pour 2020, reportées à 2021, et finalement abandonnées du fait du covid-19.

Notre Société et en particulier son président présentent toutes leurs condoléances à sa famille et ses proches.

F. J.

In memoriam

Philippe Haudrère

Ce 18 novembre, Philippe Haudrère, docteur ès Lettres et agrégé de l'Université, nous a quittés.

Né en 1940, il s'était fait l'historien de l'Océan indien. Sa thèse d'État sur La Compagnie française des Indes au XVIIIe siècle restera une somme et une référence absolue. Ses nombreux ouvrages très savants rendent néanmoins accessible ce pan de notre histoire.

Nous nous étions rencontrés lors d'une dédicace de livre à Nantes. Depuis nous avions échangé quelques correspondances, mais c'est lors de la rédaction de notre travail sur les Monnaies et médailles de l’Inde française qu'il avait pris la peine de faire pour nous , avec une immense gentillesse, l'inventaire de toutes les archives sur le sujet.

Son intervention enjouée et dynamique lors du colloque de la Société de Numismatique Asiatique sur Le Commerce maritime aux Indes orientales et en Extrême-Orient aux XVIIe-XIXe siècles, à la Bibliothèque de Versailles, en 2016, nous avait donné ce qui manque souvent à la numismatique : l'autre versant, le contexte économique et le rôle réel de la monnaie.

Professeur émérite de la Faculté de Lettres d'Angers, il était aussi membre de l'Académie de Marine.

Que ses proches et ses amis trouvent ici l'expression de notre émotion.

Daniel Cariou

Monnaies d’Extrême-Orient vendues à Monaco

Dans sa vente de printemps, le 12 juin 2021, la Société monégasque de ventes MDC proposait, comme à son habitude, plusieurs monnaies d’Extrême-Orient, dont certaines peu fréquentes.

Lot 181. 87,39 g / 51,3 mm

La Chine était représentée par une belle médaille d’or frappée en 1874 pour remercier ceux qui avaient participé à la construction de l’arsenal militaire de Foutchéou (Fuzhou) (lot 181). Cette médaille, fort rare, est particulièrement importante pour les Français car ce fut sous l’impulsion et la direction d’officiers de marine français, en particulier Prosper Gicquel (1835-1886), que cet arsenal fut construit.

Il s’agissait d’ailleurs, plus que d’un simple arsenal, d’une véritable implantation de la France dans cette province méridionale du Foukien (Fujian) puisqu’autour de l’arsenal proprement dit, on trouvait une école navale, un enseignement de langue française, etc. Malheureusement, ce sera aussi la France qui détruira cet arsenal en 1884, lors de la guerre franco-chinoise à propos de la colonisation de l’Annam et du Tonkin, c’est-à-dire le nord de l’Indochine.

L’école navale francophone de Fuzhou

Les lecteurs intéressés par cette médaille trouveront un exposé plus détaillé dans le n° 15 (Septembre 2015) de Numismatique Asiatique, sous le titre « Une médaille chinoise peu connue concernant la France » (p. 57-61).

Lot 810. 19 g / 35 mm

La vente présentait par ailleurs quelques monnaies annamites également assez rares. On notera en particulier une belle monnaie d’or Long Van, « Sapèque du Dragon » (Lot 810), du règne de Minh Mang (1820-1841), mais aussi plusieurs autres monnaies d’or de l’Annam pré-colonial. Ajoutons toute une série de monnaies d’argent (par exemple le lot 813), peut-être moins prestigieuses, mais fort intéressantes sur le plan numismatique, car très représentatives d’une des périodes les plus fertiles en ce qui concerne les émissions de monnaies de présentation.

Lot 813. 37,42 g / 64 mm

Enfin, on remarquera, pour les monnaies coloniales, deux essais de taëls indochinois au caractère Phu, frappés durant la Seconde guerre mondiale pour acheter l’opium aux populations montagnardes (Lots 564 et 566). Ils provenaient de la Collection Mercier dont il a souvent été question dans cette revue (en particulier n° 2-3, Juin-Septembre 2012, p. 33-35 et 72-74), y compris dans ce numéro (cf. article ciavant). (F.J.)

Lot 566. 37,6 g / 41,8 mm 

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Sixièmes Rencontres de Numismatique Asiatique  Saint-Petersboug. Septembre 2021

    Notre Société avait organisé ses Sixièmes Rencontres de Numismatique Asiatique pour ce mois de septembre 2020, à Saint-Petersbourg, en coopération avec le Département de numismatique du Musée de L’Hermitage. Malheureusement, à la suite de la pandémie de covid 19, nous sommes au regret d’annoncer que cette manifestation doit être reportée à septembre 2021. De plus amples informations seront disponibles dans les prochains numéros de cette revue.

    Our Society had organized its Sixth “Rencontres de Numismatique Asiatique” for this month of September 2020, in Saint-Petersburg, in cooperation with the Numismatic Department of the Hermitage Museum. Unfortunately, following the covid 19 pandemic, we regret to announce that this event is to be postponed to September 2021. More information will be available in future issues of this review.

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Vente d’importantes monnaies annamites en or

    La Maison de ventes aux enchères MDC148 proposera lors de sa vente annuelle du 29 octobre 2020, à Monaco, une superbe série de 26 monnaies annamites d’or et d’argent. Parmi elles, on notera en particulier neuf pièces d’or, toutes peu fréquentes, mais dont certaines sont particulièrement rares.

Fig. 1. Un lang d’or. Règne de Thieu Tri (1841-1847) (64 mm / 38,1 g)

    Tel est le cas, notamment, de la grande monnaie de présentation du règne de Thieu Tri (1841-1847), appelée Van the vinh lai, « Toutes les générations en recueilleront le fruit à jamais » (Fig. 1). Une des monnaies les plus célèbres et les plus recherchées de la dynastie des Nguyen, qui n’était pas même connue de Schroeder et qui ne figurait pas au célèbre trésor de Hué. Parmi les rares exemplaires répertoriés, figure celui du Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale, où elle n‘est entrée qu’en 1992. C’est là un des exemples les plus représentatifs de l’originalité de la numismatique de l’ancien Annam, et aussi l’un des plus prestigieux de ce lot de monnaies.

    Fig. 2. Autre monnaie d’un lang d’or. Règne de Tu Duc (1848-1883) (47 mm / 37,8 g)

    Cette autre monnaie d’un lang (taël) est également rare. Elle est dite Viet trung, « A la Loyauté » (Fig. 2). La figure du revers représente un dragon volant autour du soleil, symbole, évidemment, de la majesté impériale. Ce type de monnaie de présentation a été émis à partir de 1869. Elle fait partie d’une série de dix, les neuf autres étant dédiées à l’Affection, la Piété, la Bonté, la Soumission, la Droiture, l’Obéissance, la Bienveillance, la Déférence et l’Humanité. Ces monnaies de présentation, comme les précédentes, étaient réservées aux membres de la famille impériale et aux principaux dignitaires du mandarinat civil et militaire.

   Fig. 3. Philong (Dragon volant) du règne de Minh Mang (1820-1840) (37 mm)

    Ce lot de monnaies d’or comprend aussi deux pièces de 7 tien (7/10e de lang) qui ne sont pas fréquentes. Tout d’abord, la plus ancienne, un philong (Dragon volant) du règne de Minh Mang, daté, au revers, de 1834 (十五, 15, pour 15e année du règne) (Fig. 3). Il s’agit de la variété à entourage de grènetis qui est rare. En outre, cet exemplaire présente la particularité d’être contremarqué au droit (rectangle à droite du caractère 命 Mang). Cette variété manque tant à Schroeder qu’à la collection de la Bibliothèque nationale.

Fig. 4. « Song long » du règne de Tu Duc (1848-1883) (52 mm / 26,3 g)

    L’autre monnaie de 7 tien est celle, du règne de Tu Duc (1848-1883), qu’on appelle Song long, « Les deux dragons » (Fig. 4). C’est également une monnaie rare, d’ailleurs, elle aussi, manque tant à Schroeder qu’à la collection de la Bibliothèque nationale. Les deux dragons sont figurés au revers, en train de se disputer la « Perle enflammée ».

    Ajoutons à ces quatre exemplaires exceptionnels, cinq autres monnaies d’or en excellent état, pesant de 1 à 5 tien, mais aussi dix-sept pièces d’argent : on aura ainsi une idée de la qualité et de la rareté de ce lot remarquable.

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Deux importantes monnaies pour le Musée de Phnom-Penh

 4 francs      50 centimes

    La Société de Numismatique Asiatique a toujours suivi avec grand intérêt l’élaboration et finalement l’ouverture du Musée de l’Economie et de la Monnaie de Phnom-Penh. Nous sommes heureux d’apprendre que dans une récente vente aux enchères, ce Musée a pu acquérir pour ses collections deux rares monnaies en or à l’effigie du roi Norodom (1860-1904), l’une de 4 francs, l’autre de 50 centimes (Figures ci-dessus).

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Exposition Lindauer

    La Société de Numismatique Asiatique, lors des Quatrièmes Rencontres de Numismatique Asiatique, en novembre 2018, avait présenté une très importante collection de documents et matériels monétaires originaux provenant du graveur Emile Lindauer (1869-1942), concernant les monnaies et médailles qui lui avaient été commandées par la Monnaie de Paris pour l’Indochine. Depuis, cette présentation a d’ailleurs fait l’objet de la publication d’une monographie intitulée Monnaies et Médailles de Lindauer pour l’Indochine, n° 13 de la Série « Monnaies d’Asie » éditée par la Société.

    Or, du 6 au 13 décembre 2019, à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de l’artiste, c’est l’ensemble de la collection de documents concernant ses oeuvres, qui a été exposée à la Galerie Guillet Arcane 17, à Paris. Une vitrine était spécialement consacrée aux documents relatifs à l’Indochine, y compris deux nouveaux documents récemment découverts, à savoir les poinçons de grènetis pour la piastre, ainsi que deux médailles haut relief inédites représentant des éléphants caparaçonnés se faisant face, exécutées pour l’Exposition coloniale de 1931 (Figure ci-dessus).

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Le Trésor de Hué au Musée du 11CONTI

    L’ancien Musée de la Monnaie de Paris, depuis sa réouverture récente, en septembre 2017, se nomme désormais « Musée du 11Conti ». Assez surprenant. Alors qu’il n’est question que d’internationalisation, voire de mondialisation, et que chacun, de par le monde, savait ce qu’était un Musée, une Monnaie et connaissait Paris, au moins de réputation, voici que son nom devient « Musée du 11Conti ».

    Pour le Chinois ou le Japonais qui va chercher sur Internet qui peut bien être ce Conti, nom évidemment italien, il aura le choix entre le philosophe Antonio Conti (1677-1749), le castrat Gioacchino Conti (1714-1761), le coureur cycliste Roberto Conti (1964-), le bobeur [adepte du bobsleigh] Giacomo Conti (1918-1992) et des dizaines d’autres. De quoi rester perplexe. Quant au chiffre 11, il apprendra qu’il s’agit de «l’entier naturel qui suit 10 et qui précède 12», ou encore que « 11 ouvre la série des répunits premiers », ce qui n’est pas fait pour résoudre l’énigme. Probablement une idée « géniale » d’agence de « com ».

    Plus sérieuses et parfaitement adaptées, sont l’exposition et les tables rondes qui accompagnent cette réouverture du 11Conti. Intitulées «Women House » et « Art : genre féminin», elles portent notamment sur « la maison, espace intérieur auquel les femmes sont traditionnellement cantonnée (sic) », « La femme au centre d'une histoire dont elle était absente », « L'espace domestique qui a été longtemps la prison, ou le refuge des femmes ». Une manifestation sérieuse, car organisée avec le concours de la Sorbonne. Tout cela est affligeant. Un féminisme bas de gamme qui sévissait à San Francisco il y a un demi-siècle, enfin parvenu jusqu’au 11Conti.

    Mais il est toujours possible de se réconforter au restaurant installé par Guy Savoy qui propose un menu à quelques centaines d’euros. Tous publics. Ou encore, pour les étrangers, de savourer l’art gastronomique français au café Frappé par BLOOM qui propose : « snacking toute la journée [expression franchouillarde signifiant « all day long »], cocktails le soir, sans oublier les brunchs tous les week-ends ». On sent bien, dans ce vocabulaire, toute l’influence de la voisine, la 23Conti, que certains – des demeurés -- appellent encore Académie française, avec laquelle, « afin d'éviter l'emploi de termes anglo-saxons (…), les pouvoirs publics ont mis en place un dispositif de terminologie et de néologie, institué par le décret du 3 juillet 1996, conformément à la loi sur la langue française dite loi Toubon du 4 août 1994 ». Il y a bien longtemps déjà, Etiemble dénonçait « l’anglofolie » de « nos snobs et snobinettes », devenue « une américanolâtrie dont s’inquiètent les plus sages Yanquis ». Quant à Regis Debray, il se demandait, dans son dernier livre, « Comment nous sommes devenus Américains » ? Il aurait dû s’intéresser aux happenings du 11Conti et à l’uselessness du 23Conti, il aurait eu la réponse. Une bien triste réponse.

    C’est bien dommage car l’exposition monétaire – il y a aussi une exposition monétaire, aussi incroyable que cela puisse paraître au 11Conti – est plutôt réussie. La muséographie est agréable et les monnaies exposées sont relativement nombreuses. On pouvait tout craindre.

Donc sur ce plan, des compliments s’imposent. On regrettera seulement l’absence totale de séries monétaires françaises, ce qui ne manquera pas de surprendre les numismates, français et étrangers, qui viennent précisément visiter le musée dans le but de les découvrir là où elles devraient logiquement être exposées. Mais il est vrai que cela aurait pu rappeler la France, les Français et le franc, ce qui n’est plus politiquement correct.

    Quant aux amateurs de monnaies d’Extrême-Orient, ils auront enfin la possibilité d’admirer l’extraordinaire « Trésor de Hué ». Il aura donc fallu près d’un siècle et demi pour que ce trésor fût enfin exposé. Rappelons qu’il avait été confisqué par la France lors de la colonisation de l’Annam, en 1885. Une moitié avait été restituée à la Cour de Hué, la seconde gardée par la France, puis fondue, à l’exception de deux exemplaires de chacune des monnaies en vue d’une répartition entre la Monnaie de Paris et la Bibliothèque nationale. Finalement, le tout resta à la Monnaie de Paris. C’est cet ensemble qui est désormais exposé au 11Conti.

    Ensemble absolument unique au monde, n’ayant pas son équivalent au Viêtnam, la partie remise à l’Annam ayant disparu, et qu’il serait impossible de reconstituer de nos jours. Tout amateur de monnaies d’Extrême-Orient se doit donc d’aller voir ce trésor. (F.J.)

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Le trésor de la rivière Min

    L’Agence « Chine Nouvelle » aannoncé le 20 mars 2017 la découverte d’un trésor de monnaies d’or, d’argent et de bronze dans la rivière Min (province du Sichuan). Ce trésor aurait été identifié comme étant celui du chef rebelle Zhang Xianzhong.

Da Shun tong bao    (Cliché Zeno.ru)

    Les numismates connaissent bien ce chef rebelle qui, lorsque les Mandchous prirent le pouvoir en 1644, se proclama roi, à Chengdu (capitale du Sichuan), avec le titre de 大西國王 Da Xi Guo Wang, « roi du royaume du Grand Ouest ». Il y fit fondre des monnaies au nianhao de Da Shun 大順 (cliché ci-dessus). Il est resté connu comme un chef d’une extrême barbarie. Ses monnaies furent fondues avec les métaux confisqués dans les temples de la région. Il fut finalement tué en 1647.

    Des monnaies de ce trésor avaient déjà été retrouvées depuis 2005, ce qui poussa les autorités à enfin entreprendre des fouilles en 2016, à la faveur des basses eaux de la rivière.

Fouilles dans le lit de la rivière Min (Cliché « Chine Nouvelle »)

Médaille d’or à légende Xi Wang, « roi de l’Ouest »  (Cliché Agence « Chine Nouvelle ». Module non conforme)

    Plus de 10.000 monnaies furent découvertes, dont un grand nombre en or et en argent, mais des milliers de pièces d’or avaient déjà été pillées durant les années précédentes.

Lingot d’or de Changsha (Hunan)   (Cliché Agence « Chine Nouvelle ». Module non conforme)

Lingots d’argent   (Cliché Agence « Chine Nouvelle ». Module non conforme)

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Exceptionnelle collection de monnaies d’or annamites

Monnaie de présentation du règne de Tự Đức (1848-1883)

    La maison d’enchères Hess-Divo mettait aux enchères, à Zurich, le 31 mai 2017, une exceptionnelle collection de monnaies d’or annamites. Celle-ci ne comptait pas moins de quarante monnaies, l’immense majorité en très bel état, non percées. Elles s’étendaient du règne de Minh Mạng (1820-1841) à celui de Thành Thái (1889-1907). Le catalogue indiquait très justement qu’il pourrait s’agir de la plus importante collection ayant existé en mains privées.

    On y retrouvait un grand nombre de monnaies qui avaient déjà été mises en vente par la maison Hess-Divo elle-même, à Zurich, en 2001 et 2003. Les amateurs de provenances auront remarqué un exemplaire provenant de la collection Farouk vendue en 1954 (n° 840) et un autre qui fut illustré dans le Schroeder et appartint peut-être à sa collection (n° 807). Bien que ce ne soit pas indiqué au catalogue, on pouvait également y noter plusieurs exemplaires provenant de l’Emperor Collection of Gold Coins of Annam, vendue à New-York en 1991. La qualité irréprochable de plusieurs numéros et le fait qu’ils ne soient jamais percés, laissent effectivement penser à une provenance prestigieuse, celle de la cour de Huê.

    Il est probable que les amateurs de monnaies d’or annamites n’auront guère l’occasion de revoir passer en vente un tel ensemble de cette qualité.

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Collection chinoise au Moritzbourg de Halle (Saxe. Allemagne)

    Le château de Moritzbourg, à Halle, qui abrite l’important Musée d’art de Saxe-Anhalt, possède une remarquable collection numismatique de plus de 100.000 monnaies, dont plusieurs milliers de monnaies chinoises. Parmi les dons anciens qui sont à l’origine de cette collection chinoise, on notera celui de la collection de l’explorateur Riebeck (1859-1889) qui entra au musée en 1895. Plus récemment, elle s’est accrue des collections Krüger (plus de 2.000 monnaies, 2014) et Bowker (plus de 6.000 monnaies, 2016).

Lingot annamite. Règne de Gia Long (1802-1820)   Ancienne collection du Pr. Joachim Krüger (1935-2012)

Médaille de l’exposition

    Du 17 septembre 2016 au 29 janvier 2017, les monnaies les plus significatives de cette collection ont fait l’objet d’une belle exposition dans les salons de l’ancien atelier monétaire de l’archevêché de Magdebourg. Elle présentait un panorama assez général du monnayage chinois, des Royaumes combattants à la période contemporaine, notamment grâce à des exemplaires provenant des deux dons Krüger et Bowker, les plus récents.

    Parmi les objets exposés, figurait notamment l’importante collection de coins de monnaies chinoises des années 1897-1898, provenant de la maison Otto Beh, d’Esslingen. Cette collection, très exceptionnelle, mérite d’être relatée avec quelques détails.

Quelques coins d’Otto Beh (modules réduits)

    En 1895, la Société de Louis Schuler, fondée en 1839 à Göppingen, avait obtenu une commande de presses monétaires pour la Chine. Cette société sous-traita à Otto Beh, spécialisé dans la fabrication des sceaux et coins monétaires, la commande de plus de deux cents coins devant accompagner ces presses. Ce ne fut qu’en 2009, à l’occasion des 125 ans de la maison Otto Beh, qu’un numismate allemand, G.E. Kümmel, en retraça l’historique et dressa le catalogue de ses productions, dont ces coins pour la Chine, au nombre de 42. En 2011, ils devaient être dispersés par la société de ventes aux enchères Künker, mais le projet fut abandonné en raison de leur intérêt historique. Finalement, ce fut la société Champion Auctions de Hong Kong qui, avec l’aide de Künker, en fit l’acquisition en vue d’en faire don à une institution allemande. Ce fut, après une exposition à Macao, le musée du Moritzbourg, une des plus grandes collections numismatiques d’Allemagne, qui en hérita.

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New Display

Chinese coins from a scholar’s study

金玉满堂

    Chinese scholars collected coins for their aesthetic quality. They illustrate the evolution of Chinese writing from seal script to modern cursive, sometimes bearing the calligraphy of the emperor himself. This display shows a selection of Chinese coins and related paranumismatica from the Ashmolean Museum's collection.

25 April - 24 September 2017

Curated by Dr Lyce Jankowski, Sackler Research fellow, University of Oxford

Ashmolean Museum of Art and Archaeology, Money Gallery

Beaumont Street, Oxford OX1 2PH, England

http://www.ashmolean.org/o

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Les ventes de la collection Tanant

    Charles Tanant (années 1860-après 1923) fit toute sa carrière, de 1886 à 1923, dans les Douanes chinoises, qui, on le sait, employaient un très grand nombre d’étrangers. Le numismate américain Bruce W. Smith a récemment retracé sa biographie dans un court article paru dans The Journal of East Asian Numismatics11. Il avait tout d’abord, en 1887, été nommé assistant à Mengtze, au Yunnan, une région où la présence française était importante. Puis il avait successivement servi à Pékin et dans divers postes provinciaux. En 1914, il revint à Mengtze, mais cette fois comme commissaire en titre. Puis il occupa divers autres postes, entre autres, celui de Wenzhou (Wenchow), dans la province du Zhejiang, où il épousa une Chinoise dont il eut une fille, et finalement un poste du Fujian. C’est là qu’il prit sa retraite en 1923. Durant toute cette longue carrière chinoise de 36 ans, il ne cessa d’amasser des monnaies, qui, plutôt qu’une collection, constituèrent un ensemble assez important, notamment sur le plan quantitatif.

Fig. 1. Charles E. Tanant à Wenzhou en 1920

(© Journal of East Asian Numismatics)

    Ajoutons, à titre tout à fait accessoire, que la bibliothèque de l’Institut de France détient un petit ensemble de lettres entre le sinologue Henri Cordier et Charles E. Tanant12.

    Cet ensemble demeura dans sa famille des années 1920 à nos jours, avant d’être mis en vente par cette dernière. On ignore à partir de quelle date débutèrent les ventes. On signale des exemplaires, mis sous coque par NGC, vendus aux enchères à Pékin dès 2012. Car c’est un fait que cet ensemble de monnaies a été divisé et non mis en vente globalement. Par ailleurs, nous avons déjà signalé, dans cette revue, comment une assez grande partie avait été vendue aux enchères, à Coutances, en février 201513. Nous remarquions, à cette occasion, le grand nombre de faux qui figuraient dans cette collection, concernant essentiellement les monnaies très anciennes (bêches et couteaux), ainsi que la qualité très moyenne, voire médiocre, de très nombreux lots. La presque totalité avait pourtant été acquis par la Société luxembourgeoise WinNumis, à des prix extrêmement élevés, sans rapport avec sa valeur réelle14.

    Avec le recul, il semble bien, en effet, qu’il ne s’agissait que de la vente des monnaies les moins intéressantes de cet ensemble, puisque le 3 décembre dernier, la société de vente Champion en vendait, à Macao, une autre partie, mise sous coque PCGS. C’est d’ailleurs cette vente que présentait le court article de Bruce W. Smith relatif à la biographie de Charles E. Tanant. Il s’agissait, cette fois, de monnaies de plus grande qualité, du moins, à en juger d’après les estimations avancées et les prix réalisés.

    Ces prix appellent, nous semble-t-il, quelques commentaires. Comme à l’habitude, dans les ventes où les Chinois constituent l’essentiel des acheteurs, les monnaies d’argent atteignirent des prix considérables. Peut-être la publication de la biographie de Charles E. Tanant y avait-elle quelque peu contribué. A titre d’exemple, la monnaie d’argent ci-après (Fig. 2), un essai de la 24e année de Guang Xu, soit 1898 (et non de la 23e, 1897, les plus rares), pour la province de l’Anhui, fut vendu 44.000 dollars. Et plusieurs autres exemples pourraient être cités, mais des prix comparables se retrouvent dans bien d’autres ventes de monnaies chinoises.

Fig. 2. Essai de 3 mace 6 candareens. Argent. Anhui. 1898

    Ce qui est plus surprenant, en revanche, ce furent les prix atteints par certaines monnaies très courantes. Ce fut le cas, par exemple, de la monnaie ci-après : une sapèque de laiton, du règne de Jia Qing, fondue à Wuchang pour le ministère des Finances (Fig. 3). Il s’agit d’une monnaie extrêmement commune, que D. Hartill (Cast Chinese Coins, 22.513) affecte d’un indice de rareté de 15/16, c’est-à-dire presque le dernier degré de rareté. Mise sous coque NGC, cette société ne se prononçait nullement sur la qualité de cet exemplaire, mais seulement sur son caractère authentique. Or, estimée 30-60 dollars, ce qui était déjà assez surprenant, elle trouva acheteur à 200 dollars (du moins à la lecture des prix obtenus), soit cent fois sa valeur ! Et ce résultat n’était pas exceptionnel : un ensemble de sept sapèques de la dynastie mandchoue (lot 0150), de qualité correcte, mais sans plus, et très communes, atteignait 700 dollars. Même la provenance (assez modeste) ne saurait expliquer de tels sommets.

Fig. 3. Sapèque de Jia Qing (1796-1820). Wuchang (Hubei)

11 Nouvelle série. N° 4, novembre 2016, p. 116.

12 Fonds Cordier, Manuscrit 5482, pièces 1-23bis.

13 Numismatique Asiatique, n° 14, juin 2015, p. 63. Nous terminions par ces mots : « C’est malheureusement là le type de vente qui se multiplie et qui éloigne du marché les véritables numismates ».

14 Peu après, cette société proposait sur internet « 1000 graded coins PCGS from China, one of the most impressive collection made by the director ( sic) of the French (sic) Customs in China (1881-1921)”. L’annonce ajoutait : “The collection is estimated over $ 400,000”.

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Les collections numismatiques du futur Musée de l’Économie et de la Monnaie de Phnom-Penh s’enrichissent

    Nous signalions dans le précédent numéro de Numismatique Asiatique (n° 19, p. 64), la vente d’une exceptionnelle monnaie cambodgienne, à Hong Kong, le 16 août dernier, par la maison Stacks Bowers. Il s’agissait d’un exemplaire de la pièce en argent de 4 ticals (61,22 g., 55 mm.), du premier type, dit d’Ingram, frappée à partir de 1853 sous le règne d’Ang Duong, dans la capitale, à Oudong. C’est probablement le seul exemplaire authentique connu. Il provient de la célèbre collection d’André Salles, vendue en 1929.

    Nous sommes heureux d’apprendre que cette précieuse monnaie a été acquise par la Banque Nationale du Cambodge pour les collections numismatiques du Musée de l’Économie et de la Monnaie de Phnom-Penh qui s’ouvrira en 2017. Il faut féliciter les autorités de la Banque pour cette décision qui contribuera à reconstituer le patrimoine historique du pays.

(Concernant ce Musée, cf. l’article de J.D. Gardère, « Vers un Musée de l’Economie et de la Monnaie à Phnom-Penh », Numismatique Asiatique, n° 13 (mars 2015), p. 27-43)

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Vente d’une collection française de monnaies indiennes

    Les 19-29 septembre 2016, la Maison de ventes Spink a inauguré la première de ses ventes effectuées exclusivement par internet. Elle était consacrée à la collection du géologue, le professeur Ph. Taugourdeau.

    Il s’agissait d’une collection générale, s’étendant des monnaies les plus anciennes jusqu’à, et y compris, la période de l’Inde britannique. Au total, 171 lots (dont de très nombreux lots multiples) qui ne comptaient pas de grandes raretés, mais constituaient un panorama assez exhaustif du monnayage indien.

    L’Inde française n’était représentée que par un seul lot de treize monnaies.

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Monnaies romaines retrouvées à Okinawa

Château de Katsuren

    Au cours de fouilles effectuées sur le site du château de Katsuren, dans l’île d’Okinawa (municipalité d’Uruma, Japon), deux monnaies romaines ont été découvertes. Ce domaine fut une résidence féodale du XIIe au XVIIIe siècle : il avait connu sa plus grande prospérité aux XIV-XVes siècles, grâce à son commerce avec le Japon, la Chine et la Corée.

Fouilles en cours

    Au total, quatre pièces romaines ont été découvertes, dont une seulement a pu être identifiée. Il s’agit d’une monnaie datant de l’empereur Constantin Ier (272-337). Elles étaient mêlées à une dizaine d’autres dont certaines sont des monnaies ottomanes du XVIIe siècle.

    L’hypothèse retenue est que ces monnaies arrivèrent à Okinawa par l’intermédiaire du commerce avec les Etats voisins, peut-être effectué par des marchands musulmans : les pièces romaines se seraient trouvées incluses dans des paiements du XVIIe ou du XVIIIe siècle. Il s’agirait donc d’introduction d’époque moderne.        (Nouvelle communiquée par Olivier Robin)

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Rencontres de Numismatique Asiatique 2016

Comme il a été annoncé précédemment, cette année, les « Rencontres de Numismatique Asiatique » qu’organise régulièrement notre Société, porteront sur le thème suivant :

« Le Commerce maritime aux Indes orientales et en Extrême-Orient aux XVIIe-XIXe siècles : aspects monétaires et numismatiques »

Elles auront lieu dans le cadre prestigieux de l’ancien Hôtel des Affaires étrangères et de la Marine de Versailles (78),

le samedi 26 novembre 2016.

    Grâce au sponsorat de Spink, que nous remercions, cette année, nos « Rencontres » prendront une tournure plus internationale. En effet, il nous a été possible d’inviter, outre les spécialistes français, quelques personnalités étrangères de premier plan dans leur domaine numismatique respectif, à savoir, dans l’ordre alphabétique, Jan Lingen (Pays-Bas), spécialiste des monnayages indiens et sud-est asiatiques, Paul Stevens (Angleterre), spécialiste du monnayage de la Compagnie anglaise des Indes orientales, Tjong Ding Yih (Pays-Bas) qui étudie

surtout les anciens monnayages de type chinois en Insulinde, et Helen Wang (Angleterre), bien connue pour ses travaux sur les monnayages d’Extrême-Orient.

    On trouvera, ci-dessous, le programme complet de ces « Rencontres ».

    Rappelons que tout un chacun peut y assister, gratuitement, à la seule condition de s’y inscrire préalablement, le nombre des places étant limité. D’où la nécessité, pour les membres de la Société qui voudraient y participer, de nous retourner le plus tôt possible, à l’adresse de la Société, une demande d'inscription avec le ou les noms des participants (ou par mél à : numis.asia@orange.fr).

Nous nous réjouissons de vous retrouver nombreux le 26 novembre..

François Joyaux

Président de la SNA

PROGRAMME

Présidence des Rencontres : M. Amandry, directeur honoraire du Département des Monnaies et Médailles de la Bibliothèque nationale de France, Président de la Société Française de Numismatique

Matin

Présentation de l’Hôtel des Affaires étrangères et de la Marine, par Ch. Thomet, conservateur en chef, chargé des collections patrimoniales

Présentation du sponsorat de Spink, par M. Eymery, Numismatics Consignement Director

Interventions :

Echanges monétaires entre l’Europe et l’Asie orientale aux XVIIe et XVIIIe s. », par Ph. Haudrère, professeur des Universités, auteur de Les Compagnies des Indes orientales (Paris, 2006)

The English Coinage of the Bombay Presidency », by P. Stevens, author of The Coinage of the Hon. East India Company (London, 2012)

Quelques monnaies remarquables dans les séries des Indes françaises », par D. Cariou, président de la Société Bretonne de Numismatique et d’Histoire

Arkat rupees with a Latin D : Danish or French ? », by J. Lingen, author of Marwar, Jodhpur State : history and coinage of the former Indian princely state of Jodhpur (2012)

Après-midi

Les monnaies en vigueur dans les possessions portugaises d’Asie à partir du XVIe s. », par Ch. Charlet, ancien président de la Société d’Etudes Numismatiques et Archéologiques

Les monnaies du Cambodge d'après les sources européennes, du XVIe au XVIIIe s. », par A. Escabasse, secrétaire général de la Société de Numismatique Asiatique

Chinese influence in the Former Dutch East Indies as evidenced by the circulation of cash coins and other Chinese style pieces », by Tjong Ding Yih, specialist of the ancient coinage of Indonesia

Le désordre dans la circulation monétaire en Chine sous Qian Long. Le témoignage de l’ambassadeur vietnamien, 1761-62 », par F. Thierry, conservateur général honoraire des Monnaies d’Asie orientale au Département des Monnaies et Médailles de la Bibliothèque nationale de France

Le Dai Viet : problèmes monétaires et commerce international (XVIIe-XVIIIe s.) », par F. Mantienne, auteur de Les relations politiques et commerciales entre la France et la péninsule indochinoise aux XVIIe et XVIIIe s. (Paris, 2003)

1871 : A new currency for Japan and the world », by H. Wang, curator, East Asian Money, Department of Coins and Medals, The British Museum

Les caxas chinois de Quanzhou pour le commerce au sultanat de Banten et îles voisines, aux XVIe-XVIIe s. », par F. Joyaux, professeur des Universités (e.r.)

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Monnaies du Nord-Est de l’Inde : la Collection Nicholas Rhodes en vente

   La collection de monnaies du Nord-Est de l’Inde (Tibet, Népal, Bhoutan, anciens royaumes d’Assam, Tripoura, Manipour, etc.) de Nicholas Rhodes est probablement la plus importante qui ait jamais existé concernant cette région. Une première partie avait déjà fait l’objet de deux ventes en 2013 (Numismatique Asiatique, n° 8, décembre 2013, p. 58-59).

    Ancien secrétaire général de l’Oriental Numismatic Society, N. Rhodes (1946-2011) était spécialiste des monnayages de toute cette région, mais surtout du Népal et du Tibet. Le catalogue de vente de ses monnaies des Etats du Nord de l’Inde avait été co-rédigé par Stan Goron, auteur de l’ouvrage classique The Coins of the Indian Sultanates (2001) et membre du Comité de Patronage de Numismatique Asiatique.

    La vente, par Spink, de la deuxième partie de cette collection se poursuivra le 27 septembre 2016, à Londres. Elle concernera principalement les monnaies des anciens Etats de Tripoura, Assam et Manipour. Parmi les grandes raretés, on notera en particulier cette roupie octogonale d’Assam (Fig. ci-dessus), de 1648, portant au droit et au revers les deux caractères chinois Zang Bao 藏 寶, c’est-à-dire « Monnaie du Tibet ».

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Fausses monnaies vietnamiennes de 20 xu 1945

   Il est apparu sur le marché des monnaies de 20 xu 1945 en parfait état de conservation. Après examen par Jean Lecompte et l’auteur, il a été conclu que ces monnaies étaient des faux.

    Deux vendeurs localisés au Vietnam ont proposé ces pièces sur le site d’enchères eBay.

Plusieurs exemplaires étaient disponibles, à un prix modique, étant donné la rareté de ces monnaies en parfait état.

Photos du premier vendeur

Photos du second vendeur

    Ces monnaies sont généralement assez mal frappées et très rares dans un état de conservation « non circulé ». Ci-dessous, la photo d’un exemplaire authentique pour comparaison avec les exemplaires précédents.

    Ces faux ont un listel très anguleux avec une tranche saillante. A l’avers, les lettres sont très régulières et parfaitement disposées, alors qu’elles ne sont normalement pas alignées ni même parallèles les unes par rapport aux autres. L’intervalle entre les mots est court. Au revers, les motifs géométriques sont constitués d’un trait plus large et sont disposés différemment. Le chiffre 20 est également différent.

Exemplaire authentique certifié

    Un deuxième type de faux est apparu en janvier 2016. Des stries circulaires sont visibles dans le champ. L’étoile est plate et ses facettes sont incomplètes. Un espace est visible entre l’étoile et son contour. Les caractères de la légende sont identiques au faux précédent.

    Ces faux modernes ont fait leur première apparition en novembre 2015 et début 2016 ; nous les signalons avant qu’ils se répandent sur le marché.

Laurent Bonneau

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Quatre monnaies Wa Do kaichin découvertes dans le temple Yakushiji

Pagode orientale du temple Yakushiji

    A l’occasion de la restauration de la pagode orientale du temple Yakushiji de Nara, quatre monnaies Wa Do kaichin ont été découvertes, en août 2015, dans ses fondations. Ces monnaies datent du VIIIe siècle. Elles ont un intérêt historique considérable puisqu’elles figurent parmi les premières monnaies émises au Japon. La pagode, quant à elle, date de l’an 730.

Emplacement de la découverte, au pied du pilier central de la pagode

L’emplacement de la découverte porte à croire que ces monnaies y furent déposées lors de la création de la pagode, à des fins de purification de l’endroit. C’était la première fois qu’on découvrait de telles monnaies dans un contexte archéologique de ce type.

Les quatre monnaies découvertes

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Découverte de monnaies chinoises de la dynastie Xin dans une tombe coréenne

Huo quan découverts à Gwangju

    Une cinquantaine de monnaies de la dynastie chinoise Xin (7-23 ap. J.C.) ont été découvertes dans une tombe de Gwangju, au sud-ouest de la Corée du Sud. Il s’agit de monnaies dites Huo quan 貨泉,« Monnaies de valeur », émises en 14 de notre ère.

    Cette découverte confirme l’utilisation des monnaies chinoises lors des rites funéraires en Corée, utilisation déjà bien documentée. En revanche, la question de leur utilisation proprement monétaire demeure entière.

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Une exceptionnelle monnaie cambodgienne

   Le 16 août dernier, lors d’une vente organisée à Hong Kong, par la maison Stacks Bowers, une exceptionnelle monnaie cambodgienne était proposée aux enchères sous le n° de lot 60013. Il s'agit d’un prestigieux exemplaire de la pièce en argent de 4 Ticals (61,22 g., 55 mm.), du premier type, dit d’Ingram, frappée à partir de 1853 sous le règne d’ Ang Duong, dans la capitale, à Oudong, à l’aide du matériel monétaire (presse et coins) qui avait été acheté par l’intermédiaire de la société J. Almeida and Sons de Singapour, à J. Ingram & Co de Birmingham.

    Décrite comme extrêmement rare, cette monnaie, qui, d’après des témoignages, a circulé, ne nous est connue que par deux exemplaires seulement. L’autre monnaie de 4 ticals en argent, photographiée sous la référence KM#38 dans le Standard Catalog of World Coins 1801-1900 (7th edition, 2012), serait d’après Stack Bowers, «de qualité inférieure et inexactement regravée». En effet, elle résulte de coins différents qui ne correspondent à aucun essai en étain répertorié. Elle présente de nombreuses différences de gravure, dont certains détails, inédits sur le monnayage d’Ang Duong, pourraient indiquer qu’il s’agit d’un faux.

    La monnaie mise en vente par Stack Bowers provient de la collection Jérôme Vandendriessche. Il s’agit de l’exemplaire qui avait appartenu auparavant à André Salles, ancien inspecteur des colonies. Ainsi, cette pièce fut cataloguée sous le n°105, lors de l’une des plus importantes ventes de monnaies et médailles des colonies françaises, à l’occasion de la succession André Salles, à Paris Drouot, le 2 juillet 1929. Un examen de la photographie (voir ci-dessous) publiée dans le catalogue de l’époque, permet de l’identifier sans conteste. De plus, son décor est conforme à celui de plusieurs essais en étain qui nous sont connus, dont celui inclus dans un précieux coffret, daté de 1852, vendu le 25 avril 2012 par la maison Bonhams (lot 510).

    André Salles, connu également en tant qu’auteur d’un important fonds photographique sur l’Indochine, avait constitué une exceptionnelle collection numismatique. Le catalogue de la vente de 1929 ne représente qu’une petite partie de l’ensemble des monnaies qu’il avait réunies.

On sait en particulier qu’il fit don, à plusieurs reprises, de nombreuses monnaies à divers musées. En ce qui concerne le Cambodge, il possédait aussi deux très rares ensembles d’essais des monnaies d’Ang Duong, comme l’indique un article paru en 1908 dans le Bulletin de l’Ecole Française d’Extrême-Orient (volume 8, p. 588) : « Musée. M. Salles, inspecteur des Colonies en retraite, nous a adressé trois essais en étain de monnaies cambodgiennes exécutées pour le roi Ang Duong, probablement par un atelier de frappe allemand. Les deux pièces les plus petites ont été mises en circulation en argent ; mais il ne semble pas qu’il y ait d’exemplaire en argent de la plus grande. M. Salles possède une autre série de trois pièces en étain, paraissant de frappe anglaise, qui s’intercalent, comme modules, dans la série précédente en partant d’une pièce encore plus grande, dont M. Salles a trouvé un exemplaire en argent ».

    L’exemplaire en argent cité, est très certainement celui vendu en 1929. 0n peut identifier les trois essais en étain associés à cette monnaie en argent, comme ceux du type Ingram, dont les monnaies sont en effet de plus grand module. Quant aux trois autres essais en étain, donnés par A. Salles au musée de l’E.F.E.O., ce sont ceux du deuxième type, dit d’Heaton (1856), dont nous ne connaissons toujours pas d’exemplaire en argent du module de 4 ticals, et dont les coins n’ont pas été frappés dans un atelier d’Allemagne, mais en Angleterre, comme le confirme la présence, aux archives du Birmingham Mint, d’empreintes sur papier réalisées à titre d’essai.

Alain Escabasse

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A propos de l’ordre du dragon (1863)

   Le 25 août dernier, dans une vente organisée à Hong-Kong par les Sociétés Baldwin et Ma Tak Wo, figurait un ensemble d’archives et décorations ayant appartenu au capitaine de frégate Jules Julhiet (1824-1898), qui servit en Chine, en Indochine et au Japon dans les années 1860 (Lot 292). Dans ce lot figurait notamment une médaille en or de l’ordre du Dragon, de 1863, 1ère classe, provenant de ses objets personnels. Cette décoration était déjà passée en vente, à Lyon, le 5 avril 2016.

                                                                                                           Jules Julhiet    Médaille de l’ordre du Dragon lui ayant appartenu

    L’histoire de l’ordre du Dragon est assez compliquée. Cette décoration, en forme de sapèque, fut créée par le gouvernement chinois pour récompenser les Français qui avaient participé à la défense de Shanghai lors de la révolte des Taiping. Elle existe en or et en argent.

Au droit, figurent deux dragons affrontés autour de la perle ; au revers la légende se lit Jiang Wu Gong Pai 獎武功牌, c’est-à-dire «Récompense militaire. Médaille d’honneur». Outre les originaux chinois, il existe plusieurs autres types qui sont des copies françaises d’époque, d’où les difficultés d’expertise. Nous profitons de cette vente pour publier le texte suivant, qui émane de la Société des Amis du Musée de la Légion d’Honneur (Bulletin n° 13, 2011) :

    «La première distinction exclusivement pour les soldats étrangers connue en Occident sous le nom de «ordre du Dragon» fut autorisée par le Régent, le très cultivé et sophistiqué Prince Kong, le 16 novembre 1862. C’était une médaille en or ou en argent percée au centre d’une ouverture carrée suspendue à un support proche de celui de la médaille de Crimée britannique. La médaille fut conférée pour la défense réussie de Shanghai durant l’insurrection des Taï-Pings. Seulement une quarantaine de médailles en or et une centaine en argent furent remises, principalement aux officiers et hommes de troupes français. Puisque la médaille fut conférée sans certificat, il s’est répandu l’opinion erronée que tous les Français ayant aidé les troupes impériales avaient droit à la médaille. La plupart des médailles existantes ont été fabriquées par des maisons parisiennes spécialisées en décorations».

    La médaille provenant des archives de J. Julhiet est présentée comme étant une copie française de type Lemaître. Elle fut portée par J. Julhiet, comme le prouve la photo ci-dessus (petite décoration la plus proche de son épaulette gauche).

F.J.

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Exposition « Intérieur coréen » au Musée Guimet

   Autour d’œuvres de la brodeuse coréenne In-Sook Son, le Musée Guimet a présenté jusqu’au 14 mars 2016, une exposition intitulée « Intérieur coréen ». A priori, l’art du textile n’a guère de rapport avec la numismatique. Et pourtant ? Les numismates, et surtout les lecteurs de Numismatique Asiatique, ne pourront pas éviter le rapprochement entre ce nœud norigae (1978-1987) et les châtelaines traditionnelles de Corée, telles qu’étudiées dans cette revue, n° 13, mars 2015, p. 16-24.

                                                  In-Sook Son, nœud norigae (1978-1987),                                                     Châtelaine coréenne, XIXe siècle

                                                                 agrémenté de monnaies                                                              Numismatique Asiatique, n° 13, mars 2015

    Le Musée Guimet annonçait cette exposition en ces termes : « Intérieur coréen, œuvres de In‐Sook Son, présente, du 18 septembre 2015 au 14 mars 2016, le travail de l’artiste contemporaine In‐Sook Son. Il s’inscrit dans une pratique de la Corée traditionnelle sur laquelle elle porte un regard résolument moderne. Art hors du commun et savoir‐faire d’exception, l’Œuvre de l’artiste est présenté (sic) pour la première fois hors de Corée. Il propose une lecture tant esthétique que sociale d’un art féminin dans la société coréenne et présente les genres emblématiques de l’art textile, les hanbok (costumes traditionnels), les costumes de cour, mais aussi les pojagi (tissus enveloppants), les paravents, etc. »

    On pourra regretter l’insistance mise sur cette présentation et la défaillance orthographique qui l’accompagne, mais aussi s’interroger sur le « regard résolument moderne » de l’artiste, au moins pour ce qui est de ce nœud norigae. « Art hors du commun » ? Probablement pour ce qui est du XXIe siècle, mais pas pour le XIXe, comme en témoigne la châtelaine reproduite ci-dessus, en regard du nœud norigae. La revue L’Objet d’Art enchérissait en ajoutant que la brodeuse s’est employée « à choisir des combinaisons de teintes inédites » (n° 520, février 2016, p. 24). Peut-être. Toutefois en comparant les deux images ci-avant, on a surtout le sentiment d’une parfaite continuité, sinon d’une copie pure et simple, y compris en ce qui concerne les teintes. Toute l’originalité de ce nœud norigae se résume finalement aux quelques fleurettes brodées sur les rubans ; c’est peu pour un « regard résolument moderne » et un « savoir-faire d’exception ». Mais peut-être qu’une « lecture sociale d’un art féminin dans la société » ...

    Ajoutons que cette exposition se déroulait dans le cadre plus général du 130e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Corée, célébré en 2015-2016.Désormais, on ne célèbre plus seulement les 100es, mais aussi les 130es anniversaires. C’est en effet par le traité d’amitié et de commerce du 4 juin 1886 que furent établies ces relations. Ce fut un certain Victor Collin de Plancy qui fut envoyé à Séoul en 1887, lors de la ratification de ce traité. Celui-là même qui constitua notre collection française de monnaies et amulettes coréennes ... totalement oubliées, comme nous l’avons regretté dans l’éditorial de ce numéro.

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Exposition « Trésors d’Asie » au Musée Joseph Puig

    Jusqu'au 31 mars 2016, le Musée des monnaies et médailles Joseph Puig, à Perpignan, présentait une exposition intitulée " Trésors d'Asie", détaillant en particulier le rôle de la monnaie dans chacun des pays d'Extrême-Orient.

    Parallèlement, le bulletin de l'Association Numismatique du Roussillon, La Pallofe, dans son n° 54 de 2015, publiait un article d'Alain Biern sur les médailles de Chine (Troisième partie, 1917-1928).

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Une monnaie japonaise exceptionnelle

   Le 3 décembre dernier, lors d‟une vente organisée au Palais Brongniart, à Paris, par la société de ventes Phidias, Mme F. Berthelot-Vinchon expert, une exceptionnelle monnaie japonaise était proposée aux enchères.

Il s'agit d‟un magnifique oban d'or (166 g), daté de 1725 et signé Gotu, surintendant de la monnaie. Ces grands oban d'or sont excessivement rares et cet exemplaire était en parfait état.

Qui plus est, il avait une provenance tout à fait remarquable : la collection du célèbre acteur et metteur en scène Sacha Guitry, dispersée il y a plus de cinquante ans par la maison Bourgey.

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Une médaille chinoise peu connue concernant la France

Spécimen en or (Cliché Baldwin-Ma tak Wo)

   Les maisons de vente Baldwin (Londres) et Ma Tak Wo (Hong-Kong) proposaient dans une vente aux enchères du 27 août 2015, à Hong-Kong, une médaille chinoise peu connue et, semble-t-il, assez rare, qui intéresse la France au premier chef. Cette médaille était ainsi présentée :

“413. Qing Dynasty : Foochow Arsenal Gold Medal, ND (c. 1874) (...). 51,8 mm, 90,07 g. As made and very rare. Ex-Singapore Coin Auction 10, Spink/Taisei, 20-21 February 1991, lot 271.

“Made by the Imperial Palace Construction Section and presented to members of the European team led by French Navy officer Prosper Marc Giquel and his colleague Paul d’Aiguebelle upon completion of the Foochow Arsenal in Mawei, Foochow, in 1874. The Arsenal was first proposed by Governor of Fukien and Chekiang Tso Tsung-Tang and supervised by Minister of Naval Affairs Shen Pao-Chen”.

    A l’avers, figurent deux dragons affrontés et une perle en haut. Le texte se lit, en haut, de droite à gauche, 大清 Da Qing, « Grand Qing », c’est-à-dire Dynastie Qing (1644-1911), et de haut en bas, 御賜金牌 yu ci jin pai, « médaille d’or impériale ». Au revers, entre deux rangées de nuages, le texte se lit, en haut, de droite à gauche, 福州 Fuzhou (Foochow), et de haut en bas, 船政成功 Chuanzheng chenggong, « Succès de l’administration maritime ».

    En fait, derrière ce « Succès de l’administration maritime », se cachent des évènements qui méritent d’être relatés.

    On a déjà évoqué, dans Numismatique Asiatique, les circonstances dans lesquelles la Monnaie de Paris, en 1866, avait frappé un essai de sapèque gravé par Albert Barre : « Au revers, on trouvait la transcription mandchoue des deux caractères chinois Bao Zhe, signifiant « monnaie du Zhe[jiang] ». En effet, cet essai s’inscrivait dans une politique plus large de modernisation technique et industrielle de la Chine, dont l’un des promoteurs était Zuo Zongtang (1812-1885), personnalité influente du Mouvement dit « Ziqiang », (« Se renforcer »), qui était alors gouverneur des deux provinces du Zhejiang et du Fujian.

L’essai d’Albert Barre (Monnaie de Paris)

C’est ce qui explique que cet essai ait été conçu pour une monnaie initialement prévue comme devant être frappée au Zhejiang. En effet, Zuo Zongtang avait présenté à la Cour de Pékin, en 1865, un projet de construction d’un arsenal moderne, auquel pourrait être annexé un atelier monétaire ; la décision sera finalement prise par le gouvernement chinois, en juillet 1866, de faire construire cet arsenal par la France, non au Zhejiang, mais à Fuzhou, capitale de la province voisine du Fujian ». Et nous avions montré, grâce aux archives de la famille Barre, comment toute cette affaire avait été menée par la Banque parisienne d’Emile Erlanger. En l’attente de la construction de cet atelier, c’était la Monnaie de Paris qui devait produire ces sapèques pour la Chine. En fait, cette partie du projet fut abandonnée, Pékin ayant considéré que le prix de revient français était trop élevé, comparé à celui de la fonte traditionnelle qui se pratiquait alors en Chine.

    En revanche, la construction de l’arsenal fut effectivement entreprise par la France, à Fuzhou, à partir de 1866-67. Ce fut, à l’époque, le plus grand arsenal d’Extrême-Orient et l’une des réalisations majeures de la France en Chine, avec le Chemin de fer du Yunnan.

L’arsenal de Fuzhou vers 1870

La direction de la construction fut confiée à deux officiers de marine français, Prosper Gicquel et Paul d’Aiguebelle. Ils recrutèrent une quarantaine d’ingénieurs et mécaniciens européens chargés des différents travaux. Ceux-ci étaient initialement prévus pour cinq ans, mais d’autres tranches s’ajoutèrent par la suite. Outre l’arsenal, fut également installée une Ecole navale et de génie maritime. C’est pendant ces travaux que fut lancé le premier navire chinois de Fuzhou, le « Wan Nian Qing » (« Dix mille ans aux Qing ! »).

    Ce chantier fut aussi à l’origine d’un groupe de Chinois ayant appris la langue française, dont l’influence ne sera pas négligeable par la suite. En quelque sorte, cette « Académie navale » fut une première « université » francophone en Chine. En sortiront des personnalités de premier plan, comme le célèbre réformateur Yen Fu (1853-1921), officier de marine, puis traducteur de Montesquieu, Wang Shou-chang, le traducteur de La Dame aux camélias (avec Lin Shu), Chen Ji-tong, l’ami de Prosper Gicquel, diplomate, premier écrivain chinois de langue française, et al.

L’Ecole navale francophone de Fuzhou

    Le rôle de Prosper Gicquel, une personnalité très marquée, fut primordial, non seulement dans ce projet, mais aussi, plus largement, dans les relations diplomatiques et militaires franco-chinoises de l’époque. Arrivé en Chine en 1857, il avait rapidement appris le chinois et avait été à l’origine, en 1863, d’une force militaire franco-chinoise contre les rebelles Taiping, commandée par l’enseigne de vaisseau Paul d’Aiguebelle. Il avait servi dans plusieurs négociations diplomatiques chinoises, mais sa principale oeuvre fut l’arsenal de Fuzhou.

Prosper Gicquel (1835-1886)

    Malheureusement, durant la guerre franco-chinoise de 1883-1885, ce sera la flotte française elle-même qui détruira cet arsenal, au grand désespoir de Gicquel.

Le bombardement de l’arsenal de Fuzhou par la marine française en août 1884

    C’est dire combien cette médaille de 1874, offerte par le gouvernement impérial chinois aux constructeurs de l’arsenal de Fuzhou, et tout spécialement à Prosper Gicquel et son adjoint Paul d’Aiguebelle, est chargée de souvenirs. Prosper Gicquel fut d’ailleurs célébré tout récemment, en 2014, puisque la France a officiellement offert une copie de son buste – l’original est à Rennes – à la municipalité de Fuzhou.

Spécimen en argent (Cliché Stack’s Bowers & Ponterio)

    Outre les spécimens en or, tel que celui offert à la vente, en août 2015, par Baldwin et Ma Tak Wo, il existe également de grands spécimens de cette médaille en argent ; l’un d’eux a été proposé aux enchères, à Hong Kong, par la société de ventes Stack’s Bowers & Ponterio, en août 2014 (lot 40493). Ces spécimens, au module de 87 mm (au lieu de 51,8 en or), pèsent 165 g (au lieu de 90 g en or). La légende de l’avers porte effectivement yin pai 銀牌, « médaille d’argent », au lieu de jin pai 金牌, « médaille d’or ». C’est le ministre des Affaires maritimes, Shen Pao-chen, qui avait demandé à la Cour de Pékin une récompense spéciale pour le bon accomplissement du chantier de l’arsenal de Fuzhou, d’où la légende du revers « Succès de l’administration maritime ». (F.J.)

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Écritures chinoises cachées, à Figeac

   Le Musée Champollion de Figeac (Lot), qui n’est pas seulement celui des hiéroglyphes égyptiens, mais plus largement celui des « Ecritures du monde », organise cet été, du 10 juillet au 1er novembre 2015, une exposition intitulée « Cacher, Coder. 4000 ans d’écritures secrètes ».

    Dans le cadre de cette exposition, un intéressant catalogue a été édité, qui comporte notamment une étude de F. Thierry, ancien conservateur général, chargé des Monnaies orientales au département des Monnaies et Médailles de la Bibliothèque Nationale de France et membre du Comité de patronage de Numismatique Asiatique. Cet article porte sur « Les écritures cachées dans la Chine ancienne » (p. 30-37).

    De notre côté, nous avons prêté pour cette exposition, une amulette vietnamienne du XVIIIe siècle et deux amulettes chinoises du XIXe siècle. On en trouvera ci-après les descriptions, occasion de revenir sur les légendes quelque peu ésotériques de ces amulettes, parfois assez délicates à interpréter :

Amulette vietnamienne XVIIIe siècle - Collection F. Joyaux, inv. 3185

Au Vietnam, et surtout dans le nord, le bouddhisme, dit du Grand Véhicule (Mahayana), de langue sanscrite, a été reçu, non pas directement de l’Inde, mais via la Chine. Comme il était important de bien préserver la prononciation des textes sacrés et que les caractères chinois se prêtent mal à la retranscription du sanscrit, nombre de textes bouddhistes y ont été conservés en alphabet originel, dit siddham, ancien alphabet utilisé jusqu’au IXe siècle pour écrire le sanscrit. C’est ainsi qu’au Vietnam fut introduit cet alphabet siddham pour les textes bouddhistes anciens.

Sur cette amulette, il semble qu’on puisse lire, à l’avers, Om hri tram hum, une invocation au Bouddha, et au revers, Hum phat svaha, autre invocation bouddhiste. Ces invocations sont écrites en caractères chinois transformés en pseudo-siddham. Par exemple, Om (caractère du haut) est transcrit par le caractère chinois 唵 An écrit en pseudo-siddham, hum (caractère de gauche) est transcrit par le caractère chinois 吽hong, lui aussi en pseudo-siddham, etc. Bien évidemment, les fidèles étaient incapables de lire ces caractères, ni d’en comprendre le sens.

Amulettes chinoises Dynastie Qing. XIXe siècle - Collection F. Joyaux, inv. 6266 et 6855

Ces deux amulettes comportent un texte écrit en « graphie régulière » (kai shu 楷書). Il s’agit d’une invocation adressée à Leiting, dieu du tonnerre, pour qu’il « tue les démons, maîtrise les revenants, décapite les spectres, chasse les mauvaises influences », etc. A droite et à gauche, figurent aussi des caractères de plus grande taille, qui occupent toute la colonne. Ce sont des fu 符 taoïstes. Le mot fu signifie « amulette », ou « heureux présage ». Ici, il désigne des caractères dus à un maître de la religion taoïste. Ces caractères, tracés de façon ésotérique selon des formules secrètes propres à chaque maître, sont incompréhensibles pour le commun des mortels. Ils sont réputés chasser les démons et autres nuisances. Sur ces deux amulettes, ces caractères sont shan gui 山鬼 à droite, Lei ling 雷令à gauche, ce qui signifie « Ordre de Lei[ting] aux démons de la montagne ». Il existe plusieurs catégories de caractères taoïstes fu, dont une est dite « fu des Huit trigrammes ». C’est pourquoi on trouve au revers de ces deux amulettes ces huit trigrammes (bagua 八卦), figures symboliques supposées avoir, elles aussi, de grands pouvoirs protecteurs.

    Par ailleurs, M. Cousso, propriétaire de la Collection indochinoise du médecin militaire Albert Sallet, a prêté pour cette exposition quatre « images » de « magie conjuratoire » vietnamienne. Ce sont des documents fort intéressants, qui sont à rapprocher des légendes et graphies qu’on retrouve sur certaines amulettes :

« Images » de « magie conjuratoire » vietnamienne - Annam. Vers 1920

Fonds Albert Sallet. Collection Cousso. Nouvelle Association des Amis du Vieux Hué

Le Docteur Albert Sallet (1877-1948), médecin militaire, fut affecté en Annam en 1903 ; il y fit une grande partie de sa carrière. Passionné par l’étude de la médecine et de la pharmacopée traditionnelles du pays, il fit exécuter par des « sorciers » taoïstes locaux, notamment celui qu’il nomme le « sorcier de Tourane », des « images de « magie conjuratoire », capables, selon eux, de repousser les démons et autres esprits malfaisants. (F.J.)

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Vente de monnaies chinoises

    Le 2 février 2015 a eu lieu à Coutances la vente aux enchères d’une importante collection de monnaies chinoises. Il s’agissait de monnaies amassées par un certain Charles Tanant qui fut commissaire des douanes en Chine de 1880 à 1910. Un des intérêts de cet ensemble de monnaies est qu’il n’avait pas été touché depuis 1910.

    La collection comprenait plusieurs milliers de monnaies, les unes classées, la majorité en vrac, couvrant la quasi-totalité de l’histoire monétaire de la Chine, avec une prépondérance, comme toujours, des périodes Song et Qing. Les monnaies d’argent de la fin du XIXe et du tout début du XXe s. étaient nombreuses. La qualité de l’ensemble était très variable. On notera en particulier que la totalité des monnaies-bêches étaient des faux pour collectionneurs ; dans les collections constituées par des Occidentaux en Chine au XIXe siècle et début du XXe, c’est souvent parmi les monnaies les plus anciennes, notamment celles des Royaumes combattants, que se trouve le plus de faux.

    Les trois quarts de la collection ont été achetés par téléphone, par un enchérisseur qui n’avait d’ailleurs pas vu les monnaies. De ce fait, les intermédiaires français et chinois se trouvant en salle n’eurent guère l’occasion d’acquérir. Les prix atteints furent toujours très élevés, voire insensés, sans grand rapport avec la rareté ou la qualité des lots. C’est malheureusement là le type de vente qui se multiplie et qui éloigne du marché les véritables numismates.

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Réunion de l'ONS au British Museum

    Une réunion de l’Oriental Numismatic Society a eu lieu à Londres, au British Museum, le 21 février 2015. Y ont été présentées des communications portant sur l’inventaire en cours des 15.000 monnaies d’Asie orientale de l’Ashmolean Museum, ainsi que sur les jetons des ateliers monétaires d’Inde et du Pakistan.

    De son côté, votre président y a présenté une courte communication concernant de curieux essais monétaires annamites de René Mercier, probablement réalisés vers 1932-1933.

    On trouvera le compte-rendu détaillé de cette réunion dans le Journal of the Oriental Numismatic Society, n° 222 (Hiver 2015), p. 1.

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Une conférence sur la monnaie chinoise au Japon (XIe-XVIe s.)

    Le 13 mars dernier, M. Frédéric Burguière a présenté à la Société Asiatique une très intéressante communication intitulée : « Pourquoi les Japonais ont-ils utilisé, de façon exclusive, des pièces de cuivre chinoises comme monnaie de paiement de leurs transactions courantes, entre les XIe et XVIe siècles ? ».

    M. Frédéric Burguière est ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan ; il a passé de nombreuses années au Japon, dans le secteur financier, avant de créer sa propre société de conseil. Il est en outre chargé d’un enseignement sur les questions financières en Asie à l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon. Il a publié en 2014 un ouvrage intitulé Institutions et pratiques financières au Japon, de 1600 à nos jours.

    La conférence du 13 mars était ainsi présentée : « Entre le début du XIe siècle et la fin du XVIe siècle, les Japonais ont utilisé, pour toute monnaie de paiement de leurs transactions courantes, des pièces de cuivre chinoises. Ce comportement, de la part d’un Etat organisé, et ayant à cette époque, une maîtrise éprouvée des techniques du monnayage (le Japon a procédé à de nombreuses frappes de monnaies du VIIIe siècle au Xe siècle) semble un cas très rare, si ce n’est unique. Nous essaierons de comprendre quels sont les facteurs pouvant justifier une situation qui n’a jamais fait l’objet d’une explication officielle. Il conviendra pour cela, d’une part, d’envisager les éléments techniques et politiques qui ont pu s’imposer, et d’autre part, de bien comprendre quel pouvait être le statut de la monnaie dans la culture économique des pays asiatiques de cette époque ».

    Les réponses apportées à cette question par l’auteur, qui sont plus celles d’un économiste que d’un numismate, mais qui furent fort clairement présentées et le plus souvent bien étayées, feront l’objet d’un article dans une prochaine livraison du Journal Asiatique.

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Renouvellement du Bureau de la Société Française de Numismatique

    Dans sa séance du 7 mars dernier, la Société Française de Numismatique a renouvelé son Bureau. Deux membres du Comité de Patronage de la revue Numismatique Asiatique y ont été élus, Michel Amandry, directeur honoraire du Département des Monnaies et Médailles de la Bibliothèque Nationale de France, lequel a, en outre, été élu président de la Société, et Christian Charlet, ancien président de la Société d’Etudes Numismatiques et Archéologiques. Notre Société s’en réjouit et félicite vivement les deux élus.

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