Saint-Austremoine à Issoire

L'église abbatiale Saint-Austremoine d'Issoire est sous le vocable du saint évangélisateur de l’Auvergne. Du VIe au XIe siècle l’abbaye connaît de nombreuses transformations, mais les textes sont rares, une église est édifiée en 940. Les chercheurs considèrent que l’église actuelle remonterait aux années 1130, mais ceci est une déduction sans référence historique.

La grande abbatiale est restaurée à la fin du Moyen Âge, probablement à la suite de dégâts provoqués par un tremblement de terre. En 1575, Issoire est ravagée au cours des guerres de Religion, l’église est incendiée, et les dommages sont considérables. Des bâtiments monastiques (en particulier le cloître) sont détruits par les travaux du début du XVIIIe siècle, et à la Révolution, l’église est pillée.

De 1835 à 1860 les architectes Aymond-Gilbert Mallay (de Clermont-Ferrand) et Auguste Bravard (d’Issoire) la sauvent de la ruine par d'importants travaux (clochers façade occidentale nef etc.). En 1859, Anatole Dauvergne et Antonius Mayoly repeignent toute l’église et recouvrent probablement de stucs les chapiteaux. Ce décor suscite de nombreux débats, mais il s'inspire de vestiges de peinture romane retrouvés dans l'église.

L’église suit le plan traditionnel des églises basilicales en croix avec un chevet à chapelles rayonnantes. Elle est de grande dimensions, 67 m de long sur 32 m de large (au transept). Le clocher a été reconstruit ainsi que la façade ouest et ses deux tours. Le chevet présente une gradation pyramidale avec les sept chapelles rayonnantes, les murs du déambulatoire surmonté par celui de l’abside. Les croisillons et la partie centrale du transept (le massif barlong) ferment la composition dominée par le clocher.

À l’ouest, un porche précédait le bâtiment ; deux tours encadrent la façade occidentale, un vestibule à tribune ouvre sur une nef formée d’un haut vaisseau encadré de deux bas-côtés. La voûte du haut vaisseau est légèrement brisée elle est contrebutée par des voûtes en arc de cercle couvrant les tribunes situées sur les bas-côtés. Sept travées sont délimitées par de puissants piliers. Le transept possède deux chapelles sur les croisillons sud et nord, en son centre, la croisée de chœur est couverte par une coupole qui culmine à 23 m. La travée de chœur ouvre sur un rond-point de huit colonnes entourées par le déambulatoire desservant cinq chapelles. Une grande crypte se situe sous le chevet et en suit exactement le plan.

La couleur est omniprésente à Saint Austremoine, par le jeu des roches employées (arkoses, laves et tufs), les tuiles, et les peintures. La sculpture est remarquable, les bas-reliefs des treize signes du zodiaque courent sur le chevet (avec un griffon saisissant un animal. D’autres bas reliefs sont placés sur le mur du croisillon nord (Sacrifice d’Abraham, visite des anges à Abraham et la Multiplication des pains), malgré leur état de dégradation, on peut constater qu'ils sont d’une grande qualité plastique. Les chapiteaux situés à l’intérieur de l’église d’Issoire ont été réparés et modifiés depuis les guerres de religion : mastiqués, stuqués, cimentés et repeints ils constituent toutefois un des ensembles les plus impressionnants d’Auvergne. Ceux du rond-point résument en quatre scènes la vie et le retour du Christ : la Scène, La Passion, la Résurrection et l’Apparition de Jésus. On trouve des éléments stylistiques mozarabes ou arabo-andalous, comme les chapiteaux à copeaux, les arcs trilobés et la polychromie, issus de la lointaine influence de la mosquée de Cordoue. Les motifs des chapiteaux s’inspirent aussi de l’Antiquité tels les griffons, les centaures, les aigles impériaux et surtout les chapiteaux à végétaux corinthiens qui font l’objet de nombreuses variations. Les porteurs de moutons les damnés, les hommes pris dans des végétaux ou avec des singes sont des thèmes fréquents dans la sculpture romane en Auvergne. L’Annonciation faite à Marie constitue, avec un homme nu ailé chevauchant un mouton, des œuvres particulières.



"je citerai une composition qui couvre toute une corbeille et qui représente les Maries au tombeau avec l'Ange devant les sentinelles endormies La gracieuse naïveté des figures le bon ajustement et l élégance des draperies surprendront les personnes mêmes qui ont vu les meilleures sculptures du moyen âge. Une des saintes femmes surtout m'a frappé par la noble simplicité de sa pose et par la noblesse de sa longue draperie qui rappellent vraiment la statuaire antique"

Prosper Mérimée, Voyage en Auvergne, 1838.

Saint Austremoine : emplacement des chapiteaux figurés

Chevet à chapelles rayonnantes, le décor est composé de roches de couleurs, des bas reliefs des signes du zodiaque, des colonnes et des chapiteaux, des frises de denticules et de modillons à copeaux.

Projet de décors d'Issoire par Anatole Dauvergne en 1857 (Archives nationales)

Déambulatoire et chapiteaux végétaux inspirés du corinthien.

Détail du décor peint et chapiteau aux griffons dans le déambulatoire.

Triple arcature des tribunes à arcs trilobés.

Le chœur et le rond-point, au-dessus peint sur la voute en cul de four, le Christ du Jugement Dernier

La Scène

La Passion du Christ, détail

La Scène, détail

Les Saintes Femmes au tombeau du Christ avec l'ange de la Résurrection

L'apparition du Christ aux apôtres, détail

Griffons buvant dans le calice.

Deux damnés (des luxurieux) emmenés en enfer.

Centaures

Porteurs de moutons

Hommes dans des végétaux

Centaure tenant des épées et des lapins.

Homme tenant en laisse deux singes.