Baptistin et Kevin

Conte d'aujourd'hui et d'hier

Baptistin

Baptistin était un fonctionnaire préposé à la distribution des objets postaux de son état (un facteur comme nous disions autrefois).

Ce brave Baptistin était content de son sort, il habité une maison haut perchée dans le village ou avait vu le jour ses ancêtres.

Il se levait à 5 heures, déjeunait et partait pour accomplir sa mission. En route, il était arrêté par les senteurs du pain d’épices et des miches encore chaudes devant la boulangerie du père Paul.

Arrivé au bureau de poste, il effectuait le tri général avec Robert et Michel afin de partager la masse d’épanchement épistolaire vers leurs concitoyens attitrés et chéris.

Tel un évangéliste il était fier de porter la bonne nouvelle. Ce matin la lettre parfumée de Mlle Fabre, il l’avait porté en premier. Noël dernier, il avait eu honte de jeter à la poubelle la lettre au père Noël de Nicolas.

Sa tournée car c’était sa tournée, tel un galet poli par le sac et ressac il l’avait peaufiné année après année. Chaque caillou, chaque pavé, chaque arbre il les connaissait, les avaient usés pour les uns et y avait trouvé refuge pour les autres. Un peu poète il aimait à répéter à ces amis : « Les cailloux, les ruisseaux, les arbres, ils me parlent, me guident, me préviennent ».

Le jeudi, jour de marché, il donnait la moitié de ces lettres à Justin le boucher ambulant qui passait dans les mêmes fermes que Baptistin.

Pendant ce temps il allait entretenir le potager de la mère Sanchez qui avait perdu son mari et son fils dans un accident de voiture.

On pouvait souvent le rencontrer vers trois heures au café des Sport à discuter des nouvelles fraîches issues du journal « Var Matin » qu’il venait de distribuer au cafetier.

Baptistin avait le temps, il finissait vers 15 heures non sans avoir exprimé pour la énième fois son désaccord profond avec Antoine sur la valeur de l’équipe de Rugby de Draguignan.

Kevin

Kevin venait d’être engagé par le responsable des ressources humaines de l’agence locale d’UPX. C’était son troisième CDD après avoir livré des pizzas, puis fait office d’intérimaire pour les postes, il devenait coursier chez UPX.

Ce matin il consultait sur le moniteur de bord de son véhicule qui lui affichait le parcours le plus optimisé et pour distribuer les colis qu’il allait récupérer au dépôt.

Kevin était inquiet, il était en retard sur ses objectifs et savais qu’en cette fin d’année il allait tirer la langue. Les dépenses pour les fêtes, les cadeaux, le crédit revolving de sa compagne du moment, le crédit de la voiture envahirent sa pensée.

Il était content de nouvelle fonction de géo-localisation de son ordinateur de bord cela lui permettrai pour un temps (avant que la charge ne soit réévaluée) de remplir ses objectifs quotidiens avec de la marge.

L’ordinateur de bord lui avait rappelé qu’il était en retard sur son planning et que pour la qualité de service de classe A25 liés aux objets de priorité B13 qui stipule que la remise au destinataire ne devait pas dépasser douze heures sous peine de pénalités.

L’homme lui dit toute l’importance du colis qu’il avait envoyé et que ce retard était inadmissible et lui rappeler la nécessité de garder à l’esprit que tout mécanisme est un ensemble de rouages et que si l’un des rouages est défaillant le mécanisme tout entier est défaillant. L’homme insista en lui disant que la prochaine fois il ferait appel à UPX car c’était la deuxième fois qu’il ne recevait pas sur son téléphone mobile la notification de remise de ses envois précédant.

Pierre n’avait pas le temps il lui répondit que il avait remplit au mieux sa tâche et que si monsieur souhaiter faire une réclamation, il pouvait le faire auprès du service de la relation client chez UPX.

Vers 19 heures il rentrait chez lui en espérant voir sa fille avant que sa compagne ne la couche.