PSYCHANALYSE ACTUELLE
Actuel de la psychanalyse
Association membre de l'Inter-associatif européen de psychanalyse et de Convergencia Mouvement lacanien de psychanalyse freudienne
"Le présent est un instant qui a de la chance"
PSYCHANALYSE ACTUELLE
Actuel de la psychanalyse
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"Le présent est un instant qui a de la chance"
Psychanalyse Actuelle vous présente:
Les enfants perdus de la République
Editions Fayard, Collection Documents. 13/11/2025
Préface de Daniel Sibony
Sonya Zadig donne ici la parole, et c’est déjà un acte éthique, à des personnes qui souffrent de n’avoir trouvé aucune écoute possible dans leur espace identitaire, celui de l’islam où elles sont nées et ont grandi. Leur souffrance est telle qu’elles ont décidé d’en sortir, de rejeter explicitement leur islam d’origine. Chacun a son histoire, il y a les femmes et les hommes, et ce n’est vraiment pas la même chose : les femmes ont souffert dans leur corps la violence communautaire, relayée dans chaque famille par la mère, comme si elle tenait à ce que les filles paient comme elle, par la même souffrance, leur appartenance à l’islam. Les hommes qui quittent l’islam n’ont pas cette motivation corporelle, cette souffrance viscérale ; leur motif est plutôt mental : à un moment, ils ont le sentiment d’une aberration, notamment dans le rapport à l’autre que leur dicte cette religion où l’autre (juif, chrétien ou athée) est objet de mépris, de vindicte, ou la cible d’un combat à venir, déjà entamé par les djihadistes. (cliquez pour lire la suite)
Mais quelques traits communs à tous sont éloquents. D’abord le sentiment que, dans l’islam, ils n’ont pas à penser, à objecter, à réfléchir : quand tu penses, tu quittes l’islam, dit l’un d’eux. Confirmé par un grand théologien : « Pas de recours à la réflexion tant que le texte est là. » Or en un sens le texte est toujours là. Bien sûr, les gens pensent et réfléchissent, mais il y a une différence radicale entre penser dedans et penser en prenant des appuis dehors, donc chez l’autre, et c’est exclu puisque l’autre est banni dès le départ à cause de son altérité. Il faut croire que l’être humain a besoin, un jour ou l’autre, de penser, non pas à l’intérieur de l’enclos où il se trouve mais du dehors, ou mieux encore dans un mouvement qui confronte le dehors et le dedans pour dégager une tierce voie qui soit la sienne. Ce qui implique aussi d’interpréter ce que l’on pense.
Dans ce désir de penser leur situation, toutes ces personnes ont le même geste émouvant : ouvrir le Coran et le lire. Jusque-là, elles baignaient dans l’implicite de son discours, dans l’évidence indiscutée de son emprise, et voici qu’en le lisant elles découvrent que l’autre est haïssable. Le résultat ne manque pas d’intérêt : c’est en lisant le texte fondateur de la Oumma qu’on peut tenter de se libérer de l’emprise qu’elle exerce. Pourtant, le discours qui y règne est totalement porté par des versets coraniques, mais il semble que, lorsqu’on est dedans, on les entend et on les lit sans les comprendre. J’avais déjà noté dans mes Trois monothéismes (1992) que la jouissance de l’incantation empêchait de penser le contenu, que la beauté de la forme – et celle des versets coraniques est évidente – inhibait l’examen du fond, que le rituel n’est pas fait pour comprendre mais pour fusionner avec le texte, et par là-même avec ceux qui le lisent, et avec la Oumma. On pourrait presque en tirer un conseil pour les fidèles qui s’interrogent : lisez le Texte fondateur dans une langue étrangère, cela éveillera votre esprit critique, puis, revenez au texte arabe si possible, et, si ce que vous cherchez c’est à vivre et à penser librement, cela vous aidera. Car il est clair que toutes ces personnes qui parlent ici aspirent à la liberté, celle de vivre et de penser en tant que sujets, et non comme éléments d’un vaste groupe qui ressasse la même chose avec la peur d’être pointé comme déviant.
Mais pourquoi ces aspirants à vivre libres se nomment-ils apostats ? Se définir ainsi en négatif par rapport à ce que l’on quitte, c’est peut-être indiquer que ladite libération est loin d’être accomplie. Vouloir se nommer soi-même traître à son origine, c’est garder envers elle une dette résiduelle. Et c’est sans doute rassurant face au vide que ressentent toutes ces personnes, le vide que laisse, l’origine une fois rejetée, la trace ineffaçable qui rappelle qu’on y est né, même si on refuse de rester son enfant, et qu’on décide de se nommer par ce refus ; au risque de se poser comme victime potentielle des tenants de cette origine, qui ont par définition la haine de l’apostat (du kafir).
Bien sûr, quand on a été victime d’une profonde aliénation, ou de ce que l’on ressent comme tel, on aimerait pouvoir rejeter non seulement cette aliénation, mais l’identité de victime, consciente ou non, que l’on avait en y étant. Y arriver implique tout un travail, et parfois c’est un don. On aimerait appeler ces apostats les sortants, ou bien les affranchis, ou mieux les libérés, même si (et parce que) leur libération est en cours, inachevée ; et quelle libération peut prétendre à l’achèvement ?
Décider de lire le Coran1 a été pour ces rebelles un acte révolutionnaire qui leur ouvrait le Livre comme un texte à comprendre et non à célébrer, exalter, ânonner, déclamer. Cela change tout, d’accéder du dehors au texte fondateur de sa propre origine ; faire cela c’est déjà être un peu dehors, c’est avoir la confirmation par le texte lui-même que vous, étant ce que vous êtes (c’est-à-dire avide de respect pour vous-même, pour l’être humain et pour l’autre, même s’il n’est pas de votre obédience), vous pouvez aller voir ailleurs, du fait de vous être autorisé à lire du dehors à partir de votre amour de la vie, de la pensée et de la fraternité humaine.
Ceux qui parlent dans ce livre sont de bons lecteurs de l’islam. L’un d’eux constate : « L’islam n’aime pas les non-musulmans ; qui dira le contraire ? et ça s’est implanté profondément dans nos têtes depuis qu’on est enfants. » Il ajoute qu’en lisant le Coran, il comprend que les gens de Daesh sont de bons musulmans. Il perçoit en quel sens ils sont fidèles au Texte.
Ces affranchis téméraires pourraient-il bénéficier d’une écoute dédiée et d’un soutien psychologique victoire ? Le fait est qu’ils sont en deuil de l’objet même qui les a fait souffrir et dont ils veulent se dégager. Cet objet leur manque, sous la forme de leur famille qui les renie et qui certainement en souffre aussi ; mais elle n’a pas les moyens de garder le lien avec eux tout en se considérant comme musulmane. D’autres familles y arrivent quand elles ne sont pas sous la pression directe du collectif ambiant, ou quand elles ont le clivage plus facile et manient mieux le double discours.
Mais tout endeuillés qu’ils sont, ces affranchis se retrouvent chargés d’une tâche presque historique : faire connaître l’islam grâce au regard interne-externe qui est le leur. Car les musulmans ordinaires ne connaissent pas vraiment l’islam : les uns se sont éloignés pour ne pas savoir, et ceux qui restent dedans s’enivrent de paroles faites pour enivrer. (Bien sûr, il y a des études islamiques mais beaucoup sont faites pour capitonner cet intérieur de la Oumma et le rendre plus confortable. Je n’en connais pas qui mettent en question l’islam comme tel : elles seraient « islamophobes » et c’est exclu.) Ce sont ces affranchis qui peuvent, du dehors, leur montrer ce qu’il en est.
Ces affranchis sont, de fait, engagés à troubler le confort des musulmans traditionnels en les forçant à penser leur identité, et déjà à la connaître, avant de la questionner. Encore une fois, ils ne la connaissent pas, ils sont dedans. Les affranchis, eux, ont fait avec leur corps et leur prise de conscience une véritable psychopathologie de l’islam, non seulement parce qu’ils l’ont endurée mais parce qu’ils travaillent à s’en dégager, en affrontant courageusement le vide que laisse en eux ce dégagement. Ce vide intérieur qu’à vrai dire, chacun de nous peut ressentir par moments et cherche à métamorphoser plutôt qu’à combler, ce vide est celui du deuil, et c’est aussi celui que tout un chacun peut connaître dans les moments où il se demande quoi faire de sa vie, ou ce qu’il pourrait en faire d’autre. C’est le vide à partir duquel peut commencer une autre histoire. Ces affranchis le ressentent plus durement, car ils y accèdent après avoir cassé l’emprise, celle qu’exerçait sur eux la Oumma, dont ils nous révèlent le caractère plus ou moins terroriste : ils témoignent qu’elle agit par la peur voire la terreur et qu’elle oblige ceux qui la quittent à des actes qu’elle rend coûteux, comme de trahir les siens ou de s’amputer de leur amour. Comme pour rendre leur acte ruineux, elle les oblige à faire « le mal » et à (se) faire mal pour mieux devenir la cible de la grande malédiction, celle qui vise les kouffars, « gens du livre » inclus. Tout comme les djihadistes obligent l’ennemi qui les combat à faire le plus possible de victimes collatérales, ce qui n’était pas son but a priori : pour mieux justifier la malédiction dont il était déjà l’objet.
Ces personnes qui quittent l’islam ont besoin de thérapeutes qui les aident à faire ce passage sans que l’angoisse du vide ou de la culpabilité soit écrasante et conduise à la dépression. La dépression est le refuge le plus ruineux contre l’angoisse : celle-ci est une perte de repères, et celle-là donne comme seul repère un « moi » en ruine.
S’ils pouvaient parler en tant que sujets de leur acte, de leur sortie, ils pourraient interpeller les plus crispés de leur famille de façon positive, ne serait-ce qu’en leur disant : si ta croyance t’oblige à renier l’être à qui tu as transmis la vie, c’est que ta croyance est contraire à la vie.
Or, et c’est plutôt rassurant, c’est au moment où ces femmes vont transmettre la même aliénation à leurs enfants, qu’elles marquent un temps d’arrêt et décident d’épargner la vie qu’elles ont transmise et qui se rebiffe à l’étouffement ; et cela rend irrésistible leur désir de libération. Autrement dit, le changement de génération est une source d’espoir, il peut forcer à transmuer l’acte de transmission médiévale.
Mais cela n’a lieu qu’au niveau individuel, or l’islamisme a misé sur la masse et il a réussi, en partie, en sacrifiant l’individu. Et quand celui-ci résiste à se laisser sacrifier, il est opprimé, violenté, désigné au collectif comme la cause de ses malheurs et comme l’Objet de sa juste colère. Les mères et les imams, avec ou sans ameutement, relaient ce message simple : l’individu est dangereux s’il ne se fond pas dans la masse ou s’il est en dissonance avec elle.
Et, comme dit Freud, la masse est primaire. Ce n’est pas pour rien si le liant de la Oumma est avant tout incantatoire comme on l’a dit. Mais après tout, la beauté de la forme qui enivre, n’est-ce pas l’outil de presque toutes les aliénations où la forme séduisante cache un fond très douteux ? L’aliénation dans le marxisme qui nous a pris un siècle se donnait comme un triomphe de la raison et tenait au fait qu’il avait réponse à tout, que son projet libérateur était sans faille ; le paradis qu’il promettait semblait à portée de main. Et l’on est si enivré par la promesse qu’on n’entend pas ce qu’elle implique ; on ne fait aucune enquête pour vérifier, pour tester, pour enrichir le terrain. Dans le cas de l’islam, toutes les paroles venant de Dieu, n’est-ce pas la moindre des choses d’aller voir ce que ce Dieu a dit à d’autres ? puisqu’après tout, le Prophète de l’islam étant dit « le dernier » ou le Sceau, c’est qu’il y en a quelques autres avant lui, et, si l’on va jeter un œil de ce côté-là, on pourrait avoir des surprises.
Y a-t-il d’autres voies pour sortir de l’emprise islamique que celles qu’on nous présente ici ? Sans doute, il y a toujours moyen de sortir d’une emprise, de quitter l’identité qu’elle impliquait, quitte à y revenir de temps à autre en visiteur.
J’en connais une, de voies fécondes, c’est celle de Sonya Zadig précisément. La voie d’une vraie coupure-lien, au sens de ce terme introduit il y a longtemps pour signifier l’entre-deux plus ou moins tendu entre la coupure et le lien qui se répondent, se correspondent, se contredisent mais qui maintiennent une tension positive excluant la soumission originelle sans discussion. Mais Sonya est une femme, psychanalyste de surcroît : cela donne des facilités mais aussi des exigences, car sa démarche puise au plus profond de l’être, vu que l’emprise en question implique pour la femme tout son corps et pas seulement son discours. Son corps de femme et de mère, comme c’est le cas pour toute femme, puisque la transmission du féminin, c’est, pour une femme qui la reçoit sans trop de casse, la possibilité de conquérir des attributs du féminin, sous la forme notamment du partenaire érotique et de l’enfant à mettre au monde pour qu’il ou elle relance à son tour la question. C’est par le corps et la foi dans l’être que Sonya est sortie de l’islam et c’est par la foi dans l’être qu’elle pratique plus sereinement la liberté qu’elle a conquise. Les enjeux pour la femme qui se libère sont plus profonds que pour l’homme parce que sa soumission était plus radicale et se confond si souvent avec l’écrasement par la mère. En tout cas, quand la sortie de cette emprise est réussie, elle donne une leçon magistrale aux non-musulmans dont la plupart ignorent l’emprise dans laquelle ils vivent. Elle n’apparaît évidente que lorsqu’ils la coiffent d’un bonnet idéologique, mais d’ordinaire elle reste secrète, non dite, inaperçue. Cette libération peut leur apprendre à mieux connaître leurs chaînes, à reconnaître les tensions qu’elles induisent, et cette double reconnaissance, de gratitude et de justesse, peut leur faire aimer assez leur première identité pour pouvoir la quitter, et s’acquitter eux-mêmes de leurs endettements imaginaires.
Daniel Sibony
1er Chapitre
Le hasard d’une rencontre
Est-ce le hasard ou la répétition qui m’a fait écrire ce livre ? La phrase de Lacan – « Ce qui se répète […] est toujours quelque chose qui se produit […] comme au hasard1 » – prend, aujourd’hui et dans l’après-coup, tout son sens.
J’ignorais totalement l’existence de ce à quoi j’allais bientôt consacrer plus de deux années de travail quand un jour, au détour d’une conversation, une amie m’apprit l’existence d’un groupe très actif sur la toile, qui se fait appeler le Cercle des Apostats1. Le mot « apostat » m’avait interpellée : il désigne la personne qui a renié sa foi, et le mot, qui semble appartenir au passé, avant que les droits de l’homme n’aient établi le libre choix d’avoir une religion, de ne pas en avoir ou d’en changer, renvoie à une militance2. À moi qui ai grandi dans une culture arabo-musulmane, il ne me serait jamais venu à l’idée de me définir comme apostate.
J’ai rencontré quelques mois plus tard un des membres fondateurs du Cercle des Apostats, Momo. Nous étions convenus d’un premier contact téléphonique, qui fut pour le moins surprenant. Momo m’appelait d’un hall d’aéroport. J’entendais à peine ce qu’il me disait, mais sa voix et sa candeur m’attendrirent : « Je t’ai googlisée, m’avait-il dit, tu es juive ? » Il n’y avait pas une once de dédain ni de rejet dans sa voix, mais je ne comprenais pas pourquoi il avait imaginé que j’étais juive. J’ai compris bien plus tard, à force d’entendre « tu es juive », que la judéophilie appuyée, voire le soutien à Israël, est un marqueur de la sortie de l’islam. (cliquez pour lire la suite)
J’ai rencontré Momo quelques semaines plus tard, à Paris ; il me proposa de réaliser un entretien pour sa chaîne YouTube à propos de ma supposée « apostasie », ce que j’ai accepté sans hésitation. J’ai alors compris que les Apostats de l’islam pouvaient m’apporter un savoir que je n’avais pas. Mon histoire personnelle était différente de la leur – je n’ai jamais eu de pratique religieuse ni cru en Dieu –, et pourtant mon récit n’était pas si différent du leur.
L’islam dont il sera question tout au long de ces pages est une religion-culture. La doctrine islamique au sens étroit n’est pas le sujet ici, et d’ailleurs je n’ai ni les compétences ni l’ambition de m’ériger en spécialiste de l’islam. Ce qui m’intéresse, c’est l’entrelacement de divers fils, d’un côté une transmission aléatoire et bricolée de l’islam, et, de l’autre, un héritage ancestral d’us et coutumes préislamiques. C’est dans cet enchevêtrement que se loge ce dont il sera question ici lorsque je parle de culture musulmane. Quand les Apostats disent qu’ils ont quitté l’islam, de quoi parlent-ils exactement ? Les choses paraissent simples : pour abandonner une croyance, il suffit de cesser de croire, mais quitter l’islam est d’autant plus difficile qu’il s’agit de quitter une culture, un manuel du vivre ensemble, un lien social, une casuistique, en bref une vision du monde et une identité.
J’étais moi-même imprégnée de culture musulmane, et pourtant le nom d’Allah ne se prononçait guère dans la maison de mon père. Mes parents étaient nourris de culture occidentale et ne croyaient qu’à la révolution communiste. Personne ne m’avait imposé de faire la prière ni de me voiler, et je n’ai lu le Coran qu’à un âge avancé. L’islam dans lequel j’ai grandi était presque folklorique : nous fêtions l’aïd à la sortie du ramadan que, dans ma famille, personne ne respectait, et, quand nous sacrifions le mouton à l’occasion de l’aïd al-Adha, c’était l’occasion pour mon père et ses amis d’ouvrir une bonne bouteille de Bourgogne autour d’un méchoui… Les principes fondamentaux d’un islam rigoureux ne font pas partie de mon éducation, et pourtant les signifiants de cette culture m’ont incontestablement marquée, voire dévastée.
Tout comme les Apostats mais surtout les Apostates, j’ai connu l’abduction de mon corps de femme. Les histoires autour de ma virginité et la valeur d’honneur familial qui s’y attachait ont fait partie de mon éducation : je me souviens des mises en garde de ma nounou lorsque je grimpais aux arbres ou faisais du vélo. « Fais attention à ce que tu as entre tes cuisses ! » me disait-elle. J’ai moi aussi connu la violence inouïe d’un père pourtant instruit et « ouvert » : ce père qui se prétendait affranchi de la culture musulmane n’a jamais hésité à me frapper au cœur même de ma féminité, en effractant par sa violence mon corps de jeune femme.
Je crois qu’une partie du drame se niche dans cette double facette culturelle : il n’est pas nécessaire d’avoir la foi en l’islam pour être « musulman ».
Sortir de l’islam, je l’ai certes fait, mais d’une manière différente de celle des Apostats. En effet, j’avais le souci de la foi en moins, ce qui ne m’a pas empêchée de passer vingt-trois années sur le divan, pour réussir à me défaire presque entièrement de ce qui m’avait profondément déterminée. Alors pourquoi écrire un livre sur les Apostats ? pourquoi revenir à ce thème de l’islam après tant d’années de travail analytique et de prise de distance avec une histoire qui n’est plus mienne ?
L’actualité de l’islam en France s’est invitée à ma table à mon corps défendant. Au bout de quarante années en France, je suis encore assignée à une identité que je réfute. Il y a comme une synonymie systématique entre arabe et musulman, ou maghrébin et musulman. Or, si je revendique avec fierté mon appartenance originaire à la terre d’Elyssa et d’Ibn Khaldoun, si j’apprécie un mets ou une senteur orientale et m’enivre des mélodies d’une Oum Kalthoum ou d’une Faïrouz, je suis étrangère à toute forme de religion ou même de religiosité. La confusion courante en France entre les deux registres a sûrement été à l’origine de mon intérêt pour les « Apostats ».
C’est à la fin de l’interview avec Momo l’Apostat que m’est venue l’idée d’écrire un livre. « Chiche ! » m’a-t-il répondu avec le doux flegme qui le caractérise ; mais j’étais encore plongée dans la rédaction de mon dernier ouvrage2, et le projet est resté en suspens. Telle une fumée au-dessus de ma tête, cette idée jetée au détour d’une conversation devint, au fil du temps, une nécessité. Je savais qu’il fallait du courage pour proclamer publiquement sa sortie de l’islam, mais la psychologue que je suis voulait comprendre les mécanismes conscients et inconscients qui avaient poussé les Apostats à s’organiser en « cercle » et à faire d’une simple affaire privée, celle de cesser de croire, une affaire publique voire une affaire d’État.
Dans ma grande candeur, j’avais cru que l’on pouvait accéder au Cercle des Apostats sans trop de difficultés. Or, à ma grande surprise, les écueils étaient nombreux. Il me fallut faire preuve de modestie et d’humilité pour parvenir à entendre une parole sincère et confiante. J’ai dû user de beaucoup de patience, car j’ai fait face à la suspicion des uns et à la méfiance des autres. Je n’y serais jamais arrivée sans la confiance de Momo, de Ratsul, d’Amir, de Jack le Fou, de Regulus, de Yanis, de Nawel et de tant d’autres. Le fait d’être moi-même issue du monde musulman et d’avoir publié plusieurs livres sur l’islam m’a donné un surcroît de légitimité, mais c’est la méthode de cooptation qui a le porté le plus de fruits.
L’herméticité du Cercle n’est pas d’exclusion mais de survie : les Apostats sont menacés de mort, ostracisés, doxés3. Certains cachent leur apostasie à leur famille voire à leur conjoint ; d’autres ont dû être « exfiltrés » comme ils aiment à le dire, c’est-à-dire relogés dans des endroits tenus secrets. La solidarité intra-groupale que j’ai découverte chez les Apostats est une leçon de vie. Momo m’avait prévenue : ma trop grande assurance risquait de me jouer des tours, j’allais entrer dans un monde que je ne connaissais pas, certaines réactions allaient m’offusquer, quelques personnes me seraient hostiles, pour des raisons complexes et sans doute inconscientes… De fait, j’avais l’impression qu’elles m’en voulaient d’être la destinataire d’une parole qui ne resterait pas lettre morte. La peur que cette perspective leur inspirait s’est renversée en agressivité défensive à mon endroit. Toutefois, consentir à dire quelque chose de sa souffrance est un premier pas vers une subjectivation, et cela n’est pas sans douleur. Au fur et à mesure que se multipliaient les entretiens, je me suis rendu compte que nous tournions autour des blocages dans le processus de subjectivation, c’est-à-dire que je parlais avec des personnes qui étaient empêchées de faire aboutir la transformation par laquelle l’individu se fait sujet et se reconnaît lui-même dans sa façon de donner sens au réel. Les Apostats restaient sur le seuil.
J’ai consacré toutes mes soirées après le travail, parfois jusqu’à tard le soir, et tous mes weekends à ce projet. Les débuts furent laborieux : la plupart des participants qui s’étaient inscrits ne se manifestaient pas à l’heure dite ou annulaient l’entretien au dernier moment, d’autres m’ont « bloquée » sans que j’en comprenne la raison… J’appris bien plus tard qu’un membre très actif et influent du Cercle avait attisé une controverse autour de ma qualité de psychanalyste en expliquant sur un forum que les psychanalystes étaient de dangereux charlatans et qu’il fallait se méfier de cette « secte ». J’ai ainsi compris que les Apostats avaient, pour la plupart, mis en place un mécanisme de défense assez rigide pour se protéger contre tout ce qu’ils considéraient comme « non rationnel ». Ayant souffert des croyances et des superstitions de leur culture islamique, ils proclamaient leur attachement exclusif aux « arguments scientifiques ». La psychanalyse était, disaient-ils, une science occulte dont il fallait se méfier. Il me fallut donc me présenter comme psychologue clinicienne et jamais comme psychanalyste. Ce désaveu de la psychanalyse auquel je fus contrainte m’a profondément troublée et m’a aussi beaucoup coûté.
Au début de ce voyage en apostasie, il me fallut d’abord créer un compte Discord afin d’accéder au Cercle des Apostats, ensuite discuter avec une personne à l’Accueil, expliquer qui j’étais, et surtout dire la shahada à l’envers, en mettant des négations partout. Voilà qui me parut très ingénieux : en effet, pour se convertir à l’islam, il suffit de dire la shahada, qui est la profession de foi essentielle de l’islam et le premier des cinq piliers qui définissent les fondements de la croyance. « Je témoigne qu’il n’y a pas d’autre divinité digne d’être adorée qu’Allah, et que Muhammad est l’envoyé de Dieu. » S’il suffit de dire ces mots pour se convertir à l’islam, les dire « à l’envers » ouvre la porte du Cercle. On me demanda donc de dire que j’atteste qu’Allah n’existe pas et que Muhammad n’est nullement un prophète pour me retrouver soudain Apostate parmi les Apostats. Je l’ai dit, mais à grand-peine, ce qui est très étonnant pour quelqu’un qui n’a jamais cru en Dieu.
Certains membres du Cercle restent dans « la zone grise », car ils n’arrivent pas à dire la shahada à l’envers. C’est en cela que le dire est un faire. Dire la shahada fait de vous aussitôt un musulman, et ceux qui n’arrivent pas à se dédire de cette énonciation n’arrivent pas à franchir le pas, même s’ils ont des doutes sur leur foi. Ils sont admis au sein du Cercle, sans cependant être considérés comme des Apostats à part entière.
Le Cercle des Apostats qui, sur Discord, comporte à ce jour 1 564 membres4 a été fondé par deux Apostats. Je ne parlerai ici que de Momo et de son histoire personnelle douloureuse : de père marocain et de mère française convertie à l’islam, il a reçu une éducation religieuse assez rigoureuse ; c’est en perdant prématurément sa mère qu’il a commencé à se questionner sur la légitimité de la parole « révélée » et à relire sous l’angle de l’islam les violences intrafamiliales qu’il avait subies. La cause des Apostats est aujourd’hui pour lui d’une importance capitale ; faire circuler la parole des ex-musulmans est devenu son combat.
Le nombre d’Apostats était restreint au début, mais il n’a cessé de s’élargir, à partir du Covid et du confinement, à mesure que les podcasts et les témoignages se multipliaient. Ils se réunissent sur le Cercle via Discord au moins une fois par semaine, pour parler de l’actualité des Apostats et des missions accomplies. La cité des Apostats est complètement virtuelle : ses membres ne se réunissent presque jamais « en vrai5 ». L’outil numérique leur garantit de discuter en toute sécurité sous couvert d’anonymat. Le Cercle déploie le même type de propositions que la plupart des sites internet : des annonces officielles, des « live en direct » des salons vocaux, des discussions et argumentations autour des religions ; des pubs ex-musulmans, des salons détente, un bar chill et relax, des salons de lecture, un cinéma. Il y a même une messe apostate, des séries, des jeux vidéo, des mangas, des arts plastiques, et tant d’autres trouvailles dignes d’une vraie cité. Les femmes ont formé des sous-groupes intitulés « women only » [réservés aux femmes] où elles discutent entre elles des affaires courantes et apportent un soutien à celles qui se trouvent dans des situations familiales ou conjugales délicates à la suite de leur apostasie. Elles peuvent à l’occasion aider des femmes victimes de violence à « s’exfiltrer » ou à loger des femmes d’orientation homosexuelle à trouver refuge dans des foyers, loin de leur famille. Elles portent un intérêt particulier à la psychologie et n’hésitent pas à faire appel à des psychologues ou psychiatres bénévoles pour aider leurs « sœurs en apostasie » à consulter.
À ma connaissance, le Cercle ne reçoit pas de financement extérieur ; il opère par dons ou par le biais de l’association MELP « Mouvement pour l’Émancipation et la Liberté de pensée », association loi 1901 fondée par Momo. L’objectif de cette association qui n’est financée que par les adhésions des membres est d’aider les personnes « à risque », c’est-à-dire menacées de mort, à fuir leur environnement, changer de ville, trouver un emploi ou s’inscrire à l’université.
Cette communauté des Apostats semble extrêmement soudée et solidaire. Il existe cependant des dissensions intra-groupales, notamment autour de la question politique et de l’avenir des Apostats de l’islam en France. Certains membres soutiennent l’idée qu’il leur faut être pragmatiques pour « percer » et faire entendre leurs voix. Se sentant exclus des médias mainstream qui ne s’intéressent pas à eux, ils n’hésitent pas à commercer avec des journaux ou des radios dits d’extrême droite, certains peuvent aller jusqu’à soutenir des partis politiques ou des personnalités politiques de cette sensibilité. D’autres soutiennent qu’il est hors de question de s’allier avec un parti raciste. En réalité, le point central de leurs différends et polémiques se cristallise autour de ce positionnement politique : ils redoutent par-dessus tout que leur sortie de l’islam ne soit perçue comme une traîtrise. Au-delà des différences en termes de sensibilités politiques, un autre conflit, étouffé, entame la cohésion du groupe et menace sa jeune vie. En effet, une autre scène latente, relevant de l’archaïque infantile, masque des velléités de prise de pouvoir et de toute-puissance. Certains « guides » numériques semblent s’être emparés de la cause des Apostats, si bien qu’il y a une sorte de concurrence et de compétition entre « influenceurs » pour faire sortir et « apostasier » un maximum de followers. Pour avoir fréquenté de près les podcasts de ces anti-imams, il m’est apparu que l’enjeu est, pour certains, avant tout narcissique.
Les Apostats ont l’impression de prendre un risque absolu en quittant l’islam, et ils ont probablement raison : un islamiste inspiré par le djihad pourrait les assassiner. Mais, sur un plan psychique, ils prennent un risque d’un autre ordre, et tout aussi vital. Se défaire de leur propre histoire en s’inscrivant dans un Je séparé du Moi collectif de la oumma dans lequel ils ont grandi et aimé n’est pas sans effets sur la psyché. Dans Troublante identité, Paul Audi évoque les souffrances que suscite cette démarche :
Toute personne qui prend sur elle d’ouvrir le dossier de l’identité doit s’attendre à s’y brûler les doigts. C’est un sujet des plus délicats et des plus dangereux, d’autant qu’il est incandescent : à son contact se propage un feu qui éblouit peut-être, qui aveugle surement, mais qui n’éclaire ni ne réchauffe3.
La perte de repères qui résulte de l’apostasie semble totale puisque les Apostats ne savent plus comment exister sans l’appui des balises de leur culture, où ils ont toujours trouvé des réponses toutes faites à leurs questions. Ainsi peuvent-ils avoir le sentiment d’avoir perdu un manuel d’existence et avancent-ils à tâtons pour retrouver des appuis ailleurs. Je pose l’hypothèse que la communauté des Apostats leur permet de reconstruire une communauté à l’envers, c’est-à-dire que ce n’est plus la croyance mais la non-croyance qui leur sert désormais de socle identitaire. C’est peut-être là que réside le malentendu, et je me propose d’explorer ici l’insistante réalité de ce malentendu dans le champ de la parole et de la communication de ces dissidents qui, à trop vouloir se définir en négatif par rapport à l’islam, finissent par s’y identifier à rebours.
La puissance de l’islam est dans la langue arabe, d’autant plus que le nom d’Allah est prononcé sans cesse : en terre d’islam, qu’on soit croyant ou athée, on invoque Allah lorsqu’on présente ses condoléances, ses félicitations, ses remerciements, ses encouragements. Lorsque, petite, j’avais peur du noir et du monstre sous le lit, ma nounou me faisait dire la shahada pour me rassurer : « Rien ne pourra t’arriver si tu invoques le nom d’Allah » affirmait-elle. Indépendamment de toute croyance, j’avais utilisé Allah comme doudou contraphobique, et des traces m’en sont restées. Et je comprends le malaise des Apostats quand ils sont sommés de prononcer le nom d’Allah « à l’envers », en niant qu’il soit dieu, et leur jubilation à le répéter une fois qu’ils ont sauté le pas.
Le premier obstacle que rencontrent les Apostats se situe au sein du groupe d’origine, c’est-à-dire des musulmans eux-mêmes, qui n’admettent pas que l’on puisse quitter l’islam. Car, au-delà du religieux, l’identité musulmane est une appartenance culturelle et communautaire. L’apostasie étant considérée comme une trahison à l’identité et à l’origine, il y a, me semble-t-il, une confusion au sein de la oumma entre origine ethnique et religion islamique. L’identité musulmane supplante toutes les autres et fige la moindre possibilité d’émancipation.
J’utilise ici les termes identité et culture sans les confondre. Pour la majorité des musulmans, l’appartenance à la culture musulmane par naissance ou par déclaration est définitive. Culture, identité et religion musulmane sont des termes interchangeables. Il faut dire qu’en France, la confusion est aussi portée par une tendance générale à affecter les « musulmans » (les personnes avec un faciès ou un patronyme « musulman ») à une identité musulmane, au rebours des principes mêmes des Lumières. Musulman et Maghrébin sont souvent utilisés de façon interchangeable, et cela ajoute une difficulté supplémentaire à la « cause » des Apostats, qui ont le sentiment d’être piégés dans une identité religieuse qu’ils peinent à récuser y compris auprès de leurs concitoyens non musulmans. En réalité, la plupart des Apostats ne rejettent aucunement l’appartenance ethnique mais ne veulent plus être assignés à la religion.
Les Apostats disent subir une double peine, d’un côté la souffrance d’avoir abandonné par nécessité subjective ce qui les a déterminés, ce qui représente une épreuve psychique immense, à laquelle s’ajoute le rejet de la famille ou du clan d’affiliation, et de l’autre la non-reconnaissance de leur « transgression » par la population générale en France, qui continuera à voir en eux des « musulmans ». Les Apostats sont des déplacés de l’origine mais ils sont sans cesse renvoyés à cela même qui les a ligotés et se heurtent souvent à la démarcation infranchissable de l’origine. Cette assignation identitaire est ce qui accentue leur sentiment de manquer de lieu de parole.
La liberté de ne pas croire est la revendication principale des Apostats de l’islam ; mais cette revendication cache un désir de reconnaissance, que l’État laïque (et donc aveugle à la foi comme à la non foi) est bien en peine d’assouvir. L’État se tait. Cette cécité, ce silence assourdissant sont traduits, dans la psyché des Apostats, en un sentiment d’être abandonnés par la République, sentiment qui s’exacerbe dès lors que les plaintes pour harcèlement, violence et menaces de mort sont souvent, d’après les témoignages que j’ai recueillis, classés sans suite. La liberté de conscience est un droit constitutionnel en France, et les Apostats sont des citoyens français. Ils ne comprennent pas comment ils peuvent être menacés de mort en raison de leur non-croyance. Comment il se fait qu’une partie des citoyens français soient obligés de se cacher et de s’anonymiser sous prétexte qu’ils ont abandonné l’islam ? Est-ce un « qu’ils se débrouillent entre eux ! » ? Seraient-ils des citoyens de seconde zone, pour que l’État ne se porte pas garant de leur sécurité ?
Les Apostats ont aussi le sentiment d’un laissez-faire de l’État lorsqu’il s’agit de contrecarrer l’installation insidieuse de la « charia » au détriment de la loi de la République. Sans doute convient-il d’apporter de la nuance aux propos qu’ils tiennent à cet égard et qui sont parfois délirants. En effet, la situation est trop complexe pour s’autoriser de tels raccourcis. Qu’il y ait une difficulté majeure qui affecte le « vivre ensemble », cela est indéniable, que nous ayons autorisé et laissé fleurir dans la République, sous prétexte de tolérance, des us et des coutumes interdits et réprimés par la loi est tout autant évident, mais ce n’est pas mon propos ici.
La culpabilité et la peur d’être perçus comme des « traîtres » peut expliquer l’inimitié démesurée des Apostats envers la religion. Et ils retournent, peut-être inconsciemment, leur profonde détresse en son contraire, la colère. Le mouvement des Apostats est un mouvement encore « adolescent » dans le sens où il se construit contre le « grand Autre » qu’est l’islam sans possibilité pour l’instant d’élaborer une séparation-individuation nette. Mon intention est d’apporter un éclairage psychologique sur un groupe de personnes se réclamant de l’abandon de l’islam afin d’analyser les raisons profondes de ce nouveau phénomène social qui n’est pas étranger aux autres mouvements d’émancipation voire de rupture avec un ordre patriarcal, sexuel et ou politique de notre modernité. En effet, force est de constater que les Apostats ne sont pas étrangers aux mutations sociales et symboliques auxquelles nous sommes aujourd’hui confrontés. Les jeunes, adolescents ou post-adolescents, sont conditionnés par les nouvelles modalités d’un monde globalisé. Ils sont eux aussi concernés par l’expression moderne des transformations identitaires, si ce n’est qu’il s’agit pour eux de l’identité culturelle et non pas sexuelle.
Si sortir de l’islam, c’est prendre le risque de quitter une identité, un clan, une famille, une culture, une langue, une oumma6, c’est surtout prendre le risque de la liberté, ce qui n’est pas sans effets psychiques délétères. En effet, parler d’un autre lieu pour s’éprouver comme sujet, se dissocier de la norme dans laquelle on a grandi et on a toujours été baigné, et franchir ce point d’angoisse pour se découvrir autre, est une véritable épreuve : une traversée de l’identité.
Le temps d’un tête-à-tête avec ces dissidents de l’islam (c’est ainsi qu’ils se vivent), il s’est agi pour moi de devenir, depuis mon écoute d’analyste, la caisse de résonance d’un dire et de transmettre une parole de souffrance psychique, qui pour des raisons culturelles complexes est restée jusque-là lettre morte. J’ai voulu distinguer s’il s’agit pour ces Apostats d’une vraie affirmation identitaire au terme de laquelle ils pourront advenir en tant que sujets autonomes ou d’une insoumission passagère, comme l’on voit souvent à l’adolescence, qui leur permet de passer d’une position passive à une position active et de signifier leur rébellion pour exister contre.
Je me propose ici, en m’appuyant sur les témoignages des Apostats de l’islam, d’essayer de comprendre en quoi le mouvement des Apostats est l’expression d’une auto-affirmation et d’une réorganisation singulière d’une société en mutation, cherchant par des voies particulières à s’affranchir du conditionnement culturel pour configurer un espace possible pour une autre appartenance.
ACTIVITES 2024-2025
Séminaire Mensuel de Psychanalyse Actuelle
UN MERCREDI PAR MOIS, de 21h à 23h
EFFET DU CONTEMPORAIN SUR LA SUBJECTIVITE
Psychanalyse actuelle, association fondée en 1987, propose d'organiser, cette année encore, un mercredi par mois, des soirées sur le thème « La psychanalyse et l'art, le semblant au service du vrai, le réel ».
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DISCUTANTS des REUNIONS de l’ANNEE :
Lysiane Lamantowicz - Jean-Jacques Moscovitz - Maria Landau - Annie Staricky - Françoise Moscovitz - Muriel Aptekier - Nathalie Moshnyager - Renée Fregosi - Sonya Zadig
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https://www.psychanalyseactuelle.com/seminaire
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Pour proposer une intervention, veuillez contacter l’un des membres du bureau de Psychanalyse Actuelle :
Muriel Aptekier
Jean-Jacques Moscovitz
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Enseignement, études et rencontres
Dirigé par
Sonya ZADIG
et
Jean-Jacques MOSCOVITZ
2e jeudi du mois, de décembre 2024 à juin 2025
En présentiel et par zoom
Argument de l’année :
Entre Freud, Lacan et chacun de nous, entre analyse en intention et analyse en extension, entre savoir et non savoir, entre sujet et collectif : quelles inventivité, sublimation, novation, limite de la pratique, destructivité
Séance d'ouverture, jeudi 12 décembre 2024, à 21h
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https://www.psychanalyseactuelle.com/enseignement
Le Regard Qui Bat
L'apport réciproque entre des cinéastes, leurs œuvres et des psychanalystes
Le Regard qui Bat propose une fois par mois la projection d’un film, suivie d’un débat entre spectateurs, cinéastes, psychanalystes, philosophes, historiens…
Ainsi que :
Jean-Jacques Moscovitz, Laura Kofler, Simone Wiener, Lysiane Lamantowicz, Françoise Moscovitz, Annie Staricky …
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Groupe de supervision
Animé par Françoise Moscovitz et Hélène Godefroy
Le 3° jeudi du mois
Ce groupe d’échange clinique s’adresse aux psychanalystes exerçant en institution ou en libéral avec
des enfants ou des adultes.
Modalités et inscriptions : contactez le 06 83 00 14 13
1° Séance le jeudi 15 novembre à 21h
Psychanalyse Actuelle
2 rue Mabillon, Paris, 75006