Quelques extraits

https://docs.google.com/viewer?a=v&pid=sites&srcid=ZGVmYXVsdGRvbWFpbnxwb3VycXVvaXF1ZWxxdXVufGd4Ojc1ODBiNGQ2NGJhZjRhZmM


Si quelqu’un parmi vous

pense être sage dans ce siècle,

qu’il devienne fou,

afin de devenir sage.


saint Paul - 1re Épître de aux Corinthiens (3, 18)




Prologue


Lors d'un salon dédicace d’un précédent livre, une dame feuilletait l’ouvrage et écoutait mes explications, avec attention me semblait-il. Vaguement inquiet, toutefois, sur l’intérêt qu’elle portait à mes propos, je lui demandais, avant de poursuivre, et pour ne pas l'importuner davantage, ce qui l'intéressait dans les livres. Sa réponse me laissa pantois :

« Je m'intéresse à tout, c'est-à-dire à rien…»

L’ambition d’un auteur est, tout de même, d’être lu. Comment pouvais-je offrir à cette lectrice potentielle, un ouvrage qui traitât de “rien“, et en même temps de “tout“ ? Or, voilà qu’il m’apparut tout à coup qu’au fond des choses, rien n’était autre que tout.

« Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? »,

demandait déjà le philosophe scientifique allemand, Leibniz, voici trois siècles.

Mais, mon cher Gottfried, êtes-vous sûr qu’il y ait “quelque chose“ ? Et d’ailleurs, pourquoi “rien“ serait-il l’inverse de “quelque chose“ ? “Rien“ n’existe pas, sinon ce ne serait plus “rien“ ! Au commencement de “quelque chose“, pourquoi n’y aurait-il eu “rien“ ? Et si, au lieu de “rien“, il y avait eu “Tout“ ?

Le grand secret de l’Univers serait alors d’être “quelque chose“ issu de ce Tout à travers “rien“. “Rien“, ce point de passage sans dimension, cet instant de basculement sans durée, où le Tout sombra dans “quelque-chose“. C’est dans ce “rien“, qui contenait le Tout, que celui-ci explosa — ou plutôt implosa — un jour de big bang, pour bouffir en une inflation vertigineuse devant, plus tard, nos yeux ébahis.

Car en effet, comment ce “quelque chose“ pouvait-il grandir dans “rien“ ? Comment l’immense pourrait-il être en expansion, autrement qu’en lui-même ? Rien ne peut sortir de “rien“ car, au-delà de rien, autour du “rien“, il n’y a rien ! Il fallait bien qu’alors, dans ce “rien“, il y eût d’emblée quelque chose. Dès lors, ce “rien“ ne pouvait être que tout, puisqu’il n’y avait rien ailleurs, le Tout en rien. L’immensité serait-elle donc factice ? Serait-elle une illusion de nos sens abusés qui nous dissimulerait l’infinie petitesse du zéro sur lequel converge notre “quelque chose“, pour s’ouvrir au Tout ?

Qui ne ressent ce besoin d’en savoir plus ? D’acquérir

(…)


Poussière


Plus je m’abîme dans les profondeurs de l’infiniment petit, plus je découvre l’immense.

Tout, en ce monde, est poussière… Du fond de l’atome à l’immensité astrale, tout n’est qu’assemblage de particules infimes soudées entre elles par des forces titanesques qui s’y développent, sans qu’on sache trop comment d’ailleurs.

— Mais, il n’est pas poussière, ce livre que je tiens entre mes mains, direz-vous !

— Si ! Et votre main aussi, et l'univers tout entier ! Simplement, à l’échelle de ces poussières, la rencontre de votre main et du livre est le choc des titans. Telles deux galaxies d’étoiles qui se fracasseraient l’une contre l’autre, le choc de votre main et du livre est une rencontre cosmique de deux monstres de poussières qui se traduit par cette impression qui vous est donnée de compacité, de matérialité. Si vous pouviez vous faire aussi petit que la plus petite de ces poussières dont vous êtes construit, vous traverseriez ce livre, et le monde avec, sans jamais ne rien rencontrer.

(…)

Et pourtant, en ces particules infinitésimales, d’une petitesse que l’esprit humain ne peut imaginer, se concentre toute la masse du monde, puisqu’il n’y a rien entre elles. Si l’on pouvait extraire tous les noyaux atomiques des 100.000 mètres cubes d’eau du réservoir de Ménilmontant, ils tiendraient tous dans un dé à coudre qui pèserait, dès lors, 100.000 tonnes !

(…)

Autre chose ?


Pour expliquer le monde en se passant d’au-delà, la science farouchement athée et positiviste casse et casse encore la matière depuis des siècles, comme les shadocks pompaient, pompaient… Que cherche-t-elle ainsi ? Elle compte débusquer la poussière originelle, celle qui ne se laisserait plus casser, et à l’aide de laquelle tout en ce monde, dès lors, serait construit. Elle disposerait alors du matériau dont se serait servie la nature pour s’engendrer elle-même en se passant de Créateur. Victoire du positivisme ! Mais, cette brique élémentaire, existe-t-elle ? Et, si l’on devait casser et casser ainsi, sans fin ? Et puis, si l’on trouvait enfin une particule incassable, que répondrait-on à l’inévitable question : qui l’a créée ? Oh, je sais ! On inventerait le concept de “fluctuation du vide“

(…)

Au seuil de la cinquième dimension

(…)

N’y aurait-il pas, dès lors, quelque sagesse à considérer que nos yeux, nos oreilles, nos télescopes et nos microscopes et, pour tout dire, notre intelligence, n’ont simplement pas l’acuité suffisante pour voir, entendre, comprendre la vérité dans toutes ses dimensions ? Ce que voit la science des hommes n’est que la partie émergée dans l’espace-temps, d’un immense iceberg sous-jacent. Bien des navigateurs sont morts pour avoir oublié que 90% de la masse du monstre de glace est dissimulée dans le monde sous-marin, un autre monde.

(…)

Il faut un début à quelque chose


L’Univers, a-t-on calculé, est âgé de 14 milliards d’années, pour arrondir. Et l’on dit cela comme une banalité, sans sourciller. Pourtant l’idée que l’Univers ait eu un commencement ne va pas de soi. Elle est même scandaleuse, dans le sens où elle nous enferme dans un piège conceptuel. Car, enfin ! Comment concevoir que si, maintenant, il y a, il fut un temps où il n’y eut pas ? Comment concevoir “rien“ ? Poser la question, c’est déjà admettre qu’il y a quelque chose. L’idée de “rien“ est vertigineuse.

Ceci étant, affirmer que l’Univers a eu un commencement, et donc admettre qu'il puisse avoir fin, n’est pas sans conséquence, qui amène à l’éternelle question de l’avant et de l’après. C’est une subtile, mais vaine réponse que de dire qu’il n’y a pas d’avant au commencement, sinon le commencement ne serait pas le commencement ; et de dire qu’il n’y a pas d’après à la fin, sinon la fin ne serait pas la fin !

Nombreux sont ceux qui, pour échapper à cette angoisse, restent adeptes d’un univers éternel dans les deux sens. Celui-ci serait là, bêtement depuis toujours, n’aurait jamais commencé et ne finira jamais. Cette idée-là est tout aussi choquante, car elle revient à dire que ledit univers n’existe pas. En effet, quelle différence y a-t-il entre exister et ne pas exister quand aucun témoin externe ne permet de constater cette différence entre l’existant et l’inexistant ? Pour affirmer la situation d’existence de quelque chose, il faut bien pouvoir comparer à une situation d’inexistence. Comment faire quand on ignore celle-ci, quand l’inexistence n’existe pas, puisque tout serait existence depuis toujours ?

(…)

Les mouches sur un ballon


L’Univers est en expansion ! La science l’affirme, l’a observé, l’a vérifié. La chose est acquise. Il serait bien présomptueux celui qui oserait la mettre en doute. Et pourtant…

Ainsi s’écartent de nous nos voisines, les étoiles de notre galaxie. Ainsi s’écartent les autres galaxies dans le cosmos.

(…)

Nous voilà en plein brouillard. Car enfin, cet espace qui enfle, enfle dans quoi ? Il n’y a pas d’espace autour de l’espace, qui puisse accueillir cette création d’espace , sinon cet “autour“ ferait encore partie de l’espace. Si l’espace est infini, comment, dès lors, pourrait-il “grandir“ ? Et, si l’espace est fini, comment imaginer cette fois quelque chose avec “rien“ autour ?

(…)

Le grand zoom arrière

(…)

L’œil rivé sur l’horizon cosmique qui s’éloigne, nous n’avons pas vu que, puisque rien ne peut grandir dans un dehors, puisqu’il n’y a pas de dehors, c’est notre propre matière qui s’enfuit dans l’autre sens, vers son infiniment petit, vers son néant matériel. Nous voyons l’espace se créer puis “enfler“ autour de nous, parce que nous nous effondrons sur le zéro originel de la matière, infiniment petit, infiniment lointain. Ce n’est plus le contenant qui croît dans un “autour“ impossible, c’est le contenu qui décroît jusqu’au “rien“ dont il est issu.

On me pardonnera cette image triviale empruntée au vocabulaire photographique, mais il est parfois des comparaisons utiles pour exprimer sa pensée : cette expansion constatée de l’espace est l’effet visuel d’un vertigineux zoom arrière cosmique. Le contenu matériel de l’Univers s’enfuit sur son néant, et l’espace devient immense. L’Univers en expansion est un univers en convergence.

(…)

La vie est un élan qui vient d’ailleurs


Alors, il faut bien admettre qu’autre chose nous définit, nous identifie. Le merveilleux de l'être humain n’est pas dans la matérialité de ces poussières innombrables qui font et refont maintes fois le corps, puis se lassent. Il est dans la mémoire du passé et dans le savoir de l’avenir, dont chacune de ses particules constitutives est la messagère. Comme ces hologrammes dont chaque parcelle peut restituer l’ensemble de l'image, chaque particule de notre corps porte en elle la totalité de ce point zéro qui contenait tout et dont tout est issu. Au-delà des cent milliards de neurones de notre cerveau où se déterminent nos automatismes de vie, nous viennent d’une autre dimension la conscience d’être et le pouvoir d’en être responsable. La physique des particules parle de fonction d’onde qui contrôle l’infiniment petit. La conscience est aussi une fonction d’onde. Un être humain ne fait rien qui ne soit autorisé par son état quantique interne.

Ah ! Qu’il est difficile de nier Dieu !

(…)

Le savoir du Tout


— Cher lecteur, ton corps, ta chair, ton cerveau, sont faits de ces milliards de cellules, chacune chef-d’œuvre d’intelligence, chacune micro-usine où se déroule merveilleusement le process inouï de la manifestation de la vie.

Or, ces cellules, à leur tour, sont construites de ces milliards de particules de l’infiniment petit matériel, dont on a vu qu’elles opèrent en notre monde sous le double visage de la matière et de l’immatériel. C’est en cette bivalence des briques élémentaires de notre être qu’il faut chercher l’explication du phénomène de la vie. C’est sous leur habit immatériel, habit de pensée, d’esprit, qu’elles apportent en notre monde leur savoir d’au-delà de l’espace-temps, le savoir du Tout. Et, puisqu’il n’y a qu’un savoir du Tout, sinon, ce ne serait plus le Tout, toutes ces particules, porteuses du même savoir, sont corrélées entre elles, se connaissent, réagissent au même dessein vertical.

Alors, ce corps tout entier est-il, lui aussi, à travers ses particules qui savent tout, en corrélation inconsciente avec l’au-delà, avec le Tout ? Voilà qui expliquerait bien des mystères.

(…)

Respiration divine

(…)

Je veux ici livrer, maintenant, le fond de ma pensée. Cet aller et retour de la Création, ce big bang qui ouvre à la matière le chemin de la convergence sur l’Esprit, décrit aussi l’immense mystère humain. Créé le premier jour, comme une image imparfaite du parfait, l’Univers avait besoin de l'espace pour y loger le multiple ; avait besoin du temps pour y parfaire chacun des 1080 pixels d'image. L’Homme n’échappe pas à ce même destin. L’Homme aussi est l’écho d’une formidable respiration divine.

Quelle découverte !

(…)

La vie est un retour, une divine convergence sur l’Esprit créateur, qui verra, à la fin du temps de chacun, la matière s’anéantir sur son zéro, et s’ouvrir l’immensité ponctuelle du Tout.

(…)

L’Univers opère sous nos yeux une spiritualisation à marche forcée. Une spiritualisation qui laissera sur le bord de la route ses oripeaux de matière, comme le papillon abandonne en chemin sa tenue de larve.

(…)

Une vision qui change tout


— L’Univers, la matière, la vie ?

— De la chimie, des molécules et rien d’autre !

— D’où venons-nous ?

— De “rien“ !

— Où allons-nous ?

— Vers “rien“ !

— À quoi servons-nous ?

— À rien !

(…)

Cher lecteur, ne sens-tu pas que cette autre vision des choses change tout ?

Quel était donc ce monde qu’on nous présentait, dont l’Homme était le centre ; immuable dans sa dimension ; repère cosmique d’une inflation qui l’entourait ; regardant dans un sens l’infiniment grand par rapport à lui, dans l’autre sens l’infiniment petit par rapport à lui, encore ; lisant par ici son passé, par là son avenir ; se réservant le présent pour lui seul ; voulant finalement tout expliquer par rapport à lui-même ? Par quelle audace, l’Homme se posait-il comme la référence suprême ? Référence du mouvement. Référence de la dimension. On a jadis condamné Galilée pour moins que cela.

Alors, en effet, cet Homme, d’où venait-il ? Que faisait-il là ? À quoi pouvait-il bien servir ?

(…)

Que l’Homme qui regarde s’éloigner l’immense se retourne ! Il verra l’infime s’approcher. Alors, il aura un début de réponse à sa question :

— Où vais-je ?

— Je vais vers ce vertigineux “rien“ de la matière qui m’ouvrira l’immense du Tout de l’Esprit.

Mais, se retournant encore, il verra qu’à l’horizon de l’immense qui s’enfuit, il y a le même “rien“ dont “quelque chose“, un jour, est sorti.

— D’où viens-je ?

— Du même insondable zéro qui me fit sortir du même Esprit.


Épilogue

(…)

Oui, il existe une face cachée de la science, celle de la spiritualité. Nous avons escaladé le premier sommet qui nous a dévoilé l’immense panorama de la nature quantique, immatérielle, du “quelque chose“ qui nous obsède. Alors, s’est offert le chemin des crêtes qui nous a élevé jusqu’à la cime du big bang. De là-haut, nous avons vu l’Univers en expansion se retourner dans une irrésistible convergence sur son zéro originel de la matière. Au loin, une insoutenable lumière marquait le point où s’ouvre, béant, le Tout de l’au-delà. Mais il fallait encore monter. Un pic se dressait qui touche le ciel, celui de l’immensité humaine. Là seulement se montrerait la foi. La science nous avait ouvert le chemin de l’Esprit.

(…)

J’ai mis dans ce livre ce que dix ans de travail et quatre précédents ouvrages écrits sur le sujet m’ont appris de l’insondable mystère de notre condition humaine. J’ai tenté dans ces quelques pages de partager mes découvertes, et de faire partager ce qu’elles m’ont appris.

(…)

Peut-être, cet ouvrage clôturera-t-il sa série. Ou bien, fontaine, boirai-je encore de ton eau ?

en Touraine, 31 janvier 2015